Autoroute A29 entre Amiens et et Saint-Quentin

SCETAUROUTE : ingénierie et innovation au service des clients

Dossier : Dossier RoutesMagazine N°591 Janvier 2004Par : Entretien avec Michel RAY (67)

Michel Ray : Chez SCETAUROUTE, l’in­no­va­tion est une cul­ture ; sur depuis une trentaine d’an­nées, nous avons beau­coup coopéré avec nos clients pour dévelop­per des inno­va­tions au tra­vers des grands chantiers. Par la nature de nos métiers, chaque chantier se présente comme un pro­to­type, con­traire­ment au secteur indus­triel. Nos équipes opéra­tionnelles ont donc par nature une cul­ture de réso­lu­tion prag­ma­tique des prob­lèmes tech­niques et d’in­no­va­tion. Elles savent utilis­er par exem­ple des méth­odes comme l’analyse de la valeur pour les études à enjeux forts.

Nos com­pé­tences et nos méthodolo­gies inno­vantes reti­en­nent aus­si l’at­ten­tion de nom­breux clients et nous per­me­t­tent par exem­ple d’af­fich­er une forte crois­sance à l’ex­port. J’a­jouterais que dans le cadre du con­cours inno­va­tion, lancé tous les deux ans par le groupe EGIS auquel nous appartenons, SCETAUROUTE est par­ti­c­ulière­ment act­if et se place en très bonne posi­tion du point de vue des ” gagnants “.

Pour les clients, cette cul­ture d’in­no­va­tion peut se traduire en phase études par des opti­mi­sa­tions de pro­jet pou­vant réduire les coûts de 10 % et par­fois même jusqu’à 30 %, et en phase travaux, par une maîtrise des aléas.

Deux exemples d’innovation phare montrent la capacité et l’ingéniosité de SCETAUROUTE : le premier concerne la mise au point et le développement du logiciel ESTIM pour les estimations du coût amont des projets d’infrastructure ; le second a trait au contrôle automatique des systèmes de ventilation des tunnels en cas d’incendie. Pouvez-vous nous décrire la spécificité et la valeur ajoutée de ces deux innovations ?

M. R. : Avec le logi­ciel ESTIM, nous nous trou­vons face à un change­ment de généra­tion en matière d’es­ti­ma­tion du coût d’un pro­jet. Ses atouts essen­tiels reposent sur la rapid­ité et l’ef­fi­cac­ité, deux fac­teurs déter­mi­nants pour des pro­jets d’in­fra­struc­ture linéaire de trans­port au cours des phas­es de plan­i­fi­ca­tion, d’é­tudes préal­ables et de con­cep­tion. L’es­ti­ma­tion rapi­de et effi­cace est une néces­sité stratégique pour le client et, sans aucun doute, un avan­tage en terme de com­péti­tiv­ité pour les appels d’of­fres de con­ces­sion, par exem­ple. Le logi­ciel ESTIM per­met d’ef­fectuer une esti­ma­tion du coût du pro­jet, basée sur des for­mules paramétriques qui utilisent une banque de don­nées des coûts paramètres clés sélectionnés.


Scetau­route a réal­isé une mis­sion de maître d’œuvre pour une sec­tion de 64 km de l’autoroute A29 entre Amiens et Saint-Quentin. De nom­breuses pistes d’optimisation ont été explorées afin de réduire au max­i­mum le coût de cette autoroute à faible traf­ic tout en garan­tis­sant la qual­ité de ser­vice. Client : SANEF (Société des Autoroutes du Nord de la France).
© SCETAUROUTE, PHOTO E. BÉNARD

Tout en étant du même niveau de pré­ci­sion que les méth­odes tra­di­tion­nelles, cette esti­ma­tion a pour avan­tage d’aller beau­coup plus vite pour chaque itéra­tion et donc de pass­er en revue plusieurs dizaines de vari­antes dans le même délai. Elle inclut égale­ment l’analyse prélim­i­naire des risques.

L’autre inno­va­tion majeure dont vous par­lez est le con­trôle automa­tique des sys­tèmes de ven­ti­la­tion des tun­nels en cas d’in­cendie. Dans le passé, plusieurs sin­istres se sont pro­duits cau­sant la mort de nom­breuses per­son­nes. La tragédie du tun­nel du Mont-Blanc est dans la mémoire de tous. Mais elle n’est pas la seule puisqu’en cinq ans, en Europe, plus de 120 per­son­nes ont péri dans des incendies de tunnel.

SCETAUROUTE a dévelop­pé, en pre­mière mon­di­ale, des sys­tèmes de con­trôle automa­tique qui per­me­t­tent une strat­i­fi­ca­tion rapi­de et fiable de la fumée. Pour ce faire, nous avons com­biné une approche de R & D de haut niveau en liai­son avec des uni­ver­sités français­es qui tra­vail­lent sur la mod­éli­sa­tion numérique et physique des phénomènes incendies, des tests d’in­cendie dans de grands tun­nels exis­tants avec des scé­nar­ios de ven­ti­la­tion automa­tique, et nous avons exploité le retour d’ex­péri­ence des ingénieurs, des con­cep­teurs et des exploitants.

