Roland SÉNÉOR (58) prend sa retraite

Dossier : ExpressionsMagazine N°589 Novembre 2003

Géné K de la promo 58

Le suc­cesseur aux études doc­tor­ales : Dominique Grésillon

C’est en 1985 que le min­istère de l’Éducation nationale a recon­nu à l’X le droit de con­fér­er le tire de docteur.

Géné K de la promo 58

Le suc­cesseur aux études doc­tor­ales : Dominique Grésillon

C’est en 1985 que le min­istère de l’Éducation nationale a recon­nu à l’X le droit de con­fér­er le tire de docteur.
À par­tir de cette date et jusqu’en 95, Roland Sénéor a super­visé les activ­ités puis a assuré la respon­s­abil­ité des études doc­tor­ales. J’étais son cor­re­spon­dant pour les thès­es de physique. Je lui ai suc­cédé en 95 quand il est par­ti s’occuper de la direc­tion des rela­tions extérieures.
Les études doc­tor­ales sont dev­enues “ 3e cycle ”, puis récem­ment “ École Doc­tor­ale ”. Sur la trentaine de DEA qui exis­tent à l’X, Roland avait déjà établi l’essentiel des con­trats de coha­b­il­i­ta­tion avec les meilleurs étab­lisse­ments de la région parisi­enne (Paris VI, VII, XI et l’ENS) avant de rejoin­dre la DRE.
Je peux témoign­er de ses nom­breux efforts pour con­va­in­cre les élèves de suiv­re une for­ma­tion par la recherche et pour obtenir en quan­tité suff­isante des allo­ca­tions de recherche de la part des ministères.

Je te préviens : tu ne peux pas tout écrire !” : c’est la pre­mière chose que Roland Sénéor déclare en riant quand on vient le voir pour retrac­er son par­cours. Promis, Roland : pas un mot sur les balles de ten­nis explo­sives, ni sur ceux qui en ont fait les frais et à la suite de quelle puni­tion. Laque­lle était-ce, au fait ? On s’y perd ! Bref, Roland Sénéor était le Géné K de la pro­mo 58, “ Ça, tu peux l’écrire ”, ce qui ne l’empêchait pas d’être bon élève (ouf !). Le petit Roland avait des facil­ités, comme on dit. “ Ma famille ne savait pas du tout ce que c’était que l’X. Mon père aurait voulu que je tra­vaille dès 14 ans pour ramen­er de l’argent à la mai­son. C’est un instit qui m’a repéré : je me suis retrou­vé à Hen­ri-IV, puis à l’École.

De sa sco­lar­ité, Roland Sénéor retient le nom de Louis Michel, qui allait être à l’origine du Cen­tre de physique théorique (CPHT) : “ À l’époque, Louis Michel reve­nait des États-Unis. Il était maître de con­férences et c’est vrai­ment lui qui m’a fait aimer la sci­ence. ” Et sans doute choisir la recherche : Roland Sénéor, après avoir été ten­té par l’aventure de la prospec­tion pétrolière en Amérique latine (Total lui pro­po­sait un poste), a choisi en effet de pour­suiv­re ses études par un DEA puis une thèse sur la théorie axioma­tique des champs.

Enseignant-chercheur

En pre­mière année de thèse, Roland Sénéor s’est inscrit à Sci­ences Po. Il n’y est resté qu’un an, mais a gardé des con­tacts avec les sci­ences de l’éducation : “ Je me suis retrou­vé dans un car de police en 68, arrêté par erreur avec l’équipe de Cohn-Ben­dit : j’étais venu enreg­istr­er un rassem­ble­ment étu­di­ant à la Sor­bonne avec des chercheurs en psy­cholo­gie sociale. Paris-Match a même pub­lié ma pho­to avec la légende “ Cohn-Ben­dit lors de sa pre­mière arresta­tion ” : ce n’était qu’en mars, il n’était pas encore très con­nu !

Le bras droit à la DRE : Ornel­la Fournier

Avant Roland Sénéor, l’ouverture inter­na­tionale de l’École c’étaient deux per­son­nes, Claude Mau­ry et moi, qui dévelop­pi­ons les pro­grammes inter­na­tionaux et les stages d’options à l’étranger. Avec Roland, l’ouverture a pris une autre dimension.
Grâce à sa ténac­ité, nous avons eu des moyens et du personnel.
Un con­cours “2e voie” a été ouvert pour per­me­t­tre à des pays fonc­tion­nant sans pré­pas d’être représen­tés dans le cycle d’ingénieur : Mar­tine Guib­ert s’en est occupé et je lui ai suc­cédé. Mais aujourd’hui, les Chi­nois, les Brésiliens et beau­coup d’autres encore ne seraient pas à l’École sans les con­tacts de Roland. Il fal­lait faire con­naître Poly­tech­nique à l’étranger, faire com­pren­dre le cur­sus, l’ancien puis le nou­veau. Et il faut main­tenant amélior­er l’intégration des étrangers dans le cur­sus poly­tech­ni­cien. Il y a beau­coup à faire.
Roland est quelqu’un avec qui il est facile de tra­vailler. Mais il faut avoir la san­té : il a plus d’idées à la minute qu’on ne peut en réalis­er en pratique.

