Une rencontre avec Yazid CHIR, président de NQT

Dossier : ExpressionsMagazine N°715 Mai 2016
Par Jacques DENANTES (49)

Jacques DENANTES a souhaité ren­con­tr­er Yazid Chirpour pour l’interroger sur la pos­si­bil­ité d’élargir le par­rainage au béné­fice des jeunes moins diplômés.

J’ai souhaité ren­con­tr­er Yazid Chir pour le con­naître et pour l’interroger sur la pos­si­bil­ité d’élargir le par­rainage au béné­fice des jeunes moins diplômés.

Né à Saint-Ouen d’un père chauf­feur de taxi et d’une mère garde d’enfants, après un par­cours sco­laire qui l’avait con­duit jusqu’à un BTS de micromé­canique, il a occupé dif­férents emplois dans l’industrie.

Pas­sion­né d’informatique, il a, au cours d’un voy­age aux États-Unis, décou­vert la tech­nolo­gie du cloud com­put­ing et à son retour en France, en 1998, il a créé B2B sa pre­mière entre­prise. En 2006, celle-ci, qui employ­ait une cen­taine d’ingénieurs, a été rachetée par Orange où il a été nom­mé respon­s­able de la prospec­tive cloud.

Il s’est remis à son compte en 2012 en s’associant à Albert Szul­man qui venait de créer la start-up Be-Bound, pro­motrice de l’accès à l’Internet mobile pour les util­isa­teurs de smart­phone dans les zones géo­graphiques non cou­vertes par les réseaux Internet.

En 2005, élu prési­dent du MEDEF 93, il entre­prend avec son délégué général, Ray­nald Rim­bault, de mobilis­er les entre­pris­es du départe­ment sur l’emploi des jeunes hauts diplômés de Seine- Saint-Denis.

Il racon­te son entre­tien avec Jean-Luc, un jeune Français d’origine cen­trafricaine, né à Saint-Denis, tit­u­laire de deux mas­ters qui, ne trou­vant pas d’emploi de son niveau, efface ses diplômes de son CV pour pos­tuler à des jobs alimentaires.

« Quand je l’ai ren­con­tré, il avait per­du toute con­fi­ance en lui. Il avait honte devant les amis de son quarti­er et devant sa famille qui s’était saignée pour lui pay­er des études supérieures. »

Avec Ray­nald Rim­bault, ils s’engagent sur l’idée du par­rainage, un cadre d’entreprise qui prend en charge un jeune diplômé, non pour le recruter mais pour le con­seiller et le faire béné­fici­er de son réseau. Ils lan­cent une expéri­ence avec 200 jeunes diplômés de niveau bac + 4 et plus en mobil­isant les entre­pris­es du département.

L’expérience aboutit au-delà de leurs espérances, avec 60 % de recrute­ments en six mois dans un départe­ment où, d’après une étude de l’Observatoire des dis­crim­i­na­tions, il y avait jusqu’à cinq fois moins de chances que dans la moyenne des départe­ments d’obtenir un entre­tien d’embauche.

« Au-delà des chiffres, il s’agissait surtout de la masse d’estime de soi des jeunes, de la quan­tité de fierté dans les familles, du vol­ume d’espoir dif­fusé dans la société. » Début 2006, encour­agés par le préfet et par Lau­rence Parisot qui présidait le MEDEF, ils créent NQT.

UNE SOLUTION AU CHÔMAGE DES JEUNES MOINS QUALIFIÉS ?

Avec l’alternance, le par­rainage est un moyen effi­cace de met­tre les jeunes en con­tact avec les entre­pris­es : j’ai eu per­son­nelle­ment l’occasion de véri­fi­er que, moins un jeune est qual­i­fié, plus son accès à un pre­mier emploi néces­site qu’on vienne le chercher, qu’on le pré­pare, qu’on l’introduise et qu’on l’accompagne dans sa recherche.

Le par­rainage mis en œuvre par NQT s’adressant à des jeunes de niveau bac + 4 et plus, j’ai inter­rogé Yazid Chir sur la pos­si­bil­ité d’abaisser ce seuil.

Il a répon­du qu’il fal­lait servir en pri­or­ité ceux qui avaient fait l’effort de con­duire des études supérieures longues. En province, NQT a bais­sé le seuil à bac + 3 mais, selon les esti­ma­tions de Pôle Emploi, l’effectif par­rainé par NQT ne représente qu’une frac­tion du flux annuel de jeunes diplômés de niveau bac + 4 provenant des quartiers sen­si­bles de la région parisienne.

Il y a aus­si le fait que NQT, dont le finance­ment est assuré à 50 % par des fonds publics (sub­ven­tions de l’État et des col­lec­tiv­ités locales, taxe d’apprentissage), doit s’adapter aux exi­gences des entre­pris­es qui, par leur mécé­nat, finan­cent l’autre moitié.

Cela con­duit à s’interroger sur l’opportunité d’un ren­force­ment des dota­tions publiques qui per­me­t­trait de financer une col­lab­o­ra­tion active de NQT avec les agences de Pôle Emploi dans la per­spec­tive d’une mise en œuvre sys­té­ma­tique du par­rainage au prof­it des jeunes ayant ter­miné leur sco­lar­ité entre bac et bac + 3.

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