Nouveaux financements de la recherche : une révolution en marche

Dossier : Le financement de l'enseignement supérieur et de la rechercheMagazine N°634 Avril 2008
Par Antoine GEORGES (80)

En quelques années, les moda­li­tés de finan­ce­ment de la recherche publique fran­çaise ont été pro­fon­dé­ment trans­for­mées. L’enjeu essen­tiel que repré­sente la recherche dans la construc­tion effec­tive d’une « éco­no­mie de la connais­sance » s’est invi­té dans le débat public.

Cet article ne se veut pas une étude appro­fon­die des enjeux et des évo­lu­tions en cours, mais plu­tôt le « libre point de vue » d’un cher­cheur et d’un ensei­gnant, qui exerce son métier dans un labo­ra­toire dépen­dant conjoin­te­ment d’un grand ins­ti­tut (le CNRS) et d’une école d’ingénieurs (l’École poly­tech­nique), tout en diri­geant un des dépar­te­ments d’enseignement-recherche de cette dernière.

Placer la recherche au cœur de la formation

Pre­mier enjeu : la néces­si­té de pla­cer la recherche au cœur de la for­ma­tion intel­lec­tuelle et pro­fes­sion­nelle des étu­diants, et des élèves-ingé­nieurs en par­ti­cu­lier. Ce sont de révo­lu­tions dont le sys­tème fran­çais me semble avoir besoin sur ce point ! La « for­ma­tion par la recherche » est en effet un des ser­pents de mer du sys­tème édu­ca­tif fran­çais, dont on entend par­ler depuis plu­sieurs décen­nies, et les évo­lu­tions consta­tées sont pour le moins timides. Pour­quoi la recherche comme com­po­sante essen­tielle d’un cur­sus édu­ca­tif, dès les pre­mières années de l’enseignement supé­rieur ? D’abord parce qu’il s’agit d’une école intel­lec­tuelle sans équi­valent, qui per­met à un étu­diant de faire l’apprentissage de l’autonomie en s’affranchissant des savoirs tout faits.
 

Un retard consi­dé­rable en France
Les écoles d’ingénieurs fran­çaises ont un retard consi­dé­rable, qui prend sa racine, à dire vrai, dès les classes pré­pa­ra­toires. Sur les cinq pre­mières années du par­cours d’un poly­tech­ni­cien dans l’enseignement supé­rieur, seuls quelques mois (à la fin de l’année de master‑1, c’est-à-dire de la troi­sième année d’École) sont sérieu­se­ment consa­crés à la conduite d’un pro­jet per­son­nel dans un labo­ra­toire de recherche, en France ou à l’étranger. L’enthousiasme de nom­breux élèves qui découvrent ain­si la science « en train de se faire » est élo­quent. Mais cette expé­rience est trop rare et inter­vient trop tard : à ce stade de sa sco­la­ri­té, un étu­diant de Stan­ford ou de l’ETH-Zurich aligne déjà un nombre impres­sion­nant de stages en labo­ra­toires et autres sum­mer inter­n­ships. Outre la capa­ci­té à abor­der des pro­blèmes nou­veaux de manière non sco­laire, ces expé­riences lui assurent aus­si un solide dos­sier pour pos­tu­ler dans les meilleures gra­duate schools en vue de pré­pa­rer un PhD, alors qu’un élève des écoles d’ingénieurs fran­çaises ne pour­ra faire état du même cur­ri­cu­lum.

Ensuite parce que le monde de la recherche d’excellence se carac­té­rise par une forte ouver­ture inter­na­tio­nale et une intense com­pé­ti­tion. Toutes ces qua­li­tés devraient appa­raître comme un atout essen­tiel aux entre­prises à la recherche de jeunes talents.
Mettre la recherche et le labo­ra­toire au cœur du dis­po­si­tif d’enseignement dans les écoles d’ingénieurs est donc, à mon avis, un enjeu majeur pour notre sys­tème d’enseignement supérieur.

