Wolfgang Amadeus Mozart : Idoménée, roi de Crète

Wolfgang Amadeus Mozart : Idoménée, roi de Crète

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°760 Décembre 2020
Par Marc DARMON (83)

Teatro Real de Madrid, mise en scène Robert Carsen, Direc­tion Ivor Bolton

Un DVD ou Blu-ray Opus Arte

Wolfgang  Amadeus Mozart :  Idoménée, roi de CrèteIdoménée, roi de Crète est un des opéras de Mozart de sa matu­rité (1781), mais moins con­nu que ceux qui vont suiv­re et que l’on con­sid­ère comme les six grands opéras de Mozart : L’Enlèvement au sérail, Les Noces de Figaro, Don Gio­van­ni, Cosi fan tutte, La Clé­mence de Titus et La Flûte enchan­tée. L’héritage des révo­lu­tions de Gluck et la promesse des grands Mozart sont dans cet opéra.

Idoménée, petit-fils de Minos et neveu d’Ariane et Phè­dre, par­ticipe à la guerre et à la prise de Troie. Sur le chemin du retour, pris dans une tem­pête, il promet à Poséi­don s’il a la vie sauve de sac­ri­fi­er la pre­mière per­son­ne qu’il ver­ra en ren­trant en Crète. En par­fait miroir du mal­heur d’Agamemnon con­traint de sac­ri­fi­er sa fille Iphigénie dix ans plus tôt pour par­tir guer­roy­er à Troie, Idoménée ren­con­tre en pre­mier son fils Idamante, à son retour en Crète, et doit donc le sac­ri­fi­er. En par­al­lèle deux princess­es, Ilia, fille de Pri­am roi défunt de Troie, et Élec­tre, fille du roi vic­to­rieux Agamem­non, sont rivales pour le cœur d’Idamante, le fils promis à être sacrifié.

Cette pro­duc­tion de févri­er 2019 présente en fait la ver­sion révisée par Mozart en 1786, ver­sion où Idamante le fils d’Idoménée est chan­té par un ténor, alors qu’habituellement il est chan­té par une mez­zo-sopra­no, rem­plaçant les con­tre-ténors ou cas­trats de l’époque. Idamante, Idoménée, Ilia et Élec­tre ont une suc­ces­sion d’airs et d’ensembles qui sont du grand Mozart, même si on voit bien l’inspiration de Gluck (Iphigénie) dans la struc­ture et le style. L’Ilia d’Anett Fritsch crève l’écran comme d’habitude, notam­ment dès son air d’introduction, for­mi­da­ble. L’Électre d’Eleonora Burat­to est enflam­mée et ardente. L’Idamante chan­té par un ténor est en revanche sou­vent frus­trant (à part Pavarot­ti qui a ren­du ce rôle immor­tel) pour qui a en mémoire les grandes mez­zos dans ce rôle (Cecil­ia Bar­toli, Anne Sofie von Otter, Fred­er­i­ca von Stade, Mag­dale­na Kožená, Susan Graham…).

La mise en scène de Robert Carsen trans­pose bru­tale­ment l’opéra à l’époque con­tem­po­raine, de façon très réal­iste, et débute dans un camp de réfugiés troyens sur la plage en Crète. 

La direc­tion d’Ivor Bolton, le chef per­ma­nent bri­tan­nique de l’Opéra de Madrid, est par­faite musi­cale­ment et avec un style idéal, dirigeant un orchestre allégé, à l’instrumentation d’époque, vif et imaginatif. 

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