Sécuriser l’avenir industriel face aux défis de la cybersécurité


Gérard Perrier Industrie (GPI), acteur incontournable du génie électrique industriel et des automatismes, s’impose également dans la cybersécurité grâce à sa filiale innovante, DATIVE. En conjuguant expertise industrielle et solutions de sécurité de pointe, GPI et DATIVE anticipent les menaces cybernétiques pour soutenir la compétitivité et la souveraineté de leurs clients. Interview croisée de Lucille Khurana-Perrier (M14), Directrice Générale de GPI, et d’Aymeric Nosjean, Responsable du pôle Cybersécurité chez DATIVE.
Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est Gérard Perrier Industrie (GPI) et ses principaux domaines d’activité ?
Lucille Khurana-Perrier : GPI est une entreprise de taille intermédiaire (ETI) qui regroupe environ 3 000 employés et réalise un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Nous sommes un sous-traitant technique et technologique de premier plan dans le domaine du génie électrique, des automatismes, de l’électronique et de l’informatique industrielle. Ces compétences, nous les déployons de manière intégrée, en proposant à la fois des services (ingénierie, travaux, maintenance) et en fabriquant dans nos propres usines des équipements électroniques pour le compte de nos clients. Nous travaillons en direct pour de grands donneurs d’ordre de l’industrie, y compris dans les secteurs de l’énergie, de l’aéronautique et de la défense.
Quels sont les principaux défis rencontrés par GPI en matière de cybersécurité ?
Lucille : La cybersécurité est un sujet qui nous préoccupe depuis plusieurs années. En raison de notre positionnement dans la chaîne d’approvisionnement de nos clients et de nos interventions, notamment sur des sujets liés à l’automatisme et au contrôle-commande, nous pouvons être une porte d’entrée, une source de failles ou de vulnérabilités pour nos clients. Nous continuons donc à améliorer notre propre sécurisation.
Parallèlement, nous avons adopté une approche proactive sur ces questions. Nous sommes convaincus que notre connaissance des contraintes industrielles et des technologies, notamment les protocoles de communication utilisés dans l’industrie, nous confèrent un rôle à jouer. Nous avons décidé, il y a quelques années, de nous positionner en tant que fournisseur de solutions dans le domaine de la cybersécurité industrielle, en proposant des services pour analyser et sécuriser les systèmes de nos clients industriels. Cela concerne principalement la couche industrielle, bien que cela puisse également toucher la couche informatique.
Nous opérons via notre groupe GPI, une holding industrielle qui comprend une dizaine de sociétés. Parmi celles-ci, nous avons créé et incubé en interne la société DATIVE, qui est à la fois un éditeur de logiciels et un prestataire de services en cybersécurité industrielle. Aymeric a pris la tête de cette équipe, après avoir évolué en tant qu’ingénieur cybersécurité au sein de plusieurs entités du Groupe, et acquis une grande connaissance des enjeux industriels.
Aymeric Nosjean : Il existe également un enjeu de souveraineté, étant donné que le groupe opère dans des secteurs tels que l’énergie, le nucléaire, ainsi que d’autres domaines très importants pour l’autonomie stratégique française. Il faut veiller à ce que les outils choisis et intégrés dans nos solutions soient sécurisés. Nous devons nous assurer qu’ils n’ont pas été développés par des pays avec lesquels la France pourrait potentiellement avoir des conflits.
Quelles initiatives avez-vous mises en place pour renforcer la cybersécurité au sein de GPI ?
Aymeric : Il s’agit d’une vaste mise en œuvre de solutions de sécurisation, notamment en ce qui concerne l’authentification et la gestion des accès. Actuellement, nous nous concentrons également sur la confidentialité des données : nous nous assurons que les données sont fiables et qu’elles ne sont pas transmises à des tiers. Par ailleurs, nous avons entrepris une démarche de conformité avec la norme ISO 27001, dont notre groupe est certifié. De plus, nous avons pris en compte les futures directives, telles que la NIS 2.
Lucille : Le groupe bénéficie de l’avantage d’avoir une structure interne dédiée au sein du service informatique, ainsi qu’un Responsable de la Sécurité des Systèmes d’Information (RSSI). De plus, nous pouvons nous appuyer sur DATIVE pour la mise en place de solutions, notamment en ce qui concerne nos enjeux industriels.
