Quinze ans qui bouleversèrent le monde

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°591 Janvier 2004Par : Thierry De MONTBRIAL (63)Rédacteur : M. D. INDJOUDJIAN (41)

Thier­ry de Mont­brial aurait pu inti­tu­ler son livre : L’accélération de l’histoire, tant il est vrai que les ana­lyses faites par lui pen­dant quinze ans consé­cu­tifs (1989 à 2003) mettent en évi­dence cette carac­té­ris­tique majeure de la seconde moi­tié du XXe siècle.

Cette accé­lé­ra­tion est l’une des rai­sons du désar­roi incon­tes­table de l’opinion publique et de la classe poli­tique, de la fébri­li­té avec laquelle cer­tains prin­cipes sages sont aban­don­nés, de la hâte pas­sive avec laquelle, trop sou­vent, des concepts nou­veaux, mais d’un flou dan­ge­reux, se trans­forment en “ idées reçues ”.

Certes, ceux de nos lec­teurs qui depuis 1989 ont lu Ram­sès (la publi­ca­tion annuelle de “ l’Institut fran­çais des rela­tions inter­na­tio­nales ” qu’a créé et que dirige l’auteur) ont déjà lu l’essentiel du conte­nu du pré­sent livre. Tou­te­fois, même eux – et a for­tio­ri ceux, plus nom­breux, qui sont fidèles à Ram­sès depuis peu d’années – auront entre les mains par ce recueil une pers­pec­tive à la fois com­mode et passionnante.

Que l’auteur ait pu se trom­per dans cer­taines de ses pré­vi­sions, que ses ana­lyses et ses opi­nions aient pu évo­luer – notam­ment sur l’Europe, dont une exis­tence forte lui paraît plus clai­re­ment indis­pen­sable aujourd’hui que naguère –, il ne faut pas le lui repro­cher, mais au contraire le féli­ci­ter de son réa­lisme et de son hon­nê­te­té intellectuelle.

Encore une fois, qu’on songe à la cas­cade tor­ren­tielle des évé­ne­ments mon­diaux “ de Ber­lin à Bag­dad ” (sous-titre du livre).

Chaque lec­teur uti­li­se­ra ce livre très riche selon ses besoins et ses pré­oc­cu­pa­tions. Un index abon­dant lui per­met­tra d’en extraire des “ fibres ” dont cha­cune s’attache à un thème, à un pays, à un homme. Ce n’est pas au hasard que j’ai uti­li­sé ci-des­sus l’adjectif commode.

Il me faut sou­li­gner enfin que le livre de Thier­ry de Mont­brial est écrit dans une langue clas­sique et claire, éloi­gnée de la langue de bois et des tics de lan­gage à la mode. Quelle satis­fac­tion pour le lec­teur ! même si, par­ci par-là, on trouve quelques angli­cismes bien inutiles, par exemple think-tank pour ins­ti­tut de recherche (ou groupe de réflexion spé­cia­li­sé), par exemple lob­by pour groupe de pres­sion, ce qui est un peu plus regret­table… car le mot anglais fait oublier le sens véritable !

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