Une industrie pour la France

Dossier : ExpressionsMagazine N°680 Décembre 2012
Par Bernard ESAMBERT (54)

L’industrie est au cœur du phé­no­mène. Pour ne prendre qu’un chiffre, le sec­teur indus­triel repré­sente 22,4% de la valeur ajou­tée de la zone euro, mais seule­ment 16% en France. Ce qui ne veut pas dire que l’industrie pèse le 5e de l’économie des pays euro­péens. Si l’on y ajoute les exter­na­li­sa­tions de toute nature – et l’imagination des ges­tion­naires a fait mer­veille en la matière –, il est pro­bable que l’industrie au sens large repré­sente encore près de la moi­tié de la richesse des nations euro­péennes. Rai­son de plus, si l’on tient compte de son effet d’entraînement, pour s’interroger sur les rai­sons d’une telle régres­sion en France.

Une compétitivité perdue

Il y a deux causes tout à fait dis­tinctes : nous ne par­ve­nons à riva­li­ser ni avec les pays qui pro­duisent moins cher (Asie, Magh­reb, Europe de l’Est), ni avec ceux qui pro­duisent mieux (Alle­magne).

Le recul des exportations
La France assu­rait il y a vingt ans près de 6 % des expor­ta­tions mon­diales, contre 3,3 % aujourd’hui. Les expor­ta­tions indus­trielles fran­çaises ne pèsent plus que 13 % de celles de la zone euro contre 16,7 % en 1998. Notre défi­cit com­mer­cial, qui aura atteint 70 mil­liards d’euros en 2011, cor­res­pond à la perte de presque 700 000 emplois, soit près du 5e du niveau de chô­mage actuel. Notre sec­teur manu­fac­tu­rier au sens large ne repré­sente plus que 16 % de la valeur ajou­tée mar­chande en 2008 contre près de 30 % la même année en Allemagne.

Voyons d’abord ceux qui pro­duisent moins cher : bien sûr les pro­duits chi­nois ont joué un rôle non négli­geable, ampli­fié par les délo­ca­li­sa­tions de groupes fran­çais en Orient. Les salaires chi­nois ont beau aug­men­ter, l’écart de coût du tra­vail reste impor­tant, même si la Chine indus­trielle n’est plus celle de Dickens.

Cela dit, l’argument du coût du tra­vail perd de sa force si l’on y ajoute les coûts logis­tiques, le han­di­cap des dis­tances géo­gra­phiques et cultu­relles, les pro­blèmes de pro­prié­té indus­trielle. La meilleure preuve en est le retour aux États- Unis, et même plus timi­de­ment en France, d’usines à pro­duits de bas de gamme. La Chine, qui dis­pose déjà d’un mil­lion de cher­cheurs, va mon­ter en gamme et satis­faire son mar­ché intérieur.

Si l’industrie fran­çaise a per­du 700 000 emplois en dix ans, soit 20 % de ses effec­tifs, c’est pour l’essentiel en rai­son de sa perte de com­pé­ti­ti­vi­té au sein du groupe des pays déve­lop­pés, et pas seule­ment vis-à-vis de l’Allemagne.

Perte de références nationales

Nous ne par­ve­nons à riva­li­ser ni avec les pays qui pro­duisent moins cher ni avec ceux qui pro­duisent mieux

Com­ment en est-on arri­vé là ? Du côté des grandes entre­prises, nous avons, depuis l’époque De Gaulle-Pom­pi­dou, réus­si à construire un fais­ceau de cham­pions de grande qua­li­té, mais celui-ci, entraî­né par une dyna­mique pous­sée à l’extrême, perd pro­gres­si­ve­ment ses réfé­rences natio­nales : la base arrière où se situaient des emplois de haut niveau dans la ges­tion, la recherche-déve­lop­pe­ment, s’amenuise – à la dif­fé­rence de ce qui se passe en Alle­magne –, et la recherche des sous-trai­tants « les mieux-disants » dans le monde entier, ter­rain de chasse de nos cham­pions, néglige la proxi­mi­té sin­gu­liè­re­ment tech­no­lo­gique qui per­met de main­te­nir la connais­sance intime des pro­duits, des métiers, des tech­no­lo­gies et de leur évolution.

