Défilé le 14 juillet 2002.

Parcours d’un polytechnicien Viêtnamien

Dossier : Le Viêtnam en 2005Magazine N°609 Novembre 2005
Par Ngoc Anh VU (01)
Par Mai-Phuong DÔ (99)

Qui sont ces élèves ?

Qui sont ces élèves ?

Élèves des pro­grammes hon­orés des plus grandes uni­ver­sités du Viêt­nam (Uni­ver­sité nationale des sci­ences naturelles de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville, École poly­tech­nique de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville), ils sont tous sélec­tion­nés par dossier et puis par des épreuves orales qui ont lieu à l’am­bas­sade de France à Hanoi. La plu­part de ces élèves déti­en­nent une ou plusieurs médailles des con­cours inter­na­tionaux de math­é­ma­tiques ou de physique. Ils con­stituent la majorité des élèves d’élite du pays. Après leur sco­lar­ité au Viêt­nam, ils réus­sis­sent sou­vent à trou­ver des bours­es à l’é­tranger comme en France, au Japon, aux États-Unis, en Aus­tralie, etc., pour con­tin­uer leurs études supérieures dans les domaines tech­niques, sci­en­tifiques, ain­si que pour enrichir leurs con­nais­sances culturelles. 

Pourquoi la France et l’École polytechnique ?

Au moment du con­cours d’en­trée à l’X, la majorité de ces élèves ont passé les épreuves orales en anglais. 


Défilé le 14 juil­let 2002. 
© JEAN-LUC DENIEL — ÉCOLE POLYTECHNIQUE

Mal­gré le chal­lenge lin­guis­tique, il n’y a pas de doute, ils vont à l’X pour pour­suiv­re leurs études car c’est un des meilleurs étab­lisse­ments pour les études supérieures dans des domaines très var­iés. C’est vrai, l’É­cole a tout fait pour ses élèves et en par­ti­c­uli­er pour les élèves étrangers : une sco­lar­ité var­iée, des pro­fesseurs sym­pa­thiques et disponibles, des facil­ités pour toutes les activ­ités sportives et cul­turelles. Le plus impor­tant est un envi­ron­nement très sérieux de for­ma­tion et d’échange pour les élèves. 

À l’É­cole poly­tech­nique, les binets sont par­mi les activ­ités hors sco­laires les plus extra­or­di­naires. Les élèves viet­namiens par­ticipent aux divers binets, du binet X‑Entreprises au binet Pho­to, du binet Robot au binet Inter­na­tion­al, etc. De la par­tic­i­pa­tion indi­vidu­elle dans des activ­ités de l’É­cole, l’en­vie de partager, de faire con­naître sa cul­ture natale a poussé les X viet­namiens à créer des activ­ités eux-mêmes. Les élèves de la pro­mo 99 se sou­vi­en­nent sans doute de la journée viet­nami­enne à l’X, qui leur a per­mis d’as­sis­ter à des spec­ta­cles d’arts mar­ti­aux et de dans­es tra­di­tion­nelles. À par­tir de la pro­mo 2000, le nou­v­el an asi­a­tique, ou le Têt en viet­namien, est fêté à l’X chaque année avec comme organ­isa­teurs les élèves asi­a­tiques de la pro­mo. L’idée de la créa­tion d’un binet X‑Viet avait son orig­ine depuis les pre­mières pro­mos de X‑Viet (97).

Et la vie après l’X ?

En sor­tant de l’É­cole, les élèves viet­namiens ont autant de choix pour leur qua­trième année que leurs amis français, sauf pour les corps d’É­tat. Bien que la plu­part des élèves viet­namiens des pro­mos précé­dentes (de 95 à 99) aient choisi la recherche comme for­ma­tion après l’X, la ten­dance a beau­coup changé au cours des trois dernières années. La pro­mo­tion 2000 a vu six élèves par­mi seize choisir une école d’ap­pli­ca­tion après l’X. Cette ten­dance est même plus forte pour les deux dernières pro­mo­tions. De la pro­mo­tion 2002, qui vient de sor­tir de l’X, pour la pre­mière fois, le nom­bre des élèves viet­namiens qui suiv­ent une for­ma­tion d’ingénieur est supérieur à ceux qui font de la recherche (9 par rap­port à 4). Le choix des écoles varie large­ment, de Télé­com Paris, ENSAE, École des mines de Paris, École des ponts et chaussées, Supaéro à Toulouse, ENSTA et égale­ment l’É­cole du pét­role et des moteurs. Comme les élèves français, cer­tains X viet­namiens par­tent à l’é­tranger pour effectuer leur qua­trième année : Har­vard, Prince­ton aux États-Unis, Cam­bridge en Angleterre… 

Des polytechniciennes  dans le costume vietnamien “ Ao Dai ”
Les poly­tech­ni­ci­ennes (dont quelques-unes sont viet­nami­ennes) dans le cos­tume “ Ao Dai ” à l’occasion de Têt, le nou­v­el an asi­a­tique, en 2004. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE

On ne peut dire que peu de choses sur la vie pro­fes­sion­nelle des anciens élèves viet­namiens car il n’y en a guère par­mi eux qui sont totale­ment entrés sur le marché du tra­vail. La plu­part sont en train de ter­min­er soit leur thèse, soit leur dernière année de l’é­cole d’ingénieurs. Pour­tant, la procé­dure d’évo­lu­tion de ces élèves relève de plusieurs points impor­tants. Étant sur le cam­pus de Palaiseau pen­dant deux ans, ils ont obtenu des bases solides pour les con­nais­sances sci­en­tifiques et la cul­ture française. Le fait d’avoir une dou­ble cul­ture fran­co-viet­nami­enne est un atout pour bien s’in­tè­gr­er dans la vie après l’X. Ils trou­vent sans dif­fi­culté des stages de fin d’é­tudes ou des postes dans les grands groupes français. Poussés par l’am­bi­tion, cer­tains d’en­tre eux vont même faire des stages ou tra­vailler dans des entre­pris­es à l’é­tranger comme aux États-Unis, au Japon et en Angleterre. Cer­tains autres con­tin­u­ent des thès­es aux États-Unis et en Angleterre après avoir fait une école d’ingénieurs française. Tout cela a pour but de leur don­ner des com­plé­men­tar­ités à ce qu’ils ont appris en France. 

S’il y a env­i­ron une dizaine d’élèves viet­namiens pour chaque pro­mo­tion, dans trois ans il y aura près de 150 poly­tech­ni­ciens viet­namiens. Ils tra­vailleront dans tous les domaines, de la télé­com­mu­ni­ca­tion à l’aérospa­tiale, de l’in­dus­trie auto­mo­bile à celle du pét­role, de la finance d’en­tre­pris­es à la sci­ence économique et bien sûr dans des domaines des recherch­es sci­en­tifiques, surtout en math­é­ma­tique et physique. Bien com­pren­dre leur cul­ture asi­a­tique, avoir une bonne con­nais­sance de la cul­ture occi­den­tale sont deux car­ac­tères ” de fac­to “, sans préju­dice des solides con­nais­sances tech­niques qu’ils pos­sè­dent. Ouverts à des nou­veaux mon­des, prêts à pren­dre en main des dis­cus­sions avec leurs parte­naires, ces anciens élèves de l’É­cole joueront un rôle impor­tant dans le développe­ment du Viêtnam. 

Ain­si la devise de l’É­cole : ” Pour la Patrie, les Sci­ences et la Gloire “, ini­tiale­ment française, guidera désor­mais les poly­tech­ni­ciens viet­namiens dans leur chemin de vie. 

Poster un commentaire