Pourquoi tarde-t-on à passer à l’action ?

Dossier : Environnement : comprendre et agirMagazine N°637 Septembre 2008
Par Bernard ROGEAUX

REPÈRES
L’essentiel des plans d’urgence que nous serons amenés à met­tre en oeu­vre est bien con­nu. Il s’agira à la fois de généralis­er des vecteurs énergé­tiques non car­bonés (élec­tric­ité, hydrogène, chaleur, agro­car­bu­rants) et de pro­duire ces vecteurs avec les éner­gies pri­maires disponibles sans émet­tre trop de CO2 et de méthane.

REPÈRES
L’essentiel des plans d’urgence que nous serons amenés à met­tre en oeu­vre est bien con­nu. Il s’agira à la fois de généralis­er des vecteurs énergé­tiques non car­bonés (élec­tric­ité, hydrogène, chaleur, agro­car­bu­rants) et de pro­duire ces vecteurs avec les éner­gies pri­maires disponibles sans émet­tre trop de CO2 et de méthane.
Pour cela il fau­dra dévelop­per les éner­gies renou­ve­lables (qui posent pour la plu­part des prob­lèmes d’insertion en rai­son de leur inter­mit­tence), le nucléaire (qui pose des prob­lèmes d’acceptabilité) et la cap­ture séques­tra­tion du car­bone (qui ne pour­ra toute­fois pas être déployée indus­trielle­ment sur une grande échelle avant 2030).

La prise de con­science de la néces­sité de con­stru­ire un monde énergé­tique moins dépen­dant du pét­role et moins émet­teur de CO2 est main­tenant assez général­isée, et nous savons de plus en plus claire­ment que la ressource la plus rare est le temps dont nous dis­posons pour organ­is­er ces néces­saires transitions.

Le ratio­nal­isme [de la pen­sée tech­ni­ci­enne] est irréel, son réal­isme est irra­tionnel, ce qui revient à dire que le réel et la rai­son ont divorcé.
HANNAH ARENDT

Pourquoi alors ne met­tons-nous tou­jours pas en oeu­vre les néces­saires plans d’ur­gence ? Pourquoi nous con­tentons-nous de demi-mesures, asso­ciées à des déc­la­ra­tions d’in­ten­tions à l’hori­zon 2050 qui ne nous enga­gent pas vrai­ment ? L’époque de l’én­ergie abon­dante et peu coû­teuse se ter­mine, et il nous fau­dra aus­si réduire forte­ment nos con­som­ma­tions : par l’ef­fi­cac­ité énergé­tique, mais aus­si par la sobriété. Certes, un doute sub­siste sur la néces­sité d’im­pos­er des mesures con­traig­nantes à l’Eu­rope en matière de CO2, tant qu’un accord mon­di­al n’au­ra pas été négo­cié. L’Eu­rope (et encore plus la France) ne représente qu’une part très mar­ginale des émis­sions mon­di­ales et notre ” ver­tu écologique ” ne sera pas for­cé­ment con­tagieuse pour les pays char­bon­niers ou les pays en développe­ment qui ne dis­posent pas encore des néces­saires capac­ités de finance­ment : nous avons de l’ar­gent mais plus guère de car­bone, alors que beau­coup de pays ont encore du car­bone (char­bon), mais pas d’argent. 

Une erreur de raisonnement

Serait-ce en rai­son de ce doute que les décideurs poli­tiques dif­fér­eraient la mise en oeu­vre, certes dif­fi­cile et coû­teuse, de ces plans d’ur­gence ? Ce serait alors une erreur de raison­nement. Ces actions s’im­posent à l’év­i­dence dans les pays qui comme la France ne dis­posent pas d’én­er­gies locales car­bonées : non pas avec le seul objec­tif de réduire nos émis­sions de CO2, mais surtout dans le but de sécuris­er nos appro­vi­sion­nements énergé­tiques pour le futur. D’autres raisons pour­raient être à l’o­rig­ine des non-déci­sions que nous obser­vons aujour­d’hui, et elles méri­tent d’être analysées : elles sont d’o­rig­ine poli­tique ou cognitive. 

