RENATER, le réseau national de télécommunications pour l’enseignement et la recherche

Dossier : InternetMagazine N°524 Avril 1997Par Michel LARTAIL (75)

L’o­rig­ine uni­ver­si­taire de l’In­ter­net n’est pas for­tu­ite. Les principes qui ont fait le suc­cès de ce réseau sont en effet liés aux choix adop­tés par une com­mu­nauté inter­na­tionale qui avait besoin pour ses échanges d’un média réelle­ment uni­versel. Ces choix faits par la com­mu­nauté de la recherche et les com­porte­ments pro­pres à cette com­mu­nauté gar­dent encore une grande influ­ence dans le développe­ment de l’In­ter­net qui comme on le sait s’est éten­du à des mil­lions d’u­til­isa­teurs dans le monde.

Il est exposé par la suite la façon dont l’In­ter­net s’est d’abord dévelop­pé au sein du monde uni­ver­si­taire, l’or­gan­i­sa­tion et le fonc­tion­nement du réseau Renater et les évo­lu­tions de Renater, car l’In­ter­net con­tin­ue à évoluer au sein du monde de la recherche.

Le développement des réseaux et des services de l’Internet dans le monde universitaire

L’In­ter­net a débuté dans les uni­ver­sités et les cen­tres de recherche, où se sont mis en place au cours des vingt dernières années des réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions reliant au sein de ces organ­i­sa­tions l’ensem­ble des ordi­na­teurs. Les chercheurs, pour com­mu­ni­quer entre eux, ont relié ces réseaux de cam­pus par des liaisons de télé­com­mu­ni­ca­tion à longue dis­tance et ont ain­si con­sti­tué l’In­ter­net d’o­rig­ine. D’abord apparu aux États-Unis l’In­ter­net s’est rapi­de­ment éten­du au reste du monde.

Le développe­ment sur­prenant qu’a con­nu depuis ce réseau est d’abord dû à deux choix fon­da­men­taux qui ont bous­culé les usages adop­tés alors par le monde de l’in­for­ma­tique et des télécommunications.

Le pre­mier choix des chercheurs a été de retenir, pour le finance­ment et le fonc­tion­nement de l’In­ter­net, le mod­èle coopératif de ges­tion des pro­jets de recherche et des grands équipements sci­en­tifiques. Cette approche a per­mis de s’en­ten­dre sur des règles de fonc­tion­nement très sim­ples et très effi­caces qui restent encore d’ac­tu­al­ité mal­gré l’ar­rivée d’ac­teurs à voca­tion com­mer­ciale. Les principes de la fac­tura­tion for­faitaire, de l’échange de traf­ic non payant entre les réseaux et du cofi­nance­ment des liaisons entre organ­i­sa­tions dif­férentes ont per­mis d’éviter les longues dis­cus­sions com­mer­ciales entre des parte­naires qui étaient plus soucieux de con­stru­ire un out­il de com­mu­ni­ca­tion inter­na­tion­al que de se concurrencer.

Le deux­ième choix a été l’adop­tion par les util­isa­teurs, c’est-à-dire les chercheurs, d’un pro­to­cole de com­mu­ni­ca­tion fédéra­teur et par­ti­c­ulière­ment rus­tique qui a per­mis de dis­pos­er d’une norme de référence accep­tée par tous et indépen­dante des four­nisseurs. Ce pro­to­cole con­nu sous le nom de pro­to­cole IP (Inter­con­nex­ion pro­to­col) a per­mis de dis­pos­er en quelque sorte d’un lan­gage com­mun per­me­t­tant à tous les ordi­na­teurs de com­mu­ni­quer entre eux, indépen­dam­ment de leur con­cep­tion tech­nique, micro-ordi­na­teurs de type PC, sta­tions de tra­vail ou super-ordinateurs.

Ces choix de principes sim­ples de finance­ment et d’un pro­to­cole unique étant faits, la demande des util­isa­teurs pour un véri­ta­ble ser­vice inter­na­tion­al et uni­versel a pu être sat­is­faite. Les con­di­tions de mise en place et de finance­ment des liaisons inter­na­tionales ont ain­si été grande­ment facil­itées, don­nant très rapi­de­ment à l’In­ter­net sa dimen­sion internationale.

