Un financement instantané et flexible pour les PME et TPE

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Jordane GIULY (X08)

Entre les délais de paiement des clients et les fac­tures à pay­er aux four­nisseurs, les entre­pris­es font régulière­ment face à des prob­lèmes de tré­sorerie et de besoin en fonds de roule­ment. Pour solu­tion­ner cette prob­lé­ma­tique récur­rente, Defac­to leur pro­pose des finance­ments en temps réel et 100 % flex­i­ble. Jor­dane Giu­ly (X08), cofon­da­teur de Defac­to, nous présente cette Fin­tech et nous en dit plus sur le busi­ness mod­èle de cette start-up qui facilite la vie des TPE/PME.

Defacto n’est pas votre première aventure entrepreneuriale. Comment est née votre dernière start-up ?

Au cours des 10 dernières années, j’ai tra­vail­lé au sein de 4 start-up et j’ai été asso­cié dans 3 d’entre elles. La dernière en date est la Fin­tech Spendesk, dont je suis cofon­da­teur et qui est, d’ailleurs, la 26e licorne française. Durant ces expéri­ences, j’ai pu mesur­er à quel point la ques­tion de la tré­sorerie et du fonds de roule­ment est stratégique pour les PME et les TPE. En creu­sant ce sujet, avec mes deux asso­ciés, Marc-Hen­ri Gires (X09) et Mor­gan O’hana, nous nous sommes ren­dus compte que ces entre­pris­es sont pris­es « en étau » entre leurs gros clients, qui les paient générale­ment à 30, 60 ou 90 jours, et leurs gros four­nisseurs qu’elles doivent pay­er immédiatement.

Defac­to est née de notre volon­té com­mune d’apporter une solu­tion pérenne aux PME et TPE à leur prob­lé­ma­tique de BFR , en leur don­nant un accès sim­ple, facile et rapi­de à des finance­ments de court terme.

Vous proposez donc aux entreprises des solutions de financement « en temps réel ». Pourquoi ?

Tra­di­tion­nelle­ment, les prin­ci­pales alter­na­tives de finance­ment sur le marché sont la ligne de crédit ban­caire ou l’affacturage. Ce sont des solu­tions assez con­traig­nantes pour les entre­pris­es, car elles sont lour­des sur le plan admin­is­tratif, ne sont pas flex­i­bles et ont des délais d’implémentation très longs. Très sou­vent, entre le moment où une PME fait sa demande de prêt et obtient les fonds, plusieurs mois vont s’écouler, la sit­u­a­tion de l’entreprise évolue, tout comme son besoin sur le plan financier. Le mon­tant du prêt demandé n’est alors plus adap­té au con­texte de développe­ment de l’entreprise et à ses besoins réels. Au-delà, il s’agit aus­si de solu­tions qui coû­tent assez chères. En plus des taux fac­turés par les ban­ques et les affac­tureurs s’ajoutent d’autres frais relat­ifs à la ges­tion du dossier, aux mod­i­fi­ca­tions qui peu­vent être apportées au con­trat, à l’ajout d’un nou­veau client…

Pour lever l’ensemble de ces freins, Defac­to pro­pose une offre de finance­ment instan­ta­né et à court terme, du type crédit court terme avec une durée qui varie entre 1 à 120j jours. Ce mod­èle per­met, par ailleurs, de soulager le BFR d’une entre­prise en encais­sant leurs clients plutôt ou bien en payant leurs four­nisseurs plus tard. Con­crète­ment, elles vont pou­voir nous envoy­er les fac­tures des clients qu’elles souhait­ent encaiss­er en pri­or­ité ou bien nous trans­met­tre les fac­tures d’achat pour qu’elles souhait­ent pay­er en dif­féré, sans impacter la rela­tion avec le fournisseur.

Quelles sont les spécificités techniques et fonctionnelles de vos solutions ?

Defac­to s’attaque à une prob­lé­ma­tique bien ancrée dans nos sociétés : le crédit de tré­sorerie. Aujourd’hui, l’affacturage en France représente 18 % du PIB, soit 450 mil­liards d’euros qui sont affac­turés chaque année. Au sein de cette indus­trie en crois­sance, Defac­to cherche à apporter une approche inno­vante en ter­mes d’usages. Pour ce faire, nous avons fait le pari stratégique d’opter pour un mod­èle exclusif de dis­tri­b­u­tion indi­recte. Nous n’allons ain­si pas chercher à attein­dre les TPE/PME via un site web sur lequel elles vont pou­voir s’inscrire pour deman­der un prêt, par exem­ple, mais plutôt au tra­vers des out­ils qu’elles utilisent au quo­ti­di­en : les plate­formes B2B et les solu­tions logi­cielles et Fintech.

“Nous n’allons ainsi pas chercher à atteindre les TPE/PME via un site web, mais plutôt au travers des outils qu’elles utilisent au quotidien : les plateformes B2B et les solutions logicielles et Fintech.”

