Souveraineté, sécurité, innovation : le numérique public au service des territoires

Souveraineté, sécurité, innovation : le numérique public au service des territoires

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Jean-Pierre SABIO

Giga­lis, acteur majeur du numé­rique en Pays de la Loire, accom­pagne les col­lec­ti­vi­tés et entre­prises dans le déploie­ment d’infrastructures et ser­vices numé­riques inno­vants. Direc­teur géné­ral de Giga­lis, Jean-Pierre Sabio nous explique son enga­ge­ment en matière de très haut débit, cyber­sé­cu­ri­té et intel­li­gence arti­fi­cielle.

Gigalis a récemment évolué vers un statut de groupement d’intérêt public (GIP). Quels avantages ce changement apporte-t-il à vos activités ?

Depuis le 1er jan­vier 2025, Giga­lis a adop­té le sta­tut de Grou­pe­ment d’Intérêt Public (GIP), après avoir fonc­tion­né en tant que syn­di­cat mixte jusqu’à la fin de l’année pré­cé­dente. Ce chan­ge­ment repré­sente une évo­lu­tion majeure qui répond à plu­sieurs enjeux struc­tu­rels et opérationnels.

D’un point de vue juri­dique, cette trans­for­ma­tion per­met aux adhé­rents de conser­ver leurs com­pé­tences tout en béné­fi­ciant de pres­ta­tions de ser­vices adap­tées à leurs besoins spé­ci­fiques. Contrai­re­ment au syn­di­cat mixte, où l’adhésion impli­quait un trans­fert de com­pé­tences, le GIP sim­pli­fie l’intégration des struc­tures publiques, ce qui faci­lite leur enga­ge­ment dans la tran­si­tion numé­rique. De nom­breuses col­lec­ti­vi­tés qui hési­taient aupa­ra­vant à rejoindre Giga­lis en rai­son de ces contraintes peuvent désor­mais accé­der plus libre­ment à ses ser­vices, ce qui favo­rise une coopé­ra­tion plus large et dynamique.

Sur le plan de la gou­ver­nance, ce nou­veau sta­tut per­met l’adhésion de nou­veaux acteurs, notam­ment les centres hos­pi­ta­liers, les uni­ver­si­tés et les ser­vices dépar­te­men­taux d’incendie et de secours. L’inclusion de ces enti­tés offre une plus grande diver­si­té de pro­fils et enri­chit les échanges au sein du grou­pe­ment, ren­for­çant ain­si son ancrage territorial.

Enfin, le pas­sage à une comp­ta­bi­li­té pri­vée apporte un gain signi­fi­ca­tif en flexi­bi­li­té finan­cière. Là où le syn­di­cat mixte impo­sait quatre bud­gets dis­tincts, ren­dant les opé­ra­tions bud­gé­taires plus lourdes, le GIP per­met une ges­tion sim­pli­fiée et une réac­ti­vi­té accrue.

En tant qu’opérateur public de services numériques, comment Gigalis contribue-t-il au développement des infrastructures de communication à très haut débit dans les Pays de la Loire ?

Giga­lis joue un rôle clé dans l’aménagement numé­rique du ter­ri­toire en déve­lop­pant et en main­te­nant un réseau de fibre optique struc­tu­rant. Ce réseau, qui s’étend sur l’ensemble de la région, repose sur une stra­té­gie patri­mo­niale forte : Giga­lis est pro­prié­taire de ses infra­struc­tures, garan­tis­sant ain­si une maî­trise com­plète de leur exploi­ta­tion et de leur évolution.

L’objectif est double : assu­rer une cou­ver­ture opti­male et sécu­ri­ser les connexions. Pour cela, Giga­lis inves­tit dans la moder­ni­sa­tion constante de son infra­struc­ture et s’appuie sur des tech­no­lo­gies de pointe four­nies par des par­te­naires tels que Nokia. Ce choix stra­té­gique garan­tit une sou­ve­rai­ne­té numé­rique en pri­vi­lé­giant des équi­pe­ments euro­péens, à l’inverse de nom­breuses solu­tions amé­ri­caines ou chinoises.

En com­plé­ment, Giga­lis met en place des ser­vices de sécu­ri­sa­tion avan­cés, notam­ment une pro­tec­tion anti-DDoS gra­tuite. Ce ser­vice pro­tège les uti­li­sa­teurs contre les attaques par déni de ser­vice, qui visent à satu­rer une connexion pour en per­tur­ber le fonc­tion­ne­ment. Cette ini­tia­tive répond à l’augmentation des menaces numé­riques qui ciblent aus­si bien les col­lec­ti­vi­tés que les entreprises.

Enfin, Giga­lis agit en tant qu’opérateur d’opérateurs, ce qui signi­fie que les four­nis­seurs d’accès pri­vés peuvent s’appuyer sur ses infra­struc­tures pour pro­po­ser des ser­vices aux entre­prises et aux par­ti­cu­liers. Cette approche hybride ren­force l’attractivité du ter­ri­toire et garan­tit un accès équi­table aux tech­no­lo­gies de communication.

Gigalis propose une application permettant de mesurer la qualité des connexions mobiles. Comment ces données sont-elles utilisées pour améliorer la couverture réseau dans la région ?

