La rénovation d’une laiterie ukrainienne

Dossier : UkraineMagazine N°547 Septembre 1999Par : René COTREAU, directeur industriel, Groupe Lactalis

Le groupe Besnier, déjà à l’époque pre­mier groupe laiti­er français, a com­mencé son inter­na­tion­al­i­sa­tion ; il cherche à dévelop­per la vente de ses pro­duits à mar­que Lac­tel ou Prési­dent. De nom­breux con­tacts s’étab­lis­sent avec les pays d’Eu­rope de l’Est sur les pro­duits de grande con­som­ma­tion (beurre, fro­mage, lait) mais aus­si sur les pro­duits indus­triels (poudre de lait mai­gre ou grasse, caséine, caséinate).

Mais au niveau mon­di­al com­men­cent à cette époque les dis­cus­sions du GATT qui se traduiront, pour l’in­dus­trie laitière française et européenne, par un abaisse­ment des prélève­ments douaniers pour les pro­duits importés et par une baisse sub­stantielle des aides com­mu­nau­taires sur les pro­duits exportés, avec un cal­en­dri­er pour la mise en place de ces dif­férentes mesures. L’U­nion européenne allait s’ou­vrir de plus en plus aux pro­duits laitiers étrangers et con­naître une lim­i­ta­tion quan­ti­ta­tive de ses exportations.

Le Groupe Besnier, comme toute l’in­dus­trie laitière européenne, voit dans ces mesures une lim­i­ta­tion dans ses capac­ités d’ex­por­ta­tion et une dif­fi­culté à défendre les posi­tions con­quis­es en Europe de l’Est, marchés où le prix du lait est deux fois moins élevé que dans les pays de l’U­nion européenne. Devant ce risque et pour pro­téger ses marchés, le Groupe décide d’é­tudi­er l’im­plan­ta­tion d’u­nités de pro­duc­tion dans les pays importateurs.

La pre­mière con­di­tion pour implanter une lai­terie est de s’in­staller dans un pays où il existe une pro­duc­tion laitière en quan­tité et qual­ité suff­isantes et que cette pro­duc­tion soit effec­tive tout au long de l’an­née. C’est à par­tir de cette pre­mière con­di­tion que Besnier s’est lancé dans une prospec­tion des dif­férents pays d’Eu­rope de l’Est, avec le pro­jet de trou­ver un parte­nar­i­at pour implanter une unité de fab­ri­ca­tion de beurre et de caséine alimentaire.

Après deux années d’é­tudes de la fil­ière laitière dans dif­férents pays de l’ex-Union sovié­tique, nous avons retenu l’Ukraine, et plus pré­cisé­ment la région de Niko­laïev, pour ten­ter une pre­mière expéri­ence. Ce choix, après s’être appuyé sur des con­sid­éra­tions laitières, a été large­ment guidé par la qual­ité du parte­naire retenu, son autonomie de déci­sion et sa volon­té de s’ou­vrir à la mon­di­al­i­sa­tion de l’é­conomie et aux con­cepts laitiers de Besnier.

Niko­laïev est une ville de 600 000 habi­tants, située sur l’es­tu­aire du Bug au bord de la mer Noire. Cette ville, fondée par le Tsar Nico­las II, empereur de Russie, abri­tait les plus impor­tants chantiers navals de l’ex-Union sovié­tique à des fins mil­i­taires. À ce titre, elle était une ville fer­mée et ne rece­vait que des hommes d’É­tat ou des représen­tants de la gent mil­i­taire qui vis­i­taient les chantiers navals.

La région de Niko­laïev n’é­tait sans doute pas idéale­ment placée sur le plan de la cli­ma­tolo­gie pour être une région à car­ac­tère très laiti­er. En revanche, elle dis­po­sait d’un com­bi­nat laiti­er pri­vatisé, récem­ment con­stru­it et mis en ser­vice, et se trou­vait en out­re assez éloignée de Tch­er­nobyl pour ne pas avoir été touchée par le nuage radioac­t­if. De plus, et c’est un aspect non nég­lige­able, Niko­laïev est placée à 130 km d’Odessa, troisième ville d’Ukraine, qui dis­pose d’un aéro­port inter­na­tion­al avec des liaisons aéri­ennes jour­nal­ières vers l’Eu­rope de l’Ouest.