La recherche, une école intel­lec­tuelle sans équi­valent, qui per­met de faire l’apprentissage de l’autonomie

Cet objec­tif ne pour­ra être pris au sérieux par les étu­diants eux-mêmes que si les entre­prises y contri­buent de manière déter­mi­née, d’une part en adap­tant leurs dis­cours et leurs pra­tiques (par exemple en valo­ri­sant les car­rières dont le point de départ est en R & D, que ce soit à l’issue d’un mas­ter com­plet ou d’un PhD, au lieu de don­ner la pré­fé­rence aux fonc­tions de mana­ge­ment), et d’autre part en met­tant en place avec les éta­blis­se­ments des cofi­nan­ce­ments effi­caces.
Ceux-ci peuvent par exemple prendre la forme de chaires en par­te­na­riat avec un éta­blis­se­ment d’enseignement supé­rieur, qui com­portent à la fois le déve­lop­pe­ment d’un pro­gramme de recherche et d’un cur­sus d’enseignement. Plu­sieurs chaires sur ce modèle ont été récem­ment déve­lop­pées à l’École polytechnique.

Coupler recherche et industrie

Un cofi­nan­ce­ment effi­cace
Un exemple, au dépar­te­ment de phy­sique de l’É­cole poly­tech­nique : un cur­sus d’enseignement a été éta­bli autour des « maté­riaux fonc­tion­nels », en par­te­na­riat avec la socié­té Saint-Gobain et l’École supé­rieure de phy­sique et chi­mie indus­trielle (ESPCI). Il s’agit bien de cofi­nan­ce­ments : si l’entreprise contri­bue finan­ciè­re­ment, l’École (et donc la puis­sance publique) mobi­lise éga­le­ment des res­sources impor­tantes, en termes de moyens, d’enseignants (cer­tains rému­né­rés sur les res­sources propres ain­si obte­nues) et sur­tout, en mobi­li­sant sa prin­ci­pale « richesse » – ses élèves – vers cer­tains domaines scien­ti­fiques ou technologiques.

Second enjeu : l’importance de la recherche dans l’invention de tech­no­lo­gies nou­velles et l’amélioration du cou­plage entre recherche et indus­trie. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les capa­ci­tés d’innovation, qui seules per­met­tront à l’Europe de ne pas entrer dans une phase de simple impor­ta­tion ou repro­duc­tion de tech­no­lo­gies inven­tées ailleurs. Que la recherche, y com­pris dans ses aspects les plus fon­da­men­taux, soit le moteur indis­pen­sable de l’innovation tech­no­lo­gique devrait être facile à faire com­prendre dans un pays qui a vu un de ses plus grands scien­ti­fiques – Albert Fert – dis­tin­gué cette année par l’attribution du prix Nobel de phy­sique pour une décou­verte qui a, en moins de dix ans, révo­lu­tion­né les capa­ci­tés de sto­ckage des disques durs en les mul­ti­pliant par 100. Il s’agit bien, au départ, d’une décou­verte de phy­sique fon­da­men­tale (la grande dépen­dance de la résis­tance de cer­tains maté­riaux à un champ magné­tique appli­qué) qui a, en quelques années, conduit à de nou­velles têtes de lec­ture pré­sentes dans tous les ordi­na­teurs. Et qui laisse aus­si entre­voir une évo­lu­tion entiè­re­ment nou­velle pour les tech­no­lo­gies de l’électronique : la pos­si­bi­li­té de contrô­ler les élec­trons non seule­ment grâce à leur charge, mais aus­si grâce à leur moment magné­tique (« spintronique »).

Un couplage culturel

La réac­ti­vi­té des Amé­ri­cains
Mais pour que de tels suc­cès soient pos­sibles, il faut que le cou­plage entre recherche et indus­trie, entre milieux aca­dé­miques et entre­prises soit effi­cace. Albert Fert s’exprimait récem­ment sur ce point dans une inter­view au jour­nal Le Monde : « Il sub­siste en géné­ral dans notre pays un fos­sé entre le monde de la recherche publique et celui de l’industrie. Le trans­fert des connais­sances en est moins rapide. Exemple de la réac­ti­vi­té des indus­triels amé­ri­cains : un mois à peine après avoir don­né mes pre­mières confé­rences sur la magné­to­ré­sis­tance géante, j’ai reçu la visite d’une délé­ga­tion d’IBM. »

