HeadMind Partners est un des membres fondateurs du Campus Cyber

IA et Cybersécurité : des synergies et des perspectives

Dossier : CybersécuritéMagazine N°773 Mars 2022
Par Maxime de JABRUN
Par Billal CHOULI

Maxime de Jabrun, Vice-Prési­dent Exé­cu­tif Cyber Risk & Secu­ri­ty et IA de Head­Mind Part­ners (ex-Bei­jaflo­re), revient pour nous sur le posi­tion­nement du cab­i­net de con­seil sur la ques­tion de la cyber­sécu­rité. Mem­bre fon­da­teur du Cam­pus Cyber, Head­Mind Part­ners accom­pa­gne et con­seille ses clients, depuis près de 20 ans, sur l’ensemble des ques­tions et prob­lé­ma­tiques rel­a­tives à ce sujet d’actualité. Rencontre.

Comment appréhendez-vous la question de la cybersécurité ? 

La cyber­sécu­rité est un enjeu-clé dans la numéri­sa­tion extrême­ment rapi­de de nos sociétés. Elle doit apporter la con­fi­ance néces­saire à son adop­tion durable. Il est donc impératif d’intégrer cette dimen­sion en amont de toutes pris­es de risque numérique. 

Fort de ce con­stat, Head­Mind Part­ners est un cab­i­net qui se posi­tionne à mi-chemin entre les direc­tions métiers et les technophiles au sein des entre­pris­es. Avec les métiers, nous nous con­cen­trons sur les impacts busi­ness et opéra­tionnels d’une attaque cyber. Nous inté­grons la com­préhen­sion de leur mod­èle économique et com­ment faciliter les usages de nou­velles tech­nolo­gies dans leur chaîne de valeur. Et avec les technophiles, nous appor­tons une exper­tise de pointe en iden­ti­fi­ant les vul­néra­bil­ités et les tech­niques d’attaques des cyber men­aces aux­quelles ils sont exposés. In fine, nous facili­tons le dia­logue entre les acteurs de la trans­for­ma­tion numérique et leurs con­som­ma­teurs internes.

Dans un contexte où le risque cyber est de plus en plus prégnant et important, quels sont les principaux enjeux pour les entreprises que vous accompagnez ? 

Nous cou­vrons l’ensemble de la chaîne de con­fi­ance : l’identification des risques, la préven­tion, la détec­tion des attaques, la ges­tion de crise et ses con­séquences… Aujourd’hui, nous accom­pa­gnons une cen­taine d’entreprises (CAC40 & SBF120) qui opèrent dans divers secteurs et qui doivent assurer : 

  • La maîtrise de leur des­tin qui passe par la sécuri­sa­tion des don­nées qu’elles stock­ent et val­orisent. À ce niveau, il ne s’agit pas seule­ment de pro­téger les sys­tèmes d’informations qui les héber­gent — surtout s’ils sont hébergés dans le Cloud — mais bien de sécuris­er les don­nées elles-mêmes ; 
  • Leur résilience opéra­tionnelle : quand une entre­prise est con­fron­tée à un ran­somware, son activ­ité est paralysée. Il faut alors au plus vite assur­er le min­i­mum opéra­tionnel et recon­stru­ire, en par­al­lèle, l’environnement numérique ; 
  • La con­fi­ance : dans un con­texte géopoli­tique ten­du, il est pri­mor­dial de maîtris­er le niveau de con­fi­ance de toutes les par­ties prenantes des entre­pris­es dans leur sup­ply chain. 

HeadMind Partners est un des membres fondateurs du Campus Cyber. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Au-delà d’un très fort engage­ment dans cette ini­tia­tive, nous avons la con­vic­tion forte qu’en met­tant en com­mun les exper­tis­es et com­pé­tences de toutes les par­ties prenantes (recherche, écoles, indus­triels, béné­fi­ci­aires), nous arriverons à créer une réponse unique et inédite à la ques­tion de la cyber­sécu­rité. Tous les acteurs du Cam­pus Cyber ont com­pris l’enjeu qui va per­me­t­tre à la France de se posi­tion­ner comme leader de l’innovation et de la con­fi­ance sur ce marché. Nous con­tribuons ain­si à dif­férents pro­jets et ini­tia­tives. En col­lab­o­ra­tion avec une start-up, éditrice de solu­tions et une entre­prise, nous cher­chons à avoir une meilleure com­préhen­sion de l’impact d’une cyber-attaque sur l’entreprise pour dévelop­per une solu­tion inno­vante basée sur l’IA.