Aymeric : Les dangers liés à la cybersécurité sont en perpétuelle évolution, rendant indispensable la mise à jour continue des dispositifs de protection. Il est crucial de se tenir au courant des nouvelles menaces, des attaques émergentes et des groupes d’attaquants grâce à diverses sources d’information.
Comment DATIVE adapte-t-elle ses solutions de cybersécurité pour répondre aux exigences spécifiques de ses clients ?
Aymeric : Prenons l’exemple de GERAL, qui est l’une des sociétés du groupe spécialisée dans la fabrication d’équipements électroniques. Nous avons collaboré avec eux pour établir différents niveaux de sécurisation que nous pouvons proposer et intégrer de manière native dans leurs équipements, selon les attentes de chaque client. Il est important de noter qu’actuellement, en matière de cybersécurité industrielle, le niveau de connaissance varie considérablement parmi nos clients : certains n’ont aucune stratégie de cybersécurité en place, tandis que d’autres sont très avancés dans ce domaine.
Notre objectif est donc de répondre à tous les besoins et problématiques rencontrés par nos clients. Cela implique d’adapter le niveau de sécurisation des équipements sur mesure en fonction des exigences spécifiques de chacun d’entre eux. De plus, sur le plan de la veille, il est essentiel de garantir que les équipements déployés chez nos clients, présents ou futurs, soient constamment mis à jour. Nous suivons les vulnérabilités, alertons nos clients en cas de failles potentielles et restons informés des évolutions.
Quelle est l’approche de DATIVE en matière de cybersécurité et quels sont les bénéfices d’être une filiale de GPI ?
Aymeric : Chez DATIVE, notre principal avantage est d’avoir été fondés par l’industrie et pour l’industrie grâce au groupe GPI. Nous possédons aujourd’hui une excellente connaissance du monde industriel et savons déployer des solutions de sécurisation adaptées. Dans l’industrie, nous ne pouvons pas nous permettre d’interrompre la production pour le déploiement d’une solution de sécurité. Il est donc impératif de mettre en place des solutions quasiment transparentes tout en assurant un niveau de sécurité optimal. De plus, l’intérêt pour le groupe de disposer de DATIVE réside dans notre capacité à observer non seulement ce qui se passe en interne, mais aussi chez nos clients : cela nous permet d’identifier différents niveaux de sécurisation et de proposer au groupe les solutions les plus adaptées en fonction des besoins et des outils. Nous apportons ainsi un regard externe sur la cybersécurité.
Lucille : Et même pour les nouveaux services et produits que le groupe développe aujourd’hui, il est crucial de garantir leur sécurité. Par exemple, toujours chez DATIVE, l’équipe spécialisée dans l’édition de logiciels développe des solutions d’optimisation de la performance industrielle qui collectent et analysent des données industrielles. Évidemment, ces projets impliquent des enjeux de sécurité importants : le fait que cette équipe travaille au sein de la même entreprise que l’équipe de cybersécurité permet de s’assurer que les développements respectent les dernières normes et évolutions en matière de cybersécurité.
Selon vous, quels sont les enjeux majeurs de la cybersécurité pour les entreprises industrielles ?
Aymeric : Aujourd’hui, les enjeux majeurs consistent à déployer des solutions de cybersécurité qui soient en adéquation avec les contraintes de la production, qui ne peut souvent pas être interrompue. Il est essentiel que cet enjeu de cybersécurité soit également pris en compte par les équipes terrain. Comment y parvenir ? Par le déploiement de solutions spécifiques à l’industrie et par la sensibilisation des utilisateurs. En effet, la sensibilisation est cruciale, car, malheureusement, le principal risque cyber pour une entreprise provient souvent de l’utilisateur.
Lucille : Au sein des entreprises, les couches informatiques sont aujourd’hui largement sensibilisées à la cybersécurité. Cependant, la partie industrielle reste relativement nouvelle dans ce domaine. Les hackers n’ont pas encore pleinement exploité ce terrain. De même, les responsables industriels n’ont pas encore pris pleinement conscience des failles existantes. Il y a donc peu de fournisseurs de solutions dédiées à la cybersécurité industrielle, comme ce que propose DATIVE.