Rational Consulting

« Ne pas sous-estimer l’importance de bien définir ses enjeux »

Dossier : Vie des entreprises | Magazine N°807 Septembre 2025
Par Michaël GAUDET

Face aux enjeux de réindustrialisation, de digitalisation et de souveraineté économique, Rational Consulting propose une approche pragmatique et sur mesure pour accompagner les entreprises industrielles françaises dans leurs transformations.

La France mise aujourd’hui sur la réindustrialisation pour renforcer sa souveraineté économique. Comment Rational Consulting accompagne-t-elle les acteurs industriels dans cette dynamique ?

La réindustrialisation, aujourd’hui, ne peut se faire sans transformation numérique ni agilité organisationnelle. Chez Rational Consulting, nous sommes convaincus que l’industrie française peut redevenir compétitive en combinant relocalisation stratégique, digitalisation efficace et pilotage de la performance en temps réel. Nous intervenons aux côtés des entreprises – de la PME à l’ETI – pour les aider à moderniser leurs systèmes d’information, rationaliser leurs processus et piloter de façon fine.


“La réindustrialisation, aujourd’hui,
ne peut se faire sans transformation numérique
ni agilité organisationnelle.”

Notre expertise se concentre notamment sur les ERP et les systèmes MES (Manufacturing Execution Systems), qui permettent de connecter les opérations de production au système d’information global. Beaucoup de nos clients possèdent des chaînes de valeur étendues – parfois fragmentées entre différents continents – et doivent retrouver de la lisibilité sur leurs flux et leurs coûts. Le calcul du prix de revient, souvent réalisé trop tardivement (en clôture annuelle), devient chez eux un outil de décision stratégique en temps réel grâce à notre accompagnement.

Nous les aidons aussi à développer des architectures hybrides capables d’intégrer progressivement des unités de production en France, tout en conservant une partie de leur capacité ailleurs. Cela suppose une grande flexibilité technique et une capacité à ajuster les modèles selon les contraintes locales, les coûts et les attentes des clients finaux.

Dans vos projets de digitalisation, quelle place occupe aujourd’hui la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ? 

La RSE prend une place croissante dans les projets de transformation, même si elle ne s’impose pas toujours directement dans les cahiers des charges. C’est souvent par l’intermédiaire des obligations réglementaires (CSRD, taxonomie verte) ou des exigences des financeurs que la question devient incontournable. L’enjeu environnemental est donc indirect mais réel, et nous l’intégrons en aidant nos clients à simplifier leur système d’information, à réduire le nombre d’applications redondantes et à limiter les flux de données superflus – ce qui, in fine, réduit l’empreinte énergétique des infrastructures IT.


“Notre véritable impact se situe davantage sur la dimension sociale et humaine,
pour conduire l’équipe à l’essentiel.”

Mais notre véritable impact se situe davantage sur la dimension sociale et humaine, pour conduire l’équipe à l’essentiel. Avant même d’engager une transformation technologique, nous aidons les entreprises à se recentrer sur leur raison d’être, à redonner du sens à leurs processus et à reconnecter les équipes à leur rôle dans l’organisation. Ce travail de fond, souvent sous-estimé, permet une meilleure appropriation des outils par les collaborateurs, et évite l’écueil de la transformation subie.

Nous encourageons aussi nos clients à passer d’un modèle centré produit à un modèle centré valeur. Cela signifie identifier les externalités positives générées, mieux comprendre leur utilité dans l’écosystème, et faire évoluer leur proposition de valeur en conséquence. C’est là que la RSE devient un levier de performance durable.

Dans un contexte économique marqué par l’incertitude, quelles sont selon vous les clés pour que les entreprises continuent à investir dans des projets de transformation digitale ?

La principale clé, c’est la capacité à démontrer rapidement la valeur créée. Nous vivons une période où les incertitudes géopolitiques, réglementaires et énergétiques sont nombreuses. Face à cela, notre approche consiste à sécuriser les projets, à réduire leur complexité, et à garantir un retour sur investissement mesurable et rapide.

Nous recommandons des solutions pragmatiques, ciblées, souvent modulaires, qui permettent de démarrer modestement et d’étendre progressivement. Par exemple, en automatisant certaines tâches répétitives (via la RPA), ou en digitalisant un maillon de la chaîne logistique (via des outils best-of-breed), nos clients peuvent dégager des gains rapides et limiter les risques.

Notre engagement sur des projets forfaitaires – avec des livrables clairs et des délais maîtrisés – offre à nos clients partout en France une visibilité précieuse dans un environnement instable. Ce mode de fonctionnement est perçu comme rassurant et responsabilisant, dans un écosystème du conseil où les obligations de moyens ont souvent montré leurs limites dans un environnement instable.

Vous insistez sur l’importance d’une approche sur mesure et pragmatique. En quoi cela peut-il représenter un véritable levier de compétitivité ?

L’approche sur mesure, lorsqu’elle repose sur du bon sens opérationnel et une connaissance métier, est un atout considérable. Conduire les équipes à l’essentiel ne passe pas forcément par rajouter des couches technologiques quand les résultats butent déjà sur des problématiques plus basiques : data de mauvaise qualité, clôture interminable, analytique… au contraire, nous recherchons constamment la simplification comme clé de croissance. 

Le pragmatisme de notre cabinet de conseil repose aussi sur l’expérience : dans la majorité des cas, les demandes initiales de nos clients sont challengées après un diagnostic approfondi. Ce processus évite les effets de mode, les fonctionnalités inutiles et les architectures lourdes.

Rational Consulting met en avant un accompagnement de bout en bout, de la stratégie à la mise en œuvre. 

Quels sont les principaux défis que vos clients rencontrent aujourd’hui dans leurs projets de transformation ?

L’un des grands défis, c’est le cloisonnement entre la vision stratégique et l’exécution opérationnelle. Trop souvent, les projets sont portés par la direction générale sans que les équipes métiers – celles qui utiliseront les outils – soient réellement associées. Cela crée un fossé qui nuit à l’appropriation et à la réussite du projet.

Un autre défi est la sous-estimation du changement humain. Former, accompagner, répéter les messages, sécuriser les relais internes : tout cela demande du temps et de l’énergie. Sans un travail méthodique de conduite du changement, même les meilleurs outils resteront sous-utilisés.

Nous insistons également sur la nécessité de capitaliser sur les connaissances : documenter les choix, structurer les comités de pilotage, nommer des référents internes… cela permet de pérenniser le projet au-delà des personnes, et de limiter l’impact des départs ou des changements de cap.

Comment voyez-vous évoluer le rôle d’un cabinet de conseil comme le vôtre dans les années à venir, au croisement des enjeux technologiques, humains et de souveraineté ?

Le cabinet de conseil de demain devra être à la fois éclaireur technologique, garant de la cohérence stratégique, et accompagnateur de la transition humaine. L’intelligence artificielle change déjà la donne : elle permet d’automatiser une partie des processus non structurés, mais ne remplace ni les enjeux métier ni la culture d’entreprise.

Notre rôle sera d’intégrer l’IA avec discernement, en gardant une expertise forte sur les domaines structurants comme la supply chain, la finance, le contrôle de gestion ou la production. Nous devons aussi rester en veille constante, car les outils évoluent vite, tout comme les attentes du marché.

Nous continuerons à accompagner des transformations de fond, comme celles que nous avons réalisées pour nos clients, où la digitalisation a permis un repositionnement stratégique et une ouverture à de nouveaux modèles économiques. En résumé, notre mission sera plus que jamais de faire le lien entre innovation, valeur métier et impact durable.  

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