« TPE/PME : La cybersécurité au cœur de votre stratégie de croissance »

« TPE/PME : La cybersécurité au cœur de votre stratégie de croissance »

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Romain BOGDANOVIC

OWLCUB, jeune start-up en cyber­sé­cu­ri­té incu­bée au Cam­pus Numé­rique 47, est sou­te­nue par le Cyber Cam­pus Nou­velle-Aqui­taine et cofon­da­teur du Centre de Res­sources Cyber 47. Sa mis­sion : appor­ter son exper­tise aux plus petites entreprises.

OWLCUB : la cybersécurité au service des plus petits…

J’ai créé la star­tup OWLCUB en mai 2024, après une car­rière mili­taire et une expé­rience en tant que conseiller en cyber­sé­cu­ri­té dans une grosse entre­prise du numé­rique. Tout est par­ti du constat qu’aujourd’hui, la cyber­sé­cu­ri­té est en mesure d’apporter son sou­tien à de grosses entre­prises, parce qu’elles ont le bud­get adé­quat. En réa­li­té, les entre­prises les plus tou­chées sont les TPE/PME. Glo­ba­le­ment, il n’y a pas d’outils adap­tés pour ces petites struc­tures. Elles ne dis­posent pas de spé­cia­listes en cyber­sé­cu­ri­té et ont trop sou­vent ten­dance à se repo­ser sur leur infor­ma­ti­cien, en interne. Sauf qu’il ne peut pas être à la fois le web­mas­ter, le dépan­neur, l’administrateur, le déve­lop­peur et le garant de la cybersécurité.

Comment, grâce à vous, une TPE/PME peut bénéficier d’une expertise en cybersécurité ?

OWLCUB est une pla­te­forme qui per­met d’accéder à un assis­tant spé­cia­li­sé en cyber­sé­cu­ri­té adap­té aux petites struc­tures. Une intel­li­gence arti­fi­cielle spé­cia­li­sée dans la sécu­ri­té va réa­li­ser un audit grâce à des ques­tions très simples que le diri­geant peut ren­sei­gner. L’IA ana­lyse ces réponses et pro­pose un plan d’action sur un an, déve­lop­pant les pre­mières étapes à réa­li­ser pour com­men­cer à se mettre en confor­mi­té. Dans l’armée, on appelle cela « la Medot » : c’est-à-dire l’analyse du ter­rain ; qui sont mes amis, qui sont mes enne­mis ? L’IA va faire de même, en s’adaptant au cœur de métier du client. Elle va ana­ly­ser les risques liés à la filière, aux pro­cess ou à la phase d’industrialisation. Elle va aus­si balayer l’ensemble des four­nis­seurs et des pres­ta­taires. L’idée est d’offrir la même qua­li­té de ser­vices à une petite struc­ture qu’à un gros groupe.

Vous vous adressez également aux entreprises de services du numérique (ESN)…

Les ESN sont des socié­tés du numé­rique qui tra­vaillent en lien avec les entre­prises cibles d’OWLCUB. Elles vont de la ges­tion des ser­veurs ou des sites web, à la vente de maté­riel comme les switchs et les rou­teurs par exemple. Elles four­nissent tout le maté­riel infor­ma­tique aux entre­prises, mais n’ont pas les moyens d’avoir des spé­cia­listes cyber en interne. Notre pla­te­forme leur per­met d’augmenter leur cata­logue de ser­vices et sur­tout de pro­po­ser un outil de cyber­sé­cu­ri­té à leur client.

Le sujet de la cybersécurité est-il négligé par les TPE/PME ?

La cyber­sé­cu­ri­té a encore aujourd’hui une image très tech­nique, très tech­no­lo­gique. Lorsqu’on n’est pas du métier, on a l’impression que c’est com­pli­qué à mettre en œuvre. J’aime à dire que la cyber­sé­cu­ri­té, c’est avant tout de l’hygiène infor­ma­tique. Les deux tiers de la cyber­sé­cu­ri­té ne sont en réa­li­té pas faits par des spé­cia­listes, mais par l’entreprise elle-même.

“La cybersécurité, c’est avant tout de l’hygiène informatique. Les deux tiers de la cybersécurité ne sont en réalité pas faits par des spécialistes, mais par l’entreprise elle-même.”

Elle doit veiller à connaître son envi­ron­ne­ment de tra­vail, avoir une poli­tique de mise à jour et de sau­ve­garde, sépa­rer l’activité pro­fes­sion­nelle de l’activité per­son­nelle… Ce sont de bonnes pra­tiques à réa­li­ser. Ensuite, les tech­ni­ciens vont pou­voir lan­cer leur exper­tise en réseaux, en sys­tèmes ou en développement.

Quels sont ces gestes de base au quotidien ? 

