Offrir des outils conceptuels décisifs

Dossier : L'X et les humanitésMagazine N°701 Janvier 2015
Par Dominique RINCÉ

L’X et les huma­ni­tés. Le titre pour­rait prê­ter à confu­sion. Cer­tains pour­raient y voir l’annonce d’un ensemble d’articles consa­crés aux grandes figures poly­tech­ni­ciennes qui ont su conju­guer dans leurs car­rières ou des­tins excel­lence scien­ti­fique et excel­lence « humaniste ».

Il est vrai qu’elles ne manquent pas : de Jean-Bap­tiste Biot (1794), le fin let­tré de la pre­mière pro­mo­tion de l’École, à Antoine Com­pa­gnon (70), aujourd’hui pro­fes­seur de lit­té­ra­ture à Colum­bia et au Col­lège de France, en pas­sant par Georges Sorel (1865), phi­lo­sophe et socio­logue, ou Alfred Sau­vy (20), lui aus­si socio­logue et démo­graphe, nom­breux sont les poly­tech­ni­ciens qui ont fait se croi­ser avec talent leur for­ma­tion d’ingénieur et leur pas­sion pour les huma­ni­tés et sciences humaines.

“ Une dimension éthique inappréciable dans l’éveil et la formation de nos étudiants ”

Nous vou­drions ici nous en tenir à quelques ques­tions et approches sur ce qui fonde, légi­time et per­pé­tue aujourd’hui la dimen­sion « huma­niste » de notre École, pré­sente dès l’origine dans le pro­jet poly­tech­ni­cien : pour­quoi de « vieilles » huma­ni­tés, des « beaux-arts » appli­qués et de « jeunes » sciences humaines et sociales en ren­fort du socle des sciences exactes ?

Quels défis à rele­ver pour le corps des pro­fes­seurs, cher­cheurs ou artistes de ces champs par­fois inat­ten­dus en école d’ingénieurs ? Quelles attentes, quels plai­sirs mais aus­si quelles réti­cences éven­tuelles pour les poly­tech­ni­ciens fran­çais ou étran­gers conviés tous les jeu­dis matin à pareilles décou­vertes et initiations ?

Quels pro­fits pro­fes­sion­nels et sur­tout quels béné­fices intel­lec­tuels « dif­fé­rés » en per­çoivent les jeunes anciens dans leurs débuts de vie active, comme les patrons confir­més de nos entreprises ?

À tra­vers ces ana­lyses et témoi­gnages, la pro­blé­ma­tique de « L’X et les huma­ni­tés » rejoin­dra inévi­ta­ble­ment celle de la place de la culture tout court au sein de la culture scien­ti­fique du polytechnicien.

On y ver­ra qu’à côté des ins­tru­ments opé­ra­toires de la science et de la tech­nique, les huma­ni­tés ont aus­si pour mis­sion d’offrir des outils concep­tuels déci­sifs dans l’investigation de la com­plexi­té du réel social ; qu’elles ont enfin – et peut-être sur­tout – une dimen­sion éthique inap­pré­ciable dans l’éveil et la for­ma­tion de nos étu­diants, futurs cadres de l’entreprise comme de l’administration, aux valeurs de res­pon­sa­bi­li­té, d’autonomie et de citoyenneté.

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