Symbio

Symbio : le leader français et européen de la pile à combustible

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Philippe ROSIER

La pile à com­bustible est un com­posant clé de la mobil­ité hydrogène. C’est aus­si le cœur de méti­er du groupe Sym­bio, d’origine française, qui a dévelop­pé une exper­tise et un savoir-faire avéré en la matière. Le point avec Philippe Rosier, CEO de Symbio.

Pouvez-vous nous présenter Symbio ?

Sym­bio est une entre­prise française basée dans la région lyon­naise. C’est aus­si une société détenue à part égale par Miche­lin et Faurecia/Forvia. Plus par­ti­c­ulière­ment, Sym­bio est un 

spé­cial­iste des sys­tèmes de piles à com­bustible et des com­posants con­nex­es pour des appli­ca­tions de mobil­ité lourde et légère. His­torique­ment, Sym­bio était, à sa créa­tion en 2010, une start-up qui a été rachetée par Miche­lin. En 2019, Miche­lin a réou­vert son cap­i­tal à Fau­re­cia pour accélér­er sa crois­sance et son posi­tion­nement comme équipemen­tier de rang 1, c’est-à-dire un acteur qui livre directe­ment les con­struc­teurs auto­mo­biles et qui co-développe avec eux les véhicules de demain. 

Aujourd’hui, notre ambi­tion est de devenir un leader mon­di­al de la pile à com­bustible avec un objec­tif de 200 000 sys­tèmes ven­dus dans le monde d’ici 2030, soit un chiffre d’affaires de 1,5 mil­liards d’euros.  

Au cœur de votre positionnement, on retrouve donc l’hydrogène. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Notre cœur de méti­er est, en effet, la tech­nolo­gie de la pile à com­bustible qui con­ver­tit l’hydrogène en élec­tric­ité à bord des véhicules pour les ren­dre plus autonomes dans une ver­sion zéro-émis­sion. En effet, une pile à com­bustible n’émet pas de pol­lu­tion sonore, ni CO2, ni de par­tic­ules. Il n’y a que l’eau qui ressort du pot d’échappement. 

Notre sys­tème per­met ain­si à un véhicule élec­trique de gag­n­er en autonomie et rend la recharge pos­si­ble en quelques min­utes.  

À par­tir de là, notre objec­tif est de con­tribuer à met­tre sur nos routes des véhicules pro­pres sans en com­pro­met­tre la per­for­mance, alliant ain­si le meilleur des deux mon­des : la liber­té des usages pro­pre aux véhicules ther­miques d’hier et le zéro-émis­sion des véhicules de demain. 

L’hydrogène est aujourd’hui un sujet qui mobilise de plus en plus d’acteurs. Comment expliquez-vous cet engouement ? 

Ces dernières années, nous nous sommes ren­du compte que, dans le cadre de la tran­si­tion énergé­tique, il nous man­quait une brique pour stock­er les éner­gies renou­ve­lables, qui par nature sont inter­mit­tentes, en élec­tric­ité. 

L’hydrogène peut jouer ce rôle de vecteur énergé­tique. Cette énergie sec­ondaire, qui n’est pas un pro­duit naturel à quelques très rares excep­tions, est pro­duit à par­tir d’une énergie pri­maire. 

Au-delà, l’hydrogène se démar­que par sa très forte capac­ité de stock­age et la pos­si­bil­ité de le trans­porter facile­ment. 

Sur un plan tech­nique et opéra­tionnel, grâce à l’électrolyse de l’eau, il per­met de stock­er les éner­gies renou­ve­lables, de trans­porter l’énergie pro­duite vers son point d’usage et de l’utiliser sans émet­tre de par­tic­ules ou de CO2.  

Actuelle­ment, il y a une course à la pro­duc­tion de l’hydrogène vert en Europe, mais aus­si dans le monde entier. On recense ain­si plus de 250 mil­liards de dol­lars de pro­jets sur l’hydrogène en pro­duc­tion ou en exploita­tion dans le monde entier.  