Les difficultés de la gouvernance politique européenne

Les décideurs poli­tiques ont-ils encore la capac­ité de réguler l’ac­tiv­ité des indus­triels ? Pour­rait-on, par exem­ple, repro­duire un plan d’ac­tion sim­i­laire au lance­ment du pro­gramme nucléaire dans les années 1970. Ce n’est pas sûr, c’est même improb­a­ble. Les grands acteurs du monde énergé­tique sont aujour­d’hui en con­cur­rence, sous le con­trôle de la Com­mis­sion européenne et c’est le marché qui doit ori­en­ter leurs déci­sions. Les gou­verne­ments n’ont pas le droit de fauss­er la ” libre con­cur­rence ” (voir deux exem­ples en encadré). 

Normes et fiscalité

La dic­tature de la concurrence
Le gou­verne­ment français a récem­ment décidé d’aider un con­struc­teur à met­tre au point un mod­èle de véhicule hybride, pour qu’il se fasse une place sur ce marché d’avenir. Il a donc déblo­qué un finance­ment de quelques cen­taines de mil­lions d’eu­ros… avant de se voir inter­dire cette sub­ven­tion par Brux­elles ! Le con­struc­teur a donc aban­don­né (ou dif­féré ?) son projet.
Le prési­dent Bush a récem­ment décidé de pro­mou­voir le nucléaire, notam­ment en prenant à sa charge les con­séquences des éventuels retards admin­is­trat­ifs, et aus­si en garan­tis­sant les emprunts con­trac­tés par les exploitants des cen­trales. Ces mesures ont pour objec­tif de faire baiss­er le coût du cap­i­tal en dimin­u­ant les risques financiers. De telles mesures seraient inter­dites en Europe. Cela en effet fausserait la con­cur­rence en faisant baiss­er le coût du nucléaire… ce qui doit être inter­dit car, comme on le sait, toute con­cur­rence faussée pénalise le consommateur !

C’est réelle­ment devenu moins facile pour les décideurs poli­tiques nationaux européens de lancer des plans d’ur­gence en encad­rant l’é­conomie. Ils n’ont en fait plus guère que deux leviers à leur dis­po­si­tion : les normes et la fis­cal­ité. Ils pour­raient, par exem­ple, accorder un bonus aux véhicules hybrides… mais ils hési­tent à le faire, car cela avan­tagerait des con­struc­teurs étrangers ! La gou­ver­nance des pays européens est encore très incer­taine. Les gou­verne­ments nationaux accepteront-ils durable­ment de per­dre toute capac­ité d’ac­tion et de se voir dicter leurs objec­tifs par Brux­elles ? Respecteront-ils par exem­ple les récentes injonc­tions du type ” 20 % d’én­er­gies renou­ve­lables, 20 % de réduc­tion des émis­sions de CO2 à l’hori­zon 2020 “, qui vont con­duire en France à la mise en place de solu­tions para­doxales ? Peut-on exclure, en cas de crise majeure, une reprise en main de la gou­ver­nance énergé­tique et envi­ron­nemen­tale par les autorités poli­tiques de chaque nation ? Par con­tre, l’un des ” avan­tages ” (?) de la gou­ver­nance européenne est de dis­pos­er d’in­stances qui ont le pou­voir d’im­pos­er des mesures impop­u­laires sans être soumis­es à la sanc­tion des urnes, ce qui peut con­stituer une forme de con­tourne­ment de la démoc­ra­tie au prof­it d’une tech­nocratie dev­enue autonome. Le jour où il fau­dra impos­er des mesures dif­fi­ciles et impop­u­laires, ce moyen ne sera-t-il pas util­isé ? Au-delà des dif­fi­cultés poli­tiques, il faut aus­si analyser les dif­fi­cultés cog­ni­tives con­cer­nant la prise de déci­sion : est-ce parce que nous con­nais­sons l’ex­is­tence d’un prob­lème que nous allons agir ? 

Les difficultés pour passer de la connaissance à l’action

Qu’est-ce qui con­di­tionne, ori­ente, déter­mine nos actions ? Sou­vent on croit que c’est la rai­son, ori­en­tée par nos con­nais­sances, qui est le guide de nos actions. Ce n’est (mal­heureuse­ment) pas sou­vent le cas. Nos actions sont plutôt déter­minées par ce que l’on appelle l’in­con­scient, lequel est tis­sé de nos croy­ances, de nos représen­ta­tions, de nos pul­sions et désirs… eux-mêmes sur­déter­minés de manière com­plexe par notre his­toire et tous les con­di­tion­nements famil­i­aux, soci­aux et sociétaux.