D’autres types de réseaux s’ap­puyant sur d’autres pro­to­coles nor­mal­isés ou sur les pro­to­coles des con­struc­teurs de matériel infor­ma­tique exis­taient depuis très longtemps au sein des entre­pris­es par exem­ple. Ils étaient sou­vent con­ceptuelle­ment supérieurs au pro­to­cole IP et même plus rich­es en pos­si­bil­ité et répondaient par­faite­ment aux besoins de l’in­for­ma­tique centralisée.

Para­doxale­ment c’est parce qu’il était le plus rus­tique que le pro­to­cole IP s’est mon­tré le plus apte à faire com­mu­ni­quer des sys­tèmes dif­férents et s’est donc imposé. Il répondait en effet aux besoins des util­isa­teurs du monde de la recherche qui demandaient à pou­voir échang­er des infor­ma­tions sans être arrêtés par les dis­tances et les incom­pat­i­bil­ités tech­niques des matériels.

D’autres fac­teurs ont con­tribué ensuite au développe­ment de l’In­ter­net et à sa général­i­sa­tion à d’autres secteurs. Dès l’o­rig­ine ont été adop­tées des règles prag­ma­tiques, notam­ment en matière de nor­mal­i­sa­tion, qui ont per­mis de dot­er l’In­ter­net d’une très grande créa­tiv­ité et facil­ité d’adaptation.

L’ar­rivée des micro-ordi­na­teurs a con­tribué à faire de l’In­ter­net le réseau “à tout faire” que nous con­nais­sons. Sans eux l’In­ter­net se serait prob­a­ble­ment dévelop­pé, mais en se lim­i­tant à reli­er les cen­tres infor­ma­tiques. La dif­fu­sion des micro-ordi­na­teurs a per­mis aux util­isa­teurs d’ac­céder directe­ment à l’In­ter­net. Ils se sont mis à utilis­er inten­sive­ment les out­ils per­son­nels de com­mu­ni­ca­tion. Ain­si tout le monde con­naît la mes­sagerie élec­tron­ique ou le World Wide Web qui ne sont plus à présen­ter. Ce sont eux actuelle­ment les grands moteurs de la crois­sance de l’In­ter­net en atten­dant d’autres appli­ca­tions comme la visio­con­férence et autres téléservices.

Il est à not­er que la dif­fu­sion dans le monde uni­ver­si­taire des sta­tions de tra­vail fonc­tion­nant sous Unix a per­mis de met­tre en place les serveurs d’in­for­ma­tion sur l’In­ter­net. Au début ces serveurs étaient des ban­ques de don­nées sci­en­tifiques et tech­niques, mais les chercheurs ont con­staté qu’il était facile de leur adjoin­dre des out­ils de recherche et de présen­ta­tion. C’est ain­si qu’est né le Web au CERN.

Le suc­cès des ser­vices sur l’In­ter­net a été tel que l’In­ter­net désigne aujour­d’hui non seule­ment le réseau physique mais aus­si les ser­vices qui se sont dévelop­pés simul­tané­ment. Le grand pub­lic assim­i­le d’ailleurs l’In­ter­net aux infor­ma­tions ren­dues acces­si­bles par le réseau. L’In­ter­net s’est en effet dif­fusé en dehors du monde de la recherche, notam­ment dans les entre­pris­es. Il est aus­si devenu acces­si­ble au grand pub­lic par l’in­ter­mé­di­aire d’ac­cès indi­rects à tra­vers le réseau télé­phonique. Ces accès n’of­frent pas les per­for­mances d’une con­nex­ion directe mais ont don­né une nou­velle dimen­sion à l’In­ter­net en engen­drant une aug­men­ta­tion mas­sive du nom­bre d’utilisateurs.

Con­fron­té à ce change­ment pro­fond, l’In­ter­net garde cepen­dant la mémoire de ses orig­ines et con­serve encore un esprit coopératif dans la mise en oeu­vre de nom­breux ser­vices, tout en s’adap­tant aux nou­veaux enjeux com­mer­ci­aux et financiers. En par­ti­c­uli­er une seg­men­ta­tion par activ­ité des acteurs sem­ble voir le jour, les réseaux uni­ver­si­taires comme Renater con­ser­vant leur spé­ci­ficité et leur rôle de pionnier.

