Ubby : l’IA sécurisée, connectée à vos données, pour réinventer votre façon de travailler


Avec Ubby, la jeune pousse française ambitionne de devenir un acteur majeur de l’intelligence artificielle appliquée au monde de l’entreprise. En combinant simplicité d’usage et sophistication technologique, la start-up propose des assistants et agents IA capables d’accomplir une large variété de tâches. Rencontre avec ses cofondateurs, Guillaume Hallez, responsable de la stratégie et du développement commercial, et Bilel Tlohi, en charge du produit.
Quelle est la genèse du projet Ubby et la vision qui vous anime ?
Bilel Tlohi : L’idée est née d’un constat
simple : les entreprises sont noyées dans des tâches répétitives qui les empêchent de se concentrer sur leur cœur de métier. Avec Ubby, notre ambition est de devenir un leader européen dans la création d’assistants et d’agents IA, en particulier dans le secteur du BPO (Business Process Outsourcing), qui regroupe les activités externalisées comme la comptabilité, le service client ou le support technique. Ces métiers seront les premiers profondément transformés par l’IA.
Notre vision repose sur une exigence : créer une interface simple, presque invisible, mais capable d’actions complexes. Ubby se présente comme un chat intelligent, connecté à l’ensemble des données de l’entreprise, et capable d’interagir avec ses outils métiers. Chaque structure dispose ainsi de son « super-agent », capable de prendre en charge des tâches chronophages, tout en agissant comme un véritable collaborateur virtuel au quotidien.
Vous dites que l’objectif n’est pas de remplacer, mais de démultiplier les collaborateurs. Que cela signifie-t-il concrètement ?
Guillaume Hallez : L’IA ne doit pas être perçue comme une menace pour l’emploi, mais comme un levier de performance. Elle permet de réconcilier productivité et bien-être au travail. Aujourd’hui, les salariés croulent sous les sollicitations, les outils se multiplient, mais la productivité, elle, stagne. L’IA permet d’automatiser des tâches à faible valeur ajoutée — comme la gestion d’emails ou la saisie de données — pour que les collaborateurs puissent se concentrer sur des missions plus stratégiques ou créatives.
Nous sommes à un tournant technologique comparable à l’arrivée d’Internet. Ceux qui s’adaptent prendront une longueur d’avance. Notre ambition, avec Ubby, c’est d’équiper les entreprises avec des outils puissants mais accessibles, pour que chacun puisse se réapproprier son temps de travail.
Quels sont les freins majeurs que vous avez identifiés dans l’adoption de l’IA ?
Guillaume Hallez : Le premier, c’est la peur : peur de perdre son emploi, peur de ne pas comprendre les outils. Ensuite, il y a la complexité perçue. L’IA peut sembler abstraite, surtout quand elle n’est pas contextualisée. Beaucoup d’entreprises ont testé des outils trop généralistes, peu pertinents, et en ont gardé une mauvaise expérience.
S’ajoutent à cela des préoccupations bien réelles sur la sécurité des données et la souveraineté numérique. Enfin, le frein le plus humain : le changement. Intégrer un nouvel outil demande du temps, de la formation, et donc une vraie volonté d’accompagnement.
Comment répondez-vous concrètement à ces blocages ?
Bilel Tlohi : Chez Ubby, l’humain est au centre de notre stratégie. Nous commençons par valoriser chaque collaborateur et leur expérience. Ubby n’est pas simplement une technologie pour la technologie. C’est une interface extrêmement simple à utiliser, qui s’intègre naturellement dans les processus métiers existants.
Nous plaçons les utilisateurs au cœur de notre approche. Car ce sont eux qui font la réelle différence. Notre objectif est de les convaincre de l’adoption de l’intelligence artificielle, non pas en bouleversant leurs habitudes, mais en augmentant progressivement leur productivité. C’est cette attention portée à leurs besoins et à leur confort qui permettra une transition harmonieuse vers l’utilisation de l’IA.
Pouvez-vous partager des cas d’usage concrets ?
