PHACET : L’IA au service des PME et ETI

PHACET : L’IA au service des PME et ETI

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Nicolas MARCHAIS (X12)

Nico­las Mar­chais (X12) est un entre­pre­neur aguer­ri qui a fait ses armes avec Spen­desk avant de se lan­cer dans l’intelligence arti­fi­cielle avec Pha­cet. Son objec­tif : aider les PME et ETI à inté­grer des solu­tions d’IA adap­tées à leurs pro­ces­sus métiers, notam­ment dans les fonc­tions finan­cières, juri­diques et opé­ra­tion­nelles. Entre­tien avec Nico­las Mar­chais, fon­da­teur et diri­geant de Pha­cet.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et la mission de Phacet ?

J’ai 32 ans et je fais par­tie de la pro­mo­tion X12. Mon pre­mier pro­jet entre­pre­neu­rial Spen­desk pro­po­sait une solu­tion de ges­tion des paie­ments pour PME et ETI, que j’ai cofon­dée et déve­lop­pée pen­dant sept ans. Après cette aven­ture, j’ai vou­lu aller plus loin dans la trans­for­ma­tion numé­rique des entre­prises en lan­çant plu­sieurs ini­tia­tives autour de l’intelligence artificielle.

Pha­cet est une pla­te­forme qui aide les PME et ETI à inté­grer des appli­ca­tions d’IA dans leurs pro­ces­sus métiers. Notre approche est très prag­ma­tique : nous ne fai­sons pas de l’IA pour l’IA, nous la met­tons au ser­vice de pro­blé­ma­tiques concrètes, notam­ment dans l’automatisation des tâches admi­nis­tra­tives, finan­cières et juri­diques. Nous avons aus­si créé le média grand public, millefeuille.ai, dont l’objectif est d’éduquer notre conscience col­lec­tive sur les enjeux de l’IA et ses impacts sur notre société.

Quels sont les principaux défis pour une entreprise qui souhaite adopter l’IA ?

Les grandes entre­prises dis­posent sou­vent de res­sources internes pour expé­ri­men­ter et déve­lop­per leurs propres solu­tions. Les PME et ETI, en revanche, manquent de temps, d’expertise et de bud­get pour se lan­cer dans l’IA. Elles savent que l’IA peut leur appor­ter de la valeur, mais elles ne savent pas par où com­men­cer ni com­ment s’assurer d’un bon retour sur inves­tis­se­ment. L’IA est un peu l’Everest pour elles !

Notre rôle est de les accom­pa­gner, et leur four­nir des appli­ca­tions IA prêtes à l’emploi sur notre pla­te­forme ou per­son­na­li­sées à leur besoin, non seule­ment pour implé­men­ter la tech­no­lo­gie, mais aus­si pour les aider à mieux com­prendre com­ment elle peut les assis­ter dans leurs tâches quo­ti­diennes, plu­tôt que de les remplacer.

Pouvez-vous donner des exemples concrets d’utilisation de vos solutions ?

Nous avons récem­ment tra­vaillé avec Smart­box, le lea­der euro­péen du cof­fret cadeau. Leur PDG nous a sol­li­ci­tés pour car­to­gra­phier leurs pro­ces­sus internes et iden­ti­fier des oppor­tu­ni­tés d’optimisation grâce à l’IA. Pour ce groupe, nous avons déployé plu­sieurs appli­ca­tions, notam­ment pour la récon­ci­lia­tion finan­cière, l’analyse contrac­tuelle et la géné­ra­tion de conte­nus mar­ke­ting. Les résul­tats sont impres­sion­nants : cer­tains pro­ces­sus ont vu leur pro­duc­ti­vi­té mul­ti­pliée par trois à cinq.

“Face à un marché saturé de solutions, il peut être difficile de faire la part des choses entre les vraies opportunités et les effets de mode.”

Un autre exemple concerne une grande chaîne hôte­lière et une enseigne de res­tau­ra­tion. Dans ces sec­teurs, les achats repré­sentent 30 à 35 % des coûts et les écarts entre les prix négo­ciés et ceux effec­ti­ve­ment payés peuvent repré­sen­ter des sommes impor­tantes. Nous avons mis en place une appli­ca­tion IA pour ana­ly­ser auto­ma­ti­que­ment les fac­tures et les rap­pro­cher d’analyse auto­ma­tique des fac­tures et de rap­pro­che­ment avec les bons de com­mande et de livrai­son. Résul­tat : une meilleure visi­bi­li­té sur leurs dépenses, des récla­ma­tions faci­li­tées et une réduc­tion signi­fi­ca­tive des écarts de fac­tu­ra­tion. Ce type d’automatisation per­met non seule­ment de réa­li­ser des éco­no­mies sub­stan­tielles, mais aus­si de sou­la­ger les équipes comp­tables et financières.

Comment accompagnez-vous les entreprises dans cette transition vers l’IA ?

Notre accom­pa­gne­ment repose sur une méthode en trois étapes. D’abord, nous réa­li­sons une car­to­gra­phie des oppor­tu­ni­tés en iden­ti­fiant les pro­ces­sus où l’IA peut réel­le­ment appor­ter un gain mesu­rable. Il ne s’agit pas de déployer l’IA par­tout, mais de se concen­trer sur les tâches répé­ti­tives et chro­no­phages où elle a un vrai impact.