Con­nais­sance et croyance
Nous con­nais­sons tous les prochaines dif­fi­cultés en matière d’ap­pro­vi­sion­nement pétroli­er. Est-ce que cela nous empêche d’a­cheter la voiture qui nous plaît, même si sa con­som­ma­tion est élevée ? Croyons-nous vrai­ment qu’un jour il n’y aura plus de car­bu­rant à la pompe, ou que son prix dépassera l’imagination ?
Cer­tains annon­cent la prox­im­ité d’une crise sys­témique qui pénalis­era lour­de­ment les habi­tants des villes. Pourquoi alors ne font-ils pas ce qu’ils pré­conisent, à savoir par­tir s’in­staller à la cam­pagne pour cul­tiv­er leur jardin et sécuris­er leur ali­men­ta­tion ? Croient-ils vrai­ment ce qu’ils savent ?

Le plus sou­vent, nos con­nais­sances ne déter­mi­nent nos actions que lorsqu’elles ont ori­en­té nos croy­ances. Nos actes ne sont donc pas dic­tés unique­ment par notre rai­son et nos con­nais­sances, mais au moins autant par nos croy­ances, notre ” sys­tème de représen­ta­tion “, lequel est large­ment du domaine de l’in­con­scient. Il est impor­tant de réalis­er que nos croy­ances, nos représen­ta­tions, ne sont que par­tielle­ment et pro­gres­sive­ment influ­encées par nos con­nais­sances : très sou­vent ” nous ne croyons pas ce que nous savons ! ” 

Filtrer les informations

Cette vérité est dif­fi­cile à croire et à inté­gr­er, mais pour­tant fon­da­men­tale. Notre per­son­nal­ité est de fait struc­turée par notre ” vision du monde ” tis­sée par tout un ensem­ble de croy­ances. Si cet ensem­ble de croy­ances s’ef­fon­dre, c’est toute notre per­son­ne qui plonge dans l’an­goisse. Pour nous pro­téger, nous sommes donc amenés à fil­tr­er les infor­ma­tions qui nous parvi­en­nent. Une per­son­nal­ité struc­turée par des vérités solides est par con­tre plus récep­tive à ” des vérités qui dérangent “. 

L’aveuglement volontaire est une protection

L’aveu­gle­ment volon­taire, le déni, n’est pas une erreur de pro­gram­ma­tion de notre cerveau, c’est plutôt ce qui nous pro­tège, nous per­met de vivre plus tran­quille­ment l’in­stant présent, pro­tégé par nos cer­ti­tudes. Les pre­mières fois qu’on m’a dit que les émis­sions de CO2 allaient déré­gler le cli­mat, j’ai refusé d’en­ten­dre cette vérité qui me dérangeait.

Tri­er les ” post-it ”
Les con­nais­sances théoriques et les croy­ances pro­fondes ne sont pas situées dans les mêmes zones du cerveau : les infor­ma­tions que nous recevons ressem­blent sou­vent à des ” post-it ” qui viendraient se coller sur la périphérie néo­cor­ti­cale. Elles restent sou­vent extérieures, sont util­isées en cas de besoin mais n’in­flu­en­cent pas tou­jours nos croy­ances, plus pro­fondé­ment ancrées dans notre cerveau, lequel se charge de fil­tr­er les infor­ma­tions et de tri­er les ” post-it “.
Il est impor­tant aus­si de not­er qu’en cas d’ur­gence ou de stress, on n’a pas le temps de lire les ” post-it ” ! Nos réac­tions sont alors con­di­tion­nées unique­ment par nos croy­ances et nos représen­ta­tions, pas du tout par nos connaissances.