Concrètement, quelles sont les solutions hydrogène que vous proposez et quelles sont les caractéristiques ? 

Nous dévelop­pons donc des sys­tèmes de piles à com­bustible pour la mobil­ité on-road et off-road. Nous les adap­tons en fonc­tion du besoin et des cas d’usages de nos clients, mais aus­si afin de les align­er sur les stan­dards de l’industrie auto­mo­bile en ter­mes de qual­ité, de sécu­rité et de com­péti­tiv­ité. Nous pro­posons notam­ment une large gamme de pro­duits sat­is­faisant tous les besoins de puis­sance et dura­bil­ité du marché. De 40 kw pour les véhicules util­i­taires hydrogène de Stel­lan­tis qui sont déjà com­mer­cial­isés, jusqu’à 300 kw pour des sys­tèmes qui équiper­ont les poids lourds dès 2027.  

Dans le développe­ment de nos pro­duits, nous nous con­cen­trons sur l’amélioration con­tin­ue de la per­for­mance des sys­tèmes en ter­mes de dura­bil­ité et de com­pac­ité, afin de pou­voir les installer sous les capots des véhicules, mais aus­si de coût avec l’objectif à hori­zon 2030 d’avoir un prix au kilo­mètre qui soit iden­tique et à par­ité avec le prix pour les véhicules ther­miques. En effet, notre ambi­tion est de met­tre sur le marché d’ici 2030 des solu­tions zéro émis­sion et zéro bruit qui aient les mêmes qual­ités d’usages en ter­mes de per­for­mance et de coût que les véhicules ther­miques. 

Sur quelles expertises vous appuyez-vous pour développer vos solutions ?

Nous nous appuyons sur le savoir-faire et les exper­tis­es his­toriques de Miche­lin qui étudie les piles à com­bustible depuis déjà plus de 20 ans et de Fau­re­cia qui développe une activ­ité en pro­pre de réser­voir hydrogène. Aujourd’hui, sur nos 600 col­lab­o­ra­teurs, 300 sont des ingénieurs qui tra­vail­lent notam­ment sur des sujets et des enjeux d’ingénierie et R&D. 

Nous col­laborons depuis plusieurs années avec Stel­lan­tis, le pre­mier con­struc­teur au monde à met­tre sur le marché un véhicule util­i­taire à hydrogène. Nous équipons toutes leurs gammes d’utilitaires de milieu de puis­sance : Peu­geot Expert, Cit­roën ë‑Jumpy, Opel Vivaro… Ces véhicules utilisent une pile à com­bustible Sym­bio de 40 KW qui per­met d’avoir une autonomie de plus de 400 km, ain­si qu’une recharge rapi­de en 3 min­utes. C’est un sys­tème hybride où le moteur ther­mique est rem­placé par une pile a com­bustible. 

En out­re, nous avons dévelop­pé un sys­tème pour le bus à hydrogène de sec­onde généra­tion HYCITY du groupe français SAFRA dont la com­mer­cial­i­sa­tion est prévue en 2023. Côté poids lourds, nous con­tribuons à un pro­jet pilote annon­cé en Cal­i­fornie. Nous tra­vail­lons aus­si sur des véhicules type SUV pour les par­ti­c­uliers. Actuelle­ment, Sym­bio est impliqué dans plus d’une ving­taine de pro­grammes de développe­ment en parte­nar­i­at avec ses clients. 

Au-delà, nous avons une forte exper­tise en matière d’industrialisation et la prin­ci­pale illus­tra­tion est le développe­ment de notre pre­mière gigafac­to­ry, bap­tisée Sym­phon­Hy, dont l’activité débutera fin 2023. Cette usine représente un investisse­ment ini­tial de 140 mil­lions avec un vol­ume de pro­duc­tion de 15 000 sys­tèmes au lance­ment pour attein­dre à ter­mes un vol­ume annuel de 50 000. À hori­zon 2030, notre objec­tif est d’avoir 4 usines de ce type pour tenir nos objec­tifs de pro­duc­tion.  