En cinq jours, nous pou­vons créer une appli­ca­tion sur notre pla­te­forme pour prou­ver concrè­te­ment la valeur ajou­tée. Trop sou­vent, les entre­prises se laissent séduire par des pro­messes tech­no­lo­giques sans résul­tats tan­gibles. Nous vou­lons au contraire réduire le risque pour le diri­geant en lui mani­fes­tant rapi­de­ment ce que l’IA peut appor­ter à l’entreprise.

Phacet continue-t-elle d’accompagner les entreprises après cette phase initiale ?

Contrai­re­ment aux entre­prises amé­ri­caines qui pri­vi­lé­gient une approche très auto­ma­ti­sée et dis­tante, nous res­tons proches de nos clients. L’IA est une tech­no­lo­gie puis­sante, mais elle doit être adap­tée à chaque entre­prise. Même si deux entre­prises ont un même pro­ces­sus, elles ne le gèrent pas for­cé­ment de la même manière. Nous fai­sons donc ce qu’on appelle « le der­nier kilo­mètre » : nous ajus­tons les appli­ca­tions IA pour qu’elles répondent pré­ci­sé­ment aux besoins de chaque entreprise.

L’accompagnement humain est essen­tiel. Ce n’est pas seule­ment une ques­tion de tech­no­lo­gie : il faut for­mer les équipes, adap­ter les pro­ces­sus et s’assurer que les appli­ca­tions sont bien inté­grées dans les sys­tèmes existants.

PHACET met l’IA au service des PME et ETI

Vous évoquez souvent l’importance du contrôle humain sur l’IA. Pourquoi est-ce un point clé ?

L’IA est un for­mi­dable outil d’automatisation, mais elle n’est pas infaillible. Elle peut faire des erreurs, inter­pré­ter dif­fé­rem­ment cer­taines don­nées ou man­quer de contexte. Dans le cadre de l’entreprise, où la fia­bi­li­té des pro­ces­sus est essen­tielle, il est donc impé­ra­tif de gar­der une super­vi­sion humaine. Chez Pha­cet, nous conce­vons nos appli­ca­tions pour que l’IA assiste les sala­riés plu­tôt qu’elle ne les remplace.

Comment Phacet aborde-t-elle la question de la souveraineté des données et de la sécurité ?

La pro­tec­tion des don­nées est un sujet cen­tral. Dès le départ, nous avons conçu Pha­cet pour être conforme aux régle­men­ta­tions les plus strictes, notam­ment le RGPD et la norme ISO 27001. Nous garan­tis­sons que les don­nées de nos clients ne sont jamais uti­li­sées pour entraî­ner nos modèles d’IA. En paral­lèle, nous fai­sons en sorte que les entre­prises puissent gar­der un contrôle total sur l’IA qu’elles uti­lisent, afin d’éviter toute dépen­dance à des outils dont elles ne maî­tri­se­raient pas le fonctionnement.

Vous avez aussi lancé un média, Millefeuille. Pourquoi cette initiative ?

Avec Mil­le­feuille, nous cher­chons à vul­ga­ri­ser l’impact de l’IA sur la socié­té et les entre­prises. Nous abor­dons des sujets aus­si variés que l’éducation, la san­té, l’art, la poli­tique ou encore la défense. L’objectif est d’aider cha­cun à mieux com­prendre com­ment ces tech­no­lo­gies trans­forment notre quo­ti­dien et nos métiers. C’est un média 100 % humain, entiè­re­ment gra­tuit, où nous fai­sons inter­ve­nir des experts de divers hori­zons pour offrir un regard éclai­ré sur ces évo­lu­tions. Nous vou­lons ain­si contri­buer à déve­lop­per une culture de l’IA en France et en Europe.

Quelles sont vos ambitions pour Phacet dans les années à venir ?

Nous avons levé 5 mil­lions d’euros l’année der­nière auprès de 150 inves­tis­seurs et six fonds d’investissement. Aujourd’hui, nous sommes une quin­zaine de col­la­bo­ra­teurs, et notre objec­tif est d’atteindre plu­sieurs cen­taines de clients en Europe d’ici deux ans. Nous auto­ma­ti­sons déjà plus de 500 000 opé­ra­tions par mois avec notre pla­te­forme, et nous vou­lons mul­ti­plier ce chiffre pour aider encore plus d’entreprises à gagner en efficacité.

Un dernier message pour les dirigeants français qui hésitent encore à adopter l’IA ?

La course est lan­cée, et il est essen­tiel de ne pas prendre de retard. Les entre­prises amé­ri­caines et asia­tiques inves­tissent mas­si­ve­ment dans l’IA et expé­ri­mentent rapi­de­ment. En France, nous avons par­fois ten­dance à être trop pru­dents. Mon conseil est simple : ne res­tez pas spec­ta­teurs. Com­men­cez par explo­rer com­ment l’IA peut vous aider, tes­tez des solu­tions, mesu­rez les résul­tats et avan­cez pro­gres­si­ve­ment. L’IA n’est pas une mode pas­sa­gère, c’est une trans­for­ma­tion pro­fonde qui va redé­fi­nir nos manières de travailler.

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