L’application de mesure de la qua­li­té des connexions mobiles, acquise en 2017, joue un rôle cru­cial dans l’évaluation objec­tive de la cou­ver­ture réseau dans les Pays de la Loire. Conçue dans le cadre du pro­gramme natio­nal « New Deal Mobile », elle per­met de confron­ter les don­nées four­nies par les opé­ra­teurs aux réa­li­tés du terrain.

Les mesures sont recueillies selon deux approches. Tout d’abord, via les uti­li­sa­teurs qui télé­chargent l’application et contri­buent à ali­men­ter un obser­va­toire régio­nal. Ensuite, grâce à des cam­pagnes de ter­rain menées avec des équi­pe­ments spé­cia­li­sés per­met­tant de tes­ter la connec­ti­vi­té dans des zones rurales et iso­lées. Ces cam­pagnes offrent un état des lieux pré­cis et objec­tif de la qua­li­té du réseau mobile, aus­si bien pour la voix que pour la data.

Les don­nées ain­si col­lec­tées sont conso­li­dées et car­to­gra­phiées avant d’être par­ta­gées avec les pré­fec­tures, les dépar­te­ments et les opé­ra­teurs de télé­com­mu­ni­ca­tion. Cette ana­lyse fine per­met d’identifier les défi­ciences de cou­ver­ture et d’engager des dis­cus­sions avec les opé­ra­teurs pour amé­lio­rer la situa­tion. Ce tra­vail de trans­pa­rence et de dia­logue incite les acteurs pri­vés à inves­tir davan­tage dans l’optimisation de leur réseau.

Quelles initiatives Gigalis met-il en place pour sensibiliser les acteurs locaux aux enjeux de la cybersécurité et des services numériques innovants ?

La cyber­sé­cu­ri­té est deve­nue un enjeu majeur pour les col­lec­ti­vi­tés et les entre­prises. Conscient de cette réa­li­té, Giga­lis déploie plu­sieurs ini­tia­tives pour sen­si­bi­li­ser et accom­pa­gner les acteurs locaux dans la pro­tec­tion de leurs sys­tèmes d’information.

Tout d’abord, des ren­contres tri­mes­trielles sont orga­ni­sées en par­te­na­riat avec le Cyber-Cercle, abor­dant des thé­ma­tiques variées comme l’intelligence arti­fi­cielle ou l’Internet des objets. Ces évé­ne­ments se déroulent dans dif­fé­rentes villes des Pays de la Loire et offrent un espace d’échange entre experts et repré­sen­tants des collectivités.

“En combinant les avancées en cybersécurité et intelligence artificielle, Gigalis révolutionne l’infrastructure numérique des Pays de la Loire, garantissant sécurité et innovation pour les collectivités et entreprises.”

En paral­lèle, Giga­lis col­la­bore avec l’Association des Maires de France et la gen­dar­me­rie pour orga­ni­ser des ses­sions de sen­si­bi­li­sa­tion dans les ter­ri­toires ruraux. Beau­coup de petites col­lec­ti­vi­tés pensent à tort qu’elles ne sont pas des cibles poten­tielles, alors qu’elles sont tout aus­si vul­né­rables que les grandes structures.

De plus, Giga­lis pro­pose un audit à dis­tance per­met­tant d’évaluer la sécu­ri­té des sites inter­net des col­lec­ti­vi­tés et de for­mu­ler des recom­man­da­tions adap­tées. Ce ser­vice gra­tuit aide les struc­tures publiques à iden­ti­fier leurs failles et à prendre des mesures cor­rec­tives avant qu’une attaque ne survienne.

Enfin, depuis mars 2025, Giga­lis pilote le CSIRT régio­nal (Centre de Réponse aux Inci­dents de Sécu­ri­té Infor­ma­tique), une struc­ture mise en place en col­la­bo­ra­tion avec l’ANSSI. Ce centre per­met aux col­lec­ti­vi­tés et aux PME de signa­ler des inci­dents de cyber­sé­cu­ri­té et d’obtenir une pre­mière orien­ta­tion pour la ges­tion de crise.

Comment Gigalis envisage-t-il l’évolution de ses services face aux défis technologiques à venir, tels que l’intelligence artificielle et la cybersécurité ?

L’intelligence arti­fi­cielle (IA) et la cyber­sé­cu­ri­té sont au cœur des évo­lu­tions stra­té­giques de Giga­lis. Nous inté­grons pro­gres­si­ve­ment des solu­tions basées sur l’IA pour anti­ci­per les cybe­rat­taques, ren­for­cer l’analyse des risques et auto­ma­ti­ser les réponses aux incidents.

À cet effet, Giga­lis col­la­bore avec des indus­triels spé­cia­li­sés et des cher­cheurs pour tes­ter et mettre en place des outils inno­vants. Lors de la Nantes Digi­tal Week, nous coa­ni­me­rons un ate­lier de ges­tion de crise cyber arti­cu­lé autour d’agents d’IA, afin de démon­trer leur capa­ci­té à amé­lio­rer la rési­lience des infra­struc­tures numériques.

Par ailleurs, Giga­lis déve­loppe une cen­trale d’achat dédiée à l’IA, per­met­tant aux col­lec­ti­vi­tés d’accéder à des solu­tions avan­cées et adap­tées à leurs besoins. Cette démarche vise à démo­cra­ti­ser l’usage de l’intelligence arti­fi­cielle dans le sec­teur public tout en garan­tis­sant une mise en œuvre sécu­ri­sée et éthique.

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