Bilel Tlohi : Un cas très parlant : une PME lyonnaise de sécurité, avec seulement deux personnes dans les bureaux, souhaitait répondre à des appels d’offres. Jusqu’alors, elle ne le faisait pas faute de ressources. En trois jours, grâce à deux assistants Ubby, elle a pu identifier les bons appels et rédiger un mémoire technique solide.
Résultat : deux appels remportés, un chiffre d’affaires qui passe de 200 000 € à plus de 1,5 million.
Autres cas d’usage : la gestion intelligente des emails et des calendriers, ou encore la génération de contenu à grande échelle. Ubby peut trier les mails par priorité, rédiger des brouillons, planifier des rendez-vous, ou encore centraliser la donnée éparpillée dans Notion, SharePoint ou autres, pour la rendre exploitable immédiatement. C’est un véritable collaborateur augmenté.
Quelle est la différence entre un assistant et un agent IA dans votre solution ?
Bilel Tlohi : L’assistant est un compagnon réactif : vous échangez avec lui via une interface de chat, vous lui demandez une tâche, il l’exécute. L’agent, lui, est proactif et autonome. Vous définissez ses missions à l’avance — par exemple trier les emails chaque matin ou faire une veille réglementaire — et il s’en charge seul, en arrière-plan. L’utilisateur n’a pas besoin d’intervenir, sauf pour valider ou ajuster au besoin.
Évidemment, il y a toujours un contrôle humain. Les agents remontent des alertes, demandent validation des drafts, ou signalent les tâches effectuées. Ce n’est pas une boîte noire, c’est un assistant de confiance.
La question de la sécurisation des données est cruciale. Quelle est votre approche ?
Bilel Tlohi : C’est une priorité absolue. Nos infrastructures sont hébergées en France ou en Europe, dans des data centers sécurisés. Pour chaque entreprise, nous proposons plusieurs choix de modèles d’IA, en fonction des sensibilités. Il est également possible de connecter votre propre IA, sans qu’aucune donnée ne soit utilisée pour entraîner les modèles. Cela garantit une totale souveraineté et une parfaite conformité au RGPD. C’est un point différenciant fort, notamment pour les clients publics ou sensibles.
À qui s’adresse Ubby aujourd’hui ?
Guillaume Hallez : Notre cœur de cible, ce sont les PME et les ETI. Ce sont des structures agiles, mais qui n’ont pas toujours les moyens techniques ou financiers de développer leur propre solution IA. Avec Ubby, elles accèdent à une technologie de pointe sans complexité.
L’intégration prend quelques heures seulement. Ce qui prend plus de temps, c’est l’acculturation. D’où l’importance d’un référent IA dans l’entreprise, pour diffuser les bonnes pratiques. Une fois que les gains sont visibles — en temps, en efficacité — l’outil s’impose naturellement.
Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?
Guillaume Hallez : Notre priorité est de nous imposer comme une référence en France, puis en Europe et dans la zone MENA. Nous ne ciblons pas les États-Unis dans l’immédiat, car le marché y est saturé, ultra-concurrentiel, et peu sensible à la question de la souveraineté des données.
Nous sommes actuellement en levée de fonds, avec un objectif de 500 à 750 000 euros. Plus de la moitié est déjà sécurisée. Cette levée va nous permettre de structurer notre développement, renforcer notre R&D et consolider notre avance sur les agents IA.
Un mot pour les lecteurs de Polytechnique ?
Guillaume Hallez : Notre tout premier client était un polytechnicien, c’est un joli clin d’œil. Nous cherchons aujourd’hui à constituer une équipe réduite mais ultra performante. L’IA nous permet de faire avec cinq personnes ce que d’autres font avec cinquante. Pour cela, on a besoin de talents d’exception.
Bilel Tlohi : Nous utilisons déjà des agents IA pour coder, corriger, produire. Mais il faut des profils capables de penser, de structurer, d’innover. C’est là que des profils comme ceux issus de Polytechnique sont précieux. On veut créer une équipe d’élites. Petite en nombre et grande en compétences.