Le réseau Renater

En France, l’In­ter­net s’est dévelop­pé depuis près de dix ans, dans les réseaux internes des grands organ­ismes de recherche, CEA, CNRS, uni­ver­sités, grandes écoles…, et aus­si grâce aux efforts du Cnam, qui fut pio­nnier en la matière, puis de l’In­ria qui prit le relais. Le min­istère de l’É­d­u­ca­tion nationale, de l’En­seigne­ment supérieur et de la Recherche, le CEA, le CNES, le CNRS, la direc­tion des études et recherche d’EDF et l’In­ria ont créé le réseau Renater pour inter­con­necter l’ensem­ble des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment supérieur et des cen­tres publics ou privés de recherche. Ils ont égale­ment décidé d’u­nir leurs moyens au sein du GIP (Groupe­ment d’in­térêt pub­lic) Renater créé en 1993.

Comment fonctionne Renater ?

Renater con­stitue un bon exem­ple d’un des grands réseaux con­sti­tu­ant l’Internet.

On sait que les infor­ma­tions sont stock­ées dans les ordi­na­teurs sous forme numérique. Tout type d’in­for­ma­tion (car­ac­tères d’un texte, fichi­er infor­ma­tique, image fixe ou ani­mée) peut être numérisé. Les réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions véhicu­lent désor­mais les infor­ma­tions sous forme numérique. En con­séquence un réseau de trans­mis­sion est car­ac­térisé par le débit d’in­for­ma­tions élé­men­taires qu’il peut trans­met­tre exprimé en bits par sec­onde. La trans­mis­sion de fichiers de texte ou d’im­ages fix­es demande quelques kilo­bits par sec­onde à quelques dizaines de kilo­bits par sec­onde, la trans­mis­sion du son demande 8 à 64 kbit/s, la trans­mis­sion d’im­age ani­mée demande de quelques dizaines de kilo­bits par sec­onde à quelques mégabits par sec­onde suiv­ant la qual­ité et la déf­i­ni­tion de l’im­age souhaitée.

Carte de France de RENANTERTout réseau est con­sti­tué de liaisons de trans­mis­sion et de nœuds de com­mu­ta­tion. Les liaisons et les noeuds de com­mu­ta­tion doivent être capa­bles de trans­porter et com­muter des débits très supérieurs à ceux indiqués précédem­ment pour pou­voir sup­port­er simul­tané­ment le traf­ic de nom­breux utilisateurs.

Les liaisons peu­vent être réal­isées à par­tir de câbles (sim­ple paire de fil de cuiv­re du réseau télé­phonique, de câbles coax­i­aux ou de fibres optiques) ou utilis­er la prop­a­ga­tion hertzi­enne (radio, fais­ceaux hertziens, satel­lites, liaisons laser). La plu­part des sup­ports offrent des débits de quelques dizaines de kilo­bits par sec­onde à quelques dizaines de mégabits par sec­onde. La fibre optique est le sup­port de choix pour réalis­er des liaisons car elle per­met d’of­frir des débits supérieurs au giga­bit par sec­onde sur de grandes dis­tances. Les autres sup­ports con­tin­u­ent cepen­dant à se dévelop­per du fait de cer­tains avan­tages tech­niques intrin­sèques (pos­si­bil­ité de com­mu­ni­ca­tions avec les mobiles ou de mul­ti­d­if­fu­sion pour la trans­mis­sion hertzi­enne) ou pour des raisons économiques car les tech­niques récentes de com­pres­sion de don­nées per­me­t­tent de mieux les utiliser.

Un réseau comme Renater est con­sti­tué de réseaux locaux internes aux cam­pus et d’un réseau d’in­ter­con­nex­ion entre ces campus.

Les réseaux locaux inter­con­nectent les ordi­na­teurs à l’in­térieur des sites, cam­pus uni­ver­si­taires, entre­pris­es, lab­o­ra­toires, bureaux d’é­tude, ser­vices de ges­tion ou unités de pro­duc­tion. Leur dimen­sion est d’au plus quelques cen­taines de mètres. Ils sont réal­isés prin­ci­pale­ment à par­tir de liaisons sur paire de fil de cuiv­re ou sur fibre optique. Les réseaux locaux de pre­mière généra­tion comme Eth­er­net per­me­t­taient un débit max­i­mal d’une dizaine de mégabits par sec­onde. Ces réseaux se sont très large­ment dif­fusés et par con­séquence sont devenus très bon marché. Des réseaux locaux plus per­for­mants offrent désor­mais des débits de l’or­dre de la cen­taine de mégabits par sec­onde, en atten­dant plus. Ils sont donc à même de trans­porter au sein d’un cam­pus tous les types de traf­ic engen­drés par les utilisateurs.

