Veinsound : le nouveau traitement des varices

Veinsound : le nouveau traitement des varices

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Thomas CHARREL

La start-up lyon­naise Vein­sound déve­loppe une tech­no­lo­gie de rup­ture pour le trai­te­ment des varices à l’aide d’ultrasons non ther­miques. Fon­dée par Tho­mas Char­rel, l’entreprise ambi­tionne de pro­po­ser une alter­na­tive indo­lore, rapide et non inva­sive aux méthodes tra­di­tion­nelles. En pleine phase de vali­da­tion cli­nique, cette inno­va­tion pro­met de trans­for­mer la prise en charge de cette patho­lo­gie qui touche un quart de la popu­la­tion mon­diale. Ren­contre avec le cofon­da­teur et CEO de Vein­sound, Tho­mas Charrel.

Pourquoi les varices représentent-elles un problème de santé publique ?

Les varices sont une patho­lo­gie chro­nique du sys­tème vei­neux qui entraîne une mau­vaise cir­cu­la­tion san­guine dans les jambes. Cela peut pro­vo­quer des dou­leurs, des gon­fle­ments, et évo­luer vers des com­pli­ca­tions plus graves comme les ulcères vari­queux ou les phlé­bites. En France, cette mala­die concerne envi­ron 15 mil­lions de per­sonnes et engendre des coûts de san­té publique consé­quents, esti­més à plus de 2 % des dépenses de la Sécu­ri­té sociale. Trai­ter les patients plus pré­co­ce­ment grâce à une solu­tion non inva­sive per­met­trait de limi­ter ces com­pli­ca­tions et d’améliorer leur qua­li­té de vie.

Qui sont les patients les plus touchés par cette pathologie ?

Les varices concernent envi­ron 25 % de la popu­la­tion mon­diale. Jusqu’à 45 ans, elles affectent autant les hommes que les femmes. Cepen­dant, après cet âge, les femmes sont trois fois plus tou­chées, notam­ment en rai­son des gros­sesses, des contra­cep­tifs et des chan­ge­ments hor­mo­naux. Le vieillis­se­ment de la popu­la­tion et la séden­ta­ri­té sont éga­le­ment des fac­teurs aggra­vants, ce qui explique que le mar­ché du trai­te­ment des varices croît de plus de 6 % par an.

Pouvez-vous nous présenter Veinsound et son innovation ?

Vein­sound est une start-up lyon­naise spé­cia­li­sée dans les dis­po­si­tifs médi­caux inno­vants. Nous sommes actuel­le­ment une équipe de dix per­sonnes aux pro­fils très com­plé­men­taires et tra­vaillons sur une tech­no­lo­gie de trai­te­ment des varices par ultra­sons non ther­miques. Contrai­re­ment aux méthodes tra­di­tion­nelles qui néces­sitent une inter­ven­tion inva­sive ou uti­lisent la cha­leur pour obli­té­rer la veine, notre tech­no­lo­gie repose sur des ultra­sons foca­li­sés à haute inten­si­té. Ils induisent des oscil­la­tions de micro­bulles de gaz natu­rel­le­ment pré­sentes dans le corps, ce qui modi­fie les tis­sus vei­neux et per­met de trai­ter la patho­lo­gie de manière indo­lore, sans inci­sion ni cicatrice.

En quoi votre technologie est-elle différente des traitements existants ?

Aujourd’hui, les trai­te­ments des varices se répar­tissent en deux grandes caté­go­ries : les méthodes inva­sives (chi­rur­gie, laser, sclé­ro­thé­ra­pie) et les méthodes non inva­sives uti­li­sant des ultra­sons ther­miques. Ces der­nières néces­sitent de chauf­fer les tis­sus à plus de 85 °C pour coa­gu­ler la veine, ce qui peut pro­vo­quer des douleurs.

“Veinsound développe une technologie de rupture pour traiter les varices de manière indolore, rapide et non invasive grâce aux ultrasons non thermiques.”

Notre tech­no­lo­gie, elle, est tota­le­ment non ther­mique : elle repose uni­que­ment sur l’action méca­nique des ultra­sons qui induisent des oscil­la­tions de micro-bulles dans la veine, sans géné­rer de cha­leur. Cette tech­no­lo­gie unique a le poten­tiel d’offrir un trai­te­ment rapide (10 à 15 minutes par jambe), indo­lore et faci­le­ment réa­li­sable en cabi­net médi­cal, sans anes­thé­sie ni hospitalisation.

Où en est le développement de votre dispositif ? Est-il déjà disponible pour les patients ?

