Livre : CHRONOLOGIE D’UN PHYSICIEN de Maurice Kleman (54)

Chronologie d’un physicien

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°726 Juin 2017Par : Maurice KLEMAN (54)Rédacteur : Maurice BERNARD (48)Editeur : Calvage et Mounet, collection Orizzonti, décembre 2016 - 3, rue Jean Vallet, 92120 Montrouge

Autoportrait 

Ce texte de 300 pages est l’autoportrait d’un jeune poly­tech­ni­cien, de la pro­mo­tion 1954, sor­ti dans le corps des Mines. Cet auto­por­trait est fas­ci­nant et inté­res­sant à deux titres. 

C’est d’abord une des­crip­tion minu­tieuse de l’activité scien­ti­fique de Mau­rice Kle­man. Ce récit assez tech­nique va de sa décou­verte du trai­té sur les Dis­lo­ca­tions de Jacques Frie­del, aux tra­vaux plus récents sur les pave­ments de Pen­rose et les quasi-cristaux. 

Sur près de cin­quante ans, l’œuvre scien­ti­fique de Mau­rice Kle­man est très vaste : elle touche à divers aspects de la phy­sique de la matière conden­sée, du micro­sco­pique au macroscopique. 

Cette par­tie de son récit inté­res­se­ra les lec­teurs ayant une cer­taine curio­si­té scien­ti­fique, ceux qui ont appro­ché cette phy­sique, et ceux qui veulent mieux com­prendre le monde de la recherche scien­ti­fique publique en France depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. 

Mais ce qui est le plus fas­ci­nant, c’est le por­trait que l’auteur fait de lui-même. La carac­té­ris­tique la plus notable de cet auto­por­trait est l’extrême luci­di­té du peintre qui le conduit sans fai­blesse à rap­por­ter les réus­sites et les échecs d’un par­cours tout à la fois pres­ti­gieux et compliqué ! 

Cette pein­ture sans fard du milieu de la recherche publique fran­çaise au siècle der­nier cap­ti­ve­ra bien des lec­teurs et, natu­rel­le­ment, les historiens. 

Mau­rice Kle­man com­mence par occu­per plu­sieurs postes rele­vant du corps des Mines, comme le BRGM, avant de débu­ter une car­rière de cher­cheur, dans diverses affec­ta­tions : Irsid, Orsay, etc. Il pas­se­ra vingt ans au Labo­ra­toire de phy­sique des solides, ce pres­ti­gieux Labo­ra­toire créé par Frie­del à Orsay. 

Mêlé à plu­sieurs conflits internes, il trans­fé­re­ra, non sans dif­fi­cul­tés, ses équipes dans le milieu uni­ver­si­taire pari­sien à Jus­sieu, au Labo­ra­toire de miné­ra­lo­gie et de cris­tal­lo­gra­phie de Paris. Lorsque des dif­fi­cul­tés sur­gi­ront à nou­veau, Mau­rice Kle­man, pous­sé par une volon­té farouche de pour­suivre sa car­rière de cher­cheur, se retrou­ve­ra à l’Institut de phy­sique du globe. 

Mau­rice Kle­man s’interroge sur sa propre per­son­na­li­té. Il men­tionne sa timi­di­té et ses pro­blèmes de rap­ports humains. C’est ain­si qu’il com­mence son récit en racon­tant en détail son enfance si par­ti­cu­lière : sa famille a eu la chance de pas­ser une par­tie de la guerre au Cham­bon-sur-Lignon, ce havre excep­tion­nel où tant de familles juives ont réus­si à échap­per à la déportation. 

À l’école, il sen­tait bien qu’il était per­çu comme dif­fé­rent par ses cama­rades et cela a dû mar­quer pour tou­jours son rap­port à autrui. 

Ses sou­ve­nirs se concen­trant sur ses bons résul­tats sco­laires, on com­prend pour­quoi il ne rap­porte rien du stress que les Juifs ont subi en France de 1940 à 1945 ! 

Mau­rice Kle­man a trou­vé sa forme de rési­lience dans une brillante for­ma­tion scien­ti­fique et, ain­si, il a su vivre la « Bonne Vie » que recherche toute philosophie.

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