Les straté­gies de ven­ti­la­tion opti­males mis­es en œuvre ont pour avan­tage une réduc­tion sig­ni­fica­tive de la longueur du tun­nel affec­tée par la fumée (exem­ple du pas­sage de 6 km de fumée non strat­i­fiée à 0,3 km de fumée strat­i­fiée) et une diminu­tion par un fac­teur 5 du temps néces­saire à l’ob­ten­tion d’une strat­i­fi­ca­tion appro­priée de la fumée. Ces per­for­mances per­me­t­tent une évac­u­a­tion rapi­de des per­son­nes. Dans ce domaine, on assiste à une véri­ta­ble révolution.

Vous mettez en relief l’innovation développée en interne mais vous arrive-t-il de travailler en partenariat ?

M. R. : Oui, sou­vent. Si l’in­no­va­tion dévelop­pée en interne est une grande com­posante de SCETAUROUTE, nous tra­vail­lons égale­ment par exem­ple en coopéra­tion avec le LCPC, et en parte­nar­i­at avec ACOUSTB, qui est une fil­iale du CSTB. Nous avons actuelle­ment un parte­nar­i­at avec une société aus­trali­enne dont l’outil logi­ciel sera un leader mon­di­al. Sans oubli­er cer­tains maîtres d’ou­vrage ou entre­pris­es de TP qui sont nos clients et avec lesquels nous faisons par exem­ple des chantiers expérimentaux.

En matière de technologies, vos responsables des logiciels métier occupent une position clé. Ils doivent sans cesse améliorer les outils dans tous les domaines de l’activité de SCETAUROUTE. Qu’en est-il concrètement ?

Passerelle piétons tri-suspendue au dessus du Cher, à TOURS
SCETAUROUTE a assuré une mis­sion de maître d’œuvre pour la con­struc­tion d’une passerelle pié­tons tri-sus­pendue au dessus du Cher et per­me­t­tant de rejoin­dre deux quartiers en développe­ment de la ville de Tours.
Cient : Société d’Équipement de la Touraine. Archi­tecte A. Spielmann. 
© SCETAUROUTE, PHOTO E. BÉNARD

M. R. : Désir­ant tou­jours être à la pointe des tech­nolo­gies et des méth­odes dans le domaine de l’ingénierie des infra­struc­tures, nous dévelop­pons en per­ma­nence cer­tains logi­ciels adap­tés à nos besoins ou nous rajou­tons des appli­ca­tions-méti­er à des logi­ciels de haut niveau du com­merce. Nos infor­mati­ciens s’at­tè­lent à amélior­er l’ef­fi­cac­ité de nos out­ils dans tous les domaines, des études à la maîtrise d’œu­vre travaux.

Ain­si, plus de 120 logi­ciels sont util­isés dont, bien enten­du, tous les logi­ciels courants rel­e­vant de la bureau­tique, et plus de 90 logi­ciels ” métiers ” en par­ti­c­uli­er ceux qui sont les plus util­isés en tracé, cal­culs de struc­ture, Ges­tion Élec­tron­ique de Doc­u­ments, de Sys­tème d’In­for­ma­tion Géo­graphique, etc. Ces logi­ciels cou­vrent des champs les plus var­iés, qu’il s’agisse de la ven­ti­la­tion des tun­nels, des cal­culs de vol­umes de ter­rasse­ment, de la ges­tion des risques en phase con­cep­tion et en phase travaux, de la pol­lu­tion de l’air, du cal­cul de rem­blais sur sols compressibles…

Une autre démarche originale : pour améliorer en permanence vos pratiques et être toujours plus performant, vous mettez en avant le knowledge management (la gestion des connaissances et le retour d’expérience). En quoi cela consiste-t-il ?

M. R. : Des obser­va­teurs extérieurs nous dis­ent que nous pro­gres­sons vite. La cap­i­tal­i­sa­tion du retour d’ex­péri­ence s’avère être un des axes impor­tants favorisant la qual­ité des presta­tions et de l’in­no­va­tion dans nos métiers et c’est en même temps en train de devenir un out­il de tra­vail quo­ti­di­en : les fich­es qui car­ac­térisent les faits mar­quants sur chaque pro­jet ou chantier per­me­t­tent un bien meilleur partage en interne de notre savoir faire mal­gré la dis­sémi­na­tion des équipes sur le ter­rain. C’est une pièce maîtresse du main­tien de notre per­ti­nence tech­nique à moyen et long terme. Pour ce faire, l’ensem­ble des col­lab­o­ra­teurs dis­pose d’un out­il infor­ma­tique avancé de retour d’ex­péri­ence sur projets.

Par ailleurs, des démarch­es de tutorats entre experts et jeunes en for­ma­tion ont été ini­tiées et les “référen­tiels métiers” mis en place dans nos départe­ments tech­niques spé­cial­isés, garan­tis­sent mieux l’ho­mogénéité des pra­tiques et l’u­til­i­sa­tion rapi­de des derniers textes régle­men­taires à jour.

À moyen et long termes, quels sont les enjeux techniques sur lesquels une société comme SCETAUROUTE travaille ?