L’ambition du Campus Cyber : laisser la compétition de côté pour créer ensemble de la valeur et développer un écosystème de la cybersécurité français.”

Grâce à la dynamique de partage et de co-con­struc­tion portée par le Cam­pus Cyber, nous col­laborons avec d’autres cab­i­nets de con­seil, des indus­triels, des start-up et des labos de recherche ! Et c’est bien cela l’ambition du Cam­pus Cyber : laiss­er la com­péti­tion de côté pour créer ensem­ble de la valeur et dévelop­per un écosys­tème de la cyber­sécu­rité français. Enfin, Head­Mind Part­ners co-ani­me avec le hub France IA le groupe de tra­vail « IA et Cyber­sécu­rité » qui regroupe des experts de ces deux domaines. L’IA est une for­mi­da­ble oppor­tu­nité pour aug­menter les équipes cyber­sécu­rité et les aider à mieux pro­téger leurs organ­i­sa­tion. D’ailleurs, la cyber­sécu­rité est un des piliers de la con­fi­ance dans les solu­tions IA. Les don­nées, matière pre­mière indis­pens­able à une IA, ne sont mis­es à dis­po­si­tion par leurs pro­prié­taires que si leur sécu­rité est garantie !

Comment voyez-vous ce secteur évoluer ? 

Tous les acteurs en cyber­sécu­rité ont un rôle clé à jouer pour aider les entre­pris­es, les admin­is­tra­tions et plus large­ment les hommes et femmes à pren­dre des risques numériques. Avec des ini­tia­tives comme le metavers, les NFT, le Cyber link… le secteur va con­tin­uer de con­naître une véri­ta­ble explo­sion. Les usages et les habi­tudes via l’IA, la blockchain, les objets con­nec­tés, l’industrie con­nec­tée, la voiture autonome… sont pro­gres­sive­ment et pro­fondé­ment trans­for­més. Plus que jamais, le rôle des experts de la cyber­sécu­rité sera essen­tiel pour per­me­t­tre l’adoption et l’exploitation de ces nou­velles tech­nolo­gies, mais aus­si le développe­ment des usages qui vont en découler de la manière la plus sûre possible. 

Se pose aussi la question des compétences dans ce domaine où il y a une très forte tension. Comment faites-vous face à cet enjeu humain ? 

Au sein du cab­i­net, nous recru­tons des ingénieurs pas­sion­nés, curieux et qui ont le goût de la rela­tion humaine. Nous investis­sons mas­sive­ment dans leur for­ma­tion et leur mon­tée en com­pé­tences. En 2021, nous avons organ­isé plus de 80 ate­liers de for­ma­tion sur des cas clients con­crets. Ils ont accès à une plate­forme d’e‑learning qui com­prend plus de 250 mod­ules sur la cyber­sécu­rité. Nous organ­isons des boot­camps pour per­me­t­tre aux ingénieurs qui n’ont jamais tra­vail­lé sur ce sujet d’acquérir les fon­da­men­taux. Nous les accom­pa­gnons aus­si pour pass­er les cer­ti­fi­ca­tions d’excellence dans ce domaine. Ils peu­vent aus­si très rapi­de­ment faire du men­tor­ing auprès de 1 à 3 per­son­nes selon leurs capac­ités. Ce mode de fonc­tion­nement facilite la trans­mis­sion de savoir. 

Nous cap­i­tal­isons aus­si sur l’IA pour nos équipes et pour met­tre notam­ment à leur dis­po­si­tion des bases de con­nais­sances con­solidées et con­stru­ites depuis plus de 15 ans. Grâce à un moteur de recherche basé sur le machine learn­ing, ils peu­vent très facile­ment retrou­ver toutes les don­nées néces­saires pour accom­pa­g­n­er les clients. Enfin, nous avons la chance d’avoir une équipe soudée, bien­veil­lante qui priv­ilégie l’esprit d’équipe et le partage de savoir et d’expérience.