Mais Roland Sénéor a fait car­rière dans la physique : “J’ai inté­gré le CNRS. J’appartenais au CPHT, mais j’ai eu plusieurs détache­ments. J’ai tra­vail­lé deux ans au Cern, puis en Alle­magne et aux USA : c’est là que j’ai été en con­tact avec la théorie con­struc­tive des champs. Je suis ren­tré en France à la fin des années 70. J’ai enseigné en PC, puis pour un cours assez long. Je suis assez fier d’avoir eu comme élèves des X qui ont choisi de devenir eux-mêmes enseignants, comme Per­rin, Lafitte ou même Guy­ot-Sionnest qui tra­vaille à Chica­go.” Mais au milieu des années 80, à côté de l’enseignement et de la recherche, d’autres pro­jets demandaient de plus en plus de temps à Roland Sénéor, à com­mencer par le doc­tor­at de l’X.

Directeur

Sept ans aux études doc­tor­ales, huit à la direc­tion des rela­tions extérieures : Roland Sénéor a enchaîné suc­ces­sive­ment deux respon­s­abil­ités con­sid­érables, deux pro­jets entière­ment nou­veaux. “Le diplôme de doc­teur de l’X est né en 85, rap­pelle-t-il. Il a fal­lu struc­tur­er le 3e cycle, faire la pro­mo­tion de la for­ma­tion, obtenir des bours­es de thès­es, trou­ver des débouchés aux doc­teurs : au début des années 90, il y a eu jusqu’à 80 X par pro­mo à choisir la recherche. ”

Les efforts d’ouverture inter­na­tionale ont d’abord été assumés en par­al­lèle avant que Roland Sénéor, en 95, n’abandonne les études doc­tor­ales pour la fonc­tion de directeur des rela­tions extérieures : “ Mais il y avait une con­ti­nu­ité : la recherche est le fer de lance de l’ouverture inter­na­tionale. ”

Les prési­dents Esam­bert puis Fau­rre étaient con­va­in­cus de cette néces­sité d’ouverture. Des X sont par­tis à l’étranger. Le con­cours 2e voie a été créé : “ On me reproche de n’avoir pas priv­ilégié les étu­di­ants orig­i­naires des pays dévelop­pés. En fait il n’y a rien d’incohérent à ce que les pays les plus proches de nous en ter­mes de for­ma­tion (le Viêt­nam, en par­ti­c­uli­er) aient accroché les pre­miers. Pour s’ouvrir aux autres pays, au Brésil par exem­ple, et plus tard aux pays anglo-sax­ons, il fau­dra nous trans­former nous-mêmes.

Et si Poly­tech­nique se trans­forme, les autres écoles français­es suiv­ront. C’est le grand enjeu des années à venir.

Et demain ?

“J’ai été nom­mé directeur de recherche émérite : je reviens à plein temps au CPHT. Ma retraite me per­met de tout faire sauf de gér­er de l’argent ! Je vais me con­sacr­er à mes recherch­es en dynamique des fluides. ”

La nou­velle DRE : Élis­a­beth Crépon

Je prends la suc­ces­sion de Roland Sénéor le 1er sep­tem­bre. J’ai quit­té mes fonc­tions à l’ENSTA il y a un an pour venir à l’X m’occuper de la qua­trième année et du pro­jet “ Mas­ter ”. J’ai donc eu une année sco­laire entière pour décou­vrir le fonc­tion­nement de Poly­tech­nique. De la qua­trième année à la DRE, le pas­sage des dossiers s’est fait pro­gres­sive­ment ; il y a six mois, lorsqu’Anne Lit­man, directeur adjoint des rela­tions extérieures, a pris sa retraite, j’ai pris en charge le départ des X 2000 à l’étranger pour leur fin de cur­sus. Plusieurs objec­tifs m’attendent à présent.
Le nom­bre d’X Français par­tant en qua­trième année à l’étranger doit attein­dre 100 élèves par pro­mo­tion (con­tre 70 env­i­ron aujourd’hui).
Dans l’autre sens, pour les élèves étrangers, nous devons encore élargir l’éventail des pays d’origine des élèves et amélior­er leur accueil et leur inté­gra­tion au sein de l’École pour qu’ils puis­sent béné­fici­er d’une sco­lar­ité mieux adaptée.
Enfin, il y a les mas­ters : l’X espère accueil­lir près d’un tiers d’étrangers pour ces for­ma­tions de deux ans. Après une pre­mière phase d’exploration qui a per­mis de faire recon­naître l’École par un cer­tain nom­bre de parte­naires uni­ver­si­taires étrangers, il est impor­tant main­tenant de con­solid­er ces con­tacts et de les dévelop­per notam­ment en Europe et pour des for­ma­tions spé­cial­isées courtes.

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