M. R. : Penser à moyen et long ter­mes est une oblig­a­tion pour SCETAUROUTE, les ouvrages con­stru­its ayant une durée de vie qui oscille entre cinquante et plus de cent ans ! Voici un exem­ple : en con­sor­tium avec SANEF, Météo France, le Lab­o­ra­toire Cen­tral des Ponts et Chaussées et d’autres parte­naires, nous tra­vail­lons ain­si sur la vul­néra­bil­ité des infra­struc­tures aux change­ments cli­ma­tiques, un sujet haute­ment d’ac­tu­al­ité. Avec un cofi­nance­ment de l’É­tat et des finance­ments internes, nous dévelop­pons la démarche et les out­ils nécessaires.

SCETAUROUTE est une société d’ingénierie spé­cial­isée dans le domaine des infra­struc­tures. Présente sur tous les con­ti­nents, elle est une des prin­ci­pales fil­iales du groupe EGIS et affiche aujour­d’hui une expéri­ence unique en Europe en matière de ges­tion de pro­jets, d’ingénierie, de super­vi­sion de travaux routiers ou autoroutiers, ou encore d’as­sis­tance aux maîtres d’ou­vrages Son champ d’ac­tiv­ité s’é­tend aujour­d’hui aux pro­jets urbains, fer­rovi­aires, aéro­por­tu­aires, de voies nav­i­ga­bles, de fibres optiques ou de canalisations.

  • Chiffre d’af­faires (en 2002) : 113 mil­lions d’euros.
  • Effec­tif : 850 per­son­nes dont 75 % de cadres.
  • Bud­get for­ma­tion : plus de 4 % de la masse salar­i­ale par an.
  • R & D : env­i­ron 1 % du chiffre d’af­faires est investi chaque année dans une quar­an­taine d’ac­tions de R & D tech­nique et méthodologique.
  • Cer­ti­fi­ca­tion : ISO 9001 depuis 1999 (et passée à la V2000 en 2002). ISO 14001 pour le man­age­ment envi­ron­nemen­tal depuis juil­let 2002.

L’ob­jec­tif est d’aider nos clients, respon­s­ables des investisse­ments, à hiérar­chis­er les amélio­ra­tions de la capac­ité des infra­struc­tures à faire face aux impacts des change­ments cli­ma­tiques Nous nous intéres­sons aus­si dans ce cadre aux nou­veaux con­cepts de dimen­sion­nement des infra­struc­tures neuves. Pour l’ex­ploitant d’in­fra­struc­tures de trans­port, ce que nous con­cevons aujour­d’hui lui per­me­t­tra une grande réac­tiv­ité avec l’u­til­i­sa­tion d’un sys­tème d’in­for­ma­tion géo­graphique. Les événe­ments cli­ma­tiques extrêmes des dernières années illus­trent la néces­sité de telles démarches.

Exemple de technologie innovante de SCETAUROUTE

L’en­jeu con­sis­tait à reli­er deux quartiers en développe­ment de la ville de Tours de part et d’autre du Cher par une passerelle pié­tons légère et trans­par­ente dans la tra­di­tion des ponts sus­pendus avec câble de tête sur la Loire.

L’o­rig­i­nal­ité de l’ou­vrage est de ne pos­séder qu’un seul câble por­teur et d’être sta­bil­isé hor­i­zon­tale­ment et ver­ti­cale­ment par deux câbles latéraux. Les poutres de rigid­ité clas­siques ont en effet été rem­placées par la mise en place de deux fer­mes latérales sus­pendues qui ont une dou­ble fonc­tion : con­trari­er les risques de flot­te­ments ver­ti­caux et repren­dre les défor­ma­tions hor­i­zon­tales liées à l’ac­tion du vent.

Les contacts

Rémi Cunin, directeur général (X 82) ;
Michel Ray, directeur tech­nique, Qual­ité et Méth­odes (X 67) ;
Philippe Amat, directeur opéra­tionnel fer­rovi­aire (X 81) ;
Éric Leca, directeur Agence Asie Paci­fique (X 79) ;
Cyrille de la Bor­de, Direc­tion du Développe­ment (X 91) ;
Frédéric Bul­tel, Direc­tion des tun­nels et travaux souter­rains (X 93).

L’in­no­va­tion sur cet ouvrage d’art, d’une portée unique de 235 mètres et réal­isé en étroite coopéra­tion avec JMI (autre fil­iale du Groupe EGIS), offre plusieurs avan­tages : une grande légèreté, une grande portée « sans poids », l’ab­sence d’ap­puis en riv­ière, l’ab­sence de poutres de rigid­ité induisant ces gains de poids, d’usi­nage et de mon­tage, ain­si qu’une par­faite sta­bil­ité du fait de la mise en place de la tri-suspension. 

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Phile­monrépondre
16 août 2015 à 23 h 00 min

Demande de stage
Bon­jour ! Je suis étu­di­ant à l’In­sti­tut 2iE au Burk­i­na Faso. Je voudrais con­naitre les modal­ités pour obtenir un stage dans votre bureau d’é­tude sec­tion ouvrages d’art.
Cordialement. 

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