Une décennie d’éveil à la « permafinance »

Une décennie d’éveil à la « permafinance »

Dossier : La finance durableMagazine N°804 Avril 2025
Par Jean-Guillaume PÉLADAN (X88)

La finance est plus éloi­gnée du monde sen­sible que d’autres acti­vi­tés, mais on constate l’émergence d’une prise de conscience de ses impacts envi­ron­ne­men­taux dans le public et par­mi les pro­fes­sion­nels. Les outils de mesure en la matière se mul­ti­plient, au risque d’une cer­taine confu­sion. La finance verte n’en pro­gresse pas moins, sous la pres­sion des dif­fé­rents acteurs. On voit poin­ter ce que pour­rait être une « per­ma­fi­nance », au ser­vice d’une éco­no­mie durable et sou­te­nable, donc permanente.

La finance est, par construc­tion, plus éloi­gnée du monde réel que d’autres acteurs éco­no­miques. La finance verte, qu’il convient de défi­nir, pro­gresse, notam­ment en France et en Europe, et s’éveille à la dura­bi­li­té sur le fond et la forme. Cet article dis­tingue ce qui a chan­gé de ce qui n’a pas chan­gé depuis une décen­nie et pro­pose des pistes pour déve­lop­per ce que pour­rait être une per­ma­fi­nance inté­grant réel­le­ment nos enjeux écologiques.

Une nécessaire prise de conscience

Le déve­lop­pe­ment durable est deve­nu un oxy­more, face à l’impossibilité phy­sique de croître indé­fi­ni­ment à la sur­face de notre belle pla­nète bleue. En 1931, Paul Valé­ry écri­vait : « Le temps du monde fini com­mence. » Nous y sommes : la crise envi­ron­ne­men­tale n’est pas une crise, mais un nou­vel état du monde. Au fils des ans, j’ai réa­li­sé que mes années pas­sées, en tant qu’industriel, du côté des rejets liquides et solides de nos socié­tés m’avaient aidé à mieux appré­hen­der cette réa­li­té. Pour ceux qui n’ont pas eu cette chance, appré­hen­der les impacts envi­ron­ne­men­taux est dif­fi­cile, notam­ment parce qu’ils nous sont invisibles.

Nous ne voyons jamais les gaz à effet de serre que nous émet­tons, nous ne voyons qu’une infime par­tie des 63 kg par jour de matières pre­mières (miné­rales, métal­liques, éner­gé­tiques et agri­coles) et des 3,8 m3 par jour d’eau douce néces­saires pour fabri­quer et four­nir les pro­duits, les ser­vices et les infra­struc­tures dont nous jouis­sons. Tout aus­si invi­sibles sont les graves corol­laires de ces flux : pro­duits toxiques, pol­luants éter­nels, per­tur­ba­teurs endo­cri­niens, intrants azo­tés, microplastiques…

La finance : une position spécifique « loin du sol »

La finance a une spé­ci­fi­ci­té de plus à gérer. Un pro­duit finan­cier est un agré­gat de titres plus ou moins com­plexe. Dans les cas simples, hors pro­duits déri­vés, ce sont des por­te­feuilles d’actions ou de dettes et des indices bour­siers comme le CAC 40. Ces pro­duits sont pos­sé­dés par des asset owners ou inves­tis­seurs et gérés par des asset mana­gers. Les par­ti­cu­liers, qui sont aus­si des inves­tis­seurs dès qu’ils sont épar­gnants, ont accès à ces pro­duits par leurs banques, leurs four­nis­seurs d’assurance-vie et autres dis­tri­bu­teurs, ce qui rajoute un ou deux inter­mé­diaires. Comme illus­tré dans le sché­ma sim­pli­fié ci-contre, un acteur finan­cier aura des mil­lions à des dizaines de mil­liards de don­nées à agré­ger pour cap­tu­rer et reflé­ter l’impact envi­ron­ne­men­tal de ce qu’il a en por­te­feuille car, entre lui et les impacts réels sur la nature, il y a au moins sept étages d’agrégation.

Ain­si l’éloignement entre le monde « où l’on vit » et le monde « dont l’on vit », si bien décrit par Bru­no Latour, s’amplifie dans le monde de la finance, qui est encore plus éloi­gné que les entre­prises des inter­ac­tions phy­siques, chi­miques et bio­lo­giques avec la nature, et plus éloi­gné de la moyenne des citoyens, car plus riche, plus urbain et socia­le­ment mieux pro­té­gé. Loin des yeux loin du cœur… La finance arrive-t-elle à agré­ger ces impacts pour en tenir compte ? Pour cer­tains acteurs, la réponse com­mence à être plu­tôt oui, mais pour l’immense majo­ri­té la réponse est plu­tôt non et la phrase la plus sou­vent enten­due dans les col­loques et autres confé­rences sur le sujet est l’incontournable : « Nous n’avons pas encore les données. »

Schématisation 
de la chaîne d’agrégation des impacts environnementaux.
Sché­ma­ti­sa­tion de la chaîne d’agrégation des impacts environnementaux.

