Livre SOUS LE SOLEIL DE SADDAM de Erik Egnell (57)

Sous le soleil de SADDAM

Dossier : Arts,Lettres et SciencesMagazine N°721 Janvier 2017Par : Erik EGNELL (57)Rédacteur : Jean NETTER (65)Editeur : Éditions Cyrano – 2016 – Manègre, 24400 Église-Neuve-d’Issac.

Comme le sou­ligne la qua­trième de cou­ver­ture le livre d’Erik Egnell est lar­ge­ment auto­bio­gra­phique. L’action se déroule donc en Irak entre 1978 et 1980, tan­dis qu’Erik Egnell, par­don Hubert Lange dans le roman, était chef du poste com­mer­cial de l’ambassade de France. 

Ces années-là sont par­ti­cu­liè­re­ment agi­tées dans ce pays : 1978 marque les dix ans du coup d’État du par­ti Baas dont s’empare petit à petit Sad­dam Hus­sein qui devient pré­sident de l’Irak le 16 juillet 1979 et fait assas­si­ner 22 membres de ce Par­ti le lendemain. 

Simul­ta­né­ment les reve­nus du pétrole auto­risent des dépenses extra­or­di­naires, des grands chan­tiers qui inté­ressent les entre­prises fran­çaises et les inter­mé­diaires de toutes sortes. 

1979 c’est aus­si l’année où le shah d’Iran est ren­ver­sé au pro­fit de la révo­lu­tion isla­mique qui amène l’imam Kho­mei­ny au pou­voir, imam qui fut réfu­gié en Irak de 1964 à 1978 puis chas­sé d’Irak pour acti­visme pro­chiite exacerbé. 

Le contexte his­to­rique de ce roman est à lui tout seul une source forte d’intérêt d’autant plus que le nar­ra­teur en a été un témoin bien renseigné. 

Mais on rentre aus­si dans les intrigues com­mer­ciales des diverses entre­prises, ten­tées de prendre le plus grand nombre de mar­chés pos­sibles et sur­tout les plus gros ; les admi­nis­tra­tions sont les auto­ri­tés contrac­tantes du côté ira­kien et chaque pays mobi­lise son ambas­sade et ses conseillers. On assiste donc à ces com­pé­ti­tions au plus près des par­ties prenantes. 

Hubert Lange doit déployer tous ses talents notam­ment pour que les entre­prises fran­çaises rem­portent le contrat d’Al-Mudawwara. Mais dans les affron­te­ments, le cœur même des contrats ne compte pas moins que les contacts que ces affaires sus­citent : les col­la­bo­ra­teurs qu’on apprend à connaître, les rela­tions d’affaires dont on tente de com­prendre les moti­va­tions, les appor­teurs d’affaires qui s’agitent.

L’auteur nous régale dans ses des­crip­tions des hommes (mais aus­si des femmes) et des atmo­sphères dans les­quelles ils baignent. Le style est cise­lé, pré­cis et minutieux. 

Le livre se laisse lire faci­le­ment et nous fait voya­ger dans un autre monde, dans un autre temps, ce qui, par moments, m’a fait pen­ser au Désert des Tar­tares de Buz­za­ti, dans ces contrées où il faut se pré­ci­pi­ter sans hâte, tout en res­tant sur ses gardes. 

Le fameux contrat dont il est ques­tion dès le début du roman va-t-il se concrétiser ?

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