Avec l’essor du e‑commerce B2B et le fort développe­ment des plate­formes ou mar­ket­places, les PME achè­tent et vendent de plus en plus en ligne. L’idée est donc de pro­pos­er nos solu­tions de finance­ment via ces plate­formes. Ain­si, aujourd’hui, nous tra­vail­lons avec Malt, qui est la plate­forme leader de mise en rela­tion de free­lancers avec des PME, des grands groupes et des sociétés du CAC40…

Dans ce cadre, nous appor­tons une facil­ité de finance­ment aux free­lancers qui doivent générale­ment atten­dre entre 30 et 90 jours avant que leurs clients ne les paient. Cela leur per­met ain­si d’éviter d’avoir à sup­port­er cet effort de tré­sorerie. Malt intè­gre notre API et, en un seul clic, un free­lancer peut décider de financer sa fac­ture à hau­teur de 100 % du mon­tant grâce à Defac­to. Dans cette con­ti­nu­ité, l’idée est aus­si d’intégrer notre API dans les logi­ciels de ges­tion compt­able, de tré­sorerie ou d’achat qui sont util­isés par les entre­pris­es. Actuelle­ment, nous équipons déjà Pen­ny­lane, Libeo, Irma…

Notre objec­tif est de nouer tou­jours plus de parte­nar­i­ats avec ces plate­formes et ces édi­teurs de solu­tions Fin­tech qui sont de puis­sants vecteurs de dis­tri­b­u­tion pour nos offres de financement.

En quoi votre approche de la gestion du BFR et de la trésorerie est-elle différenciante ?

Defac­to pro­pose avant tout une infra­struc­ture de crédit via une API qui a voca­tion à être inté­grée par des plate­formes ou des logi­ciels qui sont util­isés par les entre­pris­es. Au-delà, nous leur offrons du crédit end-to-end et cou­vrons ain­si en interne toute la chaîne de valeur du crédit :

  • l’origination ou la capac­ité à col­lecter des deman­des de prêts grâce juste­ment à notre API qui une fois instal­lée chez nos parte­naires nous per­met de pro­pos­er du finance­ment directe­ment aux entreprises ;
  • l’underwriting qui con­siste à éval­uer de manière instan­ta­née la solv­abil­ité des poten­tiels emprunteurs ;
  • la ges­tion des flux de paiements et de la dette afin de dis­pos­er de sources de liq­uid­ités qui nous per­me­t­tent d’octroyer des crédits à nos clients.

Qu’est-ce que cela implique en termes de business modèle ?

Pour pass­er du sys­tème de mille­feuille tar­i­faire pro­posé par les acteurs tra­di­tion­nels de la banque et de l’affacturage à un mode de fonc­tion­nement très sim­ple, nous fac­tur­ons nos clients emprun­teurs selon un taux d’intérêt jour­nalier. En par­al­lèle, à la dif­férence des étab­lisse­ments ban­caires, nous n’appliquons pas de pénal­ités de rem­bourse­ment anticipé. His­torique­ment, plus de 70 % de nos prêts ont été rem­boursés de manière anticipée.

Quels sont vos principaux axes de développement et vos enjeux dans ce cadre ?

Nous avons de très forts enjeux en ter­mes d’évaluation de la solv­abil­ité en temps réel. Nous sommes, en effet, con­va­in­cus que la capac­ité à obtenir cette infor­ma­tion instan­ta­né­ment va con­tribuer à l’émergence de nou­veaux usages. Sur le plan tech­nologique, cela représente un impor­tant défi en matière de data sci­ence et data engi­neer­ing afin de pou­voir automa­tis­er toute la chaîne sous-jacente (col­lecte et traite­ment des don­nées, algorithmes…).

En par­al­lèle, nous avons un enjeu d’excellence opéra­tionnelle. En effet, il y a une oppor­tu­nité de con­stru­ire les bons sys­tèmes d’information, afin de pou­voir gér­er à grande échelle un porte­feuille de prêts dis­tribué à un grand nom­bre d’emprunteurs. Nous investis­sons donc énor­mé­ment dans l’automatisation et fia­bil­ité de notre infrastructure.

Enfin, dans le con­texte infla­tion­niste actuel, nous assis­tons à une hausse des taux d’intérêt qui impacte bien évidem­ment notre activ­ité. Notre défi est aus­si d’avoir les ressources finan­cières suff­isantes pour financer dans les meilleures con­di­tions pos­si­bles les entre­pris­es. Pour ce faire, nous devons aus­si gag­n­er en vis­i­bil­ité afin de con­va­in­cre les acteurs financiers de la per­ti­nence de notre modèle.

Comment vous projetez-vous sur le marché aujourd’hui ?

À l’heure actuelle, Defac­to est présent dans 5 pays de la zone euro : la France, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Bel­gique. En 2023, l’objectif est aus­si de pro­pos­er nos ser­vices en Ital­ie, dans un pre­mier temps, et de con­solid­er nos posi­tions sur l’ensemble de cette zone européenne, dans un sec­ond temps.

En 2022, nous avons réus­si à servir près de 4 000 TPE et PME dans plus de 200 secteurs d’activités dif­férents, soit plus de 100 mil­lions d’euros de prêts accordés. Sur 2023, notre objec­tif est d’octroyer des prêts à 10 000 entreprises.

Enfin, sur un plan humain, nous sommes actuelle­ment une équipe d’une quin­zaine de per­son­nes. Nous allons dou­bler de taille pour avoir une trentaine de per­son­nes à la fin de l’année. Notre objec­tif est de pour­suiv­re le développe­ment de notre Fin­tech tout en con­ser­vant notre taille humaine.

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