Jellynov

Une approche différenciante et innovante pour lutter contre le surpoids !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°783 Mars 2023
Par Pauline CHONE (X11)

Pauline Chone (X11), direc­trice générale de Jel­ly­nov, nous présente cette jeune pousse française qui a pour ambi­tion de pro­pos­er une solu­tion inno­vante pour lut­ter con­tre le sur­poids. Dans cet inter­view, elle revient sur la genèse de la start-up, son posi­tion­nement et son approche dif­féren­ciante sur un marché où les alter­na­tives restent limitées.

Comment Jellynov a vu le jour ?

Le pro­jet a débuté en 2017. C’est le fruit de la ren­con­tre de Jean-Michel Simon, le prési­dent actuel de la start-up qui a notam­ment occupé les fonc­tions de directeur de l’innovation dans une multi­na­tionale, et d’un chirurgien baria­trique, Jean-Luc Bouil­lot, qui a con­sacré sa vie pro­fes­sion­nelle au traite­ment de per­son­nes en sit­u­a­tion d’obésité à des stades très avancés. Jel­ly­nov s’est ain­si dévelop­pée autour de l’idée d’induire une satiété pré­coce chez les per­son­nes qui ont besoin de per­dre du poids en réduisant le vol­ume disponible dans l’estomac. Il s’agit d’un principe large­ment répan­du et util­isé dans le monde médi­cal. Par exem­ple, la chirurgie baria­trique réduit l’estomac à un tube. Il existe aus­si une procé­dure qui con­siste à implanter un bal­lon gas­trique sur une durée de plusieurs mois dans l’estomac.

Jellynov adresse donc l’enjeu du surpoids. Qu’en est-il ?

Le sur­poids est une thé­ma­tique com­plexe. Aujourd’hui, on estime que 60 % de la pop­u­la­tion est en sur­poids, soit présen­tant un indice de masse cor­porelle (IMC) supérieur à 25 kg/m2. Or, pour les per­son­nes en sit­u­a­tion de pré-obésité (IMC com­pris entre 25 et 30 kg/m2) ou d’obésité de classe 1 (IMC com­pris entre 30 et 35 kg/m2), la perte de 5 à 10 % de leur poids peut per­me­t­tre d’éviter, de réduire, voire de résor­ber les comor­bid­ités exis­tantes du type dia­bète, mal­adies car­dio­vas­cu­laires comme l’hypertension, apnée du som­meil, prob­lèmes articulaires…
Aujourd’hui, pour les per­son­nes en sit­u­a­tion d’obésité de classe 1, il existe sous pre­scrip­tion médi­cale deux familles de solutions :
les bal­lons en plas­tique gon­flés à l’eau ou au gaz qui sont implan­tés et retirés par endo­scopie, comme précédem­ment men­tion­né. Il s’agit d’une procé­dure inva­sive et qui coûte cher. En out­re, la dilata­tion induite par le bal­lon dans l’estomac con­duit à une sit­u­a­tion phys­i­ologique de diges­tion toute la journée. Cela provoque des nausées et impose la prise d’inhibiteurs de pompe à pro­tons (IPP) ;
la prise d’un traite­ment médica­menteux non rem­boursé. En France, 2 molécules exis­tent. La pre­mière lim­ite l’absorption des graiss­es, provo­quant des diar­rhées. La deux­ième, très coû­teuse, est autorisée depuis 2021 sous forme d’injection. Elle imite une hor­mone sécrétée par l’intestin à la suite d’une prise ali­men­taire et réduit la faim.
Aucune de ces 2 solu­tions n’est disponible pour les per­son­nes en sit­u­a­tion de pré-obésité sans comor­bid­ités avérées.
Sans pre­scrip­tion, de nom­breux com­plé­ments ali­men­taires exis­tent , mais sont peu effi­caces. Ceux qui se dis­ent « ras­sasiant » con­ti­en­nent des poly­sac­cha­rides type kon­jac capa­bles de gon­fler à l’eau.
À cela s’ajoutent tous les régimes ali­men­taires qui ne con­vi­en­nent pas à tout le monde et sont sou­vent asso­ciés à des repris­es de poids par yoyo.

Concrètement, que proposez-vous ?

L’ambition de Jel­ly­nov est de ren­dre plus acces­si­ble et moins invasif ce principe clin­ique, à savoir occu­per un vol­ume de manière inerte dans l’estomac pour attein­dre une satiété pré­coce. Nous pro­posons aujourd’hui de créer un bal­lon gas­trique éphémère et sur demande à par­tir de pro­duits couram­ment con­som­més. Il suf­fit ain­si de pren­dre un petit sachet de gel Jel­ly­nov une dizaine de min­utes avant les prin­ci­paux repas, déje­uner et dîn­er. Une fois ingérée, notre solu­tion arrive dans l’estomac où elle gon­fle au con­tact de l’acide gas­trique pour créer une mousse de 400 ml. Occu­pant la moitié de l’estomac, cette mousse va induire une satiété pré­coce et lim­iter la prise ali­men­taire. Et, in fine, la mousse va se mélanger aux ali­ments et être élim­inée par les voies naturelles.

En quoi votre technologie est-elle différente des autres alternatives présentées ? Quelle est sa valeur ajoutée ?