L’éveil : ce qui a changé

Depuis dix ans, la sta­bi­li­té du fonc­tion­ne­ment des éco­sys­tèmes s’est clai­re­ment dégra­dée et les records de tem­pé­ra­ture ou les phé­no­mènes météo­ro­lo­giques extrêmes sont pas­sés de plu­tôt rares à très fré­quents. La prise de conscience éco­lo­gique dans la finance a pro­gres­sé, à coups de recru­te­ment, de for­ma­tion et d’engagement, et s’est aus­si accom­pa­gnée d’une mon­tée en puis­sance du green­wa­shing à la fois en quan­ti­té et en sophis­ti­ca­tion : en témoignent la pro­fu­sion d’ambitions trom­peuses « net zéro » en matière de car­bone et l’hétérogénéité de la qua­li­té des plans de tran­si­tion cli­ma­tique. En paral­lèle, l’acceptation de ce même green­wa­shing a bais­sé sous l’effet conju­gué des régu­la­teurs et des vigies que sont les ONG et les asso­cia­tions d’épargnants ou d’investisseurs, les médias indé­pen­dants comme Nove­thic et les ins­ti­tu­tions pres­crip­trices comme l’Ademe.

En Europe et par­ti­cu­liè­re­ment en France, l’intégration de « l’extra-financier » ou ESG, pour envi­ron­ne­ment, social, gou­ver­nance, est deve­nue incon­tour­nable et la demande de pro­duits verts s’est accen­tuée, l’offre s’est étof­fée et les règles du jeu ont com­men­cé à chan­ger (régle­men­ta­tions et réfé­ren­tiels volon­taires) même hors d’Europe (Accord de Paris sur le cli­mat, Accord de Kun­ming-Mont­réal sur la bio­di­ver­si­té, Task­force on Cli­mate Rela­ted Finan­cial Dis­clo­sures, TCFD et TNFD, idem avec Nature).

Concrè­te­ment de nou­veaux outils sont appa­rus et ont com­men­cé à être uti­li­sés de gré, comme le label Green­fin, France finance verte, la démarche mon­diale Science Based Tar­gets ini­tia­tive (SBTi) ou la métrique col­la­bo­ra­tive open source Net Envi­ron­men­tal Contri­bu­tion (NEC), ou de force, comme le paquet régle­men­taire de l’UE sur la finance durable, accom­pa­gné de son lot de cri­tiques et de son bou­quet de sigles (CSRD pour Cor­po­rate Sus­tai­na­bi­li­ty Repor­ting Direc­tive, SFDR pour Sus­tai­nable Finance Dis­clo­sure Regu­la­tion, PAB pour Paris-Ali­gned Bench­mark) et de sa taxo­no­mie verte.

Le printemps florissant de la finance verte

Cette vague cen­trée sur l’UE a géné­ré une jungle d’indicateurs, de don­nées et d’approches, qui peut don­ner le ver­tige. Pour illus­trer la diver­si­té des voies exis­tantes pour rendre des comptes, trois outils opé­ra­tion­nels par­mi les plus abou­tis sont pré­sen­tés en page .

Com­pa­rons ces outils sur un même objet : le fameux CAC 40, indice des 40 plus grandes capi­ta­li­sa­tions de la Bourse de Paris-Euro­next (com­po­si­tion du 1er sep­tembre 2024 et sur la base des infor­ma­tions publiées sur l’exercice 2023). La taxo­no­mie de l’UE qua­li­fie de vert 5 % du chiffre d’affaires agré­gé du CAC 40. L’entreprise la plus verte est Uni­bail-Rodam­co-West­field, URW, exploi­tant de centres com­mer­ciaux avec 50 % de CA 2023 ali­gnés au titre du cri­tère d’atténuation du chan­ge­ment cli­ma­tique de l’activité « acqui­si­tion et pro­prié­té de bâti­ments ». Le fait que les centres com­mer­ciaux puissent par­ti­ci­per à la sur­con­som­ma­tion n’est pas pris en compte ici, car seule la per­for­mance éner­gé­tique des bâti­ments inter­vient, pas leur finalité.

“Il faut bien comprendre ce que chaque outil permet de dire.”

