Vue de l’atrium de PariSanté Campus à l’occasion du sommet pour l’action sur l’IA, le 11 février 2025.

PariSanté Campus, un acteur de référence au service du déploiement du numérique en santé

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Antoine TESNIÈRE

Annon­cé par le Pré­sident le 4 décembre 2020, le pro­jet Pari­San­té Cam­pus s’est depuis for­te­ment déve­lop­pé et a confir­mé son rôle cen­tral dans le déve­lop­pe­ment du numé­rique et de l’innovation en san­té au ser­vice de tous et de la socié­té de manière plus géné­rale. Aujourd’hui, Pari­San­té Cam­pus conti­nue de pro­gres­ser en ras­sem­blant l’ensemble des acteurs et en fai­sant rayon­ner le pro­gramme à l’échelle natio­nale, euro­péenne et mon­diale. Le point avec le pro­fes­seur Antoine Tes­nière, direc­teur géné­ral de Pari­San­té Campus.

PariSanté Campus a été lancé il y a déjà trois ans. Comment ce projet fédérateur a‑t-il évolué ?

Nous sommes très heu­reux de l’évolution et de la direc­tion prise par le pro­jet Pari­San­té Cam­pus qui aujourd’hui est deve­nu un éco­sys­tème de réfé­rence pour le numé­rique en san­té. Pour rap­pel, la mis­sion et l’ambition pre­mières de Pari­San­té Cam­pus sont de contri­buer à l’accélération de l’innovation en san­té numé­rique, et en par­ti­cu­lier dans le domaine de l’IA, en ras­sem­blant sur un même site les acteurs qui ont besoin et qui ont inté­rêt à tra­vailler ensemble.

Au cours des trois der­nières années, Pari­San­té Cam­pus s’est ain­si impo­sé comme un car­re­four de l’innovation en san­té et le croi­se­ment de pro­jets scien­ti­fiques, péda­go­giques, entre­pre­neu­riaux, indus­triels et ins­ti­tu­tion­nels por­tés par plus de 1 600 per­sonnes issues de six ins­ti­tuts et labo­ra­toires de recherche, de 80 struc­tures pri­vées et de grandes institutions.

“PariSanté Campus s’est imposé comme un carrefour de l’innovation en santé et le croisement de projets scientifiques, pédagogiques, entrepreneuriaux, industriels et institutionnels.”

Pari­San­té Cam­pus capi­ta­lise aujourd’hui sur ce très beau cycle de crois­sance et main­tient donc le cap ! La pre­mière phase du pro­jet a essen­tiel­le­ment per­mis de vali­der le concept, de le faire gagner en visi­bi­li­té, de démon­trer sa per­ti­nence et sa capa­ci­té à fédé­rer l’ensemble des par­ties pre­nantes au tra­vers de la mise en place de nom­breuses syner­gies à forte valeur ajou­tée entre ces acteurs pri­vés, publics, aca­dé­miques et ins­ti­tu­tion­nels. Sur ce volet, Pari­San­té Cam­pus s’appuie aujourd’hui sur une métho­do­lo­gie éprou­vée et tra­vaille aus­si sur la docu­men­ta­tion et la valo­ri­sa­tion des dif­fé­rents pro­grammes et pro­jets. Et nous menons ce tra­vail de coor­di­na­tion des dif­fé­rents acteurs éga­le­ment en dehors de Pari­San­té Cam­pus dans une logique de contri­bu­tion au ren­for­ce­ment de la filière natio­nale. Depuis plus récem­ment, nous tra­vaillons aus­si sur notre visi­bi­li­té à l’international afin de ren­for­cer l’attractivité de Pari­San­té Cam­pus et déve­lop­per la capa­ci­té d’exportation des entre­prises avec les­quelles nous collaborons. 

Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les principales parties prenantes de ce projet ?

