PHACET : L’IA au service des PME et ETI

Nicolas Marchais (X12) est un entrepreneur aguerri qui a fait ses armes avec Spendesk avant de se lancer dans l’intelligence artificielle avec Phacet. Son objectif : aider les PME et ETI à intégrer des solutions d’IA adaptées à leurs processus métiers, notamment dans les fonctions financières, juridiques et opérationnelles. Entretien avec Nicolas Marchais, fondateur et dirigeant de Phacet.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours et la mission de Phacet ?
J’ai 32 ans et je fais partie de la promotion X12. Mon premier projet entrepreneurial Spendesk proposait une solution de gestion des paiements pour PME et ETI, que j’ai cofondée et développée pendant sept ans. Après cette aventure, j’ai voulu aller plus loin dans la transformation numérique des entreprises en lançant plusieurs initiatives autour de l’intelligence artificielle.
Phacet est une plateforme qui aide les PME et ETI à intégrer des applications d’IA dans leurs processus métiers. Notre approche est très pragmatique : nous ne faisons pas de l’IA pour l’IA, nous la mettons au service de problématiques concrètes, notamment dans l’automatisation des tâches administratives, financières et juridiques. Nous avons aussi créé le média grand public, millefeuille.ai, dont l’objectif est d’éduquer notre conscience collective sur les enjeux de l’IA et ses impacts sur notre société.
Quels sont les principaux défis pour une entreprise qui souhaite adopter l’IA ?
Les grandes entreprises disposent souvent de ressources internes pour expérimenter et développer leurs propres solutions. Les PME et ETI, en revanche, manquent de temps, d’expertise et de budget pour se lancer dans l’IA. Elles savent que l’IA peut leur apporter de la valeur, mais elles ne savent pas par où commencer ni comment s’assurer d’un bon retour sur investissement. L’IA est un peu l’Everest pour elles !
Notre rôle est de les accompagner, et leur fournir des applications IA prêtes à l’emploi sur notre plateforme ou personnalisées à leur besoin, non seulement pour implémenter la technologie, mais aussi pour les aider à mieux comprendre comment elle peut les assister dans leurs tâches quotidiennes, plutôt que de les remplacer.
Pouvez-vous donner des exemples concrets d’utilisation de vos solutions ?
Nous avons récemment travaillé avec Smartbox, le leader européen du coffret cadeau. Leur PDG nous a sollicités pour cartographier leurs processus internes et identifier des opportunités d’optimisation grâce à l’IA. Pour ce groupe, nous avons déployé plusieurs applications, notamment pour la réconciliation financière, l’analyse contractuelle et la génération de contenus marketing. Les résultats sont impressionnants : certains processus ont vu leur productivité multipliée par trois à cinq.
“Face à un marché saturé de solutions, il peut être difficile de faire la part des choses entre les vraies opportunités et les effets de mode.”
Un autre exemple concerne une grande chaîne hôtelière et une enseigne de restauration. Dans ces secteurs, les achats représentent 30 à 35 % des coûts et les écarts entre les prix négociés et ceux effectivement payés peuvent représenter des sommes importantes. Nous avons mis en place une application IA pour analyser automatiquement les factures et les rapprocher d’analyse automatique des factures et de rapprochement avec les bons de commande et de livraison. Résultat : une meilleure visibilité sur leurs dépenses, des réclamations facilitées et une réduction significative des écarts de facturation. Ce type d’automatisation permet non seulement de réaliser des économies substantielles, mais aussi de soulager les équipes comptables et financières.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans cette transition vers l’IA ?
Notre accompagnement repose sur une méthode en trois étapes. D’abord, nous réalisons une cartographie des opportunités en identifiant les processus où l’IA peut réellement apporter un gain mesurable. Il ne s’agit pas de déployer l’IA partout, mais de se concentrer sur les tâches répétitives et chronophages où elle a un vrai impact.
