Visioconférence pendant la crise du Covid

On ne l’appellera plus « le » COVID !

Dossier : EditorialMagazine N°756 Juin 2020
Par Pierre-René SÉGUIN (X73)

Nous voi­là à peu près sor­tis du confi­ne­ment ! Ce fut long et pro­gres­sif, mais on y est presque. Ce confi­ne­ment et la mala­die qui l’a jus­ti­fié (Covid) sont une cala­mi­té de bien des points de vue. Notam­ment, et certes ce n’est pas le pire, pour l’avalanche de rumeurs, d’infox et d’avis variés qui nous ont inon­dés durant cette période où nous étions des cibles qua­si cap­tives, à la fois vio­len­tées et consen­tantes. Tout un cha­cun se sen­tait fon­dé, quelles que fussent son expé­rience et ses com­pé­tences, à expri­mer des opi­nions défi­ni­tives sur l’origine, les méca­nismes et les remèdes de l’épidémie. Modes­te­ment, je vou­drais pour ma part évo­quer ici deux effets posi­tifs du confi­ne­ment que j’ai consta­tés sur moi-même. 

Mais aupa­ra­vant je sou­li­gne­rai que l’Aca­dé­mie fran­çaise a publié dans sa chro­nique « Dire, ne pas dire », mine d’informations et de rap­pels sur la langue pure mais non puriste, que le Covid était en fait fémi­nin, le D final signi­fiant disease en amé­ri­cain (COro­na VIrus Desease), lequel se tra­duit par mala­die, qui est fémi­nin. Res­pec­tueux de l’autorité lorsqu’elle est légi­time, nous par­le­rons donc doré­na­vant et sauf étour­de­rie tou­jours pos­sible de « la » Covid pour dési­gner la mala­die pro­vo­quée par le méchant virus. Reve­nons à mon propos.

“La vie n’est pas faite que de production,
elle est faite surtout de contact humain.

D’une part, donc, la vidéo­con­fé­rence est une belle chose, mais elle ne rem­place pas le contact direct, phy­sique ose­rais-je dire si je ne crai­gnais pas de pro­vo­quer une crise de nos­tal­gie pour le temps où l’on se ser­rait la main, voire même (hor­res­co refe­rens !) où l’on se fai­sait la bise. Il est certes bluf­fant de consta­ter ce que l’on peut faire en télé­tra­vail. Pour ce qui est de l’exemple par­ti­cu­lier de la revue, il n’était pas cer­tain que les deux der­nières livrai­sons pussent être livrées dans ces condi­tions, et elles l’ont été. Mais j’ai net­te­ment res­sen­ti les limites à la fois opé­ra­tion­nelles et humaines de l’exercice. Limite opé­ra­tion­nelle : tout un tas de ques­tions sont réglées qua­si ins­tan­ta­né­ment lorsqu’on se voit, à la limite par la com­mu­ni­ca­tion non ver­bale, ques­tions qui par inter­net demandent un délai, une for­ma­li­sa­tion, voire des com­pli­ca­tions contre­pro­duc­tives. Limite humaine : la vie n’est pas faite que de pro­duc­tion, elle est faite sur­tout de contact humain. Je ne sais pas com­ment on peut tra­vailler tota­le­ment en télé­tra­vail, comme c’est dit-on le cas dans cer­taines entre­prises ! Donc pre­mier effet posi­tif du confi­ne­ment : à son issue j’ai été vrai­ment content de revoir mes collègues. 

D’autre part, que l’on ait été quelque peu dés­œu­vré en rai­son des limites du tra­vail que l’on pou­vait four­nir dans son domaine d’activité ou que l’on ait été encore plus qu’à l’habitude sur­char­gé par la lour­deur des visio-confé­rences qui s’ajoutaient à la pro­duc­tion nor­male ou encore qu’on ait dû en plus du bou­lot se col­ti­ner les enfants dans un espace réduit, nous avons tous en dehors de nos charges consta­té une modi­fi­ca­tion de nos occu­pa­tions de loi­sir, quelque réduit fût ce der­nier. On ne pou­vait plus faire ce qu’on fai­sait d’habitude. Et inver­se­ment c’était le moment ou jamais de faire ce qu’on n’avait pas le temps ou le cou­rage de faire. Pour ma part j’ai incroya­ble­ment pro­gres­sé d’un coup en pia­no et en russe, mais on pou­vait aus­si se lan­cer dans les Mémoires de Saint-Simon (éclai­rées par Dan­geau, bien sûr) ou pro­cé­der au scan des argen­tiques pho­tos et papiers de famille depuis l’origine…


La révo­lu­tion, c’est les vacances de la vie, a dit Mal­raux. Et s’il avait connu le confinement ? 


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