Le système Nio™+, lancé par Stilla Technologies en Novembre 2023, permet d’implémenter des analyses génétiques de précision par PCR digitale en routine et vise des applications en biopharma et de diagnostic in-vitro.

Stilla Technologies franchit un nouveau cap dans le déploiement de l’analyse génétique de précision !

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°793 Mars 2024
Par Rémi DANGLA (X05)

Dix ans après ses débuts au LadHyx de l’École Poly­tech­nique, Stil­la Tech­no­lo­gies a lar­ge­ment démon­tré la per­ti­nence de sa tech­no­lo­gie et de ses pro­duits au ser­vice du diag­nos­tic in-vitro et de la bio­phar­ma. Suite au lan­ce­ment de sa nou­velle pla­te­forme d’analyse géné­tique de pré­ci­sion Nio™+, la start-up ambi­tionne de fran­chir un nou­veau cap dans son déve­lop­pe­ment en accé­lé­rant sa crois­sance et son déploie­ment à l’international. Rémi Dan­gla (X05), cofon­da­teur et CTO de Stil­la Tech­no­lo­gies, nous en dit plus.

Stilla Technologies développe et commercialise des instruments et des tests d’analyse génétique de haute précision, via une technologie propriétaire de PCR digitale. Concrètement, qu’est-ce que la PCR digitale ? En quoi est-ce innovant ? 

Depuis la pan­dé­mie et la crise de la COVID, tout le monde connaît les tests PCR. Chez Stil­la, nous déve­lop­pons la nou­velle géné­ra­tion de ces tests PCR, en implé­men­tant une approche inno­vante appe­lée PCR digi­tale qui per­met de rendre les tests PCR beau­coup plus per­for­mants, en com­pa­rai­son aux tests qui sont uti­li­sés pour détec­ter le SARS-COV2. Concrè­te­ment, la détec­tion du SARS-COV2 dans un écou­villon nasal est un test PCR rela­ti­ve­ment « facile » à mettre en œuvre, car son but est uni­que­ment de détec­ter la pré­sence du virus et n’a pas voca­tion à aller cher­cher des infor­ma­tions plus pré­cises comme la quan­ti­té de virus pré­sent ou la souche virale pré­cise… Au-delà, le génome du SARS-COV2, qui est très dif­fé­rent du génome humain, est « faci­le­ment » détec­table, même noyé dans une quan­ti­té impor­tante d’ADN humain. Enfin, un écou­villon nasal reste un échan­tillon assez « propre » du point de vue de l’analyse par PCR, et en com­pa­rai­son à d’autres types d’échantillons qui peuvent conte­nir des sub­stances qui vont alté­rer le résul­tat des tests PCR.

De fait, il existe de nom­breux autres cas d’usage poten­tiels des tests PCR où ces der­niers ne fonc­tionnent pas ou ne sont pas fiables. 

Forts de ces constats, nous avons déve­lop­pé des sys­tèmes d’analyse géné­tique par PCR digi­tale qui ont voca­tion à cou­vrir ces cas d’usage qui demandent une ana­lyse plus com­plexe ou sophis­ti­quée. En effet, notre tech­no­lo­gie de PCR digi­tale, appe­lée Crys­tal Digi­tal PCR, per­met de :

  • détec­ter et quan­ti­fier très pré­ci­sé­ment un bio­mar­queur géné­tique d’intérêt ;
  • détec­ter un grand nombre de bio­mar­queurs dif­fé­rents simul­ta­né­ment ( mul­ti­plexage ), pour rendre une carac­té­ri­sa­tion géné­tique des échan­tillons beau­coup plus large que les tests PCR classiques ;
  • ana­ly­ser des échan­tillons com­plexes sur les­quels la PCR clas­sique est en échec, notam­ment à cause de la pré­sence de sub­stances inhi­bi­trices de la réac­tion chi­mique de PCR.

À partir de là, quelles sont les applications que vous visez ? 