Le Dr. Bil­lal Chouli nous en dit plus sur l’entité du cab­i­net dédiée à l’IA, dont il a la responsabilité.

Quel est le périmètre d’action de HeadMind Partners AI & Blockchain ?

Com­posée d’une ving­taine de con­sul­tants, cette entité est spé­cial­isée dans le con­seil en IA. Elle accom­pa­gne les entre­pris­es dans leur trans­for­ma­tion IA autour de 3 axes : la stratégie IA, la réal­i­sa­tion de PoCs (Proofs of Con­cepts) et l’industrialisation des solu­tions. Con­crète­ment, nous dévelop­pons des solu­tions sur-mesure pour répon­dre à une prob­lé­ma­tique don­née en cap­i­tal­isant sur des parte­nar­i­ats académiques (Télé­com, Cen­trale­Supélec, Poly­tech­nique …) et tech­nologiques (cloud provider, édi­teurs, fournisseurs…). 

Autour de quels sujets êtes-vous mobilisés ? 

Nous tra­vail­lons sur : 

  1. L’analyse séman­tique qui cou­vre les prob­lé­ma­tiques d’extraction de la valeur à par­tir du texte. Nous nous intéres­sons ain­si au « knowl­edge shar­ing » et au « knowl­edge man­age­ment » : résumé de textes, clas­si­fi­ca­tion de doc­u­ments, assis­tant virtuel, généra­tion de texte… Sur ces sujets, nous avons une thèse doc­tor­ale de recherche en cours sur la détec­tion des fake news. Nous dis­posons aus­si de solu­tions matures déployées chez plusieurs de nos clients. Notre solu­tion d’assistant virtuel est util­isée par un grand groupe du secteur ban­cas­sur­ance et plusieurs acteurs majeurs du monde du luxe utilisent notre solu­tion de clas­si­fi­ca­tion de documents.
  2. La détec­tion d’anomalie avec tout ce qui a trait à la qual­ité de la don­née, la détec­tion de fraude ou d’intrusion, la main­te­nance prédictive…
  3. L’explicabilité algo­rith­miques : dans le proces­sus de développe­ment des solu­tions IA, nous essayons d’ajouter une étape afin d’interpréter et de com­pren­dre pourquoi l’algorithme est arrivé à ce résul­tat. L’idée est de ren­dre l’IA plus trans­par­ente, mais aus­si d’avoir une meilleure inter­pré­ta­tion des résul­tats, de dévelop­per la con­fi­ance autour de ces résul­tats et de faciliter, in fine, l’adoption des solu­tions d’IA.

Dans cette logique, nous avons dévelop­pé une solu­tion de détec­tion et d’anticipation des démis­sions chez un géant du bâti­ment. Nous y avons ajouté une brique d’explicabilité pour com­pren­dre la dynamique RH et mieux struc­tur­er la stratégie de recrute­ment du groupe. Avoir une fine com­préhen­sion des raisons qui poussent les salariés à par­tir va per­me­tte de met­tre en place des actions plus per­ti­nentes pour retenir les collaborateurs. 

À ces trois piliers s’ajoute la blockchain : nous dis­posons de notre pro­pre pro­to­cole, Neu­rochain, que nous util­isons pour dévelop­per des cas d’usages dans des domaines comme la traça­bil­ité des don­nées, les smartgrids … 

Quelles sont vos ambitions sur les sujets relatifs à l’IA ?

Dans la con­ti­nu­ité des travaux que nous menons autour de l’explicabilité des algo­rithmes, l’éthique est un sujet qui nous mobilise. Un de nos enjeux est de dévelop­per des solu­tions d’IA trans­par­entes totale­ment exemptes de biais. Dans ce cadre, la blockchain va égale­ment jouer un rôle essen­tiel, car elle per­met d’obtenir des don­nées con­solidées plus fiables. Et bien évidem­ment, l’industrialisation des solu­tions restent une pri­or­ité pour que les entre­pris­es puis­sent les inté­gr­er plus rapi­de­ment dans leur SI. 

Le chal­lenge de demain est de créer un cer­cle vertueux et un écosys­tème où l’IA par­ticipe à la généra­tion de con­fi­ance et devi­enne un out­il vers lequel les entre­pris­es se tour­nent sans remet­tre en cause son éthique et sa transparence. 


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