Thomas Pourbaix

Thomas Pourbaix (2014) visionnaire du développement durable

Dossier : TrajectoiresMagazine N°763 Mars 2021
Par Pierre LASZLO

Thomas Pour­baix est orig­i­naire de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Cette ville, d’une quin­zaine de mil­liers d’habitants, est exem­plaire d’un bon équili­bre entre l’habitat urbain et son milieu. C’est un joy­au d’architecture, avec des édi­fices religieux du XIIIe au XVe siè­cle. Elle est au cen­tre de cul­tures maraîchères « à la japon­aise », qui s’y trou­vent depuis le Moyen Âge. 

Une éthique de la vie

Thomas Pour­baix fait ray­on­ner ces valeurs, qu’il a inté­grées durable­ment en sa per­son­nal­ité. Ain­si, il accom­plit en 2017 un stage de plusieurs mois chez Maraîchage Sol Vivant. Il y étu­dia les flux de car­bone et d’azote sur des lop­ins cul­tivés suiv­ant les principes de la permaculture. 

Cette dernière, créée dans les années soix­ante-dix en Aus­tralie par Bill Molis­son et David Holm­gren, vise à restituer à l’agriculture son car­ac­tère, peut-être orig­inel, d’écosystème : « La per­ma­cul­ture est une forme d’éthique de vie qui con­siste, dans toutes nos actions, à respecter trois principes : pren­dre soin de la terre, pren­dre soin des hommes et partager équitable­ment l’abondance générée par les deux pre­miers points (cer­cle vertueux, car à terme ce partage, quand il est bien pen­sé, a ten­dance à accroître l’abondance). Appli­ca­tions à l’agriculture, à la ges­tion de l’énergie, de l’eau, de l’habitat, de nos rela­tions, etc. » Les lecteurs l’auront pressen­ti, Thomas Pour­baix est cette com­bi­nai­son rare, un vision­naire aus­si homme du concret.

Un début de parcours difficile

Mais d’abord un mot de son par­cours. Il fit sa pré­pa, aux débuts dif­fi­ciles, à Ginette : « En fin de pre­mière sup, je com­mençais à saisir les choses en pro­fondeur et à pren­dre beau­coup de plaisir à cela. Ce plaisir de “sen­tir les phénomènes physiques” ne m’a pas quit­té depuis et c’est prob­a­ble­ment une des choses qui m’a per­mis d’avoir de bons résul­tats académiques tout au long de mon parcours. »

Le ser­vice nation­al, une fois admis à l’École ? Un mau­vais sou­venir. Man­i­feste­ment, une erreur d’orientation de la part de Thomas : « J’ai rejoint le cen­tre d’études du Bouchet à Vert-le-Petit (DGA) fin octo­bre 2014. Un cen­tre chargé d’étudier le risque NRBC. J’y suis resté jusqu’à mars 2015. Pour résumer cela, dis­ons sim­ple­ment que j’y ai passé un moment exécrable. J’ai eu le sen­ti­ment de tra­vailler sur un sujet pure­ment fic­tif pen­dant qua­tre longs mois, et j’ai passé une grande par­tie de mon quo­ti­di­en aux côtés d’un tuteur de stage avec qui je m’entendais très mal. » 

L’épanouissement à l’École

Puis ce fut Palaiseau, le platâl et la sco­lar­ité à l’École, qui lui lais­sent d’excellents sou­venirs, surtout asso­ciés à ses goûts per­son­nels : les cours d’anglais, liés au théâtre de langue anglaise de Declan McCa­vana et à l’humour anglais, de Stephen Brown ; ain­si que le cours de gravure de Michel Ziegler, « un havre de paix ». Par­mi les enseigne­ments fon­da­men­taux, les cours de biolo­gie surtout, car il se pas­sionne pour l’étude du vivant, sous toutes ses formes. Le sport qu’il choisit fut le raid, qu’il affec­tionne pour la famil­iar­ité qu’on y acquiert avec le ter­rain, réadéqua­tion vécue inten­sé­ment de l’homme au milieu naturel.

“Concilier pragmatisme et idéalisme réformiste.”

Il revint au Plateau de Saclay pour son pre­mier emploi. Air Liq­uide établit en effet en 2018 son cen­tre de recherche et développe­ment aux Loges-en-Josas. Les Loges sont voisines de Jouy, con­nue pour la fameuse toile imprimée déco­ra­tive dont Oberkampf com­mença la pro­duc­tion au dix-huitième siè­cle. Ce cen­tre de R & D, voisin de HEC, accueille 350 chercheurs. Pour­baix y trou­va un poste dans l’étude de la tran­si­tion écologique — secteur priv­ilégié des deux côtés, par lui et par son employeur. « Je tra­vaille sur des échangeurs ther­miques en alu­mini­um à plaques et ailettes brasées. C’est très appliqué et ori­en­té indus­trie. Je joue dans l’univers de la mécanique des flu­ides et des trans­ferts ther­miques pour ten­ter de grap­piller, avec l’aide de mes col­lègues, quelques points de ren­de­ment sur de nou­veaux échangeurs ther­miques qui pour­ront être util­isés dans les usines de sépa­ra­tion des gaz de l’air ou de liqué­fac­tion de gaz naturel du groupe. Ces usines con­som­ment respec­tive­ment beau­coup d’électricité et de gaz naturel pour entretenir un cycle de réfrigéra­tion qui fait descen­dre l’air (ou le gaz naturel) à ‑180°C ‑160°C. »

Il par­ticipe ain­si aux tout pre­miers travaux de ce cen­tre impor­tant et très mod­erne de R & D. Et c’est ain­si qu’il con­cilie prag­ma­tisme et idéal­isme réformiste.

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