Prévision des conséquences des risques

Dossier : La météorologie partie 2Magazine N°748 Octobre 2019Par Olivier RIVIÈRE de la SOUCHÈRE

En matière de risques indus­triels, avec de pos­si­bles émis­sions de pol­lu­ants ou rejets de sub­stances radioac­tives, la ques­tion de l’impact de la météorolo­gie se pose très rapi­de­ment pour iden­ti­fi­er les mesures de pro­tec­tion de pop­u­la­tion, de l’environnement et des biens à adopter. En matière d’urgence, la météorolo­gie est un fac­teur essen­tiel qui con­di­tionne la dis­per­sion, le trans­port des pol­lu­ants, leurs con­séquences, et la con­t­a­m­i­na­tion des pop­u­la­tions et des milieux.

Dis­pos­er aus­sitôt d’une obser­va­tion météorologique fiable sur le lieu de l’accident est essen­tiel, ce qui n’est pas tou­jours évi­dent, notam­ment dans le cas d’un acci­dent de trans­port. La com­bi­nai­son de moyens d’observation au sol ou embar­qués sur divers engins volants, et de mod­èles numériques, doit fournir une qua­si-obser­va­tion spa­tial­isée à très haute réso­lu­tion sur l’ensemble du ter­ri­toire : il fau­dra offrir 100 m de réso­lu­tion, et mieux sur cer­tains sites.

Le modèle numérique pour les prévisions

Puis, pour prévoir l’évolution de la sit­u­a­tion, le mod­èle numérique demeur­era l’approche incontournable.
Aurons-nous dans trente ans une mod­éli­sa­tion « envi­ron­nemen­tale » inté­grée, représen­tant les pol­lu­ants depuis leur émis­sion jusqu’à leurs inter­ac­tions avec les dif­férents com­par­ti­ments – atmo­sphère, sols… ? Un tel out­il serait le récep­ta­cle des travaux des meilleures équipes de recherche français­es ou européennes, spé­cial­isées en physique, en chimie, en biolo­gie, en san­té publique, en sci­ences du com­porte­ment et en ges­tion du risque. 

Sa mise en œuvre opéra­tionnelle, avec une capac­ité de per­ma­nence, en cas d’urgence, néces­sit­era une pré­pa­ra­tion et une coor­di­na­tion con­séquentes. Il mêlera sans aucun doute mod­èles physiques, mod­èles réduits sim­pli­fiés, sta­tis­tiques et intel­li­gence aug­men­tée. Il devra, comme les mod­èles d’urgence envi­ron­nemen­tale déployés aujourd’hui, être capa­ble de traiter les incer­ti­tudes : mécon­nais­sance de la source, du type de pol­lu­ant, absence qua­si sys­té­ma­tique de mesures… De tels out­ils prêts à être util­isés à la demande deman­deront des moyens de cal­cul et d’échange des infor­ma­tions adaptés.

Un interactivité en temps réel

En out­re, en cas de rejet radioac­t­if ou de pol­lu­tion, les incer­ti­tudes majeures provi­en­nent de la source : type, inten­sité et durée du rejet. Des moyens seront déployés in situ pour réalis­er des obser­va­tions com­plé­men­taires. Des drones minia­tur­isés, empor­tant des cap­teurs sophis­tiqués, trans­met­tront ces pré­cieux élé­ments de calage, qui seront directe­ment inté­grés aux chaînes numériques pour con­solid­er les prévi­sions et com­penser les incer­ti­tudes. Rêvons d’une telle inter­ac­tiv­ité en temps réel entre les mesures sur le ter­rain de paramètres et la mise en œuvre des out­ils de mod­éli­sa­tion – cen­tral­isée et au plus près du ter­rain. Ce serait un vrai progrès.

Rêvons. Un tel con­cept pour­rait être décliné dans de nom­breux domaines : la météo cal­culée à bord des avions ou des véhicules, en temps réel, recal­culée, aug­men­tée des indi­ca­tions recueil­lies en route, en est un autre exem­ple. Quant aux risques, il y a ceux que nous con­nais­sons et ceux que nous décou­vrirons : imag­in­er de tels sys­tèmes de prévi­sion adap­tés impose d’entamer les efforts de recherche dès à présent.


Cet arti­cle fait par­tie d’une col­lec­tion de points de vue et de rêves sur la “météo en 2049”…

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