Bonnet de police «troupe», début XIXe siècle.

Pompon rouge et bonnet jaune

Dossier : ExpressionsMagazine N°678 Octobre 2012
Par Serge DELWASSE (X86)

En 1823, l’École rede­vient mili­taire avec la Res­tau­ra­tion. Les élèves sont dotés de deux cha­peaux, l’un dur, le bicorne, l’autre mou, le bon­net de police.

Bon­net de police « troupe », début XIXe siècle.

Qu’est-ce qu’un bon­net de police ? C’est la coif­fure de repos (de « salle de police ») car, pour jouer à la belote, le casque n’est pas très pra­tique. C’est éga­le­ment celle des for­çats, des marins, bref, de tous ceux qui ont besoin d’avoir la tête cou­verte pour se tenir chaud. Le bon­net est « ter­mi­né par une touffe de fils », qui a don­né d’un côté le pom­pon des marins, et de l’autre le gland du bon­net de police. Il a per­du­ré dans les armées sous la forme du calot.

Du troupier au bazoff

Ce bon­net de police chan­té, par exemple, par Cla­ris dans Notre École poly­tech­nique, était du reste le modèle régle­men­taire de la troupe du Génie, c’est-à-dire avec pas­se­poil et gland écar­lates. En seconde année, L’Argot de l’X nous indique que les élèves l’échangeaient contre un « élé­gant bon­net de police à gland d’or », coif­fure des sous-offi­ciers (les bazoffs).

En 1843, le bon­net de police à pom­pon est rem­pla­cé par un cha­peau plus rigide à visière : le képi. Les X conservent leur bon­net, mais n’ont plus le droit de sor­tir avec.

En 1843, les X conservent leur bon­net, mais n’ont plus le droit de sor­tir avec

On ima­gine la double consé­quence, sachant que les élèves, à cette époque, payaient leur trous­seau : plus besoin de payer le gland « or », rem­pla­cé à moindre coût par le jône – aus­si appe­lé jon­quille par les textes ; plus besoin de chan­ger de cou­leur après la pre­mière année. C’est ain­si que la rouje et la jône, à l’origine la pre­mière et la seconde année, se sont mises à alter­ner, à un moment qu’on peut situer entre 1843 et 1858.

L’alternance décrétée

En 1874, on rem­place le bon­net de police par un képi dit « de petite tenue », dont la gre­nade est bien enten­du alter­na­ti­ve­ment rouje ou jône.

Orange méca­nique
La tra­di­tion se renou­velle. Dans les années 1950, les maillots de sport des équipes offi­cielles mêlant deux pro­mo­tions sont de cou­leur orange. Aujourd’hui, les oranjes sont les cama­rades qui, ayant eu la chance de faire par­tie de deux pro­mos suc­ces­sives, sont à la fois jônes et roujes.

Hélas, le ministre se trompe en rédi­geant le règle­ment puisqu’il écrit : « Elle est de cou­leur jon­quille pour les élèves de 1re année, et écar­late pour ceux de 2e année. » On cor­rige enfin, par le règle­ment de 1887, qui pré­cise : « Sur le devant du ban­deau est pla­cée une gre­nade (hau­teur 25 mm), bro­dée en laine jon­quille pour les élèves d’une divi­sion ; en laine écar­late pour les élèves de l’autre divi­sion, et ain­si de suite en alternant. »

Chouchou et cagoule

Après plus d’un siècle de stricte alter­nance dans des domaines aus­si variés que les maillots de sport, ou le titre de La Jaune et la Rouge, qui ne l’a fina­le­ment empor­té qu’au nom de la Com­mis­sion pari­taire sur la presse, le rouje semble s’imposer défi­ni­ti­ve­ment sur deux élé­ments d’uniforme : le chou­chou des poly­tech­ni­ciennes, et les cagoules des missaires.

Bibliographie

L’Argot de l’X, illus­tré par les X, Albert-Lévy et Gas­ton Pinet.
Notre École poly­tech­nique, Cla­ris.
Le Grand Uni­forme des élèves de l’École poly­tech­nique, « Biblio­thèque de l’X », Lavauzelle.

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