Ubby : l’IA sécurisée, connectée à vos données, pour réinventer votre façon de travailler

Ubby : l’IA sécurisée, connectée à vos données, pour réinventer votre façon de travailler

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Guillaume HALLEZ
Par Bilel TLOHI

Avec Ubby, la jeune pousse fran­çaise ambi­tionne de deve­nir un acteur majeur de l’intelligence arti­fi­cielle appli­quée au monde de l’entreprise. En com­bi­nant sim­pli­ci­té d’usage et sophis­ti­ca­tion tech­no­lo­gique, la start-up pro­pose des assis­tants et agents IA capables d’accomplir une large varié­té de tâches. Ren­contre avec ses cofon­da­teurs, Guillaume Hal­lez, res­pon­sable de la stra­té­gie et du déve­lop­pe­ment com­mer­cial, et Bilel Tlo­hi, en charge du pro­duit.

Quelle est la genèse du projet Ubby et la vision qui vous anime ?

Bilel Tlo­hi : L’idée est née d’un constat
simple : les entre­prises sont noyées dans des tâches répé­ti­tives qui les empêchent de se concen­trer sur leur cœur de métier. Avec Ubby, notre ambi­tion est de deve­nir un lea­der euro­péen dans la créa­tion d’assistants et d’agents IA, en par­ti­cu­lier dans le sec­teur du BPO (Busi­ness Pro­cess Out­sour­cing), qui regroupe les acti­vi­tés exter­na­li­sées comme la comp­ta­bi­li­té, le ser­vice client ou le sup­port tech­nique. Ces métiers seront les pre­miers pro­fon­dé­ment trans­for­més par l’IA.

Notre vision repose sur une exi­gence : créer une inter­face simple, presque invi­sible, mais capable d’actions com­plexes. Ubby se pré­sente comme un chat intel­li­gent, connec­té à l’ensemble des don­nées de l’entreprise, et capable d’interagir avec ses outils métiers. Chaque struc­ture dis­pose ain­si de son « super-agent », capable de prendre en charge des tâches chro­no­phages, tout en agis­sant comme un véri­table col­la­bo­ra­teur vir­tuel au quotidien.

Vous dites que l’objectif n’est pas de remplacer, mais de démultiplier les collaborateurs. Que cela signifie-t-il concrètement ?

Guillaume Hal­lez : L’IA ne doit pas être per­çue comme une menace pour l’emploi, mais comme un levier de per­for­mance. Elle per­met de récon­ci­lier pro­duc­ti­vi­té et bien-être au tra­vail. Aujourd’hui, les sala­riés croulent sous les sol­li­ci­ta­tions, les outils se mul­ti­plient, mais la pro­duc­ti­vi­té, elle, stagne. L’IA per­met d’automatiser des tâches à faible valeur ajou­tée — comme la ges­tion d’emails ou la sai­sie de don­nées — pour que les col­la­bo­ra­teurs puissent se concen­trer sur des mis­sions plus stra­té­giques ou créatives.

Nous sommes à un tour­nant tech­no­lo­gique com­pa­rable à l’arrivée d’Internet. Ceux qui s’adaptent pren­dront une lon­gueur d’avance. Notre ambi­tion, avec Ubby, c’est d’équiper les entre­prises avec des outils puis­sants mais acces­sibles, pour que cha­cun puisse se réap­pro­prier son temps de travail.

Quels sont les freins majeurs que vous avez identifiés dans l’adoption de l’IA ?

Guillaume Hal­lez : Le pre­mier, c’est la peur : peur de perdre son emploi, peur de ne pas com­prendre les outils. Ensuite, il y a la com­plexi­té per­çue. L’IA peut sem­bler abs­traite, sur­tout quand elle n’est pas contex­tua­li­sée. Beau­coup d’entreprises ont tes­té des outils trop géné­ra­listes, peu per­ti­nents, et en ont gar­dé une mau­vaise expérience.

S’ajoutent à cela des pré­oc­cu­pa­tions bien réelles sur la sécu­ri­té des don­nées et la sou­ve­rai­ne­té numé­rique. Enfin, le frein le plus humain : le chan­ge­ment. Inté­grer un nou­vel outil demande du temps, de la for­ma­tion, et donc une vraie volon­té d’accompagnement.

Comment répondez-vous concrètement à ces blocages ?

Bilel Tlo­hi : Chez Ubby, l’humain est au centre de notre stra­té­gie. Nous com­men­çons par valo­ri­ser chaque col­la­bo­ra­teur et leur expé­rience. Ubby n’est pas sim­ple­ment une tech­no­lo­gie pour la tech­no­lo­gie. C’est une inter­face extrê­me­ment simple à uti­li­ser, qui s’intègre natu­rel­le­ment dans les pro­ces­sus métiers existants.

Nous pla­çons les uti­li­sa­teurs au cœur de notre approche. Car ce sont eux qui font la réelle dif­fé­rence. Notre objec­tif est de les convaincre de l’adoption de l’intelligence arti­fi­cielle, non pas en bou­le­ver­sant leurs habi­tudes, mais en aug­men­tant pro­gres­si­ve­ment leur pro­duc­ti­vi­té. C’est cette atten­tion por­tée à leurs besoins et à leur confort qui per­met­tra une tran­si­tion har­mo­nieuse vers l’utilisation de l’IA.

