Dépasser les blocages

Dossier : Le quarantième anniversaire des polytechniciennesMagazine N°677 Septembre 2012
Par Hélène PONCET (98)

Si j’ai voulu témoign­er à l’occasion du quar­an­tième anniver­saire de l’admission des femmes à l’X, c’est parce qu’il me paraît impor­tant de saluer cet événe­ment dans tout ce qu’il a de posi­tif, et aus­si de trans­met­tre des mes­sages qui peu­vent intéress­er les pro­mo­tions actuelles et futures. Je ne reviens pas sur ce que l’X m’a apporté : un diplôme pres­tigieux, une for­ma­tion académique de très haut niveau, et des oppor­tu­nités extra­or­di­naires de développe­ment du « savoir être » en entre­prise ou ailleurs, de par les nom­breuses facettes de la for­ma­tion humaine et militaire.

Transformer l’essai

J’ai fait l’X à la fin des années 1990 : autant dire que, lorsque j’ai inté­gré l’École, j’avais l’impression que l’admission des femmes datait d’il y a une éter­nité. Aujourd’hui, je réalise que quar­ante ans, ce n’est pas si ancien : beau­coup de nos cama­rades encore en activ­ité ont con­nu Poly­tech­nique « réservée aux garçons ».

Il reste donc un peu de chemin pour « trans­former l’essai » de l’intégration des femmes dans le monde des dirigeants et dans la com­mu­nauté sci­en­tifique. Je crois qu’il est impor­tant que les nou­velles généra­tions en aient con­science, pour con­tin­uer à faire bouger les choses.

au-delà des clichés

Par exem­ple, dans ma pro­mo­tion, les filles représen­taient déjà env­i­ron 20 % de l’effectif, pour­cent­age qui était sur une pente ascen­dante. Aujourd’hui, près de quinze ans plus tard, cette part s’est sta­bil­isée en deçà de 25%, ce qui laisse entrevoir des marges de pro­grès. Le défi est d’aller au-delà des images et des clichés : les lycéennes ne doivent pas s’interdire les fil­ières sci­en­tifiques ; elles y ont toute leur place.

Prendre des responsabilités

C’est au cours de ma sco­lar­ité à l’École poly­tech­nique, et en par­ti­c­uli­er lors de l’année de ser­vice mil­i­taire, que j’ai pris con­science de ce que, bien qu’étant une femme, il était tout à fait pos­si­ble pour moi de pren­dre des respon­s­abil­ités hiérar­chiques, et de ten­ter les mêmes défis sportifs que les garçons. Au défilé du 14 Juil­let, les poly­tech­ni­ci­ennes ont l’honneur d’occuper les pre­miers rangs. Il y a beau­coup moins de machisme dans l’armée que ne le lais­sent croire les a pri­ori.

Inspirer confiance

Dans mon par­cours depuis l’X, dans la haute fonc­tion publique, le fait d’être une femme ne m’a pas désa­van­tagée. Je dirai même, au contraire.

Par exem­ple, être en minorité peut per­me­t­tre de sor­tir du lot, puisque l’on se sou­vient de vous plus facile­ment. Il faut cepen­dant pren­dre garde à des écueils aux­quels le cur­sus pure­ment sco­laire ne pré­pare pas for­cé­ment. Un exem­ple par­mi d’autres : une hiérar­chie exclu­sive­ment mas­cu­line peut avoir le sen­ti­ment de pren­dre des risques incon­sid­érés en accor­dant des respon­s­abil­ités à une femme. Le tout est d’en avoir con­science, pour, juste­ment, inspir­er con­fi­ance et dépass­er ces blocages.

La clé réside sans doute dans la capac­ité à sor­tir d’un fonc­tion­nement pure­ment sco­laire, et à met­tre en œuvre un cer­tain bon sens dans l’analyse des com­porte­ments, en plus des com­pé­tences tech­niques. En cela, le partage d’expérience dans le cadre de réseaux féminins est très utile.

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