Con­traire­ment aux tech­nolo­gies à base d’hydrogonflants qui reti­en­nent de l’eau dans l’estomac, notre solu­tion fonc­tionne à base de gaz. Les tech­nolo­gies à base d’eau présen­tent de nom­breux incon­vénients alors qu’elles ne per­me­t­tent pas d’obtenir des gon­fle­ments suff­isants au sein de l’estomac pour induire une satiété pré­coce. Selon les dif­férentes études, on estime que la satiété est induite par des vol­umes qui vont au-delà de 300 à 400 ml, alors que ces solu­tions, de manière générale, per­me­t­tent d’obtenir des vol­umes com­pris entre 100 et 200 ml max­i­mum. Ces hydro­gon­flants doivent aus­si être pris une trentaine de min­utes avant le repas avec 500 ml d’eau du fait d’une ciné­tique con­tra­dic­toire entre la vidan­ge gas­trique de l’eau (rapi­de) et le gon­fle­ment des hydro­gon­flants (lent).
Comme expliqué, notre solu­tion per­met, quant à elle, de créer rapi­de­ment une mousse ferme, gon­flée au gaz dans la par­tie supérieure de l’estomac, soit dans la zone où la dilata­tion est la mieux tolérée. Ce gaz est créé et encap­sulé in-situ en quelques min­utes. La quan­tité de gaz générée équiv­aut à la quan­tité de gaz con­tenue dans une canette de bois­son gazeuse : aucun effet indésir­able ne devrait appa­raitre lors de la prise ou de la diges­tion. En out­re, notre solu­tion est basée sur des sub­stances inof­fen­sives qui sont déjà couram­ment con­som­mées par vous et con­nues pour être par­faite­ment tolérées sur le long terme. On les appelle des sub­stances GRAS, Gen­er­al­ly Rec­og­nized As Safe.

Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Quelles sont les prochaines étapes pour Jellynov ?

Nous avons un pro­to­type qui a été testé chez les ani­maux et qui est aujourd’hui suff­isam­ment abouti pour être testé chez l’homme. Actuelle­ment, nous tra­vail­lons avec les agences régle­men­taires pour valid­er un pas­sage en phase clin­ique. Dans ce cadre, l’objectif de cette pre­mière étude chez l’homme est de valid­er les per­for­mances clin­iques de notre pro­duit autour de plusieurs indi­ca­teurs : vol­ume occupé dans l’estomac, com­porte­ment du pro­duit dans l’estomac, facil­ité de prise en main par les util­isa­teurs, élim­i­na­tion naturelle du produit…
En par­al­lèle, nous con­tin­uons d’avancer sur la sta­bil­ité de la com­po­si­tion, le pack­ag­ing et réfléchissons, d’ores et déjà, à l’étape de l’industrialisation et du pas­sage à l’échelle avec un pre­mier pilote.
Nous sommes aus­si en pleine phase de lev­ée de fonds afin de financer ces étapes majeures (pre­miers essais chez l’homme et industrialisation).

Dans cette démarche, quels sont vos principaux enjeux ?

Jel­ly­nov pro­pose une solu­tion à la fron­tière entre le dis­posi­tif médi­cal, car notre solu­tion a une action mécanique sur l’estomac et le com­plé­ment ali­men­taire grâce à notre com­po­si­tion. Ce posi­tion­nement « hybride » nous ouvre en théorie plus de portes, mais rend com­plexe la lev­ée de fonds, faute de répon­dre aux critères clas­siques de la MedTech ou de la FoodTech. Si le pro­jet vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter.

Pour accompagner votre développement, quels sont les talents et profils que vous recherchez ?

Aujourd’hui, Jel­ly­nov s’appuie sur une équipe à taille humaine qui con­cen­tre toutes les com­pé­tences et exper­tis­es dont nous avons besoin. En prévi­sion des prochaines étapes et du développe­ment de l’entreprise, nous recher­chons notam­ment un ingénieur process pour dévelop­per et ren­forcer les volets indus­tri­al­i­sa­tion, et un expert qual­ité et régle­men­taire. En out­re, nous sommes tou­jours à la recherche de retours sur notre con­cept et notre solu­tion pour s’améliorer. Là encore, n’hésitez pas à nous con­tac­ter si vous voulez par­ticiper à des tests utilisateurs.

Et sur un plan plus personnel dans la société, quels sont vos défis ? Comment capitalisez-vous sur votre formation à polytechnique ?

Mes enjeux sont directe­ment liés à ceux de Jel­ly­nov ! Notre pri­or­ité est aujourd’hui de démon­tr­er les per­for­mances en clin­ique de notre pro­duit et de pré­par­er le pas­sage à l’échelle indus­trielle. Cela demande une forte capac­ité d’adaptation et de la flex­i­bil­ité afin d’atteindre nos objectifs.
Et dans cette démarche, je peux, en effet, cap­i­talis­er sur les acquis de la for­ma­tion que j’ai suiv­ie à l’école et qui m’a per­mis de dévelop­per un fort sens de l’analyse et de la syn­thèse, la capac­ité à appréhen­der divers sujets et thé­ma­tiques, mais aus­si à trou­ver des alter­na­tives et des solu­tions prag­ma­tiques face aux difficultés.

Pour plus d’informations : p.chone@jellynov.com

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