La réalité des mégaprojets, une réalisation en Kapla

Mythes et réalités

Dossier : Les mégaprojetsMagazine N°745 Mai 2019
Par Jean-Claude PRAGER (64)

Par le terme de « mégapro­jet », on désigne des opéra­tions com­plex­es d’investissement de quelques mil­liards d’euros et par­fois beau­coup plus. Les mégapro­jets incar­nent une part spec­tac­u­laire de l’aventure humaine, à la recherche de per­for­mances tou­jours plus grandes, de car­ac­téris­tiques tech­niques tou­jours plus avancées, et mar­quent la volon­té des respon­s­ables de tous hori­zons de laiss­er une trace tan­gi­ble dans l’imaginaire col­lec­tif et dans l’histoire.

“Les mégaprojets incarnent
une part spectaculaire de l’aventure humaine”

Une utilité publique

Ils posent de dif­fi­ciles prob­lèmes aux autorités publiques pour les décider, car l’analyse com­parée des coûts et des béné­fices est tou­jours un sujet de débats dif­fi­cile, la notion d’utilité publique est l’objet de débats aus­si bien théoriques que pra­tiques ; les représen­ta­tions du bien com­mun des nom­breux agents publics et experts con­cernés peu­vent s’avérer var­iées et cor­re­spon­dre à la pour­suite d’objectifs per­son­nels ou insti­tu­tion­nels, sans par­ler des intérêts économiques en jeu et de la capac­ité des lob­bies à peser sur les décideurs publics. De tout cela résulte le fait que le proces­sus de déci­sion publique sur un mégapro­jet est inter­ac­t­if et dynamique, que la pré­pa­ra­tion des choix demande aux respon­s­ables publics une grande rigueur et des approches adap­tées à chaque cas, avec la capac­ité de gér­er des débats tou­jours déli­cats voire très con­flictuels où l’information, la com­mu­ni­ca­tion et les con­flits jouent un rôle central.

Les mégaprojets, une réalité économique et sociale

Le finance­ment est tou­jours une gageure car les bud­gets en cause sont con­sid­érables. Et le man­age­ment a des exi­gences par­ti­c­ulières, car con­duire un mégapro­jet en respec­tant les coûts et les délais prévus demande des com­pé­tences excep­tion­nelles. Mais d’un autre côté, les mégapro­jets sont une réal­ité incon­tourn­able de la vie économique et sociale, c’est le cas de ceux que l’on va exam­in­er dans ce numéro. Pour la plu­part d’entre eux, après coup, une fois réal­isés, on n’imagine pas qu’ils auraient pu ne pas être accom­plis. Que serait la poli­tique spa­tiale européenne si on n’avait pas réus­si le pro­jet Ari­ane ; sans Air­bus, l’Europe serait à la remorque des États-Unis comme elle l’est aujourd’hui à l’égard des GAFA ; où en seraient Lon­dres et Paris sans les métros décidés au XIXe siè­cle et les pro­jets de développe­ment des trans­ports en com­mun dans ces mégapoles, qui sont les moteurs économiques de leurs pays. 

Les poly­tech­ni­ciens ont très sou­vent été les pro­mo­teurs et les arti­sans de ces mégapro­jets, et il est bon de rap­pel­er ce qu’ils sont, com­ment ils ont été con­duits et ce qu’ils ont apporté à notre pays. Les quelques exem­ples présen­tés ici, même trop briève­ment, doivent nous ragail­lardir col­lec­tive­ment face à une frilosité de la société mod­erne où l’individualisme a ten­dance à faire pass­er au sec­ond plan les pro­jets collectifs.


Derniers livres parus

> Le Grand Paris Express. Les enjeux économiques et urbains, sous la direc­tion de Jean-Claude Prager, Eco­nom­i­ca, 2019.

> Le Grand Paris Express. Les sept clés du suc­cès, Jean-Claude Prager avec Dominique Bureau (74) et Émile Quinet (55), Eco­nom­i­ca, 2019.
Le lecteur se reportera avec prof­it au chapitre 7 de ce dernier ouvrage.


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