Réconcilier les Français avec l’industrie

Dossier : La renaissance industrielleMagazine N°710 Décembre 2015
Par Thierry WEIL (78)

Le réc­it d’une société postin­dus­trielle fab­less, dans laque­lle les patriciens des pays dévelop­pés s’adonneraient aux nobles tâch­es de con­cep­tion et d’innovation, aux arts et aux loisirs, tan­dis que les besogneux des pays moins chanceux fab­ri­queraient les pro­duits que nous con­som­mons pour prof­iter de nos ser­vices à forte valeur ajoutée, a fait rêver quelques naïfs égoïstes au début des années 2000.

“ L’industrie reste le socle de notre cohésion sociale et de notre prospérité économique ”

Mais cette mys­ti­fi­ca­tion n’a pas survécu à la crise.

La France importe chaque année 50 à 70 mil­liards de sources d’énergie, selon les cours mon­di­aux. Les expor­ta­tions de ser­vices (tourisme inclus) lui rap­por­tent 20 à 30 mil­liards les bonnes années.

À moyen terme, il faut donc exporter des biens indus­triels ou grelot­ter, car on ne peut pas s’endetter indéfiniment.

À long terme, les capac­ités de con­cep­tion des pro­duits et des procédés suiv­ent tou­jours la pro­duc­tion : com­ment amélior­er un proces­sus que l’on ne maîtrise plus ?

Cepen­dant l’industrie est mal aimée en France : si 82 % des Chi­nois jugent attrac­t­if d’y tra­vailler, ou 67 % des Améri­cains des États-Unis, ce n’est le cas que de 36 % des Français1.

Pour prospér­er demain et attir­er les tal­ents, l’industrie doit donc se réc­on­cili­er avec les Français en se mon­trant respectueuse de l’environnement, des per­son­nes qui y tra­vail­lent, des riverains et des consommateurs.

Elle doit affron­ter avec suc­cès la désta­bil­i­sa­tion et l’opportunité que représen­tent l’invasion du numérique, dans la rela­tion avec les clients comme dans les procédés, et le néces­saire décou­plage de la crois­sance et de la con­som­ma­tion des ressources lim­itées (dont la capac­ité de l’écosystème à absorber nos déchets et nos émissions).

L’industrie reste le socle de notre prospérité économique et de notre cohé­sion sociale, mais une indus­trie pro­fondé­ment trans­for­mée, indis­so­cia­ble des ser­vices qui lui sont asso­ciés ou dont elle per­met l’existence.

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1. Voir Pierre Veltz et Thier­ry Weil, L’Industrie, notre avenir, Paris, Eyrolles, 2015.

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