Après deux années de négo­ci­a­tions et d’ap­proches admin­is­tra­tives, c’est en 1995 que l’ac­cord de parte­nar­i­at est signé et qu’est décidée la for­ma­tion d’une joint ven­ture Besnier Ukraine dont le cap­i­tal se répar­tit à 51 % Besnier, 45 % Com­bi­nat Laiti­er de Niko­laïev et 4 % pour divers parte­naires ukrainiens. Au départ, la joint ven­ture devait n’oc­cu­per qu’une par­tie de l’u­sine et se spé­cialis­er dans la fab­ri­ca­tion de beurre et de caséine ali­men­taire, con­for­mé­ment à nos objec­tifs initiaux.

Une fois l’ac­cord des dif­férents parte­naires obtenu, il ne reste plus qu’à faire toutes les démarch­es admin­is­tra­tives et juridiques pour créer cette société. C’est là que les choses com­men­cent à devenir un peu plus com­pliquées car si le pays affiche une volon­té de libéralis­er son économie, les struc­tures admin­is­tra­tives et juridiques con­tin­u­ent à fonc­tion­ner selon les règles et la lég­is­la­tion de l’an­cien régime.

Le libéral­isme reste à l’é­tat d’an­nonce ; il n’a tou­jours pas réelle­ment pénétré le pays. C’est la valse des tam­pons, des sig­na­tures et des nom­breuses démarch­es auprès de l’ad­min­is­tra­tion afin d’obtenir les autori­sa­tions indis­pens­ables. Il s’ag­it là d’un proces­sus long, tatil­lon et pour nous, décevant.

Après plusieurs mois d’ef­forts, nous par­venons, en 1996, à réu­nir l’ensem­ble des doc­u­ments, tam­pons et sig­na­tures des dif­férentes autorités pour con­stituer la société Besnier Ukraine. Entre-temps, notre opti­misme habituel nous ayant fait sous-estimer les délais d’au­tori­sa­tion, nous avions com­mencé la réno­va­tion des instal­la­tions indus­trielles et les travaux d’in­vestisse­ments étaient ter­minés lorsque la société a été con­sti­tuée offi­cielle­ment. Nous avons donc pu com­mencer la pro­duc­tion indus­trielle dès l’ob­ten­tion de l’enregistrement.

Bor­dés sur le plan de la légal­ité, il ne nous restait plus qu’à affron­ter la mise en ser­vice de l’outil indus­triel qui venait d’être créé. En ce qui con­cerne les travaux d’in­vestisse­ments, nous avions détaché deux ingénieurs chargés de con­duire et de coor­don­ner l’ac­tion des dif­férentes entre­pris­es inter­venantes. Le matériel, pour l’essen­tiel, était importé.

Par con­tre, tous les mon­tages, rac­corde­ments et travaux de génie civ­il ont été con­fiés à des entre­pris­es ukraini­ennes qui, mal­gré leur bonne volon­té, ont eu beau­coup de mal à tenir les délais. De notre expéri­ence, il est indis­pens­able, pour faire tra­vailler des entre­pris­es ukraini­ennes, de les plac­er sous la sur­veil­lance per­ma­nente d’un ingénieur de chantier occi­den­tal pour assur­er la coor­di­na­tion et la bonne exé­cu­tion des travaux.

La mise en ser­vice s’est assez bien déroulée. Nous avions pris la pré­cau­tion de faire venir en France, pen­dant près d’un mois, une quin­zaine d’opéra­teurs ain­si que leur respon­s­able pour les for­mer sur la con­duite d’in­stal­la­tions sim­i­laires à celle que nous avions implan­tée en Ukraine.

Les équipements de la laiterie avant les investissements Les équipements de la laiterie après investissements
Les équipe​ments avant…et après investisse­ments PHOTO R. COTREAU


Cette pré­cau­tion a eu le dou­ble avan­tage de per­me­t­tre au per­son­nel de se for­mer dans des con­di­tions réelles d’ex­ploita­tion mais aus­si de leur faire pren­dre con­science de leur appar­te­nance à une entre­prise, de les imprégn­er de sa cul­ture et de ses objec­tifs. Ouvri­ers pour la plu­part, c’é­tait leur pre­mier con­tact avec la France, et pour la pre­mière fois de leur car­rière, ils se sen­taient asso­ciés au pro­jet qui se réal­i­sait. Ils ont pu s’ex­primer et être écoutés, et de retour à Niko­laïev, ils ont trou­vé un encadrement français qui s’in­téres­sait à ce qu’ils fai­saient et qui pre­nait en con­sid­éra­tion leurs avis pour apporter les derniers réglages aux installations.