Les ” post-it ” se décol­laient rapi­de­ment. Avec le temps, j’ai changé de croy­ance et main­tenant j’avoue ne plus enten­dre ceux qui veu­lent me démon­tr­er que les émis­sions anthropiques n’in­flu­ent qu’au sec­ond ordre les change­ments cli­ma­tiques. L’une des modal­ités les plus courantes de l’aveu­gle­ment volon­taire est la croy­ance aux fauss­es solu­tions : ” Ce qui va nous sauver, c’est les bio­car­bu­rants, les éoli­ennes, l’hy­drogène, les lam­pes basse con­som­ma­tion, etc. ” Cela nous per­met d’a­gir en met­tant en oeu­vre ces solu­tions par­tielles. Nous évi­tons alors l’an­goisse, car l’ac­tion est un bon anx­i­oly­tique, même si elle n’ap­porte pas de solu­tion réelle­ment à la hau­teur du prob­lème. Une autre modal­ité est sim­ple­ment le déni lorsqu’on est con­fron­té à un prob­lème pour lequel on n’est pas capa­ble d’imag­in­er de solu­tion. Le déni est alors une forme de fuite qui nous per­met de vivre, en nous évi­tant — tout comme l’ac­tion d’ailleurs — les effets cat­a­strophiques de l’in­hi­bi­tion de l’ac­tion large­ment décrits par Hen­ri Laborit. Si, par exem­ple, on nous par­le de change­ment cli­ma­tique mais qu’on ne voit émerg­er aucune solu­tion en l’ab­sence d’une improb­a­ble gou­ver­nance mon­di­ale, la réponse serait alors : ” Lais­sez-nous vivre, s’il n’y a pas de solu­tion, c’est qu’il n’y a pas de prob­lème ! ” C’est en fait le cerveau qui nous pro­tège en décol­lant les ” post-it ” qui nous dérangent. 

Modifier nos représentations

Nos croy­ances con­di­tion­nent donc la manière dont nous inté­grons les con­nais­sances, mais heureuse­ment notre rai­son n’est pas dépourvue de capac­ité d’in­flu­ence sur notre cerveau : lorsqu’elles sont suff­isam­ment méditées et appro­fondies, nos con­nais­sances peu­vent réelle­ment mod­i­fi­er nos croy­ances. Il y a beau­coup de vérités qu’on ne com­prend et n’in­tè­gre vrai­ment que quand on les a trou­vées par soi-même. Ce mécan­isme porte en psy­ch­analyse le nom de ” per­lab­o­ra­tion “. Il faut un cer­tain temps pour qu’une vérité com­prise par une per­son­ne en analyse finisse par mod­i­fi­er son sys­tème de croy­ances, ses sché­mas rela­tion­nels, l’ensem­ble étant con­di­tion­né par notre cerveau lim­bique… Le temps que toutes les con­nex­ions neu­ronales néces­saires se restructurent ? 

Actuellement, à quoi ressemble notre système de représentations ?

La majorité des Français dis­posent main­tenant des ” post-it ” les aver­tis­sant du change­ment cli­ma­tique, des raretés pétrolières.

Nous ne croyons pas ce que nous savons. J.-P. DUPUY

Mais quelle est la croy­ance dom­i­nante ? On pour­rait se ris­quer à avancer l’hy­pothèse qu’elle ressem­blerait à celle-ci : le pro­grès tech­nique et l’é­conomie ont tou­jours trou­vé des solu­tions à nos prob­lèmes, les pétroles non con­ven­tion­nels vont, par exem­ple, pro­gres­sive­ment rem­plac­er le pét­role en déclin dès que les prix auront atteint le niveau suff­isant ; nous avons tou­jours con­nu une crois­sance économique : cette crois­sance se pour­suiv­ra dans le futur, nos con­di­tions de vie s’amélioreront ; c’est le pou­voir d’achat qui me ren­dra heureux. Pour résumer, ” le plus impor­tant, c’est la crois­sance de mon pou­voir d’achat, qui con­tin­uera de toute façon à s’amélior­er grâce aux pro­grès tech­nologiques que met­tra en oeu­vre naturelle­ment l’économie “.

La confrontation à de réelles raretés

Les plans d’ur­gence s’ap­puient au con­traire sur l’idée qu’il faut main­tenant encadr­er l’é­conomie qui ne pro­posera pas par elle-même en temps voulu les solu­tions adap­tées, et que la tech­nique ne pour­ra pas résoudre tous les prob­lèmes, en tout cas pas ceux que nous aurons générés par nos émis­sions de CO2. Nous serons con­fron­tés à de réelles raretés, et il nous fau­dra sac­ri­fi­er une part de notre pou­voir d’achat pour met­tre en oeu­vre des solu­tions coû­teuses. Il nous fau­dra aus­si chang­er notre mode de vie (surtout pour ceux qui con­som­ment beau­coup) : chang­er de voiture, se met­tre au vélo pour les tra­jets de prox­im­ité, renon­cer à pass­er ses week-ends aux Baléares, ses vacances en Mar­tinique… Tant que cette con­nais­sance restera sous forme de ” post-it ” et n’au­ra pas ” per­laboré ” pour mod­i­fi­er nos croy­ances, serons-nous prêts à deman­der à nos élus de met­tre en oeu­vre les plans d’ur­gence, qui con­tien­dront par exem­ple une taxe car­bone en crois­sance con­stante ? Ne leur deman­derons-nous pas plutôt de détax­er les car­bu­rants pour préserv­er notre pou­voir d’achat et nos habi­tudes de con­som­ma­tion, en atten­dant que le pro­grès tech­nique ait apporté la solution ? 