Peu de PME exportatrices

La fai­blesse de notre appa­reil de PME et sur­tout de grosses PME qui consti­tuent outre-Rhin le Mit­tel­stand est une seconde expli­ca­tion. Nous avons deux fois moins de PME expor­ta­trices qu’en Alle­magne et très peu de celles qui, véri­tables petites mul­ti­na­tio­nales de quelques cen­taines d’employés, consti­tuent le fer de lance des entre­prises alle­mandes. Et leur effort de recherche-déve­lop­pe­ment est plus timide que dans les autres pays développés.

Vues à court terme
Le taux de recherche-déve­lop­pe­ment de nom­breux groupes fran­çais a bais­sé ces der­nières années, tra­dui­sant ain­si l’accent mis sur le court terme au détri­ment du temps long, qui seul per­met de juger les per­for­mances réelles de l’entreprise – et il est navrant de consta­ter que les nôtres ont cédé plus faci­le­ment que nombre d’autres à la pres­sion des ana­lystes finan­ciers. Il y a là une rai­son de notre déclin industriel.

Alors que les grandes entre­prises alle­mandes « chassent en meute » sur le mar­ché mon­dial en y emme­nant leurs PME, le cloi­son­ne­ment sub­siste en France. Mais c’est une chose de dire qu’il faut dou­bler le nombre de nos PME et une autre d’y arri­ver, si l’on en juge par les innom­brables mesures prises depuis vingt ou trente ans pour remé­dier à cette insuf­fi­sance notoire, struc­tu­relle, et ancienne. Mesures qui de toute évi­dence n’ont pas por­té leurs fruits, pro­ba­ble­ment parce que homéo­pa­thiques par rap­port à la taille du pro­blème et parce que l’on n’a pas trai­té le pro­blème de la trans­mis­sion de ces entre­prises comme les Alle­mands ont su le faire dans les années quatre-vingt.

Du côté des grandes entre­prises, la double dérive, men­tion­née plus haut, de ces der­nières années ne se cor­ri­ge­ra qu’avec la mise en œuvre d’un envi­ron­ne­ment notam­ment éco­no­mique et fis­cal stable et rai­son­nable qui redon­ne­ra confiance aux équipes diri­geantes, cadres et cher­cheurs de nos grands groupes.

Toutes les déci­sions de l’État doivent désor­mais être prises dans ce contexte, même si l’État n’a plus en main tous les leviers de com­mande. Toutes les périodes de crois­sance de notre éco­no­mie ont été celles où consom­ma­tion et inves­tis­se­ment sont allés de pair.

Coût du travail

Mon­naie commune
Avant l’institution de l’euro, les pari­tés moné­taires com­pen­saient les écarts de coût du tra­vail charges com­prises. Avec une mon­naie com­mune, ces écarts ne peuvent que réduire la dyna­mique de nos entre­prises qui ne peuvent y faire face qu’en com­pri­mant leurs marges au risque de réduire leurs capa­ci­tés d’innover et d’investir pour l’avenir.

Sur le plan macroé­co­no­mique, un allé­ge­ment sen­sible des charges qui pèsent sur les entre­prises et sur le coût du tra­vail s’impose de toute évi­dence. Si les salaires horaires sont actuel­le­ment rela­ti­ve­ment sem­blables en Alle­magne et en France, ils sont lar­ge­ment supé­rieurs chez nous à la moyenne euro­péenne et sur­tout les charges qui s’y ajoutent sont net­te­ment plus faibles chez nos voisins.

Bien enten­du, la crise et l’endettement qu’elle a révé­lé ne faci­li­te­ront pas la tâche de nos gou­ver­nants. Il est cepen­dant impé­ra­tif de par­ve­nir d’urgence à sup­pri­mer une par­tie des coti­sa­tions assises direc­te­ment sur les salaires et de les rem­pla­cer par d’autres recettes pesant le moins pos­sible sur l’activité économique.

La TVA dite sociale (sur­tout si l’on exo­nère du relè­ve­ment les pro­duits de pre­mière néces­si­té) est une solu­tion qui fait par­ti­ci­per les impor­ta­tions aux finan­ce­ments recher­chés et qui per­met­trait de faire conver­ger cette forme de fis­ca­li­té au sein de l’Europe. Un relè­ve­ment géné­ral de la CSG en est une autre ain­si qu’un accrois­se­ment sur la fis­ca­li­té du patri­moine et des reve­nus des pri­vi­lé­giés à condi­tion de res­pec­ter un mini­mum d’homogénéité au niveau euro­péen. Une fis­ca­li­té éco­lo­gique, la taxe sur les tran­sac­tions finan­cières peuvent éga­le­ment jouer un rôle dans la pano­plie des mesures à prendre (ou qui auront été prises quand cet article paraîtra).