La Net Envi­ron­men­tal Contri­bu­tion délivre une infor­ma­tion beau­coup plus dis­cri­mi­nante, inté­grant la fina­li­té et clas­sant les com­po­santes du CAC 40 sur son échelle gra­nu­laire de ‑100 % à +100 % : de gauche à droite, 100 nuances de brun (rouge sur le visuel) jusqu’au 0 % qui cor­res­pond à la moyenne mon­diale des impacts envi­ron­ne­men­taux, et 100 nuances de vert. Le CAC 40 affiche beau­coup plus de com­po­santes brunes que de vertes et res­sort en moyenne dans le gris-brun avec une NEC à ‑6 % : cela signi­fie qu’il regroupe des acti­vi­tés éco­no­miques qui ont plus d’impacts envi­ron­ne­men­taux néga­tifs que la moyenne mon­diale de l’économie. L’entreprise la plus verte est ici Veo­lia avec une NEC de +47 %.

SBTi ne répond pas à la ques­tion de savoir ce qui est vert ou brun dans l’activité actuelle d’une entre­prise, mais qua­li­fie ses pro­messes selon leur com­pa­ti­bi­li­té avec des tra­jec­toires de réduc­tion d’émissions de gaz à effet de serre. À l’aune des méthodes sec­to­rielles de SBTi, deux tiers du poids du CAC 40 pro­met de s’aligner avec des tra­jec­toires com­pa­tibles avec une hausse de la tem­pé­ra­ture moyenne mon­diale limi­tée à 1,5 °C en 2100 par rap­port à l’ère pré­in­dus­trielle et 80 % à 2 °C ou moins. Enfin, la pre­mière entre­prise à « s’aligner 1,5 °C » est LVMH (luxe et bois­sons) avec un ali­gne­ment dès 2026.

Ain­si les réponses de chaque approche divergent et cha­cune a un cham­pion bien dif­fé­rent : URW, Veo­lia ou LVMH. Cette étude de cas montre que le choix des outils est cru­cial et qu’il faut res­ter vigi­lant et bien com­prendre ce que chaque outil per­met de dire.

Principales caractéristiques de trois standards environnementaux utilisés en France.
Prin­ci­pales carac­té­ris­tiques de trois stan­dards envi­ron­ne­men­taux uti­li­sés en France.

Les attentes légitimes

Depuis dix ans, beau­coup de constats res­tent les mêmes quand ils ne s’aggravent pas et l’aphorisme de Ray­mond Aron « l’ignorance et la bêtise sont des fac­teurs consi­dé­rables de l’histoire » reste d’actualité. La pre­mière attente légi­time est le défi trans­ver­sal de for­ma­tion pour faire mon­ter en com­pé­tence les acteurs de cette longue chaîne de valeur. Cela évite aus­si de se men­tir, par exemple en mélan­geant impacts réels et fan­tas­més ou actifs réels et actifs finan­ciers. Cette édu­ca­tion néces­site par­fois de se débar­ras­ser de croyances et de rac­cour­cis toxiques, comme « l’ESG nuit à la per­for­mance finan­cière » ou « l’environnement et le cli­mat, c’est pareil ». Les autres leviers légi­times d’écologisation se regroupent, comme pour toute acti­vi­té éco­no­mique, en trois types : la demande, l’offre et les règles du jeu.

Le pouvoir du client, épargnant ou investisseur

Le pou­voir de la demande est le plus rapide à mobi­li­ser. Il consiste à pla­cer son argent autre­ment et selon ses cri­tères propres. Il est sous-uti­li­sé, en par­ti­cu­lier chez les épar­gnants, qui n’ont pas l’envie ou la connais­sance pour se sen­tir capables de prendre la main sur leur épargne face à la jungle des enve­loppes fis­cales et des inter­mé­diaires qui gra­vitent autour de leurs PEA, PEE, Per­co, assu­rance-vie ou autre. La demande de pro­duits de finance durable s’est clai­re­ment accrue cette der­nière décen­nie, en par­ti­cu­lier pour les inves­tis­seurs pro­fes­sion­nels. Chez les épar­gnants, où « un Fran­çais sur deux déclare accor­der une place impor­tante aux impacts envi­ron­ne­men­taux et sociaux dans leurs déci­sions de pla­ce­ment » d’après le der­nier son­dage Ifop pour le Forum pour l’investissement res­pon­sable, cette demande reste insuf­fi­sam­ment satis­faite, ce qui nous amène au second point.

Le pouvoir des acteurs financiers

L’offre de pro­duits « res­pon­sables » ou « verts » a explo­sé jusqu’à atteindre des excès dont nous reve­nons par­tiel­le­ment, les régu­la­teurs ayant mis des garde-fous sur les appel­la­tions et les décla­ra­tions. Alors que cer­tains acteurs ont cédé aux sirènes du green­wa­shing, d’autres ont créé de nou­veaux pro­duits et des outils de trans­pa­rence, comme la NEC ou comme le label fran­çais Green­fin, géré par le minis­tère de l’Écologie. En 2025, ce label, bien qu’encore insuf­fi­sam­ment pro­mu et connu, couvre une cen­taine de fonds et plus de 30 mil­liards d’euros : il a bel et bien com­men­cé à faci­li­ter l’accès des épar­gnants à une offre verte sérieuse et auditée.