En asso­ciant ain­si le per­son­nel de la base, nous avons gag­né sa con­fi­ance, ce qui nous a per­mis d’as­sur­er une mise en ser­vice des instal­la­tions sans dif­fi­cultés et d’avoir sur place un per­son­nel motivé et com­pé­tent. En quelques semaines, la tech­nolo­gie était au point et le per­son­nel bien en place. Nous étions prêts à affron­ter les vol­umes de lait que l’on nous promet­tait pour les semaines qui suivaient.

Mal­heureuse­ment, le lait n’ar­rivait pas : au print­emps 1996, mal­gré la belle sai­son cor­re­spon­dant à la pointe de la pro­duc­tion laitière, nous ne rece­vions que 20 % des quan­tités qui nous avaient été promis­es. En cher­chant à com­pren­dre les raisons de cette pénurie de matière pre­mière, nous avons con­staté un des pre­miers effets per­vers de la pri­vati­sa­tion des kolkhozes : les vach­es avaient été dis­tribuées aux kolkhoziens qui s’é­taient, pour la plu­part, empressés de les ven­dre à la boucherie ; au moins, ils rece­vaient ain­si de l’ar­gent pour vivre plutôt que d’en­tretenir quelques vach­es pour l’al­i­men­ta­tion desquelles ils n’avaient ni four­rage ni terre. En deux ans, la moitié du chep­tel de la région a ain­si disparu.

Quelques-uns, loin des villes, entrete­naient un mai­gre chep­tel pour les besoins de leur pro­pre con­som­ma­tion ; d’autres, plus proches des villes, s’or­gan­i­saient pour ven­dre en direct une pro­duc­tion qu’au­cune lai­terie ne souhaitait col­lecter tant les con­di­tions de récolte et de col­lecte étaient mauvaises.

Con­fron­tés à cette sit­u­a­tion, nous avons essayé d’ap­porter des répons­es à dif­férents niveaux : en implan­tant dans les vil­lages des capac­ités de stock­age et de réfrigéra­tion de lait ; en organ­isant dans chaque vil­lage un cen­tre de col­lecte géré par un salarié de la lai­terie ; en organ­isant des cir­cuits de col­lecte entre les dif­férents vil­lages et les quelques kolkhozes qui avaient con­servé un chep­tel laiti­er sig­ni­fi­catif ; en assur­ant un paiement cash du lait livré chaque quin­zaine pour sus­citer l’in­térêt des kolkhoziens pour la pro­duc­tion laitière. Il s’ag­it là d’un tra­vail de longue haleine qui, après trois années d’ef­forts, com­mence à porter ses fruits.

Tan­dis que nous dévelop­pi­ons ain­si les struc­tures de pro­duc­tion laitière sur un ray­on de 50 à 60 km autour de l’u­sine, nous avons essayé de col­lecter du lait auprès de kolkhozes plus éloignés, situés dans des régions lim­itro­phes. Mais nous avons ren­con­tré beau­coup de dif­fi­cultés pour con­quérir de nou­veaux pro­duc­teurs. Ces derniers voy­aient notre action plutôt d’un bon œil mais les admin­is­tra­tions et les hommes poli­tiques de ces régions, poussés par la lai­terie de leur secteur, menaçaient les pro­duc­teurs de lait de leur couper tout appro­vi­sion­nement en car­bu­rant ou autres mon­naies d’échange courantes dans ces pays.

LE GROUPE LACTALIS
Collect​e 6 mil­liards de litres d​e lait de vache dont 1,4 à l’étranger
Chiffre d’affaires​ 30 mil­liards de francs, soit 4,55 mil­liards d’eu­ros, dont 36 % à l’étranger
Personnel​ 14 000 collaborateurs
Fabrications​
 Lait de consommation :
 Beurre :
 Fromages :
 Pro­duits frais et crèmes :
 Pro­duits industriels :
 Viande :
 Fruits :

1 mil­liard de litres
150 000 tonnes
450 000 tonnes, dont 120 000 tonnes à l’étranger
250 000 tonnes
600 000 tonnes
15 000 tonnes
75 000 tonnes
Struc­ture indus­trielle et com­mer­ciale du Groupe
 
 Implan­ta­tions industrielles
 
 Implan­ta­tions industrielles
 

69 en France
11 à l’étranger
13 divi­sions com­mer­ciales en France
14 sociétés com­mer­ciales à l’étranger


La libéral­i­sa­tion de l’é­conomie n’a pas encore per­mis à la libre con­cur­rence de s’établir pleine­ment. La pres­sion poli­tique et admin­is­tra­tive reste forte et incontournable.