Former des ingénieurs

Mais le but ne sera pas atteint pour autant. Pro­duire mieux résulte d’un meilleur savoir et c’est tout notre sys­tème édu­ca­tif qui doit être repen­sé dans le sens d’une plus grande pro­fes­sion­na­li­sa­tion sans que soit négli­gée pour autant la culture géné­rale qui donne leur auto­no­mie aux jeunes.

Redon­ner confiance aux équipes dirigeantes

À titre d’exemple, rap­pe­lons que la Corée du Sud, avec envi­ron 48 mil­lions d’habitants, pro­duit deux à trois fois plus d’ingénieurs que la France. Et qu’on ne se leurre pas sur leurs qua­li­tés : en témoignent l’invasion des voi­tures et des télé­phones mobiles coréens sur notre mar­ché, la récente per­cée spec­ta­cu­laire du nucléa­riste coréen à nos portes, le qua­si-mono­pole mon­dial de la construc­tion navale coréenne et bien d’autres témoins de la dyna­mique spec­ta­cu­laire d’un pays en train de se déga­ger de l’image d’une France d’Asie du Sud-Est.

Et que dire de la maî­trise de l’informatique et des médi­ca­ments géné­riques en Inde et des per­for­mances des pro­ces­sus indus­triels en Chine ? Les pays émer­gents ont rejoint, par­fois dépas­sé, nos avan­tages comparatifs.

La solu­tion ne consiste pas à sup­plier l’Allemagne de des­cendre à notre niveau, mais à s’élever pour rejoindre le sien. En sor­tant de la médio­cri­té en recherche-déve­lop­pe­ment (2,1 % de notre PIB contre 3% pour plu­sieurs de nos com­pé­ti­teurs). En éle­vant rapi­de­ment le niveau d’éducation des jeunes Fran­çais (les Amé­ri­cains se sont fixé comme objec­tif de por­ter leur jeu­nesse au niveau « entrée dans le gra­duate » en 2018). Notre sor­tie ne peut être que vers le haut, vigou­reu­se­ment et urgemment.

Enclencher un cercle vertueux

Cham­pions français
Pour­quoi faut-il que nous soyons le seul pays où le patrio­tisme indus­triel soit consi­dé­ré comme rin­gard alors qu’il ne vien­drait pas à l’idée d’un Amé­ri­cain de dou­ter de la natio­na­li­té de Micro­soft, de Gene­ral Elec­tric ou de Gene­ral Motors ?
Le départ d’Arcelor vers d’autres cieux ne démontre-t-il pas l’évident inté­rêt de dis­po­ser de cham­pions français ?

Faut-il rap­pe­ler que les entre­prises com­pé­ti­tives s’enrichissent certes, mais qu’elles payent plus d’impôts, créent de l’emploi, favo­risent donc la consom­ma­tion et enclenchent ain­si un cercle ver­tueux ? Faut-il rap­pe­ler aus­si que tous les grands pro­grammes sur les­quels nous vivons aujourd’hui (télé­com­mu­ni­ca­tions modernes, nucléaire civil, Ariane, l’Airbus, le TGV, le CFM 56) ont été lan­cés dans les années 1960–1970 et qu’il convient d’en renou­ve­ler le stock en tenant compte de l’apparition d’une nou­velle science reine, la bio­lo­gie, et des pro­grès ful­gu­rants de l’informatique et de l’électronique qui n’en sont pour­tant qu’à leurs débuts ?

Nouvelle régulation des échanges

Au-delà de tous les débats à enga­ger sur la struc­ture de nos entre­prises et sur les modes de finan­ce­ment de la pro­tec­tion sociale, il res­te­ra, mais c’est une œuvre de plus longue haleine, à ima­gi­ner une régu­la­tion libre­ment consen­tie des échanges com­mer­ciaux pre­nant en compte de grandes zones géo­gra­phiques de tailles suf­fi­sam­ment impor­tantes et homo­gènes pour évi­ter le risque de protectionnisme.

Opti­mi­ser la répar­ti­tion du tra­vail en Europe

L’Europe va être confron­tée à une contrac­tion de la main‑d’œuvre dis­po­nible, et nom­breuses seront les régions euro­péennes concer­nées par des pénu­ries struc­tu­relles de main‑d’œuvre. Il va nous fal­loir opti­mi­ser la répar­ti­tion du tra­vail à l’échelle euro­péenne. L’obstacle sera pour l’essentiel cultu­rel, les jeunes Por­tu­gais ne rêvant plus de France depuis long­temps, mais d’Amérique ou de Singapour.

