Veinsound : le nouveau traitement des varices

La start-up lyonnaise Veinsound développe une technologie de rupture pour le traitement des varices à l’aide d’ultrasons non thermiques. Fondée par Thomas Charrel, l’entreprise ambitionne de proposer une alternative indolore, rapide et non invasive aux méthodes traditionnelles. En pleine phase de validation clinique, cette innovation promet de transformer la prise en charge de cette pathologie qui touche un quart de la population mondiale. Rencontre avec le cofondateur et CEO de Veinsound, Thomas Charrel.
Pourquoi les varices représentent-elles un problème de santé publique ?
Les varices sont une pathologie chronique du système veineux qui entraîne une mauvaise circulation sanguine dans les jambes. Cela peut provoquer des douleurs, des gonflements, et évoluer vers des complications plus graves comme les ulcères variqueux ou les phlébites. En France, cette maladie concerne environ 15 millions de personnes et engendre des coûts de santé publique conséquents, estimés à plus de 2 % des dépenses de la Sécurité sociale. Traiter les patients plus précocement grâce à une solution non invasive permettrait de limiter ces complications et d’améliorer leur qualité de vie.
Qui sont les patients les plus touchés par cette pathologie ?
Les varices concernent environ 25 % de la population mondiale. Jusqu’à 45 ans, elles affectent autant les hommes que les femmes. Cependant, après cet âge, les femmes sont trois fois plus touchées, notamment en raison des grossesses, des contraceptifs et des changements hormonaux. Le vieillissement de la population et la sédentarité sont également des facteurs aggravants, ce qui explique que le marché du traitement des varices croît de plus de 6 % par an.
Pouvez-vous nous présenter Veinsound et son innovation ?
Veinsound est une start-up lyonnaise spécialisée dans les dispositifs médicaux innovants. Nous sommes actuellement une équipe de dix personnes aux profils très complémentaires et travaillons sur une technologie de traitement des varices par ultrasons non thermiques. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui nécessitent une intervention invasive ou utilisent la chaleur pour oblitérer la veine, notre technologie repose sur des ultrasons focalisés à haute intensité. Ils induisent des oscillations de microbulles de gaz naturellement présentes dans le corps, ce qui modifie les tissus veineux et permet de traiter la pathologie de manière indolore, sans incision ni cicatrice.
En quoi votre technologie est-elle différente des traitements existants ?
Aujourd’hui, les traitements des varices se répartissent en deux grandes catégories : les méthodes invasives (chirurgie, laser, sclérothérapie) et les méthodes non invasives utilisant des ultrasons thermiques. Ces dernières nécessitent de chauffer les tissus à plus de 85 °C pour coaguler la veine, ce qui peut provoquer des douleurs.
“Veinsound développe une technologie de rupture pour traiter les varices de manière indolore, rapide et non invasive grâce aux ultrasons non thermiques.”
Notre technologie, elle, est totalement non thermique : elle repose uniquement sur l’action mécanique des ultrasons qui induisent des oscillations de micro-bulles dans la veine, sans générer de chaleur. Cette technologie unique a le potentiel d’offrir un traitement rapide (10 à 15 minutes par jambe), indolore et facilement réalisable en cabinet médical, sans anesthésie ni hospitalisation.
Où en est le développement de votre dispositif ? Est-il déjà disponible pour les patients ?
2025 est une année clé pour Veinsound, car nous allons entamer la phase de validation clinique. Cela signifie que notre technologie sera testée sur un premier groupe de patients pour évaluer ses performances et sa sécurité. Nous visons une mise sur le marché en 2027, d’abord en Europe, puis aux États-Unis. Parallèlement, nous structurons notre production pour garantir une fabrication locale et maîtrisée de nos dispositifs.
Quels défis avez-vous rencontrés dans le développement de cette technologie ?
Dans le domaine médical, l’un des principaux défis est l’obtention des autorisations réglementaires. Nous devons prouver scientifiquement l’efficacité et la sécurité de notre dispositif avant d’obtenir le marquage CE en Europe et l’agrément de la FDA aux États-Unis.
Un autre enjeu est l’industrialisation.
Nous avons fait le choix de fabriquer nous-mêmes nos sondes de thérapie pour conserver la maîtrise de notre technologie et garder une longueur d’avance sur la concurrence. Nous allons donc créer une usine urbaine au sein du Bioparc de Lyon, avec une équipe d’une vingtaine d’ingénieurs et techniciens spécialisés.
Vous évoquez la création d’une usine urbaine à Lyon. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre siège social est situé au 60 avenue Rockefeller, au cœur du Bioparc de Lyon, qui regroupe plusieurs entreprises innovantes en medtech et biotech. Nous avons prévu d’installer notre unité de production à proximité de nos bureaux pour faciliter les échanges et accélérer le développement industriel. Ce modèle d’usine urbaine a déjà été adopté par d’autres sociétés, comme CorWave en région parisienne, et nous souhaitons le reproduire à Lyon.
Comment financez-vous votre projet ?
Depuis notre création, nous avons levé 2 millions d’euros via un financement en BSA-AIR (Bons de Souscription d’Actions – Accord d’Investissement Rapide), un modèle d’investissement très agile qui permet d’intégrer progressivement des investisseurs sans figer immédiatement la valorisation de l’entreprise. Nous avons ainsi pu fédérer autour du projet de nombreux médecins vasculaires, leaders d’opinion et futurs utilisateurs de notre technologie, qui sont devenus actionnaires et ont déjà précommandé une trentaine de machines.
Nous préparons actuellement une levée de fonds de 6 millions d’euros prévue fin 2025 pour finaliser la validation clinique et lancer l’industrialisation. Cette levée s’adressera à des fonds d’investissements privés et corporates.
Comment les professionnels de santé ou les business angels peuvent-ils participer à votre projet ?
Les médecins vasculaires peuvent s’impliquer dans le projet Veinsound de deux façons. D’une part, ils ont la possibilité de participer aux études cliniques et d’expérimenter notre technologie avant sa mise sur le marché. D’autre part, ils peuvent investir via le financement en BSA-AIR, ce qui leur permet de devenir actionnaires tout en bénéficiant de conditions préférentielles lors du lancement du dispositif.
Quel impact espérez-vous avoir sur la prise en charge des varices ?
Notre ambition est de transformer la prise en charge des varices en offrant aux professionnels du domaine vasculaire un outil simple, rapide et indolore, utilisable directement en cabinet médical. En évitant le recours aux traitements thermiques ou invasifs, nous facilitons l’accès aux soins pour un plus grand nombre de patients et réduisons les coûts pour les systèmes de santé. À terme, notre technologie pourrait également s’étendre à d’autres applications médicales. Notre collaboration avec des instituts de recherche, notamment l’Inserm, nous permet d’explorer de nouvelles pistes thérapeutiques pour le futur.
Comment suivre votre projet et vous contacter ?
Nous mettons régulièrement à jour notre site web www.veinsound.com avec nos avancées. Pour toute question ou opportunité d’investissement, vous pouvez nous contacter à contact@veinsound.com.