Avec le manque de lait, les résul­tats de la jeune société étaient loin de nos espérances. Notre parte­naire était, lui aus­si, vic­time de cette pénurie mais il souf­frait égale­ment du dés­in­térêt des con­som­ma­teurs pour les pro­duits fab­riqués locale­ment au prof­it des pro­duits d’im­por­ta­tion. Il a donc décidé de nous con­fi­er la total­ité de l’ac­tiv­ité laitière de l’u­sine ; ce fut chose faite au début de 1997. Pour con­trôler la total­ité de l’ac­tiv­ité, nous avons négo­cié avec les parte­naires du com­bi­nat la prise en loca­tion, sur très long terme (quar­ante ans), de l’ensem­ble des act­ifs mobiliers et immo­biliers du com­bi­nat. La négo­ci­a­tion du con­trat et la rédac­tion du bail ont néces­sité un tra­vail impor­tant sur le plan admin­is­tratif et juridique…, et beau­coup de volon­té de part et d’autre.

Évo­lu­tion de la col­lecte men­su­elle de lait (+ Besnier Ukraine depuis avril 1996)
Évolution de la collecte mensuelle de lait chez Lactalis


La prise de con­trôle de la fab­ri­ca­tion des pro­duits locaux et celle du sys­tème de dis­tri­b­u­tion locale qui allait de pair nous ont per­mis d’équili­br­er l’ex­ploita­tion. En effet, nous avons mis rapi­de­ment aux normes du groupe Besnier la qual­ité des pro­duits locaux dont nous avions repris la fab­ri­ca­tion. Par­al­lèle­ment, la prise en main du sys­tème de dis­tri­b­u­tion nous a per­mis d’é­ten­dre pro­gres­sive­ment notre dis­tri­b­u­tion et surtout d’in­ter­venir directe­ment sur la qual­ité de cette distribution.

En effet, les prin­ci­paux détail­lants (nos clients) ne suiv­aient pas tou­jours nos recom­man­da­tions en matière de qual­ité de con­ser­va­tion et, surtout, ils appli­quaient les mêmes marges que sur les pro­duits d’im­por­ta­tion (40 à 50 %), nor­male­ment réservés en Ukraine à une clien­tèle par­ti­c­ulière­ment aisée. Pour résoudre ces prob­lèmes, nous avons mod­ernisé les trois mag­a­sins de Niko­laïev qui fai­saient par­tie des act­ifs du com­bi­nat et dont nous venions d’hériter.

Ces bou­tiques ont servi de référence en ven­dant nos pro­duits selon les normes occi­den­tales de qual­ité et avec des marges “nor­males” pour ce type de pro­duits. Très rapi­de­ment, tous les détail­lants ven­dant nos pro­duits à Niko­laïev se sont alignés sur ces con­di­tions et les ventes ont pro­gressé de façon impor­tante. Pour les mêmes raisons, nous avons ouvert une bou­tique de référence à Odessa et une autre à Kiev, avec le même succès.

En quelques mois, nous avons dou­blé les ventes de beurre, crème, fro­mage frais, kéfir et ria­gen­ka. Les efforts déployés au niveau de la prospec­tion et le développe­ment de la pro­duc­tion laitière com­mençaient à porter leurs fruits et nous étions opti­mistes quant à l’évo­lu­tion de l’ac­tiv­ité de la société.

Mal­heureuse­ment, tout ceci était sans compter avec la crise finan­cière d’août 1998 en Russie qui s’est éten­due par­tielle­ment à l’Ukraine : en quelques semaines, la valeur du dol­lar en mon­naie local a été mul­ti­pliée par deux. Notre niveau d’en­det­te­ment s’est retrou­vé mul­ti­plié, lui aus­si, par deux avec comme con­séquence des pertes de change à inscrire au bilan. Nous avons une nou­velle fois négo­cié avec notre parte­naire une restruc­tura­tion de la société, en procé­dant à une aug­men­ta­tion de cap­i­tal dans laque­lle nos parte­naires nous ont cédé la majeure par­tie de leur par­tic­i­pa­tion (le groupe Besnier pos­sède aujour­d’hui 90 % du cap­i­tal de Besnier Ukraine).