Le cou­plage entre le monde aca­dé­mique et celui de l’entreprise est d’abord un cou­plage cultu­rel. Un cadre diri­geant confron­té durant sa sco­la­ri­té à la démarche du cher­cheur com­pren­dra mieux les enjeux pos­sibles, en termes indus­triels, d’une per­cée scien­ti­fique même si elle peut appa­raître comme très « amont ». Un cher­cheur qui trouve sur son cam­pus l’occasion d’être expo­sé aux pré­oc­cu­pa­tions tech­niques d’industriels pour­ra y trou­ver de nou­velles sources d’inspiration. On note à ce sujet une évo­lu­tion très forte au niveau inter­na­tio­nal : de grandes entre­prises ayant tra­di­tion­nel­le­ment une forte culture de recherche réduisent ou ferment leurs centres de recherche propres (pous­sées, il faut bien le dire, par une logique d’économies) au pro­fit de centres en par­te­na­riat avec les éta­blis­se­ments uni­ver­si­taires, direc­te­ment implan­tés sur les cam­pus. Ces centres peuvent être assez fina­li­sés (exemple : la contri­bu­tion de Mit­su­bi­shi Che­mi­cals au centre d’étude des maté­riaux de l’université de Cali­for­nie-San­ta Bar­ba­ra) ou très explo­ra­toires (exemple : la « Station‑Q » récem­ment ouverte par Micro­soft sur le même cam­pus, réunis­sant mathé­ma­ti­ciens et phy­si­ciens autour de recherches très amont sur l’information quan­tique). Il y a, me semble-t-il, tout à gagner à recher­cher de telles asso­cia­tions et encou­ra­ger l’implantation de tels centres sur les cam­pus aca­dé­miques, cas encore trop peu fré­quents en France, pour­vu qu’un par­te­na­riat équi­li­bré et de vraies syner­gies entre les deux ins­ti­tu­tions soient recherchés.

La révolution du financement sur projets

Un cadre diri­geant confron­té durant sa sco­la­ri­té à la démarche du cher­cheur com­prend mieux les enjeux pos­sibles, en termes indus­triels, d’une per­cée scientifique

Quelques mots-clés résument à mon avis les objec­tifs essen­tiels qui doivent être pour­sui­vis par tout sys­tème d’organisation et de finan­ce­ment de la recherche : l’excellence, l’attractivité à l’échelle inter­na­tio­nale, la réac­ti­vi­té et l’indépendance. Les finan­ce­ments publics jouent évi­dem­ment ici un rôle moteur, et ce sont eux qui, en France, se sont trans­for­més le plus radi­ca­le­ment depuis quelques années. Exa­mi­nons briè­ve­ment ces trans­for­ma­tions, et leur degré d’adéquation à ces quatre objec­tifs essen­tiels.
La prin­ci­pale trans­for­ma­tion, qu’on pour­rait à juste titre qua­li­fier de révo­lu­tion, est celle de la très impor­tante mon­tée en puis­sance des finan­ce­ments sur pro­jets.
D’où viennent ces contrats ? Il y a, bien sûr, des finan­ce­ments inter­na­tio­naux, par exemple l’Union euro­péenne, ou diverses agences. Mais il y a sur­tout – c’est la prin­ci­pale évo­lu­tion – les finan­ce­ments issus de l’Agence natio­nale pour la recherche (ANR). Cette agence, créée en 2003, s’inspire de ce qui existe dans la plu­part des pays déve­lop­pés depuis bien long­temps (la Natio­nal Science Foun­da­tion amé­ri­caine fut créée en… 1950) pour dis­tri­buer des finan­ce­ments sur pro­jets spé­ci­fiques, dépo­sés le plus sou­vent par un petit nombre d’équipes par­te­naires s’engageant à effec­tuer des recherches autour d’une thé­ma­tique pré­cise pour une durée de quelques années.
Je fais par­tie des cher­cheurs qui consi­dèrent que cette évo­lu­tion est non seule­ment bien­ve­nue, mais qu’elle repré­sente un des bal­lons d’oxygène dont le sys­tème de recherche fran­çais avait besoin depuis long­temps. Le finan­ce­ment « tra­di­tion­nel » de la recherche en France, assu­ré par les grands ins­ti­tuts (CNRS, INSERM, etc.) qui allouent une dota­tion annuelle récur­rente à des labo­ra­toires, est indis­pen­sable car il per­met d’as­su­rer la conti­nui­té de la recherche de base et son indé­pen­dance à l’é­gard des modes et des engoue­ments pas­sa­gers. Mais il était trop sou­vent dis­tri­bué plu­tôt au pro­ra­ta du nombre de cher­cheurs impli­qués qu’en fonc­tion de la qua­li­té des recherches effec­tuées. Les finan­ce­ments dis­tri­bués par l’ANR per­mettent de modu­ler de manière impor­tante les finan­ce­ments reçus par chaque équipe, et la com­bi­nai­son de ces deux sys­tèmes de finan­ce­ment va donc clai­re­ment dans le sens de l’excellence. Il est cepen­dant indis­pen­sable qu’un équi­libre soit main­te­nu (la dimi­nu­tion actuelle des finan­ce­ments récur­rents est à cet égard inquié­tante) et que les pro­jets soient éva­lués rigou­reu­seu­se­ment, en fai­sant appel – c’est essen­tiel – à des experts inter­na­tio­naux.
Enfin, ce type de finan­ce­ment place au centre du dis­po­si­tif la notion d’équipe : c’est le dyna­misme et la créa­ti­vi­té des cher­cheuses et des cher­cheurs qui font le suc­cès en matière de recherche. La seule poli­tique véri­ta­ble­ment cré­dible est celle qui fait confiance aux indi­vi­dus, sur la base de leurs résul­tats, et non aux struc­tures.
 