En cinq jours, nous pouvons créer une application sur notre plateforme pour prouver concrètement la valeur ajoutée. Trop souvent, les entreprises se laissent séduire par des promesses technologiques sans résultats tangibles. Nous voulons au contraire réduire le risque pour le dirigeant en lui manifestant rapidement ce que l’IA peut apporter à l’entreprise.
Phacet continue-t-elle d’accompagner les entreprises après cette phase initiale ?
Contrairement aux entreprises américaines qui privilégient une approche très automatisée et distante, nous restons proches de nos clients. L’IA est une technologie puissante, mais elle doit être adaptée à chaque entreprise. Même si deux entreprises ont un même processus, elles ne le gèrent pas forcément de la même manière. Nous faisons donc ce qu’on appelle « le dernier kilomètre » : nous ajustons les applications IA pour qu’elles répondent précisément aux besoins de chaque entreprise.
L’accompagnement humain est essentiel. Ce n’est pas seulement une question de technologie : il faut former les équipes, adapter les processus et s’assurer que les applications sont bien intégrées dans les systèmes existants.
Vous évoquez souvent l’importance du contrôle humain sur l’IA. Pourquoi est-ce un point clé ?
L’IA est un formidable outil d’automatisation, mais elle n’est pas infaillible. Elle peut faire des erreurs, interpréter différemment certaines données ou manquer de contexte. Dans le cadre de l’entreprise, où la fiabilité des processus est essentielle, il est donc impératif de garder une supervision humaine. Chez Phacet, nous concevons nos applications pour que l’IA assiste les salariés plutôt qu’elle ne les remplace.
Comment Phacet aborde-t-elle la question de la souveraineté des données et de la sécurité ?
La protection des données est un sujet central. Dès le départ, nous avons conçu Phacet pour être conforme aux réglementations les plus strictes, notamment le RGPD et la norme ISO 27001. Nous garantissons que les données de nos clients ne sont jamais utilisées pour entraîner nos modèles d’IA. En parallèle, nous faisons en sorte que les entreprises puissent garder un contrôle total sur l’IA qu’elles utilisent, afin d’éviter toute dépendance à des outils dont elles ne maîtriseraient pas le fonctionnement.
Vous avez aussi lancé un média, Millefeuille. Pourquoi cette initiative ?
Avec Millefeuille, nous cherchons à vulgariser l’impact de l’IA sur la société et les entreprises. Nous abordons des sujets aussi variés que l’éducation, la santé, l’art, la politique ou encore la défense. L’objectif est d’aider chacun à mieux comprendre comment ces technologies transforment notre quotidien et nos métiers. C’est un média 100 % humain, entièrement gratuit, où nous faisons intervenir des experts de divers horizons pour offrir un regard éclairé sur ces évolutions. Nous voulons ainsi contribuer à développer une culture de l’IA en France et en Europe.
Quelles sont vos ambitions pour Phacet dans les années à venir ?
Nous avons levé 5 millions d’euros l’année dernière auprès de 150 investisseurs et six fonds d’investissement. Aujourd’hui, nous sommes une quinzaine de collaborateurs, et notre objectif est d’atteindre plusieurs centaines de clients en Europe d’ici deux ans. Nous automatisons déjà plus de 500 000 opérations par mois avec notre plateforme, et nous voulons multiplier ce chiffre pour aider encore plus d’entreprises à gagner en efficacité.
Un dernier message pour les dirigeants français qui hésitent encore à adopter l’IA ?
La course est lancée, et il est essentiel de ne pas prendre de retard. Les entreprises américaines et asiatiques investissent massivement dans l’IA et expérimentent rapidement. En France, nous avons parfois tendance à être trop prudents. Mon conseil est simple : ne restez pas spectateurs. Commencez par explorer comment l’IA peut vous aider, testez des solutions, mesurez les résultats et avancez progressivement. L’IA n’est pas une mode passagère, c’est une transformation profonde qui va redéfinir nos manières de travailler.