Ne dites pas à ma mère que je suis ingénieur

Dossier : EditorialMagazine N°737 Septembre 2018
Par Robert RANQUET (72)

Notre dos­sier s’intéresse ce mois-ci à la place des ingé­nieurs dans la société.
Ceux-ci seraient-ils deve­nus les mal-aimés de cette socié­té, qui n’hésite pas à mon­nayer le trans­fert d’un joueur de foot à plus de deux fois le bud­get annuel de l’X, ou à rému­né­rer un amu­seur pour ani­mer une soi­rée au petit écran autant que ce que gagne un jeune ingé­nieur en un an ? Certes, mais, forts de leurs connais­sances, au moins n’exercent-ils pas une influence, n’ont-ils pas un impact impor­tant sur cette socié­té par leurs tra­vaux, leurs décou­vertes, leurs entre­prises ? C’est à voir… 

Notre dos­sier s’intéresse ce mois-ci à la place des ingé­nieurs dans la société. 

Ceux-ci seraient-ils deve­nus les mal-aimés de cette socié­té, qui n’hésite pas à mon­nayer le trans­fert d’un joueur de foot à plus de deux fois le bud­get annuel de l’X, ou à rému­né­rer un amu­seur pour ani­mer une soi­rée au petit écran autant que ce que gagne un jeune ingé­nieur en un an ? Certes, mais, forts de leurs connais­sances, au moins n’exercent-ils pas une influence, n’ont-ils pas un impact impor­tant sur cette socié­té par leurs tra­vaux, leurs décou­vertes, leurs entre­prises ? C’est à voir… 

À en croire cer­tains, notre monde serait en voie de dés­in­dus­tria­li­sa­tion. C’est pos­sible de la France, cer­tai­ne­ment pas du reste du monde, encore moins d’un pays comme la Chine. Par­tout les ingé­nieurs conti­nuent à créer la base tech­nique sur laquelle surfe notre socié­té pré­ten­du­ment post­in­dus­trielle : les trans­ports, qui ont rétré­ci notre monde à l’échelle d’un vil­lage ; le numé­rique et ses objets nomades, qui en font un vaste par­loir ; jusqu’à l’espace, qui fera bien­tôt de Mars une des­ti­na­tion de croi­sière ! Oui, aujourd’hui comme hier, les ingé­nieurs conti­nuent d’inventer les pos­sibles de notre socié­té. Mais ils n’en maî­trisent plus seuls les usages et les règles, si tou­te­fois ils l’ont jamais fait. 

S’ils n’occupent désor­mais plus autant que naguère le devant de la scène poli­tique ou média­tique, ils ont le recul néces­saire pour pen­ser, peut-être plus serei­ne­ment et en tout cas de manière mieux infor­mée que d’autres, les consé­quences éthiques et socié­tales de leurs entre­prises. Ils ont la légi­ti­mi­té pour rap­pe­ler à notre flam­boyante socié­té 4.0 qu’elle reste fon­dée sur leurs tra­vaux concrets, humbles et patients. 

À ce dos­sier prin­ci­pal fait écho le por­trait d’un X « enga­gé » dans son siècle s’il en fut : Léon Lalanne (1829), ou plus près de nous celui de l’X dan­seur et domp­teur de pho­tons Didier Fat­tal (98). Autre écho – non pla­ni­fié à l’avance celui-ci ! – les in memo­riam consa­crés à deux X ingé­nieurs qui ont mar­qué, cha­cun à sa manière propre, l’histoire de l’industrie fran­çaise d’aéronautique et de défense des der­nières décen­nies, et récem­ment décé­dés : Serge Das­sault (46) et Hen­ri Martre (47).

Pour notre com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne, ce numé­ro est l’occasion de saluer la mémoire des nom­breux poly­tech­ni­ciens qui ont for­gé les armes de la jeune Répu­blique en atten­dant de lui don­ner ses plus gran­dioses réa­li­sa­tions, en don­nant le mot de la fin au « père fon­da­teur » Gas­pard Monge, à qui le nou­veau musée de l’École Mus’X consacre en ce moment sa magni­fique pre­mière exposition : 

« Lorsqu’on a créé l’école [poly­tech­nique], on vou­lait à la véri­té pré­pa­rer des offi­ciers et des ingé­nieurs, mais on avait un but plus vaste et plus éle­vé, celui de sti­mu­ler tout à coup le génie fran­çais prêt à s’endormir, de rap­pe­ler l’attention vers les sciences… » 

« Réveiller le génie », aujourd’hui uni­ver­sel aus­si bien que fran­çais, voi­là une belle ambi­tion pour les jeunes ingé­nieurs d’aujourd’hui !

Commentaire

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Mat­thieu Quinchonrépondre
14 septembre 2018 à 15 h 56 min

A cela, on pour­rait ajou­ter
A cela, on pour­rait ajou­ter avec Baren­ton que la France est le seul pays à dis­po­ser d’une école d’in­gé­nieurs philosophes… 

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