Justice sociale et liberté d’entreprendre

Tirer argu­ment de l’ampleur des dif­fi­cul­tés pour avan­cer trop len­te­ment nous condam­ne­rait à un déclin iné­luc­table. « Invente ou je te dévore », deman­dait le Sphinx. Il faut d’urgence s’atteler à toutes ces tâches et mettre en œuvre une masse cri­tique de mesures.

Trois mous­que­taires
Ils étaient quatre à avoir œuvré sous la conduite du Pré­sident Pom­pi­dou au déve­lop­pe­ment de l’industrie en France, au point d’en être sur­nom­més « les 3 Mous­que­taires » : Ber­nard Esam­bert (54), Jean-Paul Parayre (57), Lio­nel Sto­lé­ru (56) et Gérard Worms (55). Ils par­tagent pour l’essentiel l’analyse de la situa­tion et des solu­tions expo­sées ici.

En main­te­nant la jus­tice sociale qui consti­tue le fond de doc­trine de tous les grands par­tis poli­tiques modé­rés d’Europe. Sous Georges Pom­pi­dou, les fruits des gains de pro­duc­ti­vi­té étaient éga­le­ment par­ta­gés entre action­naires et salariés.

Sans oublier qu’il avait su mobi­li­ser le monde des entre­prises, créer un sur­croît de crois­sance d’un demi-point à un point par an par rap­port à nos voi­sins et avait ain­si pro­pul­sé la France lar­ge­ment en tête du pelo­ton européen.

Nous sommes désor­mais ren­trés dans le rang. Une poli­tique indus­trielle doit-elle, encore aujourd’hui, ne pas s’éloigner du som­met de l’État ? Sans doute à condi­tion de lais­ser une totale liber­té d’action aux entre­prises ain­si encou­ra­gées à cher­cher, à inves­tir, à témoi­gner par­tout dans le monde sans négli­ger leur pays d’origine. Dans un monde en com­plet bou­le­ver­se­ment, la meilleure défense réside une fois de plus dans l’attaque et dans la réap­pa­ri­tion de la furia fran­cese.

4 Commentaires

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F.X. Mar­tin (63)répondre
15 décembre 2012 à 14 h 57 min

» À titre d’exemple,

» À titre d’exemple, rap­pe­lons que la Corée du Sud, avec envi­ron 48 mil­lions d’habitants, pro­duit deux à trois fois plus d’ingénieurs que la France. » Quelle est la pro­duc­tion annuelle d’in­gé­nieurs coréens clas­sée par niveau (bache­lor, mas­ter, PhD) ? Quelle est la source de cette infor­ma­tion ? A ma connais­sance, au niveau mas­ter (bac + 5) nous diplô­mons tous les ans en France 30 000 ingé­nieurs et 25 000 mas­ters scien­ti­fiques, soit compte tenu des éven­tuels doubles diplômes et de moins de 20% de diplô­més étran­gers plus de 40 000 Fran­çais (soit plus de 5% de la classe d’âge, vrai­sem­blable record du monde.


Le chiffre amé­ri­cain cor­res­pon­dant (pour un popu­la­tion 5 fois plus impor­tante) est de 80 000 mas­ters scien­ti­fiques par an (dont 30 000 étran­gers) soit un peu plus de 1% de la classe d’âge. Quel est le chiffre coréen ? Le pro­blème fran­çais n’est en aucun cas un nombre d’in­gé­nieurs bac+5 for­més tous les ans trop faible. C’est essen­tiel­le­ment : – une uti­li­sa­tion catas­tro­phique de cette res­source excep­tion­nelle par la socié­té fran­çaise (nos ingé­nieurs s’ex­pa­trient ou se détournent de l’in­dus­trie quand ils res­tent en France), – le fait que nous ne for­mons pas d’in­gé­nieurs et très peu de scien­ti­fiques qui se contentent du niveau bac+3 (licence ou bache­lor qui est le diplôme ultime des 34 des ingé­nieurs américains).