Analyse comparée du CAC 40 la NEC 1.1 calculée par la NEC initiative.
Ana­lyse com­pa­rée du CAC 40 la NEC 1.1 cal­cu­lée par la NEC initiative.

Le pouvoir des politiques, des citoyens et des lobbys

La finance est au ser­vice de l’économie : elle inves­tit dans ce qui lui semble pro­fi­table ou sol­vable et elle recherche la crois­sance et la ren­ta­bi­li­té, les deux pre­miers fac­teurs de la valo­ri­sa­tion finan­cière. Chan­ger les règles effec­tives du jeu éco­no­mique est le levier le plus puis­sant mais sou­vent le plus lent à mettre en œuvre et le plus tar­dif. L’UE et la France ont beau­coup œuvré pour la trans­pa­rence dans la finance depuis une décen­nie, avec des pre­miers résul­tats récents ou encore à venir, mais elles n’ont pas suf­fi­sam­ment tra­vaillé sur les règles du jeu du com­merce mon­dial, dont l’équation reste inéqui­table et sur­pol­luante. Depuis une décen­nie, sous l’action conjointe de ces leviers, la finance verte a donc pro­gres­sé, mais la dyna­mique s’est récem­ment ralen­tie et on observe des réflexes de retour au « bon vieux temps », où l’« extra-finan­cier » était à sa place : en dehors de la finance !

De l’éveil à la professionnalisation

Je ne sais pas si le prin­temps de la finance verte sera sui­vi d’un été meur­trier, mais les faits sont têtus et, dans un monde où les risques phy­siques et de tran­si­tion s’aggravent, les igno­rer ne semble pas être la meilleure idée. Le pro­fes­sion­na­lisme dicte de les consi­dé­rer comme maté­riels et le prag­ma­tisme comme des moyens d’identifier des oppor­tu­ni­tés. Ain­si, en uti­li­sant tous les leviers exis­tants avec un dis­cer­ne­ment éco­lo­gique affû­té, sou­te­nu par des outils robustes, des moyens et une forte dose de bon sens, nous pou­vons clai­re­ment pas­ser de l’éveil à la pleine conscience et à la satis­fac­tion d’être plus ali­gnés, loin de nos dis­so­nances cog­ni­tives actuelles. Cette finance, que je qua­li­fie­rais volon­tiers de per­ma­fi­nance, en écho à la per­maé­co­no­mie, terme déri­vé de la per­ma­cul­ture, pour per­ma­nent agri­cul­ture, pour­rait res­sem­bler à ce qui suit.

« Une finance adaptée au changement climatique, donc plus proche des écosystèmes, éminemment locaux et socles de résilience des territoires. »

Ce serait tout d’abord une finance adap­tée au chan­ge­ment cli­ma­tique, donc plus proche des éco­sys­tèmes, émi­nem­ment locaux et socles de rési­lience des ter­ri­toires, et néces­saire à la sur­vie de beau­coup d’activités. Mais ce serait aus­si une finance de proxi­mi­té, en cir­cuit plus court, à l’instar du crowd­fun­ding de pro­jets locaux d’énergies renou­ve­lables ou de la micro­fi­nance pour les entre­pre­neurs pauvres et com­plé­tée par de la philan­thropie envi­ron­ne­men­tale, par exemple via le 1 % pour la Pla­nète. Ce serait enfin une finance des actifs dits réels, comme les bâti­ments, le fon­cier agri­cole et fores­tier, les infra­struc­tures, et au ser­vice des enti­tés réelles les plus connec­tées à ces actifs réels : les agri­cul­teurs, les entre­prises, et en par­ti­cu­lier les PME, les col­lec­ti­vi­tés, les asso­cia­tions et, bien sûr, les citoyens.

Une pré­fé­rence serait orga­ni­sée et inci­ta­tive pour les pro­jets, acti­vi­tés et biens les plus utiles à notre socié­té et les plus régé­né­ra­tifs pour la nature, avec des taux et des ratios favo­rables qui néces­sitent des outils et réfé­ren­tiels robustes et mieux connec­tés entre eux, comme le fait actuel­le­ment le label Green­fin en s’interfaçant à la taxo­no­mie de l’UE, ou la nou­velle ver­sion de la NEC en inté­grant encore plus de cer­ti­fi­ca­tions envi­ron­ne­men­tales. Enfin, ce serait une finance plus trans­pa­rente, plus lisible et plus auda­cieuse sur ce qu’elle finance et ne finance pas, car il n’y a pas de sens à finan­cer l’inutile ou le clai­re­ment nuisible.

Nous en sommes à la fois très loin et assez près, car des graines de cette per­ma­fi­nance au ser­vice d’une éco­no­mie durable et sou­te­nable, donc per­ma­nente, sont déjà là. 

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