Pouvez-vous partager des cas d’usage concrets ?

Bilel Tlo­hi : Un cas très par­lant : une PME lyon­naise de sécu­ri­té, avec seule­ment deux per­sonnes dans les bureaux, sou­hai­tait répondre à des appels d’offres. Jusqu’alors, elle ne le fai­sait pas faute de res­sources. En trois jours, grâce à deux assis­tants Ubby, elle a pu iden­ti­fier les bons appels et rédi­ger un mémoire tech­nique solide.

Résul­tat : deux appels rem­por­tés, un chiffre d’affaires qui passe de 200 000 € à plus de 1,5 million.

Autres cas d’usage : la ges­tion intel­li­gente des emails et des calen­driers, ou encore la géné­ra­tion de conte­nu à grande échelle. Ubby peut trier les mails par prio­ri­té, rédi­ger des brouillons, pla­ni­fier des ren­dez-vous, ou encore cen­tra­li­ser la don­née épar­pillée dans Notion, Sha­re­Point ou autres, pour la rendre exploi­table immé­dia­te­ment. C’est un véri­table col­la­bo­ra­teur augmenté.

Quelle est la différence entre un assistant et un agent IA dans votre solution ?

Bilel Tlo­hi : L’assistant est un com­pa­gnon réac­tif : vous échan­gez avec lui via une inter­face de chat, vous lui deman­dez une tâche, il l’exécute. L’agent, lui, est proac­tif et auto­nome. Vous défi­nis­sez ses mis­sions à l’avance — par exemple trier les emails chaque matin ou faire une veille régle­men­taire — et il s’en charge seul, en arrière-plan. L’utilisateur n’a pas besoin d’intervenir, sauf pour vali­der ou ajus­ter au besoin.

Évi­dem­ment, il y a tou­jours un contrôle humain. Les agents remontent des alertes, demandent vali­da­tion des drafts, ou signalent les tâches effec­tuées. Ce n’est pas une boîte noire, c’est un assis­tant de confiance.

La question de la sécurisation des données est cruciale. Quelle est votre approche ?

Bilel Tlo­hi : C’est une prio­ri­té abso­lue. Nos infra­struc­tures sont héber­gées en France ou en Europe, dans des data cen­ters sécu­ri­sés. Pour chaque entre­prise, nous pro­po­sons plu­sieurs choix de modèles d’IA, en fonc­tion des sen­si­bi­li­tés. Il est éga­le­ment pos­sible de connec­ter votre propre IA, sans qu’aucune don­née ne soit uti­li­sée pour entraî­ner les modèles. Cela garan­tit une totale sou­ve­rai­ne­té et une par­faite confor­mi­té au RGPD. C’est un point dif­fé­ren­ciant fort, notam­ment pour les clients publics ou sensibles.

À qui s’adresse Ubby aujourd’hui ?

Guillaume Hal­lez : Notre cœur de cible, ce sont les PME et les ETI. Ce sont des struc­tures agiles, mais qui n’ont pas tou­jours les moyens tech­niques ou finan­ciers de déve­lop­per leur propre solu­tion IA. Avec Ubby, elles accèdent à une tech­no­lo­gie de pointe sans complexité.

L’intégration prend quelques heures seule­ment. Ce qui prend plus de temps, c’est l’acculturation. D’où l’importance d’un réfé­rent IA dans l’entreprise, pour dif­fu­ser les bonnes pra­tiques. Une fois que les gains sont visibles — en temps, en effi­ca­ci­té — l’outil s’impose naturellement.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

Guillaume Hal­lez : Notre prio­ri­té est de nous impo­ser comme une réfé­rence en France, puis en Europe et dans la zone MENA. Nous ne ciblons pas les États-Unis dans l’immédiat, car le mar­ché y est satu­ré, ultra-concur­ren­tiel, et peu sen­sible à la ques­tion de la sou­ve­rai­ne­té des données.

Nous sommes actuel­le­ment en levée de fonds, avec un objec­tif de 500 à 750 000 euros. Plus de la moi­tié est déjà sécu­ri­sée. Cette levée va nous per­mettre de struc­tu­rer notre déve­lop­pe­ment, ren­for­cer notre R&D et conso­li­der notre avance sur les agents IA.

Un mot pour les lecteurs de Polytechnique ?

Guillaume Hal­lez : Notre tout pre­mier client était un poly­tech­ni­cien, c’est un joli clin d’œil. Nous cher­chons aujourd’hui à consti­tuer une équipe réduite mais ultra per­for­mante. L’IA nous per­met de faire avec cinq per­sonnes ce que d’autres font avec cin­quante. Pour cela, on a besoin de talents d’exception.

Bilel Tlo­hi : Nous uti­li­sons déjà des agents IA pour coder, cor­ri­ger, pro­duire. Mais il faut des pro­fils capables de pen­ser, de struc­tu­rer, d’innover. C’est là que des pro­fils comme ceux issus de Poly­tech­nique sont pré­cieux. On veut créer une équipe d’élites. Petite en nombre et grande en compétences.

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