Quant aux doc­teurs scien­ti­fiques, nous en for­mons un nombre rai­son­nable (6 500 à 7 000 par an) contre 25 000 aux Etats-Unis (300 M habi­tants), 9 500 en Alle­magne (plus de 80 M hab), 3 500 en Corée. Notre retard (sou­vent men­tion­né dans les médias) au niveau du doc­to­rat est concen­tré au niveau des sciences humains (3 fois moins de doc­teurs en SHS en France qu’en Alle­magne ; le patron d’EADS est un doc­teur … en sciences politiques).

F.X. Mar­tin (63)répondre
15 décembre 2012 à 15 h 09 min

» En éle­vant rapi­de­ment le

» En éle­vant rapi­de­ment le niveau d’éducation des jeunes Fran­çais (les Amé­ri­cains se sont fixé comme objec­tif de por­ter leur jeu­nesse au niveau « entrée dans le gra­duate » en 2018). Notre sor­tie ne peut être que vers le haut, vigou­reu­se­ment et urgemment. »


D’a­près les der­niers chiffres de l’OCDE, 43% des jeunes Fran­çais sont diplô­més de l’en­sei­gne­ment supé­rieur (chiffre en très forte hausse depuis 30 ans) contre 42% des jeunes Amé­ri­cains (chiffre en légère baisse après avoir été long­temps le plus éle­vé du monde). Ces chiffres incluent les bac+2 (« asso­ciate degrees » des com­mu­ni­ty col­leges aux Etats-Unis, DUT et BTS en France).


Si on se limite aux diplômes scien­ti­fiques, l’a­vance fran­çaise est énorme au niveau mas­ter : 4 fois plus de diplô­més (5% des jeunes contre 1,2%), plus faible au niveau doctorat/PhD (0,8% en France contre 0,6% aux Etats-Unis.

Gil­bert Ribesrépondre
27 décembre 2012 à 17 h 25 min

Renais­sance de l’industrie.

Il est indis­pen­sable et urgent que la France rede­vienne com­pé­ti­tive par rap­port à ses par­te­naires européens,y com­pris par rap­port à l’Allemagne.


Mais ce ne sera pas suf­fi­sant pour relan­cer la crois­sance et les créa­tions d’EM­PLOI et équi­li­brer notre balance com­mer­ciale et nos comptes publics dans un délai accep­table socia­le­ment et poli­ti­que­ment. Il faut paral­lè­le­ment relo­ca­li­ser dans l’U­nion Euro­péenne la fabri­ca­tion de cer­tains pro­duits ou ser­vices, en taxant ou contin­gen­tant les impor­ta­tions pro­ve­nant de pays, dont les Balances de paie­ments cou­rants avec l’Union sont struc­tu­rel­le­ment excé­den­taires, qui pra­tiquent un pro­tec­tion­nisme moné­taire ou qui pra­tiquent des res­tric­tions à l’importation ou aux inves­tis­se­ments étran­gers ou qui ne res­pectent pas : ‑Les normes sociales fixées par l’ONU et par l’OIT ‑Et des normes envi­ron­ne­men­tales, sani­taires et juri­diques com­pa­rables à celles de l’Union.


Cette pro­po­si­tion rejoint : ‑la Réso­lu­tion du Par­le­ment Euro­péen du 23 mai 2012,concernant les échanges com­mer­ciaux entre l’UE et la Chine ‑la pro­po­si­tion n°13 du Pré­sident de la République,confirmée par le Pre­mier Ministre dans son dis­cours de poli­tique générale,en faveur du « juste échange »(fair trade).


Elle est fon­dée sur 3 prin­cipes : ‑la réci­pro­ci­té ‑l’é­qui­libre struc­tu­rel des échanges com­mer­ciaux et la régu­la­tion moné­taire ‑l’é­qui­té sociale,sanitaire et envi­ron­ne­men­tale. Elle per­met­trait de relan­cer la crois­sance et les créa­tions d’emplois,dans un pre­mier temps par l’investissement indus­triel finan­cé par des capi­taux privés,dans un deuxième temps par la mon­tée en puis­sance de la pro­duc­tion industrielle,créant ain­si les condi­tions du plein emploi et d’une crois­sance équi­li­brée dans l’Union Européenne.

michel.baudurépondre
3 mars 2013 à 21 h 52 min

Rein­dus­tria­li­ser en France

Pour revi­ta­li­ser notre indus­trie, Ber­nard ESAMBERT a le grand mérite de pro­po­ser, plu­tôt que la pano­plie des mesures anti-fisc, anti-coûts, anti-euro reprises par­tout à l’en­vi, une voie sys­té­mique de redres­se­ment de notre com­pé­ti­ti­vi­té construite sur deux réformes radi­cales « fran­co-fran­çaises » : – que les entre­prises – les grandes d’a­bord – retrouvent le réflexe de déve­lop­per le savoir-faire au Pays et de chas­ser en meute, – que notre sys­tème édu­ca­tif soit repen­sé en sorte de déli­vrer un meilleur savoir : « plus pro­fes­sion­nel, sans négli­ger la culture générale.