À l’origine de Pari­San­té Cam­pus, on retrouve deux minis­tères (minis­tère de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche, minis­tère de la San­té et de l’Accès aux soins) et cinq membres fon­da­teurs : l’Inserm pour la recherche en san­té, Inria pour la recherche en numé­rique, l’Université PSL qui pro­pose de nom­breux pro­grammes de for­ma­tion sur le numé­rique en san­té, ain­si que le Health Data Hub et l’Agence du numé­rique en san­té. Ces der­niers ont tous sou­hai­té mettre en com­mun leurs exper­tises com­plé­men­taires au ser­vice d’un éco­sys­tème com­po­sé d’une part, des acteurs publics de la recherche et de la for­ma­tion, avec notam­ment les plus grandes ins­ti­tu­tions en la matière, et d’autre part, des par­te­naires pri­vés (entre­prises, fon­da­tions, associations). 

Au cours des trois der­nières années, cet éco­sys­tème s’est for­te­ment diver­si­fié. Pari­San­té Cam­pus a notam­ment accueilli plus d’une cen­taine d’entreprises (start-up, scale-up, grandes entre­prises) et est éga­le­ment sou­te­nu et accom­pa­gné par quatre grands par­te­naires : Doc­to­lib, la MGEN, qui fait par­tie du groupe mutua­liste Vyv, les labo­ra­toires Ser­vier et John­son & Johnson. 

On retrouve aus­si six ins­ti­tuts et labo­ra­toires de recherche, qui inter­viennent dans des domaines comme la phy­sique appli­quée à la méde­cine, l’intelligence arti­fi­cielle, les mala­dies infec­tieuses, la san­té numé­rique, les sciences humaines ou encore les sciences quan­ti­ta­tives du vivant.

Vue du bâtiment médical du Val-de-Grâce, futur site de PariSanté Campus.
Vue du bâti­ment médi­cal du Val-de-Grâce, futur site de Pari­San­té Campus.

Au cœur du projet, on retrouve 4 axes forts : la donnée, les compétences, la création de valeur scientifique et l’accompagnement de l’impact du numérique en santé. Comment cela se traduit-il concrètement sur le terrain ?

L’objectif ini­tial de Pari­San­té Cam­pus est de déve­lop­per le numé­rique en san­té avec un focus sur quatre grands axes stra­té­giques. Le pre­mier axe se concentre sur la don­née, sans laquelle il n’est bien évi­dem­ment pas pos­sible de déve­lop­per le numé­rique en san­té ! L’enjeu cen­tral est de sécu­ri­ser sa pro­duc­tion, son exploi­ta­tion, son sto­ckage et son par­tage, dans le res­pect des règles éthiques et au ser­vice du déploie­ment du numé­rique en san­té. Typi­que­ment, ces dimen­sions sont adres­sées par l’ensemble des acteurs de Pari­San­té Cam­pus à tra­vers des pro­jets de recherche ou des appels d’offres.

« L’objectif initial de PariSanté Campus est de développer le numérique en santé. »

On peut notam­ment men­tion­ner les appels d’offres du Health Data Hub concer­nant les entre­pôts de don­nées de san­té qui sont des élé­ments extrê­me­ment struc­tu­rants pour les acteurs de la san­té en France, ou encore les nom­breux tra­vaux menés autour de la cyber­sé­cu­ri­té. En paral­lèle, nous tra­vaillons aus­si beau­coup sur l’IA et son impact en matière d’exploration et de valo­ri­sa­tion des don­nées col­lec­tées. Nous réflé­chis­sons aus­si à des ques­tions d’ordre éthique et socio­lo­gique. À titre d’exemple, l’Institut de san­té numé­rique en socié­té qui explore tous les enjeux rela­tifs à l’appropriation et aux usages socié­taux de la trans­for­ma­tion numé­rique de la san­té. Avec le Health Data Hub, nous avons éga­le­ment des stra­té­gies de concer­ta­tion citoyenne et d’information en lien avec les asso­cia­tions de patients et d’usagers du sys­tème de san­té pour mieux appré­hen­der et com­prendre les enjeux autour de la donnée…