LES CLEFS POUR L’UKRAINE

Superficie : 604 000 km²
52 000 000 habitants
Capitale : Kiev (3 000 000 habitants)
22 régions

  • Il n’ex­iste pas de régime par­ti­c­uli­er ou inci­tatif pour l’in­vestisse­ment de sociétés étrangères.
  • Les mou­ve­ments de cap­i­taux sont l’ob­jet de con­trôles de la Banque Centrale.
  • Une société n’a droit qu’à un seul compte en devises.
  • 50 % des ren­trées en devis­es doivent être ven­dues à la Banque Cen­trale. Les opéra­tions cap­i­tal­is­tiques ne sont pas con­cernées par le régime.
  • Lim­iter au max­i­mum le niveau d’en­det­te­ment de la société en constitution.
  • Pren­dre la majorité et les com­man­des de la société.
  • Créer une société mixte ; bien choisir son parte­naire ukrainien.
  • Con­fi­er au parte­naire ukrainien les rela­tions avec l’Administration.
  • Se faire con­naître des autorités poli­tiques locales et nationales.
  • Être au con­tact de l’am­bas­sade de France et du Poste d’ex­pan­sion économique.
  • Véri­fi­er que les infor­ma­tions qui sont don­nées tout au long des négo­ci­a­tions cor­re­spon­dent bien à une réal­ité et non à ce qu’elles devraient être.
  • Ne pas faire con­fi­ance aux struc­tures intermédiaires.
  • Encadr­er avec des expa­triés par­lant la langue.
  • S’ap­puy­er et val­oris­er le tra­vail du per­son­nel d’exécution.


À ce jour, la société Besnier Ukraine, dev­enue Lac­tal­is Ukraine, s’ap­prête à recevoir 35 000 tonnes de lait en 1999 qu’elle val­orise en beurre, caséine, yaourts, crème fraîche, lait de con­som­ma­tion, kéfir, ria­gen­ka et fro­mages frais. Le chiffre d’af­faires prévi­sion­nel sera de 50 000 000 F. Les pro­duits sont dis­tribués sur les villes de Niko­laïev, Odessa et Kiev. La qual­ité de nos pro­duits est recon­nue dans toute l’Ukraine. Le poten­tiel de développe­ment com­mer­cial est impor­tant et notre plus grande préoc­cu­pa­tion reste de trou­ver de la matière première.

Pour combler ce manque d’ap­pro­vi­sion­nement, nous nous sommes engagés dans un pro­gramme de développe­ment de la pro­duc­tion laitière qui porte sur les pra­tiques agri­coles, le matériel de récolte (ensileuse), les plans d’al­i­men­ta­tion, un ser­vice vétéri­naire. Notre ambi­tion à ce niveau est de tripler la pro­duc­tion laitière en qua­tre ans et de retrou­ver ain­si les vol­umes de lait que le com­bi­nat de Niko­laïev col­lec­tait dans les années 1990.

De cette expéri­ence ukraini­enne, nous retien­drons le car­ac­tère un peu fatal­iste des Ukrainiens et la faible com­pé­tence des cadres, ingénieurs et tech­ni­ciens. Par con­tre, le per­son­nel de base, ouvri­ers et employés, peut être com­pé­tent si l’on prend le temps et la peine de les for­mer et de les associ­er au projet.

La libéral­i­sa­tion de l’é­conomie est sans doute une volon­té mais elle se heurte à plusieurs décen­nies d’un sys­tème éta­tique : les fonc­tion­naires en place sont tou­jours les mêmes ; sou­vent mal infor­més des évo­lu­tions de la régle­men­ta­tion, ils con­tin­u­ent de se référ­er à des textes dépassés. Pour affron­ter cette admin­is­tra­tion pléthorique et tatil­lonne, il est indis­pens­able d’avoir un parte­naire ukrainien qui se charge de toutes ces relations.

L’Ukraine est un pays gou­verné qui évolue lente­ment vers la libéral­i­sa­tion de son économie. Ce pays présente un poten­tiel agri­cole et agroal­i­men­taire com­pa­ra­ble à celui de la France ; beau­coup de temps et d’in­vestisse­ments étrangers seront néces­saires pour le dévelop­per pleinement.

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