Alors que l’hydrogène représente indéniablement un enjeu stratégique afin d’atteindre la neutralité carbone, comment résumeriez-vous vos forces et votre valeur ajoutée ? 

Sym­bio, de par son his­toire et sa cul­ture, est his­torique­ment une start-up agile et flex­i­ble, qui, en même temps, est adossée à deux action­naires qui dis­posent d’une impor­tante force de frappe sur le plan indus­triel et une vision de long terme. Ce posi­tion­nement dual et hybride nous per­met de nous démar­quer dans cette fil­ière de l’hydrogène en pleine struc­tura­tion. 

En par­al­lèle, comme évo­qué, notre gigafac­to­ry, à Saint-Fons va nous per­me­t­tre d’accélérer notre développe­ment tech­nologique et l’industrialisation à grande échelle. Elle fait par­tie de notre pro­jet Hymo­tive, recon­nu au titre du PIIEC ou Pro­jet Impor­tant d’Intérêt Européen Com­mun (en anglais IPCEI (Impor­tant projects of com­mon Euro­pean inter­est), qui con­tribuera à créer 1 000 emplois à terme. Par ailleurs, nous avons créé, l’an dernier, la Sym­bio H2 Acad­e­my, une ini­tia­tive inno­vante et pio­nnière, pour accélér­er la mon­tée en com­pé­tences néces­saires à la fil­ière hydrogène. C’est un pro­jet que nous avons mis en place en col­lab­o­ra­tion avec une quin­zaine d’écoles et d’universités en France. Son objec­tif est de for­mer 300 per­son­nes en moyenne chaque année aux métiers de l’hydrogène : pro­duc­tion, indus­tri­al­i­sa­tion, ingénierie… 

Sur un plan plus opéra­tionnel, Sym­bio est un des rares acteurs posi­tion­nés sur le seg­ment de la pile à com­bustible à pou­voir gér­er toute la chaîne de valeur. Il y a quelques mois, nous avons annon­cé une joint-ven­ture avec Scha­ef­fler pour la fab­ri­ca­tion des plaques bipo­laires qui est un des com­posants clés des piles à com­bustible. Cela nous per­me­t­tra de sécuris­er la chaîne de fab­ri­ca­tion de ce com­posant stratégique, avec la con­struc­tion d’une usine en Alsace pour ali­menter en plaques bipo­laires notre site de Saint-Fons. Nous avons aus­si annon­cé la sig­na­ture d’un accord avec CNR et Engie pour la four­ni­ture en hydrogène vert de notre site de Saint-Fons dans une optique de neu­tral­ité car­bone. 

Et pour conclure, comment vous projetez-vous sur le marché ?

Notre ambi­tion est d’être recon­nu comme un leader mon­di­al des piles à com­bustible. Pour ce faire, nous avons un fort enjeu de mas­si­fi­ca­tion et de totale maîtrise de la chaîne de valeur, ce qui représente, par ailleurs, un enjeu de sou­veraineté économique à l’échelle européenne.  

Sur le plan règle­men­taire, des efforts doivent encore être four­nis pour soutenir le déploiement de tout l’écosystème hydrogène ; comme accélér­er le déploiement de sta­tions à hydrogène. 

Enfin, pour relever ces défis et attein­dre nos ambi­tions nous avons besoin d’ingénieurs tal­entueux et motivés, aux­quels nous offrons de beaux par­cours sur des sujets et thé­ma­tiques d’actualité : décar­bon­a­tion des usages, développe­ment de la mobil­ité durable de demain, accéléra­tion de la tran­si­tion énergé­tique… 

Plus par­ti­c­ulière­ment, nous recher­chons des ingénieurs avec des pro­fils auto­mo­bile ou chimiste pour rejoin­dre nos équipes d’ingénierie pro­jet et con­tribuer à l’industrialisation de ces piles, à l’amélioration de leur dura­bil­ité, de leur den­sité, et de leur recy­cla­bil­ité sur un marché qui con­naît une ultra-crois­sance à l’échelle mon­di­ale.  

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