René BULIN (41)

René BULIN (41), l’espace aérien apprivoisé

Dossier : TrajectoiresMagazine N°698 Octobre 2014Par : Georges MAIGNAN (52) et Yves LAMBERT (56)

Après Sup aéro et un début de car­rière tech­nique au Cen­tre d’essais des propulseurs, René entre au Secré­tari­at général à l’aviation civile en 1953 comme chef du bureau opéra­tions, s’entourant de jeunes ingénieurs provenant de divers hori­zons, dont la toute nou­velle École nationale de l’aviation civile.

Il établi­ra un con­trôle tech­nique coopératif et effi­cace des com­pag­nies aéri­ennes français­es alors en expan­sion très rapi­de, mais endeuil­lées par de trop nom­breux accidents.

Le trasport aérien devient mondial

René Bulin est devenu directeur de la nav­i­ga­tion aéri­enne en 1956. À cette époque, les ser­vices de l’aviation civile n’avaient pas encore réal­isé pleine­ment le car­ac­tère mon­di­al du trans­port aérien et son besoin de sys­tèmes iden­tiques de nav­i­ga­tion, de com­mu­ni­ca­tion, de guidage à l’approche et à l’atterrissage dans le monde.

Cette mon­di­al­i­sa­tion avait heureuse­ment été recon­nue et organ­isée par la créa­tion de l’Organisation de l’aviation civile inter­na­tionale, ini­tial­isée dès 1944.

René Bulin a su pren­dre très vite le virage inter­na­tion­al ; il a fait installer sur tout le ter­ri­toire mét­ro­pol­i­tain puis out­remer les sys­tèmes inter­na­tionaux nor­mal­isés : VOR/DME, ILS, com­mu­ni­ca­tions VHF, etc.

Bien que, depuis, la local­i­sa­tion à bord soit dev­enue plus facile (nav­i­ga­tion par iner­tie puis assis­tance des satel­lites), ces sys­tèmes sont encore employés comme moyens principaux.

Une organisation unique

Cette époque était égale­ment celle de l’apparition des pre­miers avions à réac­tion civils (Comet, Boe­ing 707, Car­avelle, etc.), qui volaient beau­coup plus vite et plus haut dans un espace jusque-là réservé aux vols militaires.

René Bulin, appuyé aus­sitôt par le directeur général de l’aviation civile belge, Pierre Not­tet, conçoit la créa­tion d’une organ­i­sa­tion européenne unique civile et mil­i­taire de con­trôle de la cir­cu­la­tion aéri­enne en Europe ; on imag­i­nait alors deux cen­tres de con­trôle inter­na­tionaux seule­ment pour toute l’Europe de l’Ouest.

En fait, un seul cen­tre multi­na­tion­al a vu le jour (Maas­tricht aux Pays-Bas, qui con­trôle la cir­cu­la­tion aéri­enne dans l’espace aérien supérieur de la Bel­gique, du Lux­em­bourg, des Pays-Bas et de l’Allemagne du Nord).

Eurocontrol, pivot de l’espace aérien auropéen

UN ANIMATEUR EXCEPTIONNEL

Le Corps des ingénieurs de la navigation aérienne, créé après la Libération, ouvert aux X à partir de la promotion 1945, a bénéficié en la personne de René Bulin d’un animateur exceptionnel. Impartial, objectif, soucieux d’efficacité avant tout, il a suscité le respect de tous ses collègues qui le regrettent profondément.

René Bulin a par­ticipé, du côté français, à la créa­tion de l’agence inter­gou­verne­men­tale Euro­con­trol à Brux­elles. Il en a été directeur général pen­dant quinze ans. Certes, Euro­con­trol n’a pas été doté de la respon­s­abil­ité opéra­tionnelle du con­trôle aérien ailleurs qu’au cen­tre de Maastricht.

Mais d’autres domaines lui ont été con­fiés par l’Europe entière (jusqu’aux fron­tières de la Russie) : la ges­tion indis­pens­able des courants de traf­ic qui adapte la demande à l’offre et lim­ite la sat­u­ra­tion, la per­cep­tion cen­tral­isée des rede­vances de route qui finance les sys­tèmes de con­trôle, la recherche appliquée et les études en appui à la poli­tique com­mu­nau­taire (SESAR : Sin­gle Euro­pean Sky Advanced Research), un cen­tre com­mun de sim­u­la­tion et d’étude situé en France à Brétigny-sur-Orge.

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