Si je prends l’exemple de mon propre labo­ra­toire, je constate que, en 2003, son bud­get (hors salaires et hors frais d’infrastructure) se répar­tis­sait à peu près éga­le­ment entre sub­ven­tions du CNRS, de l’École poly­tech­nique et contrats. En 2007, ces pour­cen­tages se sont modi­fiés pour atteindre près de 70% de finan­ce­ments sur contrats.

La souplesse des nouveaux réseaux de recherche

Attrac­tif pour les jeunes
Les finan­ce­ments sur pro­jets aug­mentent l’attractivité de notre sys­tème, pour les jeunes en par­ti­cu­lier, en leur per­met­tant de s’affranchir de la tutelle des « patrons » ou de l’inertie de cer­tains labo­ra­toires, et en leur don­nant l’opportunité de construire leur propre équipe.

Un autre mode d’organisation du finan­ce­ment, assez inno­vant, a été récem­ment mis en place : il s’agit des Réseaux thé­ma­tiques de recherche avan­cée (RTRA), créés en 2006. Cha­cun de ces 13 réseaux ras­semble des équipes dans un péri­mètre géo­gra­phique don­né, et sur une thé­ma­tique scien­ti­fique large mais bien iden­ti­fiée. Ces 13 réseaux se par­tagent un bud­get de 200 mil­lions d’euros sur cinq ans, qui sont admi­nis­trés par des fon­da­tions de coopé­ra­tion scien­ti­fique, de droit pri­vé. L’originalité réside dans le fait que les cher­cheurs eux-mêmes maî­trisent l’ensemble de la chaîne de déci­sion : éla­bo­ra­tion des pro­jets, dis­tri­bu­tion des cré­dits (sur la base d’évaluations scien­ti­fiques rigou­reuses des pro­jets des équipes), réa­li­sa­tion et sui­vi. Ce type de fonc­tion­ne­ment per­met d’identifier des syner­gies fortes entre équipes com­plé­men­taires, et assure sou­plesse, attrac­ti­vi­té et réac­ti­vi­té : il est pos­sible par exemple, en un temps rela­ti­ve­ment court, de ras­sem­bler des moyens pour atti­rer en France un jeune scien­ti­fique en pro­ve­nance de l’étranger en asso­ciant un poste (tem­po­raire) cor­rec­te­ment rému­né­ré et des moyens d’installation.
Cette sou­plesse et cette réac­ti­vi­té, dont la recherche a tant besoin, ce sont aus­si les finan­ce­ments pri­vés qui peuvent contri­buer à l’as­su­rer. N’est-il pas enthou­sias­mant pour un dona­teur de per­mettre qu’un éta­blis­se­ment qui lui tient à cœur (l’école ou l’université dont il est issu, par exemple) puisse se posi­tion­ner avec suc­cès dans l’aventure de la recherche scien­ti­fique, de l’innovation, et de la chasse aux talents à l’échelle mon­diale qui est la condi­tion du suc­cès aujourd’hui ? Rap­pe­lons qu’une uni­ver­si­té comme Har­vard dis­pose d’un capi­tal (endow­ment) de l’ordre de 35 mil­liards de dol­lars, lar­ge­ment ali­men­té par les dona­tions, dont les reve­nus assurent à l’établissement une attrac­ti­vi­té que peu d’autres peuvent égaler !

