Planisware, ou l’art de mettre de l’ordre dans la complexité

À la tête du développement américain d’un des deux produits phares de Planisware, Loïc Martinot (X13) incarne une génération d’ingénieurs capables de conjuguer expertise technique et sens du client. Face à des organisations toujours plus complexes, ses logiciels de gestion de portefeuille de projets apportent structure, visibilité et impact stratégique. Des grands groupes automobiles aux hôpitaux, jusqu’aux géants pharmaceutiques, Planisware trace son sillon dans les coulisses du pouvoir opérationnel.
Comment résumer ce que fait Planisware pour quelqu’un qui n’a jamais touché un logiciel de gestion de portefeuilles de projets ?
Planisware aide les grandes organisations à transformer leur stratégie en réalité opérationnelle. Nos logiciels permettent à des groupes complexes — parfois présents dans une dizaine de pays, avec des milliers de projets en parallèle — de coordonner efficacement leurs ressources, leurs équipes et leurs décisions. L’objectif ? Prioriser les bons projets, aligner les départements et respecter les contraintes de temps, de budget et de capacité. Nous ne disons pas aux entreprises ce qu’elles doivent faire. Nous leur donnons les moyens de le faire intelligemment.
En quoi vos outils se distinguent-ils des autres ?
Nous proposons des solutions puissantes, mais flexibles. Chaque entreprise a sa propre culture, ses propres contraintes. Nos logiciels et nos équipes s’adaptent aux métiers : R&D, IT, ingénierie, production… Cette approche « multi-spécialiste » est notre force. Nos clients vont de Ford à EDF, en passant par des groupes pharmaceutiques comme Pfizer. Ce qui nous distingue aussi, c’est notre ancrage : on ne vend pas un logiciel clé en main, on le déploie, on l’ajuste, on le fait vivre avec le client. C’est un partenariat technique et humain.
Avez-vous un exemple concret d’impact ?
Boston Children’s Hospital, premier hôpital pédiatrique du Massachusetts, devait mener une profonde transformation digitale sans mettre en péril ses activités quotidiennes. Notre solution leur a permis de piloter leurs projets d’infrastructure IT critiques en minimisant la disruption. Chez Ford, c’est la gestion fine de la chaîne logistique autour du développement de nouvelles plateformes automobiles : des dizaines de milliers de pièces, des fournisseurs à plusieurs niveaux, et des délais millimétrés. Sans notre outil, le moindre retard pouvait désorganiser toute une ligne de production.

Quels résultats vos clients observent-ils concrètement après déploiement ?
Trois indicateurs reviennent souvent. D’abord, un gain de temps significatif : jusqu’à 50 % de réduction du temps passé à chercher l’information pour les chefs de projet. Ensuite, la capacité à filtrer les mauvais projets dès leur origine, grâce à une meilleure qualification des idées. Enfin, un impact mesurable sur la réussite : nous avons observé une augmentation de 57 % de la probabilité d’atteindre les objectifs organisationnels. Notre leitmotiv : moins de dispersion, plus de clarté, plus d’efficacité.
Comment accompagnez-vous vos clients sur la durée ?
La relation ne s’arrête pas à la vente. Elle commence souvent là. Nous avons une équipe dédiée au « Customer Success » qui suit les clients au fil des ans. Moi-même, je garde un lien régulier avec les comptes stratégiques ou que j’ai contribué à ouvrir. Car les besoins évoluent, les structures bougent — notamment après des fusions ou acquisitions, ou des pivots stratégiques (voulus ou subis). Notre rôle est d’apporter la continuité et l’adaptabilité pour que notre outil reste pertinent, même quand l’organisation change profondément.
Quel rôle joue votre culture d’entreprise dans votre succès ?
Nous sommes à la croisée des chemins entre rigueur d’ingénieur et pragmatisme de terrain. Nos fondateurs (dont deux X84) ont toujours prôné l’écoute active des clients. C’est une culture qui valorise l’humilité, l’adaptation, et l’expérimentation rapide. On n’est pas là pour tout savoir à l’avance, mais pour apprendre avec et grâce aux utilisateurs. Cette philosophie irrigue tout, du produit au service, et elle explique en grande partie notre croissance organique et continue.
Vous avez vous-même vécu ce passage de l’ingénierie à la fonction commerciale. Comment cela s’est-il passé ?
C’est peut-être ce que j’ai appris de plus précieux. Quand j’ai rejoint Planisware pour lancer un nouveau produit aux États-Unis, il a fallu convaincre les premiers clients, seul. En tant qu’ingénieur, se confronter au terrain, à la vente, à la réception parfois rude des clients, c’est un vrai choc. Mais c’est là qu’on apprend le plus vite. J’ai compris qu’une solution, même brillante, ne vaut rien si elle ne répond pas à un besoin exprimé. Et cela m’a appris à sortir de ma zone de confort.
Quelles compétences recherchez-vous chez les jeunes profils que vous recrutez ?
De la curiosité, de la souplesse, et une envie de s’engager. Il faut aimer apprendre vite, aller vers les clients, affronter les retours, expérimenter sans cesse. On est loin de la tour d’ivoire. À San Francisco comme ailleurs, je cherche des profils capables d’agir, pas seulement de théoriser. Et l’IA, qui est aujourd’hui un levier majeur pour nous, accentue encore cette exigence d’agilité.
Et justement, comment Planisware intègre-t-elle l’IA ?
Nous utilisions déjà des modèles prédictifs pour estimer les durées de tâches critiques, notamment dans le secteur pharmaceutique. Aujourd’hui, avec les modèles génératifs, c’est l’interface elle-même qui évolue. Demain, un utilisateur pourra interroger le logiciel en langage naturel : « Quels projets risquent de dépasser leur budget ce trimestre ? » Et obtenir une réponse contextualisée. Cela ouvre notre outil à des profils non experts et démocratise son usage.
Quelles sont vos ambitions à l’international ?
Planisware est déjà présent en Europe, en Amérique du Nord, et en Asie. Mais il reste beaucoup à faire, notamment en Amérique latine, où la transformation numérique des entreprises s’accélère. L’Asie est également stratégique, avec des écosystèmes technologiques très dynamiques. Notre modèle repose sur une plateforme commune, enrichie par des déclinaisons sectorielles. C’est ce qui nous permettra de toucher des marchés jusqu’ici moins accessibles.
Quel regard portez-vous sur le futur du secteur ?
Le marché des logiciels de gestion de projets se concentre, les attentes montent, et l’IA redistribue les cartes. Dans trois ans, certains leaders d’aujourd’hui auront disparu, d’autres auront pris le virage. Nous sommes confiants : notre croissance soutenue, notre autonomie financière et technologique, ainsi que notre proximité avec nos clients nous placent en bonne position. Mais la vigilance est de mise. L’écoute client, l’amélioration continue, et la spécialisation seront nos atouts pour durer.





