Ghislain LESTIENNE en scooter électrique

Pink Mobility développe la mobilité des deux-roues électriques en France !

Dossier : Dossier FFEMagazine N°733 Mars 2018
Par Ghislain LESTIENNE

Vous êtes depuis toujours passionné par la mobilité électrique.
Pouvez-vous nous dire plus ?

Lors de mes études à l’Institut Catholique des Arts et métiers, j’ai réal­isé mon stage chez PSA dans le domaine du véhicule élec­trique. J’ai ensuite rejoint, dans le cadre d’un V.I.E. à Brux­elles, l’Association nationale pour le développe­ment de la mobil­ité élec­trique (AVERE) en tant que chargé de mis­sion puis secré­taire général. 

À l’époque, l’association en était encore aux prémices de son action en faveur du développe­ment du véhicule électrique. 

Fort de cette expéri­ence de lob­by­ing, mais désireux d’intégrer le monde indus­triel, j’ai pos­tulé chez PSA-Peu­geot Cit­roën ; un univers tech­nologique com­plexe, une école de la pré­ci­sion et de l’engagement qual­ité, d’un bout à l’autre de la chaîne. 

Pen­dant 17 années, j’ai par­ticipé à plusieurs lance­ments de véhicules (C3 Pluriel à Madrid, Peu­geot 207 et 208, 1007), mené des pro­jets inter­na­tionaux comme le déblocage d’une usine au Brésil et l’ouverture d’une autre à Shen­zhen, en Chine, avec le lance­ment du dernier mod­èle DS7, bien­tôt disponible en France. 

C’est d’ailleurs en Chine que j’ai réelle­ment décou­vert le déploiement de la mobil­ité élec­trique où il se vend 30 mil­lions de roues élec­triques chaque année. Là-bas, nul besoin d’avoir de hauts revenus pour se déplac­er en scoot­er élec­trique. La mobil­ité est à la portée de tous les porte-mon­naie, à la dif­férence de la France qui réserve ce type de trans­port à une élite financière. 

Au début des années 2000, le gou­verne­ment chi­nois a en effet décidé d’interdire tout sim­ple­ment les deux roues ther­miques pour solu­tion­ner le prob­lème de la pol­lu­tion urbaine. Cette mesure fut un véri­ta­ble levi­er de crois­sance pour le marché du deux-roues électrique. 

De retour en région parisi­enne, après trois ans passés en Chine, j’ai décidé d’entamer la sec­onde par­tie de ma car­rière en tant qu’acteur de cette mobil­ité en pleine mutation. 

En Europe, et notamment en France, quels sont les freins au développement de la mobilité électrique et plus précisément des deux-roues électriques ?

Pour moi, il n’y a pas de frein tech­nologique au développe­ment des scoot­ers élec­triques en Europe, car ils ne sont pas exposés aux mêmes con­traintes que les voitures élec­triques : la recharge et l’autonomie.

Nos scoot­ers élec­triques sont en effet équipés d’une ou deux bat­ter­ies amovi­bles de 8 à 11 kilos, selon nos mod­èles, recharge­ables sur sim­ple prise, dans un bureau ou à domi­cile. En out­re, les deux-roues élec­triques sont util­isés en ville et rarement pour réalis­er de longues distances. 

En fonc­tion du nom­bre de bat­ter­ies embar­quées, ils dis­posent d’un niveau d’autonomie adap­té à un usage quo­ti­di­en, soit 40 à 100 kilo­mètres pour les véhicules pro­posés par Pink Mobility. 

S’il en coûte 20 fois moins de rouler en véhicule élec­trique qu’en scoot­er à essence, l’enjeu prin­ci­pal réside dans la dif­fi­culté à dévelop­per des scoot­ers finan­cière­ment aus­si com­péti­tifs que les deux-roues thermiques. 

Or, aujourd’hui, la tech­nolo­gie des bat­ter­ies représente une part non nég­lige­able du coût glob­al d’un scoot­er élec­trique, que les inci­ta­tions gou­verne­men­tales, comme le bonus écologique, cou­vrent en partie. 

Sur ce marché, quel est votre positionnement ?

L’activité de Pink Mobil­i­ty a démar­ré en févri­er 2016. Nous avons com­mencé par met­tre au point des véhicules adap­tés aux niveaux de con­for­mité des marchés européens et français. 

Com­ment ? En appli­quant au développe­ment de nos scoot­ers élec­triques les exi­gences de qual­ité pro­pres à l’industrie auto­mo­bile, par l’établissement de cahiers des charges pré­cis et une recherche pointilleuse de fournisseurs. 

