Fossile altéré par des efflorescences blanches de sulfates de fer

Allier sciences et patrimoine

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Véronique ROUCHON (86)

Au lycée, je fai­sais par­tie de ces bons élèves capa­bles de com­pren­dre des matières sci­en­tifiques, mais j’étais aus­si très motivée par d’autres champs, comme les arts, la musique ou les sci­ences naturelles.

J’ai suivi la voie « royale » de la pré­pa M’, plutôt pour reculer l’échéance du choix que par pas­sion des maths ou de la physique.

De la chimie à l’histoire de l’art

Mes meilleurs sou­venirs de pré­pa cor­re­spon­dent à l’ambiance de cama­raderie. Quelques doc­u­men­taires à la télévi­sion sur des restau­ra­tions de pein­tures m’ont fait rêver. Sans véri­ta­ble­ment me fig­ur­er à quoi cor­re­spondaient ces métiers, j’y voy­ais une direc­tion attirante.

Ma pre­mière décep­tion à l’X a été de con­stater qu’il fal­lait encore beau­coup tra­vailler les matières fon­da­men­tales si l’on voulait se distinguer.

Là, je n’étais plus d’accord. J’aspirais à davan­tage d’applications. C’est prob­a­ble­ment pour cette rai­son que je me suis tournée vers les enseigne­ments de chimie. Quant aux cours d’histoire de l’art et de pein­ture d’Hervé Loili­er, c’était une vraie bouf­fée d’oxygène.

Sciences des matériaux et manuscrits anciens

Très vite, la voie du doc­tor­at s’est imposée. J’ai choisi le domaine des sci­ences des matéri­aux car il pou­vait offrir une ouver­ture vers l’analyse d’objets d’art. J’ai par­al­lèle­ment effec­tué une licence d’histoire de l’art pour voir autre chose.

À l’issue de ma thèse, pour des raisons famil­iales, j’ai rejoint l’université de La Rochelle, nou­velle­ment créée, sur un poste de maître de con­férences, et j’ai été affec­tée à un lab­o­ra­toire de recherche sur les phénomènes de cor­ro­sion (aujourd’hui Lab­o­ra­toire des sci­ences de l’ingénieur pour l’environnement, LaSIE).

J’y ai entamé des recherch­es sur les phénomènes d’altération des man­u­scrits anciens par les encres ferrogalliques.

Il n’était pas ques­tion de cor­ro­sion métallique mais de dégra­da­tion de papiers provo­quée par des encres très cor­ro­sives à base de fer. Je suis rev­enue à Paris en 2005 au Muséum nation­al d’histoire naturelle, dans le Cen­tre de recherche sur la con­ser­va­tion et ai récem­ment été reçue pro­fesseur du Muséum.

Comprendre les matériaux fossiles

Au cours de mes études, j’avais ini­tiale­ment imag­iné tra­vailler à l’analyse sci­en­tifique d’œuvres d’art. Assez vite, je me suis ren­du compte que les prob­lèmes d’identification, d’authentification ou de data­tion ne représen­taient qu’une par­tie des prob­lèmes soulevés en con­ser­va­tion du patrimoine.

“ Comprendre les mécanismes d’altération des collections paléontologiques pour mieux y remédier ”

Mon tra­vail actuel vise à com­pren­dre les mécan­ismes d’altération des spéci­mens des col­lec­tions paléon­tologiques pour mieux y remédier.

Cela néces­site une bonne con­nais­sance des matéri­aux fos­siles et de leur com­porte­ment en fonc­tion de dif­férents fac­teurs (air, humid­ité, pol­lu­tions, lumière, etc.).

Choisir un sens

Si je devais trans­met­tre un mes­sage, ce serait de ne pas choisir une voie « parce qu’on y gagne bien sa vie », ou « parce qu’il y a des débouchés », mais tout sim­ple­ment parce qu’elle a un sens.


En illus­tra­tion : Fos­sile altéré par des efflo­res­cences blanch­es de sul­fates de fer II (rozénite et szomol­nokite). Spéci­men MNHN.F.6888, Hymeno­phyl­lites semi­ala­tus, Ruet de Tav­er­nay (Saône-et-Loire, France).

A lire : Véronique Rou­chon, une vie pour le pat­ri­moine, par Pierre Las­z­lo dans La Jaune et la Rouge n° 710, Décem­bre 2015.

Liste des pub­li­ca­tions de Véronique Rouchon

Poster un commentaire