Rencontre avec Camille Laborie, nouvelle déléguée générale de l’AX
Le 1er juillet 2025, Yves Demay (X77) quittera ses fonctions de délégué général de l’AX après huit années au service des alumni et passera le relai à Camille Laborie, anciennement déléguée générale des Ponts et d’AgroParisTech. Nous l’avons rencontrée pour la faire connaître à la communauté polytechnicienne. Yves Demay, quant à lui, reste engagé à l’AX comme chargé de mission pour le Bal de l’X.
Bienvenue Camille, peux-tu nous dire quel est ton parcours d’études et professionnel ?
Après une prépa BCPST, je suis entrée par concours commun à l’école d’Agro de Montpellier. Je me suis spécialisée dans l’aménagement des territoires. De retour à Paris, j’ai travaillé pendant un an à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, en liaison avec le Muséum d’histoire naturelle, qui m’ont chargée de réunir les connaissances sur les bonnes pratiques de gestion d’écosystèmes européens remarquables comme certaines pelouses alpines. J’ai ensuite rejoint son service « économie » au sein duquel j’avais la charge de l’animation d’un réseau d’observatoires d’exploitations agricoles, poste que j’ai occupé pendant une dizaine d’années.
À l’issue de cette expérience, je cherchais un peu ce que j’avais envie de faire, mais j’étais déjà très intéressée par la notion de réseau. L’association des anciens de l’Agro-Paris cherchait son délégué général, j’ai postulé. C’est ainsi que je suis entrée dans une association d’anciens élèves de grande école. AgroParisTech venait d’être créée, issue de la fusion de trois grandes écoles : ma première mission a été de réunir leurs différentes associations pour n’en faire qu’une seule, qui serait l’association des anciens d’AgroParisTech. Une fois que l’association a été installée, qu’on avait une histoire commune à raconter, je suis entrée de plain-pied dans l’animation d’un réseau d’anciens avec ses grands sujets qui sont l’accompagnement des carrières, l’accompagnement des initiatives, le développement des projets, en liaison étroite avec l’École et la Fondation.
« Grâce notamment au programme de parrainage, nous avons été capables de mobiliser en un temps record des diplômés qui ont su apporter l’écoute dont les élèves avaient besoin. »
Dans le cadre de mon travail, j’étais en relation avec les délégués généraux des autres associations d’anciens des grandes écoles de management et d’ingénieurs, notamment l’École des ponts. Lorsque mon homologue des Ponts a pris sa retraite, celle-ci m’a proposé de prendre sa suite. Je me suis ainsi retrouvée en septembre 2019 à la tête de Ponts Alumni, j’y ai découvert le monde du génie civil, du transport ou de l’urbanisme, aménageurs du territoire eux aussi, et rencontré des femmes et des hommes accueillants et attachés à leur école.
Très vite est arrivée la Covid, et donc ma première mission de déléguée générale a été d’apporter, en coordination étroite avec l’École et la Fondation, notre soutien moral et matériel à ceux qui étaient les plus en difficulté, notamment les étudiants internationaux restés confinés en cité universitaire et loin de chez eux. Grâce notamment au programme de parrainage, nous avons été capables de mobiliser en un temps record des diplômés qui ont su apporter l’écoute dont les élèves avaient besoin. Cette période particulière nous a permis également d’accélérer la mise en œuvre de nouvelles solutions de communication, comme la visio. Il s’agissait de maintenir le lien avec nos membres pendant le confinement, la visio nous a permis de sortir résolument de nos frontières et de faire participer à nos conférences les alumni du monde entier.
« Montrer aux jeunes filles, collégiennes et lycéennes qu’une carrière d’ingénieure est possible pour elles et ouvre à des métiers variés et passionnants. »
D’autres actions ont suivi, lancées par des alumni et pour des alumni (ou les futurs alumni que sont les étudiants), j’avais pour mission de les rendre possibles. En tant qu’association, j’ai poursuivi notre collaboration avec l’École et la Fondation. Si je devais n’en retenir qu’une, je parlerais de la réalisation en 2024 d’une exposition de portraits photo de femmes ingénieures diplômées des Ponts, pour montrer aux jeunes filles, collégiennes et lycéennes qu’une carrière d’ingénieure est possible pour elles et ouvre à des métiers variés et passionnants. C’est là le fruit d’une réelle collaboration dans laquelle l’association a proposé les profils (certaines sont diplômées de l’X également), l’École a conçu et réalisé le parcours, et la Fondation a financé. L’exposition est aujourd’hui visible à la Cité des Sciences de la Villette.
Puis il y a quelques mois La Jaune et la Rouge a publié l’annonce de la recherche d’un délégué général, mon père m’en a parlé et j’ai postulé. J’avais conscience de mon profil d’outsider puisque je ne suis pas polytechnicienne. Pour moi, évidemment, en dehors du fait que c’est l’École polytechnique, cela représente une belle évolution. Et le fait de rester dans cet environnement de l’enseignement supérieur, au contact des élèves, des écoles et des fondations me plaît beaucoup.
Forte de cette expérience, peux-tu nous dire en quoi consiste cette mission auprès des associations d’anciens élèves des grandes écoles ?
La première mission d’un délégué général est d’accompagner les initiatives des alumni qui ont des profils très différents, de donner les moyens à ces initiatives d’être développées et poursuivies. C’est se mettre au service du conseil d’administration et de l’association en liaison avec l’École et la Fondation pour participer au rayonnement de tout un écosystème. De manière générale, une association d’alumni repose à peu près toujours sur les mêmes piliers. Le pilier de la solidarité est très développé à l’AX, ce qui me paraît fondamental. L’accompagnement des carrières aussi car, les carrières n’étant pas linéaires, pouvoir bénéficier d’un réseau bienveillant et accueillant a beaucoup de valeur. Ensuite il s’agit de donner de la visibilité aux groupes. C’est être un peu le chef d’orchestre de tout ça ! À l’AX, mon rôle va être de laisser de la place à tout le monde. L’objectif est de servir les alumni et les collègues.
Qu’est-ce qui te plaît et t’anime dans cette mission ?
Ce qui m’anime avant tout, c’est la rencontre. C’est cela qui m’intéresse : aller à la rencontre des personnes, de leurs compétences, et coconstruire des projets avec elles. C’est un travail très créatif finalement !
Quels sont tes liens avec Polytechnique ?
Mon père est diplômé de l’École polytechnique, de la promo 68 – François Chavaudret. J’ai grandi dans une ambiance polytechnicienne. Les amis de mes parents étaient souvent des camarades de l’École polytechnique et cette école a toujours été pour moi synonyme de camaraderie et d’amitiés fidèles qui se maintiennent au fil du temps. Mon père est très fier de son École et en parle avec beaucoup d’émotion. Je trouve qu’une école qui laisse une empreinte aussi forte, cinquante ans après, c’est une belle école !
À l’association des Ponts, j’ai côtoyé des alumni polytechniciens, tous engagés et porteurs de projets. Ce qui fait que, à mon arrivée à l’AX, j’avais déjà des connaissances. Lors de ma mission pour l’association des anciens de l’Agro, c’était Pierre Mary (X60) qui était délégué général, et depuis lors, j’ai connu chacun de mes prédécesseurs et j’ai travaillé avec eux. En 2009 était organisé le 5e colloque Agro-X-ENA ; ce fut même l’un des premiers projets que j’ai suivis en tant que déléguée générale.