Éviter les effets pervers des nouveaux financements

Tous ces nou­veaux modes de finan­ce­ment ont bien évi­dem­ment leurs effets per­vers, fré­quem­ment sou­li­gnés par la com­mu­nau­té. La mul­ti­pli­ca­tion des sources de cré­dits com­plique le sys­tème et aug­mente le temps pas­sé par les cher­cheurs à orga­ni­ser leur recherche plu­tôt qu’à la faire. La dimi­nu­tion des cré­dits récur­rents est inquié­tante car eux seuls per­mettent d’assurer une conti­nui­té sur des thé­ma­tiques de fond, ou au contraire de pour­suivre des voies très explo­ra­toires (les ins­ti­tuts comme le CNRS jouant sur ces points un rôle essen­tiel). Enfin, un dan­ger majeur est le pilo­tage de la recherche selon des axes trop ciblés déci­dés par l’administration, alors que la recherche a besoin d’indépendance intel­lec­tuelle. Je suis per­sua­dé cepen­dant qu’un équi­libre peut être trou­vé entre finan­ce­ments sur pro­jets et sou­tiens récur­rents, la recherche de l’excellence devant être le prin­cipe directeur.

Chercheur en France : sacerdoce ou opportunité ?

Les cher­cheurs des réseaux thé­ma­tiques maî­trisent l’ensemble de la chaîne de décision

Puisque ce sont les indi­vi­dus qui font la recherche, disons un mot sur la ques­tion du recru­te­ment des cher­cheurs et ensei­gnants-cher­cheurs. Il faut, sur ce sujet aus­si, des évo­lu­tions rapides, mais pru­dentes. On le sait : entre­prendre une car­rière de recherche en France s’accompagne de sacri­fices finan­ciers qui tiennent du sacer­doce. Cette situa­tion doit chan­ger car l’attractivité de l’ensemble de notre recherche est en jeu. Ne sacri­fions pas pour autant l’un de nos der­niers avan­tages com­pé­ti­tifs au niveau inter­na­tio­nal : la pos­si­bi­li­té qu’offre le sys­tème fran­çais de sta­bi­li­ser des jeunes cher­cheurs sur des postes per­ma­nents rela­ti­ve­ment tôt (typi­que­ment vers 30–32 ans dans mon domaine).
Des évo­lu­tions pour­raient être envi­sa­gées, comme, par exemple, l’instauration d’un véri­table tenure-track à la fran­çaise, avec des rému­né­ra­tions bien plus attrac­tives : dans un tel dis­po­si­tif, une évo­lu­tion vers un poste per­ma­nent serait garan­tie pour­vu que les résul­tats soient au ren­dez-vous (donc après éva­lua­tion).
Cer­taines mesures, que le bon sens devrait avoir impo­sées depuis long­temps, mais qui res­tent conflic­tuelles, devraient inter­ve­nir à mon avis très vite, comme l’interdiction stricte des recru­te­ments « locaux » (sta­bi­li­sa­tion sur des postes per­ma­nents de doc­to­rants ayant fait leur thèse dans l’établissement) ou une cor­ré­la­tion bien plus grande entre l’évolution de la car­rière et de la rému­né­ra­tion et les résul­tats scien­ti­fiques.
Là encore, ce sont les quatre objec­tifs d’excellence, d’attractivité, de réac­ti­vi­té et d’indépendance qui doivent gui­der les évolutions.

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