Les réseaux d’in­ter­con­nex­ion entre les cam­pus met­tent en oeu­vre des liaisons à longue dis­tance pou­vant s’é­ten­dre sur plusieurs mil­liers de kilo­mètres. Ces liaisons sont fournies par des opéra­teurs de télé­com­mu­ni­ca­tions, comme France Télé­com dans le cas de Renater. L’in­fra­struc­ture du réseau d’in­ter­con­nex­ion de Renater est con­sti­tuée de liaisons spé­cial­isées à haut débit, générale­ment sur fibre optique, et de sys­tèmes assur­ant la com­mu­ta­tion des paque­ts d’information.

Le réseau Renater a con­servé l’ap­proche coopéra­tive de l’In­ter­net. Il fédère plusieurs réseaux, les réseaux de cam­pus ou de site, les réseaux régionaux, et le réseau nation­al d’interconnexion :

- les réseaux de cam­pus sont con­sti­tués des réseaux locaux à haut débit qui relient sta­tions de tra­vail et ordi­na­teurs d’un même site ;
— les réseaux régionaux relient les réseaux de campus.Les réseaux régionaux per­me­t­tent aux cam­pus d’une même région de com­mu­ni­quer entre eux ;
— le réseau nation­al d’in­ter­con­nex­ion (RNI) relie les réseaux régionaux. Le réseau nation­al d’in­ter­con­nex­ion per­met à tous les sites reliés à Renater de com­mu­ni­quer entre eux et d’ac­céder aux réseaux étrangers à tra­vers une passerelle internationale.

Renater aujourd’hui

Aujour­d’hui Renater dis­pose d’un réseau région­al dans chaque région de la métro­pole et dans tous les départe­ments d’outre-mer. Actuelle­ment 550 grands sites ou cam­pus sont directe­ment rac­cordés à Renater, à des débits allant de 64 kbit/s à 34 Mbit/s. Ces sites regroupent la qua­si-total­ité de la recherche publique et de l’en­seigne­ment supérieur français, toutes les uni­ver­sités, le CEA, le CNES, le CNRS, la direc­tion des études et recherche d’EDF, l’In­ria, l’On­era, l’In­serm, l’Orstom, le Cirad, l’Ifre­mer, l’In­rets, l’É­cole poly­tech­nique et la majorité des écoles d’ingénieurs et écoles de com­merce, les écoles d’ar­chi­tec­ture, mais aus­si des lab­o­ra­toires privés ou des cen­tres de recherche de l’in­dus­trie, des musées ou bib­lio­thèques, les rec­torats, cer­taines admin­is­tra­tions ou col­lec­tiv­ités locales parte­naires de Renater. De nom­breuses entités comme les insti­tuts uni­ver­si­taires de tech­nolo­gie ont un accès indi­rect à Renater par l’in­ter­mé­di­aire de ces sites. Déjà plus de 1 500 lycées et col­lèges accè­dent égale­ment au réseau par l’in­ter­mé­di­aire de passerelles dis­posées au niveau des rec­torats. Le min­istère de l’É­d­u­ca­tion nationale a d’ailleurs décidé d’é­ten­dre cet accès à l’ensem­ble de ces étab­lisse­ments et à une par­tie des écoles au cours des trois prochaines années.

L’ac­cès au réseau Renater est soumis au respect d’une charte de déon­tolo­gie inter­dis­ant les usages illicites et non pro­fes­sion­nels du réseau. Les sta­tis­tiques de traf­ic révè­lent une crois­sance excep­tion­nelle du traf­ic nation­al mais aus­si inter­na­tion­al. Ce taux de crois­sance, situé entre 6 et 7 % par mois, en a fait le plus grand réseau français de trans­mis­sion de don­nées en ter­mes de traf­ic transporté.

Renater : un des plus grands réseaux de l’Internet mondial

Le réseau français Renater con­stitue aujour­d’hui un des plus impor­tants réseaux de l’In­ter­net mon­di­al ; il est directe­ment relié aux grands réseaux :

- européens via des liaisons sur le réseau Ebone et le réseau européen TEN 34 (Trans Euro­pean Net­work à 34 Mbit/s) mis en oeu­vre par l’ensem­ble des réseaux européens pour la recherche,
— et nord-améri­cains, par la pre­mière liai­son ATM mise en place entre l’Eu­rope et les États-Unis par France Télécom.