Quand et comment passerons-nous à l’action ?

Les risques de l’aveuglement
L’aveu­gle­ment volon­taire est certes une pro­tec­tion, mais il com­porte un risque. Mal­raux décrit com­ment, à l’époque de la guerre civile en Espagne, les vil­la­geois étaient par­fois aver­tis en pleine nuit que les enne­mis arrivaient. Il fal­lait quit­ter son lit, sa mai­son et s’en­fuir dans la cam­pagne pour sauver sa vie. Le plus sou­vent, les vil­la­geois ne fai­saient rien. Ils écoutaient le silence tran­quille de la nuit, n’en­tendaient rien de par­ti­c­uli­er, et se dis­aient qu’après tout ils pou­vaient dormir tran­quilles. ” Je ne veux pas enten­dre, je ne veux pas croire cette infor­ma­tion car elle me dérange. ” Les enne­mis arrivaient alors et les mas­sacraient. N’est-ce pas ce qui pour­rait bien nous arriv­er avec le change­ment cli­ma­tique, ou avec les raretés du pét­role non anticipées ?

La plu­part des décideurs poli­tiques affichent leurs inten­tions de pren­dre les néces­saires mesures des­tinées à préserv­er les con­di­tions de vie pour le long terme, mais ils avouent aus­si ” regarder ailleurs alors que la mai­son brûle “. Où regar­dent-ils ? Vers les insti­tuts de sondage sans doute. Ils ne veu­lent pas met­tre en oeu­vre de mesures con­traig­nantes tant que leurs électeurs n’y sont pas prêts. Peut-on d’ailleurs le leur reprocher ? Ils sont réelle­ment en sit­u­a­tion dif­fi­cile, inca­pables d’en­cadr­er une économie dev­enue mon­di­al­isée qui échappe à leur périmètre d’ac­tion, et en plus privés de la plu­part de leurs leviers de manoeu­vre par une gou­ver­nance européenne encore incertaine. 

Sortir de notre aveuglement volontaire

Pour que les néces­saires plans d’ac­tion se met­tent en oeu­vre, il fau­dra résoudre quelques dif­fi­cultés de gou­ver­nance européenne.

Les plans d’urgence s’appuient sur l’idée qu’il faut main­tenant encadr­er l’économie

Mais il fau­dra aus­si, sauf à opter pour une gou­ver­nance autori­taire et non démoc­ra­tique qui irait à l’en­con­tre de l’opin­ion publique, sor­tir de notre aveu­gle­ment volon­taire et réelle­ment com­pren­dre toutes les con­séquences du prochain change­ment cli­ma­tique et des raretés des ressources. Il nous fau­dra aus­si cess­er de s’il­lu­sion­ner sur la capac­ité de la tech­nique à apporter toutes les solu­tions sans chang­er nos modes de vie. Lorsque la majorité d’en­tre nous croira ce que nous savons, l’opin­ion publique aura réelle­ment changé et nous serons alors prêts à deman­der aux dirigeants poli­tiques de pren­dre les mesures que nous refu­sons aujour­d’hui. Une crise majeure (par exem­ple guerre en Iran, suiv­ie d’un blo­cus du détroit d’Or­muz, suiv­ie d’un rationnement des car­bu­rants dans les pays occi­den­taux) serait peut-être le meilleur moyen d’ac­célér­er ce proces­sus de ” per­lab­o­ra­tion “, et en plus elle aiderait les décideurs poli­tiques à faire preuve de courage. Un peu comme la giclée d’eau bouil­lante qui réveillerait la grenouille en train de cuire pro­gres­sive­ment dans son bocal… Accueil­lons donc les prochaines crises comme une bonne nouvelle !

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