Il est pri­mor­dial d’appliquer les bonnes pra­tiques, comme on parle de « gestes-bar­rière ». Il faut veiller à véri­fier la pro­ve­nance d’une infor­ma­tion non sol­li­ci­tée, l’origine d’un email à l’expéditeur incon­nu, ne pas cli­quer sur chaque lien qui appa­raît sur son écran, mettre à jour ses pro­grammes et ne pas négli­ger son anti­vi­rus. Pour res­ter maître de ses don­nées, il est impé­ra­tif de favo­ri­ser un enre­gis­tre­ment sur disque dur externe, que l’on débranche à chaque fois… Des actes qui paraissent ano­dins mais qui sont la base de tout. Il faut tou­jours véri­fier l’information et ne pas hési­ter à se ren­sei­gner sur les sites gou­ver­ne­men­taux qui mettent régu­liè­re­ment en garde.

Un discours bien reçu ?

Les chefs d’entreprise ou les res­pon­sables infor­ma­tiques sont très récep­tifs au dis­cours sur l’importance de la cyber­sé­cu­ri­té. Mais il reste dif­fi­cile de les convaincre de ne pas la voir comme un frein à l’investissement, mais plu­tôt comme une stra­té­gie de crois­sance. Sou­vent on ima­gine que la cyber­sé­cu­ri­té va tout bous­cu­ler. Nous ne vou­lons pas radi­ca­le­ment chan­ger les habi­tudes des col­la­bo­ra­teurs. Notre tra­vail est d’accompagner l’entreprise dans l’installation de sa poli­tique de cyber­sé­cu­ri­té, en pre­nant en compte tout son éco­sys­tème. Certes, il fau­dra modi­fier son com­por­te­ment et accep­ter des petites contraintes, mais néces­saires et salvatrices.

Ne croit-on pas malgré tout que « ça n’arrive qu’aux autres » ?

Certes, l’État est atta­qué régu­liè­re­ment. Les grosses entre­prises éga­le­ment. Mais il faut com­prendre que les pirates infor­ma­tiques agissent comme un cha­lut : ils vont scan­ner les réseaux dans leur glo­ba­li­té, essayer de trou­ver des failles là où elles se trouvent. Et chaque faille sera exploi­tée, dans le but de trou­ver quelque chose.

“Il faut comprendre que les pirates informatiques agissent comme un chalut : ils vont scanner les réseaux dans leur globalité, essayer de trouver des failles là où elles se trouvent”

Ça peut tom­ber sur l’ordinateur d’un gros patron, mais aus­si sur le por­table de mon­sieur Tout-le-Monde ou d’un chef d’entreprise. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de « virus » infor­ma­tique. C’est comme en méde­cine : la grippe ne cible pas quelqu’un en par­ti­cu­lier. Elle cir­cule par­tout et tombe sur celui qui fait moins attention.

Quels sont les principaux risques de cette négligence ?

L’exemple le plus frap­pant, c’est le ran­som­ware. Ça peut aus­si être le plus trau­ma­ti­sant. Le pro­cé­dé est simple : le pirate prend vos don­nées en otage et exige de l’argent en échange. Pour une petite entre­prise, la ran­çon ne sera pas for­cé­ment énorme. Sou­vent elle tourne autour de 20 000 euros. Pen­dant ce temps, l’activité est blo­quée, la confiance du client peut être per­due, sans par­ler de l’aspect finan­cier que repré­sente le paie­ment d’une telle somme en termes de tré­so­re­rie. Tout cela en ima­gi­nant bien que le hacker n’est pas la per­sonne la plus hon­nête du monde et que l’entreprise qui plie n’a aucune garan­tie de récu­pé­rer ses données.

Pre­mier conseil : évi­ter de payer et contac­ter les forces de l’ordre. Ensuite, pour le recou­vre­ment de son sys­tème d’information, il faut trou­ver des experts et payer des ser­vices… pour des choses que l’entreprise aurait pu sim­ple­ment mettre en place. C’est sou­vent à ce moment qu’un entre­pre­neur com­prend – trop tard – que ce bud­get impré­vu n’ira pas ailleurs. Ce qui risque de frei­ner son acti­vi­té. En règle géné­rale, une entre­prise vic­time éprouve de grosses dif­fi­cul­tés, allant jusqu’à la fer­me­ture, dans les trois années qui suivent une attaque.

Peut-on se prémunir à 100 % d’une attaque ? 

C’est comme le virus : on peut por­ter un masque, on peut se laver les mains, ça ne nous empê­che­ra jamais d’attraper un rhume ou la grippe. On peut voir la cyber­sé­cu­ri­té comme un vac­cin : l’idée, c’est de dimi­nuer l’impact. On ne peut pas sup­pri­mer le risque, car les pirates ne manquent pas d’idées. Mais on peut faire en sorte qu’une entre­prise se défende et puisse reprendre son acti­vi­té beau­coup plus rapi­de­ment. En met­tant en place les bonnes bar­rières au bon moment, elle limi­te­ra les risques et pour­ra conti­nuer à inves­tir, à garan­tir sa confiance aux clients et n’aura pas à radi­ca­le­ment chan­ger sa façon de tra­vailler une fois l’attaque perpétrée.

https://www.owlcub.com/

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