Nous nous inté­res­sons prin­ci­pa­le­ment à trois grandes applications :

  • les appli­ca­tions en diag­nos­tic médi­cal in-vitro (DIV), dont les tests de thé­ra­nos­tic et de sui­vi de can­cer par simple prise de sang ;
  • les appli­ca­tions en bio­phar­ma, comme la mesure d’efficacité de nou­veaux trai­te­ments thé­ra­peu­tiques ou le contrôle qua­li­té de pro­duits thé­ra­peu­tiques inno­vants, telles que les thé­ra­pies géné­tiques ou cellulaires ;
  • les appli­ca­tions « envi­ron­ne­men­tales » ou appli­quées, comme la quan­ti­fi­ca­tion du SARS-COV2 dans les eaux usées par exemple.

Revenons plus particulièrement sur les applications dans le domaine de la biopharma. À quels enjeux répondez-vous ?

Le pro­ces­sus de déve­lop­pe­ment de nou­veaux pro­duits thé­ra­peu­tiques inno­vants est long et très coû­teux. Il implique plu­sieurs phases d’essais cli­niques visant à prou­ver, entre autres, l’efficacité du trai­te­ment et une balance bénéfice/risque posi­tive pour le patient. Dans ce cadre, notre tech­no­lo­gie de PCR digi­tale, qui per­met de quan­ti­fier avec pré­ci­sion une charge virale, est par­ti­cu­liè­re­ment per­ti­nente pour démon­trer qu’un trai­te­ment est capable ou non de dimi­nuer la charge virale. Il s’agit là d’un mar­queur simple à mettre en œuvre, pré­coce, quan­ti­ta­tif et fac­tuel de l’efficacité du trai­te­ment. Notre tech­no­lo­gie contri­bue ain­si à accé­lé­rer l’évaluation de com­po­sés phar­ma­ceu­tiques en déve­lop­pe­ment et, in fine, à réduire les coûts de développement.

En paral­lèle, les thé­ra­pies géniques et cel­lu­laires sont en pleine expan­sion, parce qu’elles per­mettent d’obtenir des résul­tats spec­ta­cu­laires de trai­te­ments éta­blis dans de nom­breuses indi­ca­tions, dont les mala­dies géné­tiques rares ou le cancer.

Tou­te­fois, ces thé­ra­pies géniques et cel­lu­laires sont des com­po­sés phar­ma­ceu­tiques très com­plexes à pro­duire. Dans cette démarche, l’enjeu majeur pour l’industrie phar­ma­ceu­tique est de pou­voir garan­tir la pure­té des trai­te­ments. Notre tech­no­lo­gie peut ain­si être uti­li­sée pour réa­li­ser le contrôle qua­li­té des thé­ra­pies géniques et cel­lu­laires, car elle per­met de détec­ter des traces infimes de conta­mi­nants, mais aus­si de carac­té­ri­ser fine­ment la qua­li­té « géné­tique » et l’intégrité du com­po­sé pharmaceutique.

Sur ce segment de la médecine de précision, comment vous projetez-vous ? Quelles sont vos ambitions ?

Nous tra­vaillons sur ces sujets depuis déjà près de 10 ans. Au fil des années, nous avons démon­tré la capa­ci­té de nos pro­duits et de notre tech­no­lo­gie à répondre à des besoins avé­rés du mar­ché. Nous avons aujourd’hui levé l’ensemble des freins rela­tifs au déve­lop­pe­ment de notre sys­tème d’analyse géné­tique de pré­ci­sion et nous nous concen­trons aujourd’hui sur le déploie­ment de nos outils et notre déve­lop­pe­ment commercial. 

L’ambition de Stil­la est d’être recon­nue comme un lea­der de l’analyse géné­tique de pré­ci­sion sur les appli­ca­tions que j’ai pré­cé­dem­ment détaillées. Nous pri­vi­lé­gions ain­si une démarche par­te­na­riale avec nos clients. Concrè­te­ment, nous déployons dans leur envi­ron­ne­ment nos outils sur des indi­ca­tions qui sont per­ti­nentes pour eux aus­si bien sur le plan tech­no­lo­gique qu’économique.

En paral­lèle, nous avons aus­si des ambi­tions de crois­sance et de déve­lop­pe­ment à l’international. Nous sommes très pré­sents en Europe, mais aus­si en Asie, en Chine et au Japon, et nous nous déve­lop­pons éga­le­ment aux États-Unis. 

