Réindustrialisation la France et l’Europe à l’heure des choix

Réindustrialisation : la France et l’Europe à l’heure des choix

Dossier : Réindustrialisation | Magazine N°799 Novembre 2024
Par Thomas COURBE

L’espace économique mondial évolue. Au cours des dix dernières années, le ralen­tissement de la mondialisation des flux ainsi que la prise de conscience des réper­cussions de la désindus­trialisation en Europe et aux États-Unis ont profondément transformé la façon dont les pouvoirs publics et les acteurs privés appréhendent le modèle économique dans lequel ils opèrent.

Dans ce contexte de réorganisation des chaînes de valeur mondiales, un changement de doctrine s’impose pour permettre à l’Europe de se saisir des occasions offertes.

L’industrie joue un rôle central dans la réponse aux défis économiques, sociaux, écologiques et stratégiques actuels. Économiquement, elle est un moteur clé de la productivité, de l’innovation et des exportations, comme le montrent les conséquences de la désindus­trialisation sur le déficit commercial. Socialement, l’industrie favorise la cohésion territoriale et offre des emplois en moyenne mieux rémunérés que dans le tertiaire et de qualification intermédiaire. Elle est également essentielle à la transition écologique, contribuant aux objectifs de décarbonation et lui apportant des solutions innovantes. Enfin, l’industrie est cruciale pour l’autonomie stratégique et la souveraineté technologique, désormais déterminante pour assurer notre indépendance.

La réindustrialisation et un changement conceptuel sont en train de se produire. Depuis 2019 et la déclaration franco-allemande pour la réindustrialisation, l’Union européenne et les États membres ont pour la première fois vraiment renforcé leurs politiques industrielles, soutenant conjointement l’implantation de nouvelles chaînes de valeur sur tout le territoire.

 

“Nous sommes à un point d’inflexion d’une réindustrialisation qui demeure fragile.”

 

Nous sommes à un point d’inflexion d’une réindustrialisation qui demeure fragile. Les indicateurs traditionnels font ressortir que le mouvement de désindustrialisation s’est inter­rompu en France et qu’une dynamique de réindustrialisation s’est amorcée. Les crises majeures de la Covid puis de la guerre en Ukraine ont perturbé cette dynamique par leurs effets sur les prix de matières premières stratégiques – notamment énergétiques – et sur l’organisation des chaînes de valeur mondiales. Malgré ces obstacles, la réindustrialisation reprend sa dynamique en sortie de crise : on ouvre désormais plus d’usines en France qu’on n’en ferme, pour la première fois depuis 40 ans, et les créations d’emplois sont dynamiques. Toutefois, pour réussir à faire face à une concurrence inter­nationale accrue, de nombreux défis restent à relever – innovation, compétitivité, level playing field mondial – parfaitement décrits dans le rapport remis en septembre par Mario Draghi à la présidente de la Commission européenne.

Indicateur du nombre d’usines en France 
de 2002 à 2021 et projections pour 2022 et 2023

Dans cette bataille critique pour l’avenir du continent européen et de son modèle social, toutes les forces doivent être mobilisées. Je suis convaincu que ce numéro saura toucher les élèves de l’X et les convaincre d’engager leur talent et leur énergie dans ce combat.

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