Pas de logement sans habitant

Dossier : Le logement, un enjeu de sociétéMagazine N°681 Janvier 2013
Par Michel ROSTAGNAT (75)

L’envolée récente des prix du loge­ment touche de plein fou­et les ménages les plus mod­estes. La crise immo­bil­ière vient de bal­ay­er les États-Unis puis l’Espagne. Elle men­ace à présent la Chine : trois pays qui avaient cru pou­voir faire de la con­struc­tion un fer de lance de leur économie sans se souci­er de leurs habi­tants. Ces bulles qui écla­tent sous nos yeux nous rap­pel­lent qu’avant d’être un con­tribu­teur au PIB, le loge­ment est d’abord un mar­queur social.

Car les mœurs évolu­ent. Le loge­ment doit évoluer de même. Les sagas famil­iales s’accélèrent, appelant à de vrais par­cours rési­den­tiels. Inter­net con­tribue à l’effacement des fron­tières entre le temps de tra­vail et le temps pour soi, entre le bureau et la mai­son. Nos exi­gences de con­fort con­courent avec le ren­force­ment des normes au renchérisse­ment des coûts. Nous ne voulons plus de loge­ment ou de quarti­er clés en main.

Et par­lant de la Chine, qu’adviendra-t-il le jour où ses class­es moyennes voudront quit­ter leurs vingt-cinquièmes étages pour retrou­ver la cour car­rée de leurs ancêtres ? À ne con­sid­ér­er les besoins que sous un angle glob­al et quan­ti­tatif, on ris­querait de repro­duire les erreurs du passé.

L’économie du loge­ment a un côté fan­tasque. L’excellence énergé­tique n’est pas for­cé­ment com­pat­i­ble avec les petits bud­gets. Con­stru­ire plus peut induire une ten­sion sur le fonci­er et une hausse des prix. Enfin, à vouloir faire du loge­ment un pro­duit financier, on encourt le risque de bulles spécu­la­tives, comme le mon­trent les ava­nies de nos dis­posi­tifs défis­cal­isés récents.

Les besoins quan­ti­tat­ifs exis­tent, certes. Mais plutôt qu’un engage­ment mas­sif, c’est à une décli­nai­son locale fine que les pou­voirs publics sont invités. Elle passera sans doute par une décen­tral­i­sa­tion des com­pé­tences. Elle devra mieux utilis­er les out­ils d’action fon­cière exis­tants. Ain­si, une poli­tique réal­iste procédera d’une vision décen­tral­isée et qual­i­ta­tive. Pas de loge­ment sans habi­tant : c’est l’ambition de ce dossier.

Commentaire

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Fontaniérépondre
7 janvier 2013 à 10 h 04 min

Bra­vo Michel pour la
Bra­vo Michel pour la coor­di­na­tion de ce dossier. Ton intro­duc­tion le rend d’au­tant plus attrac­t­if. Ami­cale­ment. Géraud

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