Une ambition pédagogique de l’École polytechnique autour des enjeux d’environnement

Dossier : Environnement et FiscalitéMagazine N°534 Avril 1998
Par Claude HENRY

Pas d’immobilisme dans l’enseignement à l’École polytechnique

Pas d’immobilisme dans l’enseignement à l’École polytechnique

Un socle com­mun , pen­dant les pre­miers mois à l’É­cole, met les élèves en con­tact avec ce grand absent des class­es pré­para­toires, le cal­cul des prob­a­bil­ités, et avec les deux représen­ta­tions sci­en­tifiques les plus mar­quantes du xxe siè­cle, la mécanique quan­tique et la biolo­gie molécu­laire. Il com­prend aus­si une ini­ti­a­tion aux méth­odes de l’analyse économique, appliquées à l’or­gan­i­sa­tion des marchés, aux déter­mi­nants de l’emploi et de la crois­sance, à la ges­tion de la monnaie …

Ensuite, c’est-à-dire à peu près au milieu de la pre­mière année d’é­tudes, un pre­mier choix essen­tiel est offert aux élèves, entre ce qui, dans le jar­gon de l’É­cole, est qual­i­fié de ” voies ” : deux voies d’ori­en­ta­tion plus expéri­men­tale, l’une à dom­i­nante biolo­gie-chimie, l’autre à dom­i­nante physique-mécanique ; et deux voies d’ori­en­ta­tion plus théorique, l’une à dom­i­nante math­é­ma­tiques-physique , l’autre à dom­i­nante math­é­ma­tiques-économie (par exacte­ment les mêmes math­é­ma­tiques bien entendu).

La deux­ième année d’é­tudes élar­git con­sid­érable­ment l’éven­tail des choix. Pre­mier trimestre, pre­mière ” majeure “, avec une dis­ci­pline (au max­i­mum deux)clairement dom­i­nante. Deux­ième trimestre, deux­ième majeure, forte­ment pluridis­ci­plinaire et appliquée. Troisième trimestre , ” option sci­en­tifique” dans le cadre d’un stage dans un lab­o­ra­toire de recherche ou une entre­prise. À chaque étape, liber­té de choix — aucune tra­jec­toire n’est imposée, aucune n’est inter­dite — mais encour­age­ment à la cohérence des parcours.

Une chance pour des enseignements centrés sur des enjeux d’environnement

Sans celle ouver­ture, qui aux yeux de cer­tains ” fait un peu désor­dre “, mais qui a eu l’im­mense mérite d’inciter à un com­plet renou­velle­ment des enseigne­ments, et le mérite non moins grand de met­tre enfin les élèves en sit­u­a­tion de pren­dre eux-mêmes les déci­sions qui les con­cer­nent, il n’y aurait jamais eu à l’É­cole d’en­seigne­ment cen­tré sur des enjeux d’en­vi­ron­nement. Il y a main­tenant deux majeures pluri­clis­ci­plinaires, qui ont cette ori­en­ta­tion, et qui attirent ensem­ble env­i­ron 80 élèves.

L’une, dite ” Écosciences “, regroupe les départe­ments de biolo­gie, de chimie, de math­é­ma­tiques appliquées et d’é­conomie. Cen­trée sur la biolo­gie des pop­u­la­tions et des écosys­tèmes, la bio­di­ver­sité et le développe­ment durable, elle exige des élèves à la fois de l’agilité con­ceptuelle et math­é­ma­tique, et de l’ha­bileté expéri­men­tale. Elle n’a guère d’ana­logue dans d’autres étab­lisse­ments d’enseignement.

La sec­onde majeure à ori­en­ta­tion envi­ron­nemen­tale, dite ” La planète terre “, n’est pas de moin­dre niveau théorique et expéri­men­tal. Elle est à dom­i­nante physique, mécanique et géologique. Bien qu’elle ne com­prenne pas formelle­ment d’analyse économique, les enjeux dont elle traite (équili­bre énergé­tique de l’at­mo­sphère , dynamique des océans, change­ments cli­ma­tiques) ne sont pas moins sig­ni­fi­cat­ifs que ceux ren­con­trés dans ” Écosciences “.

C’est autour d’en­jeux d’une telle dimen­sion, et en mobil­isant de manière soigneuse­ment adap­tée les dis­ci­plines qui sont sus­cep­ti­bles de les éclair­er, qu’une ambi­tion “poly­tech­nique” peut avoir un sens en celle fin du XXe siècle.

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