Renater est égale­ment con­nec­té aux réseaux des opéra­teurs privés d’In­ter­net par un noeud d’in­ter­con­nex­ion mis en place à Paris par le GIP Renater.

Les services disponibles sur Renater

De nom­breux ser­vices sont disponibles sur Renater. Ce sont la mes­sagerie élec­tron­ique, le W3, le trans­fert de fichiers et l’ac­cès aux bases de don­nées mul­ti­mé­dia. C’est aus­si l’u­til­i­sa­tion d’or­di­na­teurs à dis­tance notam­ment pour la sim­u­la­tion numérique sur les super-cal­cu­la­teurs ou l’ex­ploita­tion à dis­tance des grands équipements sci­en­tifiques. Ces ser­vices évolu­ent rapi­de­ment et devi­en­nent de plus en plus faciles à utilis­er. Ils trait­ent l’in­for­ma­tion sous les formes les plus adap­tées à l’homme : son, images fix­es, images ani­mées. De nou­veaux ser­vices appa­rais­sent égale­ment sur Renater comme le tra­vail coopératif à dis­tance et la téléconférence.

L’évolution de Renater vers les réseaux à haut débit

Puisque l’in­for­ma­tion est désor­mais con­servée et trans­portée sous forme numérique, le son, les doc­u­ments admin­is­trat­ifs (EDI), les doc­u­ments de la presse et de l’édi­tion, la vidéo (télévi­sion numérique) sont de plus en plus trans­mis sous forme numérique et relèvent donc des méth­odes de traite­ment de l’in­for­ma­tique. Ils peu­vent donc être trans­portés par l’In­ter­net, sous réserve de dis­pos­er de réseaux sup­ports à haut débit.

La numéri­sa­tion de l’in­for­ma­tion est étroite­ment asso­ciée à l’évo­lu­tion actuelle vers une offre d’in­for­ma­tion de nature mul­ti­mé­dia asso­ciant et inté­grant textes, sons, images, vidéo et faisant appel aux tech­niques de l’in­tel­li­gence artificielle.

La général­i­sa­tion des micro-ordi­na­teurs tant dans le domaine grand pub­lic que pro­fes­sion­nel joue un rôle fon­da­men­tal dans cette évo­lu­tion, comme cela a été le cas lors du démar­rage de l’In­ter­net. Ces machines sont par­faite­ment adap­tées au stock­age, au traite­ment et à l’u­til­i­sa­tion de l’in­for­ma­tion multimédia.

Mais con­traire­ment aux pre­miers réseaux de trans­mis­sion de don­nées entre ordi­na­teurs ou même au télé­phone numérique, le mul­ti­mé­dia demande de dis­pos­er de réseaux à haut débit. Une image sci­en­tifique de haute déf­i­ni­tion peut exiger 24 mil­lions d’in­for­ma­tions élé­men­taires. Pour trans­met­tre cette image en quelques min­utes il faut dis­pos­er d’un débit d’au moins quelques cen­taines de kilo­bits par sec­onde, mais si l’on veut con­sul­ter de façon qua­si instan­ta­née une banque de don­nées con­tenant de telles images, c’est un débit de plusieurs dizaines de mégabits par sec­onde qui est néces­saire. Pour trans­met­tre des images ani­mées en haute déf­i­ni­tion on conçoit qu’il faut dis­pos­er de débits encore plus élevés.

La tech­nolo­gie des télé­com­mu­ni­ca­tions offre désor­mais cette pos­si­bil­ité soit en util­isant les réseaux en fibre optique, soit en util­isant mieux les réseaux exis­tants avec les tech­nolo­gies récentes de com­pres­sion de don­nées. Plus générale­ment les réseaux de trans­mis­sion de don­nées infor­ma­tiques devi­en­nent capa­bles de trans­porter de l’in­for­ma­tion mul­ti­mé­dia, un très bon exem­ple en est don­né par le développe­ment de l’In­ter­net qui a par­faite­ment su évoluer pour s’adapter à ces nou­veaux services.