Le second axe concerne les com­pé­tences avec un focus sur la néces­si­té de favo­ri­ser l’émergence de for­ma­tions d’excellence autour des métiers du numé­rique en san­té pour créer des viviers d’expertises et de talents, struc­tu­rer et coor­don­ner une filière sur le plan natio­nal. Aujourd’hui, il existe dif­fé­rents pro­grammes de for­ma­tion ini­tiale et conti­nue notam­ment por­tés par l’Université PSL. Nous avons contri­bué à la créa­tion de nou­veaux pro­grammes fran­çais et euro­péens dont le but est d’accélérer le déploie­ment de for­ma­tions sur ces sujets deve­nus incon­tour­nables. Dans ce cadre, nous avons notam­ment créé une for­ma­tion au sein du grand pro­gramme Paris School Of AI, une école dédiée à l’IA.

“Notre rôle est d’accompagner tous les acteurs publics, privés, institutionnels, ainsi que les entreprises et les start-up dans le développement d’applications adossées à l’IA dans le domaine de la santé.”

Le troi­sième axe vise à garan­tir la créa­tion de valeur scien­ti­fique, éco­no­mique et indus­trielle aus­si bien au niveau des ins­ti­tu­tions de recherche que des entre­prises sans perdre de vue l’objectif final visant à favo­ri­ser l’émergence de cham­pions fran­çais. Depuis la créa­tion de Pari­San­té Cam­pus, ce sont ain­si plus de 500 publi­ca­tions scien­ti­fiques qui ont été issues par les ins­ti­tuts de recherche par­te­naires. Cela se tra­duit aus­si par la mise en place de pro­grammes d’envergure comme les Pro­grammes d’équipement prio­ri­taire de recherche du minis­tère de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche (PEPR) qui sont pilo­tés par l’Inserm et Inria, et dont une par­tie est en cours de déve­lop­pe­ment dans les ins­ti­tuts de recherche de Pari­San­té Campus.

Nous éva­luons éga­le­ment cette créa­tion de valeur en pre­nant en compte la crois­sance et le déve­lop­pe­ment des start-up, les recru­te­ments, les levées de fonds… À titre infor­ma­tif, les start-up pré­sentes au sein de Pari­San­té Cam­pus ont levé plus de 70 mil­lions d’euros, 55 % d’entre elles sont mobi­li­sées sur un pro­gramme inter­na­tio­nal et une large majo­ri­té tra­vaille sur l’IA. L’ensemble de ces élé­ments per­mettent aus­si d’attester de l’impact du pro­gramme Pari­San­té Campus.

Enfin, le der­nier axe vise à accom­pa­gner l’impact du numé­rique en san­té sur la socié­té en s’assurant que les patients en sont bien le pre­mier béné­fi­ciaire. Cela se tra­duit notam­ment par la mise en place de pro­grammes d’accès pré­coce, l’utilisation plus sys­té­ma­tique d’outils et d’applications numé­riques dans les hôpi­taux ou les cabi­nets des méde­cins… À ce niveau, Paris San­té Cam­pus a voca­tion à être un cata­ly­seur et un accé­lé­ra­teur du déploie­ment du numé­rique dans la san­té et de ces inno­va­tions au ser­vice des patients, des pro­fes­sion­nels et des acteurs de la santé.

Et aujourd’hui, où en est PariSanté Campus ?

Suite au lan­ce­ment de Pari­San­té Cam­pus, l’objectif ini­tial a été de faire exis­ter cet éco­sys­tème et de le déve­lop­per. Le pre­mier site a été inau­gu­ré le 14 décembre 2021, un an seule­ment après l’annonce du pro­gramme. Aujourd’hui se pour­suit le pro­gramme de réha­bi­li­ta­tion de l’ancien l’Hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, un bâti­ment emblé­ma­tique de l’héritage médi­cal fran­çais, qui à terme accueille­ra toutes les acti­vi­tés sur une sur­face de plus de 70 000 m2, au cœur de Paris.

