SEDIF : « Nous innovons pour la santé des Franciliens pure, sans calcaire et sans chlore »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°769 Novembre 2021
Par André SANTINI

En 2030, le Syn­di­cat des Eaux d’Île-de-France équipera ses usines d’une tech­nolo­gie inno­vante qui per­me­t­tra de fil­tr­er et d’éliminer au max­i­mum les microp­ol­lu­ants de l’eau, et par con­séquent de réduire sen­si­ble­ment le chlore et le cal­caire dans l’eau du robi­net. Entre­tien avec André San­ti­ni, prési­dent du SEDIF, ancien Min­istre, maire d’Issy-les-Moulineaux et vice-prési­dent de la Métro­pole du Grand Paris.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le SEDIF ?

Créé en 1923 à l’initiative de maires issus de tous les hori­zons poli­tiques, le Syn­di­cat des Eaux d’Île-de-France est un out­il col­lec­tif au ser­vice de l’intérêt général, assur­ant l’approvisionnement en eau potable de plus de 4 mil­lions de Fran­ciliens. La sol­i­dar­ité instau­rée entre les 151 villes desservies lui a per­mis de struc­tur­er un réseau dense et effi­cace à par­tir notam­ment de ses trois usines de traite­ment des eaux de sur­face et au tra­vers de 8 700 kilo­mètres de canal­i­sa­tions et d’innover de façon con­stante pour amélior­er la qual­ité et la sécu­rité de l’eau pro­duite.

Quels sont vos axes d’amélioration de la qualité de l’eau ?

Respecter stricte­ment les normes, mais aus­si anticiper les attentes des habi­tants en allant plus loin, con­stituent la base des exi­gences du SEDIF. L’eau dis­tribuée fait l’objet d’une sur­veil­lance extrême­ment rigoureuse — plus de 400 000 analy­ses par an, soit plus de 1 000 chaque jour ! — qui néces­site des moyens impor­tants, compte-tenu de la taille des réseaux. Récem­ment, une étude de l’association de con­som­ma­teurs UFC-Que Choisir souligne la par­faite qual­ité de l’eau dis­tribuée, con­fortée par une poli­tique d’investissement con­tin­ue, raison­née et de grande ampleur. 

Ce con­stat très sat­is­faisant, reflé­tant le niveau d’exigences des élus du SEDIF, ne doit pas con­duire à nous repos­er sur nos lau­ri­ers. La teneur en cal­caire et celle en chlore restent en effet des préoc­cu­pa­tions fortes pour les usagers. Les ques­tions se font égale­ment de plus en plus récur­rentes sur la capac­ité du ser­vice pub­lic de l’eau à garan­tir le meilleur traite­ment pos­si­ble de toutes natures de pol­lu­ants dans l’eau et des per­tur­ba­teurs endocriniens. 

Par quels moyens comptez-vous atteindre cet objectif sanitaire ? 

Par l’innovation ! Le SEDIF a tou­jours été à l’avant-garde sur le traite­ment de l’eau du robi­net. Nous allons pour­suiv­re dans cette voie avec, à hori­zon 2030, la mise en place du pro­jet « Vers une eau pure, sans cal­caire et sans chlore », et tou­jours sans déchets plas­tiques. Il se con­cré­tis­era par la tech­nolo­gie appelée « Osmose Inverse Basse Pres­sion » (OIBP) qui sera insérée dans nos usines. C’est l’un des objec­tifs majeurs de la délé­ga­tion de ser­vice pub­lic votée à près de 90 % par les élus du SEDIF en mai dernier.

Comment va fonctionner cette technologie innovante dans vos usines ? 

Elle con­siste à fil­tr­er l’eau au tra­vers d’une mem­brane per­cée de pores extrême­ment fins, qui empêchent le pas­sage de la plu­part des molécules sauf l’eau. Si cette tech­nique de fil­tra­tion est inédite pour les eaux de sur­face, comme les eaux de fleuves ou de riv­ières, elle est déjà util­isée pour des eaux souter­raines et pour la désalin­i­sa­tion de l’eau de mer. 

Aura-t-elle un impact sur la ressource d’eau prélevée ?

La par­tie de l’eau prélevée dans la ressource qui ne peut franchir la mem­brane de fil­tra­tion (env­i­ron 10 à 15 % du vol­ume prélevé) est tout sim­ple­ment resti­tuée au cours d’eau. Le pro­jet n’entraînera donc pas de mod­i­fi­ca­tion de la sit­u­a­tion actuelle. Cela a été con­fir­mé par le com­mis­saire enquê­teur dans le cadre de l’enquête publique menée au print­emps dernier dans le cadre de notre pro­jet pilote en Seine-et-Marne sur l’usine d’Arvigny. D’ailleurs, son avis est sans réserve et démon­tre l’expertise et le savoir-faire des équipes du SEDIF ! 

Quels autres bénéfices que la qualité de l’eau pourront en tirer les usagers ?

Les béné­fices sont dou­bles : pour leur porte-mon­naie et pour la planète ! Ce pro­jet redé­mon­tre un principe sou­vent évi­dent : il est plus por­teur et moins coû­teux de traiter col­lec­tive­ment un sujet, plutôt que de façon indi­vidu­elle, dans chaque foyer.

Une étude économique menée par le cab­i­net Deloitte sur le coût du cal­caire pour l’usager du SEDIF a mis en évi­dence un gain net de 100 euros par an et par foy­er résul­tant de la dif­férence entre les économies réal­is­ables par les habi­tants et le sur­coût du traite­ment mem­branaire par OIBP (estimé à 1€ par mois sur la part eau de la fac­ture). Nous faisons le pari que les pra­tiques doivent et vont chang­er, c’est le sens de l’histoire !

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