OphtAI au cœur de la révolution de l’intelligence artificielle en ophtalmologie

OphtAI au cœur de la révolution de l’intelligence artificielle en ophtalmologie

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Alexandre LE GUILCHER

Alexandre Le Guil­cher, direc­teur Recherche & Inno­va­tion du groupe Evo­lu­care Tech­no­lo­gies, dévoile les cou­lisses d’une entre­prise fran­çaise pion­nière dans l’informatique pour éta­blis­se­ments de san­té. Entre solu­tions de ges­tion d’activité et inno­va­tions basées sur l’intelligence arti­fi­cielle, Evo­lu­care se posi­tionne comme un acteur clé pour accom­pa­gner les évo­lu­tions du sec­teur médical.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre entreprise et votre parcours ?

Je suis ingé­nieur de for­ma­tion, diplô­mé de l’INPG. En 2007, j’ai rejoint Evo­lu­care, l’entreprise fami­liale fon­dée il y a plus de 25 ans par mon père, Elie, dans laquelle nous ont depuis rejoints mon frère Romain (direc­teur adjoint) et ma sœur Mor­gane (DRH & Direc­tion Qua­li­té). De mon côté, après avoir occu­pé dif­fé­rents postes de direc­teur, j’ai créé en 2015 Evo­lu­care Labs, un ser­vice dédié aux pro­jets inno­vants col­la­bo­ra­tifs. Nous avions anti­ci­pé l’essor de l’intelligence arti­fi­cielle, son impact et donc ses oppor­tu­ni­tés sur notre marché.

Quels sont les principaux domaines d’intervention d’Evolucare ?

Evo­lu­care, c’est plus de 25 ans d’expérience, 450 col­la­bo­ra­teurs prin­ci­pa­le­ment en France, mais aus­si en Bel­gique, en Alle­magne et en Espagne.

Nous pro­po­sons des solu­tions infor­ma­tiques trans­ver­sales pour les éta­blis­se­ments de san­té (hôpi­taux et cli­niques) et médi­co-sociaux (mai­sons de retraite, éta­blis­se­ment pour per­sonnes han­di­ca­pées) notam­ment dans la ges­tion du dos­sier patient/résident/usager infor­ma­ti­sé, dans l’organisation des soins, la ges­tion admi­nis­tra­tive, la ges­tion des stocks. Nous avons éten­du notre gamme par des acqui­si­tions externes et pro­po­sons des solu­tions expertes en soins cri­tiques (bloc opé­ra­toire, anes­thé­sie, réani­ma­tion) et en ima­ge­rie médi­cale (RIS, PACS). Ce qui nous dis­tingue, c’est notre capa­ci­té à cou­vrir l’ensemble du par­cours patient, avec des solu­tions adap­tées à chaque étape et à chaque besoin. Evo­lu­care appar­tient depuis mi 2023 au groupe ita­lien GPI qui a de nom­breuses filiales dans le monde, ce qui va nous per­mettre d’accélérer notre déploie­ment à l’international.

Comment l’innovation s’intègre-t-elle dans votre stratégie ?

L’innovation est essen­tielle pour répondre aux défis d’un sec­teur aus­si com­plexe que la san­té. Nous avons créé Evo­lu­care Labs, notre labo­ra­toire de recherche, pour explo­rer les tech­no­lo­gies émer­gentes comme l’intelligence arti­fi­cielle (IA). Notre objec­tif était de s’entourer des meilleurs, nous tra­vaillons en par­te­na­riat avec des ins­ti­tu­tions publiques de réfé­rence dans le cadre de Pro­jets col­la­bo­ra­tifs. Nous avons de cette manière accès aux exper­tises néces­saires qu’elles soient médi­cales ou technologiques.

C’est dans ce cadre que la solution OphtAI a été créée ?

Oui, Oph­tAI, est une intel­li­gence arti­fi­cielle capable de détec­ter les prin­ci­pales patho­lo­gies de la rétine à par­tir d’une pho­to faite par un réti­no­graphe. Cette solu­tion a été créée en par­te­na­riat avec l’AP-HP et son réseau Oph­diat, le plus grand réseau fran­çais de télé-dépis­tage de la réti­no­pa­thie dia­bé­tique. Ils nous ont appor­té la base de pho­tos de rétines avec les anno­ta­tions faites par des réti­no­logues de l’Hôpital Lari­boi­sière. L’architecture neu­ro­nale et le modèle entraî­né ont quant à eux été
réa­li­sés avec le LATIM un labo­ra­toire public de R&D (UBO/INSERM) spé­cia­li­sé en ana­lyse d’images médicales.

Le modèle d’intelligence arti­fi­cielle, résul­tat du Pro­jet, est très per­for­mant, il repro­duit l’expertise des meilleurs spécialistes.

OphtAI

Pouvez-vous en détailler les avantages ?

