Par la racine Gérald Tenenbaum

Par la racine

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°782 Février 2023Par : Gérald Tenenbaum (X72)Rédacteur : Pierre Séguin (X73)Editeur : Éditions Cohen&Cohen, janvier 2023

Gérald Tenen­baum est un cher­cheur et pro­fes­seur en mathé­ma­tiques fon­da­men­tales, mais il est aus­si, depuis un quart de siècle, un auteur fécond, dans des genres variés. On pour­ra s’en faire une idée via nos recen­sions pré­cé­dentes, dont la der­nière sur L’affaire Pavel Stein, un roman, dans notre numé­ro 768 d’octobre 2021 – voir aus­si les numé­ros 584, 620, 631, 658, 698, 725, 751, etc. Il y a sans doute une connexion entre l’imaginaire lit­té­raire et la créa­ti­vi­té mathé­ma­tique : pen­sons à Lewis Car­roll ou à l’Oulipo.

Le roman Par la racine, point trop long (190 pages) et au style cise­lé, explore une intrigue fami­liale nouée autour du deuil d’un père et de son énig­ma­tique tes­ta­ment. Les racines, qui comme cha­cun sait peuvent être mul­tiples ou com­plexes, y consti­tuent le fil rouge d’une quête des ori­gines émaillée de ren­contres, et par­fois éclai­rée de songes à la Modia­no. Irri­gué par une forte culture musi­cale et une réflexion sur la créa­tion lit­té­raire, l’ouvrage revi­site l’histoire et la mémoire ash­ké­nazes. Il entraîne le lec­teur dans un voyage ini­tia­tique tou­jours plus au sud, de la Lor­raine à la Ligu­rie, et au-delà, sur les rives de la Méditerranée.

On gar­de­ra un sou­ve­nir frap­pant du thème du dib­bouk, cen­tral dans le roman Par la racine, qui est dans la mytho­lo­gie juive l’illustration de la pos­ses­sion démo­niaque – le ciné­phile aura d’ailleurs peut-être vu dans quelque ciné-club le film épo­nyme de 1937, tour­né en yid­dish, rare témoi­gnage d’un monde dis­pa­ru. On connaît moins son pen­dant posi­tif, l’ibbur, sorte d’ange gar­dien qui guide secrè­te­ment les pro­ta­go­nistes de cette his­toire sen­sible et cap­ti­vante vers un dénoue­ment har­mo­nieux. 

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