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HEOH : La générosité moderne

Dossier : Dossier FFEMagazine N°713 Mars 2016
Par Ghislain D'ALENÇON

Quel est aujourd’hui le principal défi pour les associations à vocation caritative ?

Le monde asso­ci­atif a de plus en plus voca­tion à entre­pren­dre face à l’augmentation de la pau­vreté, aux grandes caus­es locales, nationales et internationales.

Son ter­rain d’action s’étend de plus en plus, mais dans le même temps son finance­ment diminue…

Pourquoi leur financement se réduit-il ?

Les asso­ci­a­tions et les organ­i­sa­tions non gou­verne­men­tales ont de moins en moins de sub­ven­tions éta­tiques et locales. Le couperet est dras­tique depuis main­tenant quelques années.

Mais il reste encore quelques financements ?
Le don particulier par exemple ?

HEOH : FUTUR ÉTABLISSEMENT DE PAIEMENT GÉNÉREUX

Heoh est en cours d’agrément par l’ACPR (Autorité de contrôle des banques) puisque Heoh collecte des dons pour compte de tiers ce qui constitue un service de paiement réglementé par le code monétaire et financier.
Sous la délivrance d’un mandat confié par Heoh, les commerçants peuvent collecter une « montagne » de petits dons au profit d’associations et ONG.
Grâce à un système complexe de cautions, garanties et d’assurances, Heoh garantit en cas de faillite ou de fraude du commerçant le versement de tout euro décaissé de la poche du donateur aux associations ou ONG en passant par des comptes de cantonnement.

Il existe un para­doxe français : plus ça va mal, plus les Français don­nent (soit plus de 8 % en 2014).

Mais cette aug­men­ta­tion ne cou­vre pas les baiss­es des sub­ven­tions publiques.

Même avec le mécénat d’entreprise…

Le mécé­nat d’entreprise est passé de 2,5 mil­liards à 1,7 mil­liard en cinq ans. Face à cette sit­u­a­tion, les asso­ci­a­tions ont un besoin absolu de finance­ment pour résoudre les grandes caus­es qui nous touchent tous.

C’est là où vous intervenez. En facilitant la collecte des dons…

Nous avons mon­té une plate­forme d’intermédiation tech­nologique, juridique, régle­men­taire et extrême­ment innovante.

Elle a été réal­isée en parte­nar­i­at avec nos parte­naires comme Ingeni­co, IBM, de grandes ban­ques français­es et plusieurs acteurs tech­nologiques (AVEO, Les Comp­toirs et Astek).

Elle fait de l’intermédiation finan­cière entre trois mon­des : celui des con­som­ma­teurs, celui des com­merçants et enfin celui des associations.

Quel est le principal atout de votre plateforme d’innovation ?

Notre plate­forme est comme un hub d’aéroport où se branchent des satel­lites com­plète­ment dif­férents des uns et des autres.

Nous pou­vons pro­pos­er des solu­tions : du don en ligne, du crowd­fund­ing, du mécénat…

Quelle est la force de vos solutions ?

Nos solu­tions facili­tent l’acte de dona­tion. Elles sont conçues autour de trois axes : la flu­id­ité de leur proces­sus, l’information du pub­lic et bien sûr la sécu­rité et la traça­bil­ité des dons.

Quelle est votre première solution ?

La Good­Trans­ac­tion que nous avons inven­tée et qui fait l’objet d’un dépôt de brevet d’innovation mon­di­ale per­met le don sur ter­minaux de paiement.

C’est assez précurseur en atten­dant nos prochaines inno­va­tions : la carte ban­caire sol­idaire et bien d’autres solu­tions encore confidentielles.

Quelle est la particularité de GoodTransaction ?

Notre solu­tion Good­Trans­ac­tion a reçu un prix et est le pre­mier acteur à per­me­t­tre la cir­cu­la­tion des cen­times dans les cir­cuits ban­caires traditionnels.

Quand démarrez-vous son déploiement industriel ?

Testée durant 2015 chez un com­merçant d’une gare française, Good­Trans­ac­tion a recueil­li 15 000 dons.

Passée aujourd’hui en mode de pro­duc­tion, elle peut être employée sur des dizaines de mil­liers de ter­minaux de paiement.

L’ÉCOSYSTÈME HEOH

« Nous montons un écosystème autour d’une ou plusieurs grandes causes, » indique Ghislain d’Alançon.
« Nous créons les ponts entre le monde commerçant, associatif, institutionnel (CCI, mairie) et bancaire, bref entre des mondes différents générant en cela énormément de dons et bien sûr de la valeur. »

Cette solution est-elle contraignante pour les commerçants ?

Elle est sim­ple et très facile d’utilisation. La solu­tion s’intègre directe­ment dans le ter­mi­nal de paiement.

Les dons ne ren­trent pas dans le chiffre d’affaires du com­merçant. Heoh ne fac­ture rien au com­merçant. Pour un com­merçant lamb­da, il n’y a pas d’impact informatique.