Oph­tAI répond à un enjeu majeur : le dépis­tage de la réti­no­pa­thie dia­bé­tique. Cette com­pli­ca­tion du dia­bète peut entraî­ner une perte de vision irré­ver­sible si elle n’est pas détec­tée à temps. L’OMS recom­mande un exa­men de dépis­tage annuel pour les patients dia­bé­tiques, mais en France, comme par­tout dans le monde, le manque d’ophtalmologues au regard du nombre crois­sant de dia­bé­tiques com­plique les choses.

Notre solu­tion per­met à des non-spé­cia­listes d’identifier les patients néces­si­tant une prise en charge prio­ri­taire, et réduit ain­si la charge de tra­vail des oph­tal­mo­logues qui se concentrent sur la prise en charge thérapeutique.

La solution est-elle suffisamment sûre pour un tel usage ?

L’intelligence arti­fi­cielle sou­lève plu­sieurs défis dans le sec­teur médi­cal. Ses outils doivent res­pec­ter des normes éle­vées en matière de sécu­ri­té et d’éthique, comme le mar­quage CE pour les dis­po­si­tifs médi­caux en Europe mais aus­si la pro­tec­tion des don­nées, un sujet cru­cial en san­té (RGPD). Nous avons de plus prou­vé l’efficacité de cette tech­no­lo­gie en rem­por­tant plu­sieurs concours internationaux.

Qu’en est-il de l’acceptation par les professionnels de santé ? 

Une nou­velle tech­no­lo­gie peut être per­çue comme com­plexe ou intru­sive. C’est pour­quoi nous inves­tis­sons dans la sen­si­bi­li­sa­tion en par­ti­ci­pant à de nom­breux congrès pour que les méde­cins et autres pro­fes­sion­nels com­prennent et adoptent nos outils. L’idée est de rap­pro­cher les diag­nos­tics des patients, pour évi­ter les dépla­ce­ments inutiles et sur­tout rac­cour­cir les délais pour détec­ter au plus tôt et de façon glo­bale. Ces ini­tia­tives néces­sitent des tech­no­lo­gies robustes et acces­sibles, mais aus­si une refonte des par­cours de soins. Notre rôle est d’accompagner cette tran­si­tion en déve­lop­pant des outils inno­vants, tout en res­tant en phase avec les besoins du terrain.

Quels autres projets menez-vous actuellement ?

Nous avons déjà, avec les mêmes par­te­naires dans le cadre d’un labo­ra­toire com­mun, fait évo­luer la solu­tion depuis sa sor­tie en 2019. Nous y avons ajou­té la détec­tion de la DMLA et la sus­pi­cion de glau­come. Nous avons aus­si mis en point une car­to­gra­phie des lésions pour don­ner de l’explicabilité. Nous tra­vaillons actuel­le­ment sur la sor­tie d’une ver­sion conte­nant 12 nou­veaux détec­teurs avec pour objec­tif de pou­voir dire si la rétine est saine ou s’il y a un besoin d’aller consul­ter un ophtalmologue.

Nous allons aus­si sor­tir des modèles pré­dic­tifs, per­met­tant d’anticiper l’évolution d’une pathologie.

Où en êtes-vous dans le déploiement de cette solution ?

Oph­tAI est une nou­velle acti­vi­té, com­plé­men­taire pour notre groupe, qui peut être lente à déployer mas­si­ve­ment car selon les pays une adap­ta­tion régle­men­taire peut être néces­saire. Nous menons plu­sieurs expé­ri­men­ta­tions régio­nales, en tes­tant le dépis­tage chez le méde­cin géné­ra­liste ou en phar­ma­cie et avons dépo­sé auprès de la Haute Auto­ri­té de San­té une demande de créa­tion d’un nou­vel acte de dépis­tage à l’aide de l’IA.

En dehors de la France et de l’Europe, nos mar­chés prin­ci­paux, elle est déjà uti­li­sée dans de nom­breux pays allant du Cana­da, au Chi­li, en pas­sant par l’Afrique jusqu’à Hong Kong. Grâce à son fonc­tion­ne­ment sous forme de ser­vice héber­gé dans le cloud, son déploie­ment est rapide et effi­cace. Nous pas­sons par un réseau de par­te­naires inter­na­tio­naux qui intègrent le ser­vice à leurs solu­tions en plus d’avoir une ver­sion en ligne acces­sible de par­tout (my.ophtai.com).

Un mot pour conclure ?

Nous croyons fer­me­ment chez Evo­lu­care que l’avenir de la san­té passe par une meilleure syner­gie entre la tech­no­lo­gie et l’humain. L’innovation n’a de sens que si elle répond aux besoins concrets des soi­gnants et des patients. Chez Evo­lu­care, nous met­tons tout en œuvre pour que nos solu­tions soient per­for­mantes, acces­sibles et, sur­tout, utiles. 

https://www.ophtai.com/

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