Un voile de pudeur.
Les rêves d’Alexandre.

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°768 Octobre 2021Par : Alexandre Chatelain (71)Rédacteur : Marcel Cassou (61)Editeur : Éditions Edilivre, avril 2021

Notre cama­rade, dans ce livre déli­cat et intime, nous racon­te son con­fine­ment à la cam­pagne au print­emps 2020, avec sa com­pagne Ursu­la. C’est un compte ren­du, où tous les gestes quo­ti­di­ens sont recen­sés, datés et analysés. Quel intérêt direz-vous ? D’abord, celui d’un éclairage sur les mil­lions de cou­ples (act­ifs ou retraités) qui ont vécu comme eux, loin de leur famille et amis, con­fron­tés à leur pro­pre mort et à celle de leurs proches, n’ayant de nou­velles qu’en distanciel.

Ensuite, l’immobilité générale et le silence for­cé devi­en­nent prop­ices aux rêves. De voy­ages, de ren­con­tres, par­fois éro­tiques. Revoir sa famille restée au Viêt­nam, ses enfants dis­per­sés. Un orchestre d’amis recon­sti­tué sur What­sApp. Le rôle très prég­nant de la télévi­sion, des séries. Les soirées s’allongent. Com­ment dans ces con­di­tions entretenir ses neurones ?

Enfin, le décompte offi­ciel de décès quo­ti­di­ens fait remon­ter chez l’auteur le sou­venir macabre de ceux de la guerre du Viêt­nam. La pro­gres­sion du virus départe­ment par départe­ment ressem­ble à celle, inex­orable, des « Rouges » dans les provinces du Sud. La pandémie est mon­di­ale. La guerre froide aussi.

Cha­cun d’entre nous a vécu son con­fine­ment avec ses habi­tudes passées. Mais nom­breux sont ceux qui ont dérapé, ne pou­vant vivre ain­si à l’écart de leur monde fam­i­li­er. Ce livre, bien écrit, ouvre la pos­si­bil­ité au lecteur de se remé­mor­er ce qu’il a fait et de se pré­par­er à vivre une future pandémie que ni l’auteur ni nous-mêmes ne voulons envisager. 

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