« Le droit : un outil indispensable à maîtriser, quel que soit le métier »

Dossier : X-Droit : apporter la sécurité juridiqueMagazine N°683 Mars 2013
Par Christophe PICHARD (85)

On ne compte que neuf avo­cats par­mi les anciens élèves de l’École poly­tech­nique, un peu moins que d’artistes et un peu plus que d’hommes de lettres. À eux deux, les frères Pichard, Bru­no (82) et Chris­tophe (85), se posent en spé­cia­listes du droit des affaires, ayant déve­lop­pé entre autres, pour l’un une connais­sance par­ti­cu­lière des accords indus­triels, et pour l’autre du droit de l’informatique et des nou­velles technologies.

Avec leur troi­sième frère Her­vé (HEC-Har­vard), ils ont repris le cabi­net fami­lial. C’est Chris­tophe, vice-pré­sident en titre, qui anime le groupe X‑Droit et en com­mente ici les buts et le mode de fonctionnement.

Appliquer la règle

Non-concur­rence
Un bon exemple d’évolution des règles est celui de la clause de « non-concur­rence ». Celle-ci inter­dit à un sala­rié d’aller tra­vailler chez un concur­rent pen­dant une cer­taine durée après avoir quit­té l’entreprise. Cette clause a long­temps été impo­sée au sala­rié sans contrepartie.
Aujourd’hui elle doit être « rému­né­rée », c’est-à-dire que le sala­rié signa­taire doit être dédom­ma­gé finan­ciè­re­ment. Se pose alors la ques­tion de la base à rete­nir pour cal­cu­ler cette rému­né­ra­tion, voire celle de sup­pri­mer pure­ment et sim­ple­ment la clause. Compte tenu de la juris­pru­dence récente, cette ques­tion est d’autant plus sen­sible pour les sala­riés deve­nant action­naires qui sous­crivent un tel enga­ge­ment dans le cadre d’un pacte d’actionnaires.

« Chef d’entreprise ou cadre diri­geant, tout res­pon­sable a besoin de s’appuyer sur le droit, quel que soit son métier », affirme d’emblée Chris­tophe Pichard.

« Certes, le droit appa­raît par­fois comme dérou­tant aux yeux des esprits scien­ti­fiques. Com­ment peut-on, d’un tri­bu­nal à l’autre, rendre des déci­sions qui paraissent contra­dic­toires, ou même se déju­ger en modi­fiant la jurisprudence ?

« En fait, ce qui compte, c’est d’établir la règle (qui peut évo­luer au fil du temps) et, une fois les faits qua­li­fiés, tout se déroule de la façon la plus logique qui soit.

La démarche est donc très acces­sible aux ingé­nieurs, et notre but est de la faire mieux connaître. »

Réunir experts ou profanes

« Le groupe X‑Droit a d’abord été consti­tué, il y a une dizaine d’années, par­mi les quelques poly­tech­ni­ciens spé­cia­listes, rap­pelle Chris­tophe Pichard. Nous vou­lions d’abord échan­ger nos expé­riences entre nous.

« Aujourd’hui, nous pour­sui­vons ce type de réunions, géné­ra­le­ment orga­ni­sées autour d’un sujet ou d’un expert. Par exemple, nous avons reçu le pré­sident de la Com­mis­sion natio­nale de l’informatique et des liber­tés (CNIL) et quelques per­son­na­li­tés venues com­men­ter les pro­blèmes de rému­né­ra­tion des diri­geants ou ceux des suc­ces­sions et donations.

Christophe PICHARD (85)
X‑Droit

Pré­si­dence :
Bru­no Pichard (82)
Chris­tophe Pichard (85)

Adresse :
122, ave­nue Charles-de-Gaulle
92200 Neuilly-sur-Seine

christophe.pichard @ pichard.com

Chris­tophe Pichard (85), marié, père de trois filles, féru d’équitation, a com­men­cé ses études de droit à l’université Pan­théon-Assas dès la troi­sième année à l’X et les a pour­sui­vies en paral­lèle avec ses études à l’École natio­nale de la sta­tis­tique et de l’administration éco­no­mique (ENSAE), avant d’entrer chez Arthur Andersen.
Il a repris quelques années plus tard, avec ses deux frères, le cabi­net « Pichard et Asso­ciés », fon­dé par leur père en 1946. Avo­cat au bar­reau des Hauts-de-Seine, Chris­tophe Pichard est spé­cia­liste du droit des affaires.

Mais nous cher­chons aus­si à inté­res­ser des non-spé­cia­listes, par­fois en col­la­bo­ra­tion avec d’autres Groupes X.

« Par exemple, nous avons orga­ni­sé avec X‑Expertise, qui regroupe sur­tout des experts judi­ciaires, une réunion sur le thème de l’arbitrage, avec Gérard Worms (55), pré­sident de la Chambre de com­merce international.

« Avec X‑Propriété intel­lec­tuelle, nous avons débat­tu du droit des entre­prises sur les créa­tions de leurs employés, en par­ti­cu­lier les logi­ciels : à qui appartiennent-ils ?

« Nous atti­rons ain­si des conseillers en droit de la pro­prié­té indus­trielle, mais aus­si des notaires, des experts-comp­tables ou des juges aux tri­bu­naux de commerce. »

Un métier qu’on aime

Pour­quoi consa­crer un temps non négli­geable à l’animation de ce groupe ?

« J’ai plai­sir à faire par­ta­ger les spé­ci­fi­ci­tés d’un métier que j’aime, répond Chris­tophe Pichard. Il est satis­fai­sant de sen­si­bi­li­ser des diri­geants de for­ma­tion scien­ti­fique à un sujet qui ne se met pas en équa­tions mais qui demande néan­moins de la rigueur.

« Par­fois, aus­si, le groupe peut répondre à des ques­tions dif­fi­ciles posées par l’un des membres.

« Enfin, cha­cun peut échan­ger ses expé­riences ou ses recommandations. »

Pas de cotisation
Les réunions du groupe X‑Droit se déroulent le plus sou­vent sous forme d’un petit-déjeu­ner à la Mai­son des X, autour d’un confé­ren­cier expert d’un sujet. Elles réunissent vingt à trente per­sonnes qui contri­buent aux frais (30 euros envi­ron). Le groupe ne per­çoit pas de coti­sa­tion. Sont consi­dé­rés comme « adhé­rents » la ving­taine de fidèles qui par­ti­cipent à la majo­ri­té des réunions.

Pro­pos recueillis
par Jean-Marc Cha­ba­nas (58)

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