On a vu plus haut que les réseaux locaux instal­lés au sein des cam­pus devi­en­nent capa­bles de trans­porter sans dif­fi­culté tous les flux d’in­for­ma­tion créés par les util­isa­teurs. Les développe­ments actuels por­tent sur l’in­ter­con­nex­ion à haut débit de ces cam­pus dans le cadre du pro­jet Renater 2. Les États-Unis ont récem­ment lancé une ini­tia­tive en ce sens con­nu sous le nom de pro­jet Inter­net 2.

Les nouveaux services

Compte tenu de la mon­tée en puis­sance du réseau, de nou­veaux ser­vices com­men­cent à se dévelop­per de façon d’abord expéri­men­tale, puis plus opéra­tionnelle sur Renater. Cer­tains pré­fig­urent les ser­vices qui seront offerts à terme au grand pub­lic ou aux entreprises. 

L’accès à distance aux grandes machines de calcul

L’évo­lu­tion de l’in­for­ma­tique con­duit à l’a­ban­don rapi­de des grands sys­tèmes infor­ma­tiques cen­tral­isés au prof­it de micro-ordi­na­teurs de plus en plus puis­sants com­plétés par un petit nom­bre de machines spé­cial­isées pour traiter des prob­lèmes com­plex­es et par­ti­c­uliers comme la sim­u­la­tion numérique appliquée à l’aéro­dy­namique ou à la défor­ma­tion des struc­tures con­séc­u­tive à un choc. Les ingénieurs ou les chercheurs dis­posent désor­mais de sta­tions indi­vidu­elles de tra­vail très puis­santes et accè­dent à par­tir de ces sta­tions aux grandes machines quant cela est néces­saire. Les résul­tats des travaux sont sou­vent unique­ment inter­préta­bles sous forme d’im­ages fix­es ou ani­mées. Bien que par nature lim­ités aux seuls ingénieurs et sci­en­tifiques, ces ser­vices méri­tent d’être men­tion­nés car ils ont représen­té la pre­mière demande de ser­vice néces­si­tant des hauts débits de transmission. 

Les services de visiophonie

Ils cou­vrent de nom­breuses appli­ca­tions, télé­con­férence depuis son bureau, téléréu­nion ou bien dif­fu­sion de cours ou de sémi­naires à dis­tance. Suiv­ant les appli­ca­tions envis­agées, ils doivent répon­dre à des critères de qual­ité très dif­férents et offrir des out­ils com­plé­men­taires adap­tés. De nom­breux pro­duits sont déjà disponibles sur l’In­ter­net mais il faut recon­naître qu’ils ne sont pas encore pleine­ment sat­is­faisants pour l’u­til­isa­teur. Ils devraient béné­fici­er de l’ar­rivée du haut débit. 

Le travail coopératif, l’instrumentation à distance, l’imagerie médicale

La maîtrise d’ou­vrage des grands pro­jets tech­niques inter­na­tionaux, par exem­ple l’Air­bus européen, a con­duit à met­tre en place des sys­tèmes d’aide au tra­vail coopératif. Ils intè­grent des out­ils décrits précédem­ment, télé­con­férence, banque d’in­for­ma­tion mul­ti­mé­dia con­tenant les doc­u­ments de tra­vail, les plans et toutes les infor­ma­tions tech­niques néces­saires à l’é­tude puis à la réal­i­sa­tion du pro­jet. Ces tech­niques peu­vent égale­ment être éten­dues à la mise en oeu­vre d’ap­pareils à dis­tance (téle­scopes situés en Amérique du Sud, accéléra­teurs de par­tic­ules), à la sur­veil­lance d’in­stal­la­tions indus­trielles com­plex­es ou au diag­nos­tic médi­cal à dis­tance. La numéri­sa­tion des images à la source dans les imageurs médi­caux mod­ernes offre en effet de nou­velles pos­si­bil­ités aux chercheurs 

Le télé-enseignement

Le con­texte de l’en­seigne­ment uni­ver­si­taire ou des études doc­tor­ales se prête bien au développe­ment du télé-enseigne­ment. De nom­breuses uni­ver­sités ou grandes écoles ont déjà mis en place des cours dif­fusés à dis­tance. Le télé-enseigne­ment reste encore un out­il dif­fi­cile à maîtris­er et ne fera prob­a­ble­ment pas l’ob­jet d’une général­i­sa­tion rapide.

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