2025 est une année clé pour Vein­sound, car nous allons enta­mer la phase de vali­da­tion cli­nique. Cela signi­fie que notre tech­no­lo­gie sera tes­tée sur un pre­mier groupe de patients pour éva­luer ses per­for­mances et sa sécu­ri­té. Nous visons une mise sur le mar­ché en 2027, d’abord en Europe, puis aux États-Unis. Paral­lè­le­ment, nous struc­tu­rons notre pro­duc­tion pour garan­tir une fabri­ca­tion locale et maî­tri­sée de nos dispositifs.

Quels défis avez-vous rencontrés dans le développement de cette technologie ?

Dans le domaine médi­cal, l’un des prin­ci­paux défis est l’obtention des auto­ri­sa­tions régle­men­taires. Nous devons prou­ver scien­ti­fi­que­ment l’efficacité et la sécu­ri­té de notre dis­po­si­tif avant d’obtenir le mar­quage CE en Europe et l’agrément de la FDA aux États-Unis.

Un autre enjeu est l’industrialisation.

Nous avons fait le choix de fabri­quer nous-mêmes nos sondes de thé­ra­pie pour conser­ver la maî­trise de notre tech­no­lo­gie et gar­der une lon­gueur d’avance sur la concur­rence. Nous allons donc créer une usine urbaine au sein du Bio­parc de Lyon, avec une équipe d’une ving­taine d’ingénieurs et tech­ni­ciens spécialisés.

Vous évoquez la création d’une usine urbaine à Lyon. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Notre siège social est situé au 60 ave­nue Rocke­fel­ler, au cœur du Bio­parc de Lyon, qui regroupe plu­sieurs entre­prises inno­vantes en med­tech et bio­tech. Nous avons pré­vu d’installer notre uni­té de pro­duc­tion à proxi­mi­té de nos bureaux pour faci­li­ter les échanges et accé­lé­rer le déve­lop­pe­ment indus­triel. Ce modèle d’usine urbaine a déjà été adop­té par d’autres socié­tés, comme Cor­Wave en région pari­sienne, et nous sou­hai­tons le repro­duire à Lyon.

Comment financez-vous votre projet ?

Depuis notre créa­tion, nous avons levé 2 mil­lions d’euros via un finan­ce­ment en BSA-AIR (Bons de Sous­crip­tion d’Actions – Accord d’Investissement Rapide), un modèle d’investissement très agile qui per­met d’intégrer pro­gres­si­ve­ment des inves­tis­seurs sans figer immé­dia­te­ment la valo­ri­sa­tion de l’entreprise. Nous avons ain­si pu fédé­rer autour du pro­jet de nom­breux méde­cins vas­cu­laires, lea­ders d’opinion et futurs uti­li­sa­teurs de notre tech­no­lo­gie, qui sont deve­nus action­naires et ont déjà pré­com­man­dé une tren­taine de machines.

Nous pré­pa­rons actuel­le­ment une levée de fonds de 6 mil­lions d’euros pré­vue fin 2025 pour fina­li­ser la vali­da­tion cli­nique et lan­cer l’industrialisation. Cette levée s’adressera à des fonds d’investissements pri­vés et corporates.

Comment les professionnels de santé ou les business angels peuvent-ils participer à votre projet ?

Les méde­cins vas­cu­laires peuvent s’impliquer dans le pro­jet Vein­sound de deux façons. D’une part, ils ont la pos­si­bi­li­té de par­ti­ci­per aux études cli­niques et d’expérimenter notre tech­no­lo­gie avant sa mise sur le mar­ché. D’autre part, ils peuvent inves­tir via le finan­ce­ment en BSA-AIR, ce qui leur per­met de deve­nir action­naires tout en béné­fi­ciant de condi­tions pré­fé­ren­tielles lors du lan­ce­ment du dispositif. 

Quel impact espérez-vous avoir sur la prise en charge des varices ?

Notre ambi­tion est de trans­for­mer la prise en charge des varices en offrant aux pro­fes­sion­nels du domaine vas­cu­laire un outil simple, rapide et indo­lore, uti­li­sable direc­te­ment en cabi­net médi­cal. En évi­tant le recours aux trai­te­ments ther­miques ou inva­sifs, nous faci­li­tons l’accès aux soins pour un plus grand nombre de patients et rédui­sons les coûts pour les sys­tèmes de san­té. À terme, notre tech­no­lo­gie pour­rait éga­le­ment s’étendre à d’autres appli­ca­tions médi­cales. Notre col­la­bo­ra­tion avec des ins­ti­tuts de recherche, notam­ment l’Inserm, nous per­met d’explorer de nou­velles pistes thé­ra­peu­tiques pour le futur.

Comment suivre votre projet et vous contacter ?

Nous met­tons régu­liè­re­ment à jour notre site web www.veinsound.com avec nos avan­cées. Pour toute ques­tion ou oppor­tu­ni­té d’investissement, vous pou­vez nous contac­ter à contact@veinsound.com.

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