La seule contrainte : c’est la signature d’un contrat…

Oui pour des ques­tions fis­cales et régle­men­taires. Mais le pas­sage à la caisse n’est en revanche pas intrusif pour le client ni pour la caissière.

Il n’enclenche pas non plus de frais de fonc­tion­nement sup­plé­men­taire ni de coût de licence.

Avez-vous fait des études pour savoir combien les consommateurs peuvent donner par carte ?

Nous avons déjà réal­isé de mul­ti­ples études pour véri­fi­er l’appétence du monde des com­merçants, des dona­teurs et de notre société en général. Au fur et à mesure que nous allons déploy­er nos out­ils, nous met­trons en place des mesures d’impact.

Actuelle­ment, 50 % à 80 % des clients don­nent généreusement.

Les dons ont-ils un impact sur les affaires de vos commerçants ?

Selon les résul­tats d’une récente étude (Nielsen), les mar­ques com­merçantes qui ont une stratégie de respon­s­abil­ité sociale ont une crois­sance de 4 % ver­sus 1 % de crois­sance dans le monde commerçant.

Comment choisissez-vous vos associations bénéficiaires ?

Sous l’Autorité de con­trôle pru­den­tiel et de réso­lu­tion, notre comité de déon­tolo­gie est présidé par l’ancien chef d’état-major de la marine, l’amiral Forissier.

Il valide les pro­jets asso­ci­at­ifs sur des critères pré­cis : les types d’actions, l’intégrité finan­cière, la capac­ité à col­lecter et la qual­ité de la gouvernance.

Combien d’associations entrent dans votre dispositif ?

Nous avons avec Antoine Vac­caro, spé­cial­iste de la phil­an­thropie et cofon­da­teur de Heoh, con­trac­tu­al­isé une dizaine d’associations à voca­tion nationale. Nous avons aus­si quelques asso­ci­a­tions locales.

Mais il est inutile de con­trac­tu­alis­er une asso­ci­a­tion tant que le com­merçant local ne l’a pas choisi personnellement.

Le monde associatif est-il ouvert à votre solution ?

Nous avons reçu un très bon accueil dans la mesure où le monde asso­ci­atif dis­pose de moyens de col­lecte quelque peu éculés et de ren­de­ments de moins en moins bons.

Pourquoi vos solutions révolutionnent-elles la relation entre l’association et le donateur ?

Grâce à nos solu­tions, la sol­lic­i­ta­tion se fait naturelle­ment. Les asso­ci­a­tions ne sont plus oblig­ées de qué­man­der auprès du pub­lic. Elles n’ont plus qu’à remerci­er les dona­teurs et à indi­quer l’affectation de leurs dons.

Elles passent d’un sys­tème de quête à un sys­tème de remer­ciement et d’information.

En quoi cette « générosité embarquée » facilite-t-elle la donation ?

Quand le dona­teur libelle un chèque d’une cen­taine d’euros, voire de quelques dizaines d’euros, le proces­sus est tou­jours com­pliqué. Cela fait un trou dans le budget !

Grâce à notre sys­tème, le dona­teur don­nera de manière totale­ment indo­lore quelques cen­times à chaque acte de con­som­ma­tion en un clic.

Avez-vous fixé un montant de donation pour l’année 2016 ?

Nous avons des objec­tifs à réalis­er, mais vous me per­me­t­trez de ne pas les com­mu­ni­quer. Notre stratégie est aujourd’hui de déploy­er indus­trielle­ment nos solu­tions en parte­nar­i­at avec les con­struc­teurs et les dis­trib­u­teurs des ter­minaux de paiement.

Nous sommes d’ailleurs en train de con­trac­tu­alis­er avec d’autres parte­naires de nature diverse pour dis­tribuer notre solu­tion sur des ter­minaux par centaines.

Combien avez-vous levé ?

Heoh a levé 500 000 euros en mai 2012 puis 1, 1 mil­lion d’euros en juin 2015. Nous sommes en train d’effectuer une nou­velle lev­ée de fonds de plusieurs mil­lions d’euros.

Qu’en est-il de vos projets de cartes bancaires solidaires ?

Ces cartes seront extrême­ment inno­vantes et sor­tiront au deux­ième semes­tre 2016 en parte­nar­i­at avec une grande banque nationale et Visa.

Mais je ne puis vous en dire encore plus.

Votre ambition est-elle de générer des possibilités de dons tous azimuts ?

L’idée est de génér­er un max­i­mum de petits dons dans les actes de la vie courante, notam­ment de la consommation.

Avez-vous l’intention de vous développer dans le monde ?

La régle­men­ta­tion du paiement est européenne. Elle nous per­met de nous dévelop­per plus facile­ment dans la zone SEPA.

Et nous sommes très atten­tifs à d’autres con­ti­nents notam­ment le marché américain.

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