L’innovation et la R&D occupent une place centrale dans votre start-up. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Elles sont au cœur de notre sys­tème d’analyse géné­tique de pré­ci­sion. En novembre der­nier, nous avons ain­si lan­cé un nou­veau sys­tème orien­té vers des usages de rou­tine sur nos domaines d’application, le sys­tème Nio™+. Ce sys­tème est la concré­ti­sa­tion de 10 années d’efforts en matière de R&D et de l’intégration de nos savoir-faire au ser­vice d’un sys­tème capable de répondre avec plus de per­ti­nence et de per­for­mance aux trois appli­ca­tions que nous avons iden­ti­fiées en lan­çant Stil­la : le diag­nos­tic médi­cal, la bio­phar­ma et l’analyse environnementale. 

Aujourd’hui, il s’agit donc de mettre en œuvre nos capa­ci­tés d’innovation dif­fé­rem­ment en pri­vi­lé­giant une démarche par­te­na­riale ou de co-inno­va­tion avec les uti­li­sa­teurs de nos sys­tèmes pour s’inscrire dans une démarche d’amélioration conti­nue, mais aus­si pour déve­lop­per des appli­ca­tions nouvelles.

Au-delà, nous sommes ouverts sur notre éco­sys­tème et sommes en veille per­ma­nente, notam­ment autour des pro­jets de recherche por­tés par des acteurs hos­pi­ta­liers, la recherche aca­dé­mique ou l’industrie phar­ma­ceu­tique, mais aus­si autour de nou­veaux besoins en matière d’analyse géné­tique de pré­ci­sion… pour déve­lop­per des par­te­na­riats de R&D à forte valeur ajoutée. 

Quels sont les freins qui persistent pour Stilla ? 

Notre prin­ci­pal défi aujourd’hui est le déploie­ment com­mer­cial. Durant les 10 der­nières années, nous nous sommes concen­trés sur la R&D, ce qui a abou­ti sur le lan­ce­ment de pro­duit très réus­si du Nio™+. Pour accé­lé­rer la com­mer­cia­li­sa­tion de nos pro­duits, nous devons struc­tu­rer dif­fé­rem­ment notre socié­té et notre orga­ni­sa­tion, en allant vers une domi­nante mar­ke­ting et com­mer­ciale au sein de nos effec­tifs, axée sur la satis­fac­tion de nos clients. En paral­lèle, nous avons aus­si des enjeux de com­mer­cia­li­sa­tion à une échelle inter­na­tio­nale où la règle­men­ta­tion dif­fère d’un pays à un autre. 

Nous avons bien évi­dem­ment aus­si un enjeu finan­cier. Notre déve­lop­pe­ment com­mer­cial ne nous a pas encore per­mis d’atteindre le seuil de ren­ta­bi­li­té finan­cière mais cela ne devrait pas tarder. 

D’ailleurs, vous venez d’annoncer une levée de fonds (Series C) de 26.5 M€ et vous restez ouverts à l’entrée au capital d’investisseurs complémentaires. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

En effet, nous avons réa­li­sé un pre­mier clo­sing de notre levée de fonds de Series C à l’automne 2023. Les prin­ci­paux inves­tis­seurs de la Série C sont les fonds d’investissement chi­nois Yuzi Invest­ment Hol­ding Group et Tus­park Hol­dings, mais avec éga­le­ment une par­ti­ci­pa­tion notable de la com­mu­nau­té de Busi­ness Angels de l’Ecole Poly­tech­nique au côté des action­naires his­to­riques. Cette opé­ra­tion nous per­met d’accélérer sur nos 3 prin­ci­paux chan­tiers : crois­sance com­mer­ciale struc­tu­rée autour du Nio™+, déploie­ment à l’international et atteinte de la rentabilité.

Nous com­men­çons déjà obser­ver les effets posi­tifs de ces inves­tis­se­ments. En rai­son du poten­tiel de crois­sance impor­tant du mar­ché et de Stil­la de l’analyse géné­tique de pré­ci­sion, il nous semble oppor­tun d’accueillir des fonds com­plé­men­taires pour ren­for­cer encore notre déploie­ment com­mer­cial et atteindre l’objectif de ren­ta­bi­li­té conjoin­te­ment à une forte crois­sance de notre chiffre d’affaires.

La concré­ti­sa­tion de ces objec­tifs sera un mar­queur de réus­site très fort pour une socié­té indus­trielle et tech­no­lo­gique comme Stil­la ! 

Poster un commentaire