Cela me paraît tel­le­ment per­ti­nent à la lumière de mes 30 der­nières années de vie pro­fes­sion­nelle que je n’hé­site pas à ren­for­cer ici ces deux pro­po­si­tions et le socle qu’elles forment d’un stra­té­gie durable de recon­quête : – l’exi­gence de patrio­tisme faite aux entre­prises, à com­men­cer par les grandes, pri­vées comme publiques : il s’a­git que l’al­pha et l’o­mé­ga de leur stra­té­gie soit de déve­lop­per en France leur savoir-faire, dans leurs équipes et aus­si en coopé­ra­tion avec des four­nis­seurs, des sous-trai­tants et des clients.

Cette stra­té­gie de déve­lop­pe­ment de leur valeur ajou­tée est à moyen terme, cen­trée sur le « good­will » et anti­no­mique avec une stra­té­gie pure­ment finan­cière ; elle est aus­si par­fai­te­ment adap­tée aux contexte de mon­dia­li­sa­tion et de trai­te­ment géné­ra­li­sé de l’in­for­ma­tion, – le choix deman­dé aux orga­nismes de for­ma­tion – publics et pri­vés, de for­ma­tion ini­tiale, pro­fes­sion­nelle et conti­nue – de por­ter à l’ex­cel­lence la for­ma­tion de leurs étu­diants en l’an­crant dans un appren­tis­sage mas­sif de l’ef­fi­ca­ci­té : nou­velle édu­ca­tion, géné­ra­trice d’une culture nou­velle, non par ses conte­nus mais par la façon de les mobi­li­ser et de les appréhender.

Cette nou­velle base édu­ca­tive est à la fois métho­do­lo­gique (effi­ca­ci­té de l’ac­tion, apti­tude à com­mu­ni­quer, à coopé­rer, à apprendre de nou­veaux conte­nus, com­pé­tence pour conduire des pro­jets et des équipes) et éthique (décli­ner en cohé­rence com­pé­ti­ti­vi­té de l’en­tre­prise et com­pé­tence des per­sonnes). Poser ain­si la pro­blé­ma­tique de notre redres­se­ment fait res­sor­tir son carac­tère struc­tu­rel et l’o­bli­ga­tion qui nous est faite, à nous Fran­çais – à com­men­cer par nos res­pon­sables pri­vés et publics – de nous enga­ger dans cette rup­ture néces­saire. Et aus­si com­bien il serait illu­soire d’at­tendre notre salut d’une amé­lio­ra­tion de la conjonc­ture ou encore de la bien­veillance d’a­mis proches dont les inté­rêts conver­ge­raient pour un temps avec les nôtres ! C’est bien notre liber­té col­lec­tive et indi­vi­duelle dans un monde dif­fé­rent et nou­veau qui est en jeu.

Dans ces cir­cons­tances, l’af­faire est la nôtre à tous et toutes les volon­tés sont requises. L’é­tat doit d’a­bord se per­sua­der que « seul », il ne pour­ra rien et que sa pre­mière res­pon­sa­bi­li­té est d’im­pul­ser cette rup­ture, d’y entraî­ner une majo­ri­té de Fran­çais et de gal­va­ni­ser leurs éner­gies : – pro­mou­voir et mettre en oeuvre par­tout une démarche entre­pre­neu­riale, à la fois méthode d’ef­fi­ca­ci­té et éthique huma­niste : . qui libère l’i­ni­tia­tive indi­vi­duelle et pri­vée, . qui porte en son centre la recon­nais­sance de la valeur du tra­vail effi­cace (décli­né comme fac­teur de com­pé­ti­ti­vi­té des orga­ni­sa­tions et de com­pé­tence et employa­bi­li­té des per­sonnes); recon­nais­sance en droit et en rému­né­ra­tion. Ensuite, il devra assu­rer sa part du chan­ge­ment et en par­ti­cu­lier : – déve­lop­per une stra­té­gie natio­nale et euro­péenne adap­tée, – réno­ver nos sys­tèmes fis­caux, sociaux et publics.

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