Ces amélio­ra­tions struc­turelles ciblent la robustesse du pro­duit et son ergonomie : red­i­men­sion­nement du guidon, ren­fort de cer­taines pièces comme la béquille cen­trale ou encore le porte-cais­son, fia­bil­i­sa­tion du cad­ran de con­trôle, change­ment du contrôleur. 

Pen­dant une année, nous avons mené de nom­breux tests et essais, grandeur nature, en parte­nar­i­at avec plusieurs de nos prospects, dont Scootlib, leader de la loca­tion de deux-roues pour les pro­fes­sion­nels de la livrai­son (piz­zas, sushis, livraisons, etc.). 

Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

En décem­bre 2016, nous avons lancé la com­mer­cial­i­sa­tion de notre scoot­er élec­trique 100 % poly­va­lent, le PinkUp, à des­ti­na­tion des professionnels. 

Notre pre­mier marché est celui de la livrai­son du dernier kilo­mètre, un secteur qui enreg­istre une crois­sance annuelle à deux chiffres depuis plus d’un an. Aujourd’hui, le parc est essen­tielle­ment ther­mique, mais nous sommes con­va­in­cus de l’avenir d’un tel secteur, tant les col­lec­tiv­ités que les entre­pris­es sont aujourd’hui de plus en plus soucieuses de pro­pos­er une mobil­ité durable et respon­s­able à leurs usagers et salariés. 

Nous pro­posons ain­si deux offres : l’achat ou la loca­tion avec entre­tien et assur­ance, en parte­nar­i­at avec Scootlib. À ce jour, notre parte­naire affiche un parc de plus de 2000 scoot­ers, répar­tis partout en France et dont les véhicules sont renou­velés tous les deux ans. 

Quels sont les enjeux auxquels vous êtes confrontés ?

Aujourd’hui, notre prin­ci­pal enjeu est de con­solid­er le marché du dernier kilo­mètre. En 2017, nous avons ven­du 220 scoot­ers ; l’objectif en 2018 est de dou­bler ces chiffres. Après plus de 18 mois d’essai et de dis­cus­sions, nous avons con­clu un parte­nar­i­at stratégique avec Domino’s Pizza. 

Out­re la recon­nais­sance par ce leader mon­di­al de la restau­ra­tion livrée, il s’agit là d’une étape fon­da­trice pour Pink Mobility. 

EN DÉCEMBRE 2016, NOUS AVONS LANCÉ LA COMMERCIALISATION DE NOTRE SCOOTER ÉLECTRIQUE 100 % POLYVALENT, LE PINKUP, À DESTINATION DES PROFESSIONNELS.

Nous devons aus­si cap­i­talis­er sur l’absence, aujourd’hui encore, des grands acteurs clas­siques des deux roues, comme Piag­gio et Peu­geot, en con­stru­isant l’image d’une mar­que aux mod­èles robustes et ergonomiques. 

À l’heure où le marché affiche une taille embry­on­naire, tout est pos­si­ble pour une start-up comme Pink Mobil­i­ty, à com­mencer par l’opportunité pour nous de pren­dre une bonne longueur d’avance.

En par­al­lèle, nous nous dévelop­pons sur le secteur de la mobil­ité partagée. L’enjeu : pro­pos­er un ser­vice con­nec­té. Dans cette optique, nous avons noué un parte­nar­i­at avec la start-up française implan­tée en Espagne, YUGO, pour lancer une offre de scoot­ers élec­triques en libre ser­vice en France. 

Démar­rage du ser­vice à Bor­deaux dès la fin du mois de févri­er, avec en amorce une cinquan­taine de véhicules en cir­cu­la­tion dès le printemps. 

La suite ? Nous dévelop­per dans d’autres métrop­o­les dans les mois qui suiv­ent. Nous avons délibéré­ment décidé de laiss­er Paris de côté, déjà large­ment servie par les offres de Cityscoot et de Coup pour nous con­cen­tr­er sur des villes de taille intermédiaire. 

Dans le même temps, nous dévelop­pons une offre, inscrite dans le développe­ment à grande échelle des smart grids, des­tinée aux ges­tion­naires de flotte désireux de se dot­er de deux-roues électriques. 

Objec­tif : répon­dre de façon sim­ple, via une appli­ca­tion con­nec­tée, aux besoins de flottes de grandes entre­pris­es, parcs d’attraction, cen­tres logis­tiques, événe­ments cul­turels de grande ampleur qui souhait­ent #Rouler­Autrement.

En scooter électrique

Ghislain LESTIENNE à l'atelier

Poster un commentaire