Au-delà, il s’agit aus­si de faire rayon­ner Pari­San­té Cam­pus à une échelle natio­nale, euro­péenne et inter­na­tio­nale. Dans cette conti­nui­té, en 2025, est pré­vue la mise en place de l’espace euro­péen des don­nées de san­té, une étape extrê­me­ment impor­tante et struc­tu­rante qui per­met­tra de créer des syner­gies avec l’Europe, mais aus­si d’établir des col­la­bo­ra­tions avec dif­fé­rentes zones géo­gra­phiques, dont l’Amérique du Nord avec les États-Unis et le Cana­da, l’Asie, mais aus­si des pays fran­co­phones, notam­ment en Afrique. 

Quels sont les prochains grands jalons ?

2025 va être ponc­tuée de nom­breux temps forts. Nous avons récem­ment par­ti­ci­pé au Som­met pour l’action sur l’IA qui s’est tenu à Paris en février. 2025 sera aus­si l’année du déploie­ment de l’espace euro­péen des don­nées de san­té. Aujourd’hui, toutes nos par­ties pre­nantes sont mobi­li­sées pour déve­lop­per des appli­ca­tions ados­sées à l’IA dans le domaine de la san­té. Notre rôle est d’accompagner tous les acteurs publics, pri­vés, ins­ti­tu­tion­nels, ain­si que les entre­prises et les start-up dans cette démarche.

Nous sui­vons aus­si de près l’évolution des sys­tèmes de san­té qui ont voca­tion à deve­nir plus pré­ven­tifs et pré­dic­tifs. Nous avons lan­cé un cer­tain nombre de pro­grammes, notam­ment en par­te­na­riat avec Bpi­france, pour accé­lé­rer les pro­jets inno­vants en matière de prévention.

Enfin, nous contri­buons aus­si aux efforts et aux grands enjeux en matière de san­té publique. En matière de san­té men­tale, une pré­oc­cu­pa­tion majeure sur le plan natio­nal, nous avons lan­cé des pro­grammes afin de mon­trer com­ment le numé­rique peut répondre à cet enjeu avec des outils qui per­mettent de réa­li­ser des dépis­tages et des diag­nos­tics tou­jours plus précis.

Quels sont les enjeux qui vous mobilisent et les freins qui persistent ?

Pari­San­té Cam­pus pour­suit son déve­lop­pe­ment dans un contexte par­ti­cu­liè­re­ment enthou­sias­mant et dyna­mique mar­qué par une très forte accé­lé­ra­tion de l’innovation qui ouvre de nou­velles pers­pec­tives en matière de diag­nos­tic et de trai­te­ment et qui nous pousse à repen­ser notre sys­tème de san­té afin de don­ner une place plus impor­tante à la pré­ven­tion. Mais cette accé­lé­ra­tion de l’innovation entraîne aus­si une cer­taine pres­sion sur notre sys­tème de san­té, des besoins nou­veaux en matière de finan­ce­ment, l’optimisation des bud­gets, et la néces­si­té de créer des syner­gies… Dans cette démarche, il est aus­si essen­tiel de veiller à ce que cette inno­va­tion soit bien mise au ser­vice des patients en pre­nant en compte les volets rela­tifs à l’évaluation, la régu­la­tion ain­si que les attentes de la société.

Nous avons aus­si des enjeux à une échelle euro­péenne avec la néces­si­té de favo­ri­ser la mise en place d’un espace de déve­lop­pe­ment éco­no­mique coor­don­né sur la san­té et d’un espace de recherche autour du numé­rique qui a voca­tion à être recon­nu comme une réfé­rence dans le monde. Pari­San­té Cam­pus a l’ambition de jouer un rôle moteur dans ce cadre.

Et pour conclure ?

Dans un contexte mar­qué par une très forte dyna­mique scien­ti­fique et tech­no­lo­gique, la France a fait le choix de se doter et de déve­lop­per des outils à très forte valeur ajou­tée, comme Pari­San­té Cam­pus, dont la voca­tion est de fédé­rer, coor­don­ner et cata­ly­ser les acteurs et les ini­tia­tives pour créer un réel impact et de la valeur sur des sujets stra­té­giques comme la san­té et ren­for­cer son rayon­ne­ment à l’international.

www.parisantecampus.fr

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